Triangle dramatique

Le triangle dramatique ou triangle de Karpman est à la base des « jeux psychologiques » de manipulation de la communication[1]. C'est une figure d'analyse transactionnelle proposée par Stephen Karpman (d) en 1968 (dans son article Fairy Tales and Script Drama Analysis[2]) qui met en évidence un scénario relationnel typique entre victime, persécuteur et sauveur[3]. Le triangle dramatique est à la base des jeux psychologiques qui se jouent entre deux personnes capables de jouer alternativement les trois rôles[4].

Illustration graphique du triangle de Karpman. on y retrouve les rôles de persécuteur, victime et sauveur.

La communication est perturbée lorsque les protagonistes adoptent ces rôles plutôt que d’exprimer leurs émotions et leurs idées.

Ces relations peuvent se former dans un groupe, elles sont alors contre-productives ; leur identification permettra de repartir sur des bases saines[5].

Rôles

C'est une schématisation qui formalise les différents rôles possibles et leurs interaction dans une interaction déséquilibrée. Ainsi, si une personne endosse l'un de ces rôles (par exemple la victime), elle entraîne l'autre à jouer un rôle complémentaire (le sauveur ou le persécuteur). L'expression de ce scénario permet de mettre en œuvre une mécommunication qu'il est possible d'utiliser pour comprendre les mécanismes ayant généré un conflit. La communication est perturbée lorsque les protagonistes adoptent ces rôles plutôt que d'exprimer leurs émotions et leurs idées.

Ces relations peuvent se former dans un groupe, elles sont alors contre-productives ; leur identification permettra de repartir sur des bases saines[1].

Victime

La victime attire le sauveur qui veut lui venir en aide[1]. C'est donc un rôle de choix pour attirer l'attention sur soi quand on sait bien en jouer. C'est un rôle qui appelle quelqu'un à être persécuteur, une attente qui sera remplie ou non par l'entourage. Le plus souvent, la victime a un problème de dépendance[6].

La position de la victime est « Pauvre de moi ! » La victime se sent victimisée, opprimée, impuissante, sans espoir, honteuse et semble incapable de prendre des décisions, de résoudre des problèmes, de prendre plaisir à la vie ou d’obtenir des idées. La victime, si elle n’est pas persécutée, cherchera un persécuteur et également un sauveur qui sauvera la situation, mais perpétuera également les sentiments négatifs de la victime[6].

Sauveur

C'est un rôle très gratifiant d'un point de vue narcissique mais qui place la victime en incapacité de résoudre ses problèmes. Il attend un persécuteur pour justifier son existence et une victime à sauver. L'entourage pourra suivre ou ne pas suivre dans cette pièce de théâtre.

La réplique du sauveur est « Laissez-moi vous aider ». Un élément facilitateur classique consiste en le sentiment de culpabilité que peut éprouver le sauveur s’il ne va pas à la rescousse de la victime. Cependant, son sauvetage a des effets négatifs : il garde la victime dépendante et lui donne la permission d’échouer. Les avantages découlant de ce rôle de sauvetage sont que l’attention du sauveur à lui-même est supprimée. Quand il concentre son énergie sur quelqu’un d’autre, cela lui permet d’ignorer sa propre anxiété et ses problèmes. Ce rôle de sauvetage est également très important, car leur intérêt principal réside dans l’évitement de leurs propres problèmes déguisés en préoccupation pour les besoins de la victime[6].

Persécuteur (« méchant »)

Le persécuteur agit sur la victime[1]. S'il tente de nouer cette relation avec une potentielle victime, celle-ci pourra réagir différemment : adopter la position de victime ou, au contraire, ne pas se laisser faire.

Le persécuteur n'est pas obligatoirement une personne : il peut être, par exemple, une maladie, une addiction comme l'alcool... ou tout élément perturbateur qui contribuera à placer la victime dans cette position.

Le persécuteur insiste : « Tout est de votre faute. ». Il contrôle, blâme, critique, oppresse ; est en colère, autoritaire, rigide et supérieur[1].

Manipulation

Ce modèle peut également être appliqué à des situations de manipulation (donc subies et vécues comme désagréables) : par exemple, si nous appelons le sujet persécuteur S1 et son souffre-douleur S2, alors S1 peut se poser en sauveur, affirmant à S2 qu'il est le bourreau d'une victime (personnage en général invité dans la conversation, pour les besoins de la manipulation).

Des manipulations peuvent être analysées selon ce modèle du triangle dramatique, en considérant chacun des trois sommets du triangle, selon les cas rencontrés ; c'est-à-dire que S1 pourrait se positionner en victime et parle alors de S2 comme de son bourreau, etc.

Exemple

S1 affirme à S2 : « Tu n'as pas honte de refuser de manger ces bons haricots verts ? Quand je pense aux efforts que Pépé a faits pour les semer, les désherber, et les ramasser alors qu'il a mal au dos ! » Dans cet exemple, où le grand-père (décrit en victime) est bien sûr absent, S1 qui gronde S2 aurait tout aussi bien pu évoquer la personne qui a fait l'effort de cuisiner, ou n'importe qui d'autre, comme victime du bourreau…

Le manipulateur S1 se fait passer ici pour un sauveur, alors qu'il fait pression de manière indue (il serait possible de parler de l'utilité qu'il y a à goûter de chaque plat, ou d'avertir S2 que s'il refuse totalement les haricots il n'aura pas à réclamer une seconde part de dessert, etc. ce qui serait une manière moins détournée de gérer le refus de S2 de manger ce qui est proposé…).

Une première explication par l’analyse transactionnelle

Au départ, un triangle dramatique apparaît lorsqu’une personne joue le rôle d’une victime ou d’un persécuteur. Cette personne ressent alors le besoin d’enrôler d’autres acteurs dans le conflit. Comme c’est souvent le cas, un sauveur est encouragé à entrer dans la situation.

Ces joueurs enrôlés assument des rôles qui ne sont pas statiques, et donc divers scénarios peuvent se produire. Par exemple, la victime peut mettre le sauveur en marche, le sauveur passe ensuite à la persécution.

Les motivations de chaque participant et la raison pour laquelle la situation perdure sont que chacun « répond à ses désirs/besoins psychologiques non exprimés (et souvent inconscients) d’une manière qu’il juge justifiée, sans avoir à reconnaître le dysfonctionnement général » ou le tort causé dans la situation dans son ensemble. Ainsi, chaque participant agit selon ses propres besoins égoïstes, plutôt que d’agir d’une manière véritablement responsable ou altruiste [citation nécessaire] ainsi, n’importe quel personnage des trois dans ce triangle pourrait « normalement se comporter comme une victime plaintive » ; il est maintenant clair que l’on peut passer au rôle de persécuteur si c’est « accidentel » et si on présente des excuses pour cela.

Les motivations du sauveur sont les moins évidentes. Dans les termes du triangle dramatique, le sauveur est quelqu’un qui a un motif mixte ou caché et qui, d’une certaine façon, profite égoïstement d’être « celui qui sauve ». Le sauveur a un motif superficiel de résoudre le problème et semble faire de grands efforts pour le résoudre, mais il a aussi un motif caché pour ne pas réussir, ou pour réussir d’une manière qui lui profite. Il peut par exemple obtenir un regain d’estime de soi ou un statut de sauveur respecté. Il peut simplement éprouver du plaisir en ayant quelqu’un qui dépend de lui et lui fait confiance. Il peut être amené à feindre l'aide, de manière inconsciente, afin de continuer à obtenir un gain.

Dans certains cas, la relation entre la victime et le sauveur peut être une relation de codépendance. Le sauveur garde la victime dépendante d’elle en l’encourageant à devenir une victime. Les besoins de la victime sont comblés par le secouriste qui s’occupe d’eux.

En général, les participants ont tendance à avoir un rôle principal ou habituel (victime, sauveur, persécuteur) lorsqu’ils entrent dans des triangles dramatiques. Les participants apprennent d’abord leur rôle habituel dans leur famille d’origine. Même si les participants ont chacun un rôle auquel ils s’identifient le plus, une fois sur le triangle, les participants tournent dans toutes les positions, en faisant le tour complet du triangle[7].

Chaque triangle a un gain pour ceux qui le jouent. L’antithèse d’un triangle dramatique est de découvrir comment priver les acteurs de leurs gains.

Rôle Validité Croyances Néglige État de l'ego[8]
Victime Sait qu’il souffre Je ne peux pas penser et sentir en même temps. N’a pas les ressources. AC (Adapted Child / Enfant Adapté)
Sauveur Concerné pour les autres. Responsable. Doit faire plus que demandé Pense à la place de l’autre. Néglige ses besoins personnels NP (Nurturing Parent / Parent Nourricier)
Persécuteur Agit dans son intérêt propre A du pouvoir sur les autres Les sentiments des autres CP (Critical Parent / Parent Critique)

(tableau selon[9])

Sortir du triangle

Le triangle des gagnants - Acey Choy en 1990

The Winner’s Triangle a été publié par Acey Choy en 1990 comme modèle thérapeutique pour montrer aux patients comment modifier les transactions sociales lorsqu’elles entrent dans un triangle à un des trois points d’entrée. Choy recommande à toute personne se sentant victime d’un acte de violence de penser davantage en termes de vulnérabilité, à toute personne qui se fait passer pour un persécuteur d’adopter une posture affirmée et à toute personne recrutée comme sauveur de réagir en faisant preuve de bienveillance.

  • Vulnérable : une victime devrait être encouragée à accepter sa vulnérabilité, à résoudre ses problèmes et à être plus consciente d’elle-même.
  • Affirmatif : un persécuteur devrait être encouragé à demander ce qu’il veut, à s’affirmer, mais pas à punir.
  • Bienveillance : un sauveur devrait être encouragé à montrer de l’intérêt et à faire preuve de bienveillance, mais il ne devrait pas trop s’occuper d’autrui et résoudre des problèmes pour les autres.
Rôle Réalité Croyances Atout État de l'ego
Voix A un problème. Peut le résoudre avec de l’aide. Peut demander de l’aide. Vous pouvez penser, tester vos propres idées ; d'accord pour demander de l’aide, ne pas être parfait, échouer parfois, refuser de l’aide que vous ne voulez pas. FC (résolution de problèmes)
Responsable Préoccupation véritable. Connaître les limites. Respectez les autres. Être prêt à aider et à dire quand ne peut pas. Vos besoins sont importants, vous êtes précieux ; d'accord pour offrir de l’aide, pour dire non, pour évaluer. NP + (écoute)
Proactive Vos besoins personnels sont importants. Peut changer les choses. Prendre l’initiative est OK. Vous pouvez être puissant, et inviter les autres à être puissants ; d'accord pour dire ce que vous voulez, pour apporter des modifications, pour négocier. A (affirmation de soi) CP + (structuration)

(tableau selon[9])

The Power of TED - The Empowerment Dynamic

The Power of TED, publié pour la première fois en 2009, recommande que la victime adopte le rôle alternatif de créateur, considère le persécuteur comme un challenger et fasse appel à un coach plutôt qu’à un sauveur[10].

  • Créateur : les victimes sont encouragées à être axées sur les résultats plutôt que sur les problèmes et à assumer la responsabilité de choisir leur réponse aux défis de la vie. Ils devraient se concentrer sur la résolution de la tension dynamique (la différence entre la réalité actuelle et l’objectif ou le résultat envisagé) en prenant des mesures progressives vers les résultats qu’ils essaient d’atteindre.
  • Challenger : une victime est encouragée à voir un persécuteur comme une personne (ou une situation) qui force le créateur à clarifier ses besoins et à se concentrer sur son apprentissage et sa croissance.
  • Coach : un coach devrait être encouragé à poser des questions qui visent à aider la personne à faire des choix éclairés. La principale différence entre un sauveur et un coach est que le coach considère que le créateur est capable de faire des choix et de résoudre ses propres problèmes. Un coach pose des questions qui permettent au créateur de voir les possibilités d’action positive et de se concentrer sur ce qu’il ou elle veut au lieu de ce qu’il ou elle ne veut pas.

Autres approches

La CNV

La CNV vise l’autonomisation de l’individu, en l’amenant à la conscience de ses besoins, et de la capacité à formuler ses demandes.

La CNV cherche à redonner aux personnes dans la relation les moyens et la capacité pour coopérer.

En termes de besoin, on peut donc dire que :

  • la victime est incapable de contacter / formuler ses besoins, et ne pouvant faire une demande, prend la stratégie de transférer le problème à quelqu’un d’autre (Le sauveur) ;
  • le sauveur s’occupe des besoins des autres, afin de ne pas avoir à s’occuper des siens, de ne pas avoir à ressentir l’inconfort de ses besoins non nourris ;
  • le persécuteur écoute ses besoins et pas ceux des autres.

En termes d’autonomie, le triangle devient :

  • la victime n’est pas autonome (ne sait pas prendre soin de ses besoins ni faire de demandes) ;
  • le persécuteur nie l’autonomie de l’autre, mais à besoin de la victime pour se croire autonome ;
  • le sauveur aussi, en aidant la victime sans demande explicite, ce qui lui évite de s’occuper de lui-même.

En termes de relations

  • la victime est incapable de contacter / formuler ses besoins, et ne peut faire une demande. Elle cherche une stratégie pour retrouver l’accès à ses besoins ;
  • le sauveur va lui permettre de créer une relation, et à travers la relation, elle va chercher le miroir de ses propres besoins ;
  • la relation avec le persécuteur va l’obliger à revenir à la conscience de ses besoins.

La relation avec le persécuteur lui montre sa responsabilité, et la relation avec le sauveur lui montre les possibles et sa puissance, afin qu'ultimement, elle arrive à l’autonomie.

Stratégie de sortie

Dans le triangle, si un des trois acquiert la conscience des besoins profonds, ça l’amène à quitter son rôle. Et s'il touche les besoins mutuels alors vraisemblablement il influencera inconsciemment les deux autres à quitter leurs rôles. Voire à le faire explicitement, s'il a la clarté du schéma du triangle et propose la prise en compte des besoins des trois.

On pourrait donc distinguer :

  • plusieurs niveaux de conscience des besoins :
    • superficiels,
    • profonds,
    • mutuels ;
  • et trois champs d’action :
    • ne nourrir que ses besoins individuels,
    • influence inconsciente à prendre en compte les besoins mutuels,
    • influence consciente, explicite, à prendre en compte les besoins mutuels.

Exemple :

Le persécuteur touche ses besoins individuels, de manière superficielle, comme :

  • exister ;
  • reconnaissance.

S’il va toucher de manière plus profonde, il pourrait accéder à ses besoins :

  • d’intensité ;
  • d’harmonie ;
  • de communion.

Ces besoins profonds l’amèneront à sortir de son rôle de persécuteur.

Le besoin de communion l’amènerait aussi à contacter la reconnaissance, en miroir chez la victime (besoins mutuels).

Chez la victime, derrière le besoin (superficiel) de reconnaissance, il pourrait y avoir les besoins (plus profonds) :

  • d’identité ;
  • d’appartenance ;
  • d’autonomie.

Chez le sauveur, derrière le besoin (superficiel) de reconnaissance, il pourrait y avoir les besoins (plus profonds) :

  • de soutien ;
  • de contribution ;
  • de responsabilité.

Contacter l’autonomie transformerait l’attente de la victime sur le sauveur, qui passerait en « coach » pour aider (soutenir et contribuer), et dans la conscience de ses limites (responsabilité) et dans un but d’autonomisation de la victime (et non plus de « prise en charge »).

Le triangle relationnel de J.-P. Faure

J.-P. Faure propose en 2006[11] un modèle dans lequel il voit les individus comme des êtres perpétuellement divisés en des parts intérieures, elles-mêmes souvent en train de s’opposer.

La multitude des conflits[12] internes se déroule entre trois grandes parts :

  • la part « animatrice » ou « exploratrice ». Cette tendance nous tire vers l’avant. C’est celle qui pousse l’individu à prendre des risques, relever des défis, quitter son travail sans avoir d’assurance d’en trouver un autre, qui incite l’enfant à se lever et faire ses premiers pas, etc. Le besoin qu’elle incarne est l’autonomie.
  • la part « protectrice ». Cette tendance nous hale vers l’arrière. Sa fonction est d’assurer la sécurité de toutes les parties qui composent un être humain. Quoi que nous fassions, elle souhaite toujours être rassurée. Ce qui ne nous empêche pas de faire de la chute libre ou de l’escalade : elle va simplement demander à être convaincue que nous pouvons le vivre avec une forme de sécurité, car c’est le besoin qu’elle incarne avant tout.
  • la part « éducatrice ». Cette tendance nous entraîne vers le haut. Elle représente l’inclination à tirer parti de tout ce qui nous arrive sous la forme de prises de conscience. Il ne nous est pas possible de commettre une action si nous n’y trouvons pas un certain sens, et c’est le besoin qu’elle représente.

La part animatrice, la part protectrice et la part éducatrice sont trois parts en équilibre dynamique. La personnalité d’un être humain se situe à l’intérieur des trois côtés de ce triangle, tendant plus dans telle direction ou telle autre, en fonction de la part écoutée dans l’instant. Cependant, il serait illusoire de croire qu’il est possible d’ignorer une de ces parties sur le long terme. Si l’une d’elles n’est pas entendue, elle va accumuler de la frustration et peu à peu se mettre à crier plus fort, jusqu’au moment où elle nous forcera à la prendre en compte.

Il existe une quatrième part : la part empathique : part sereine. Elle fait alors office de médiatrice intérieure, leur permet de communiquer, de s’entendre et de vivre en un équilibre harmonieux

Lorsque l’une d’elles focalise l’attention, cela crée des tensions intérieures et il est nécessaire de rechercher un nouvel équilibre grâce à la 4e part.

Le triangle va ainsi apparaître par manque d’empathie, de conscience dans un individu, où une part va prédominer (prendre le pouvoir), et va stimuler (faire résonner) les parts d’un ou deux autres individus.

Rôle Croyance Part Correspondance consciente Choy - TED
Victime J’y arriverais pas (je suis pas autonome) Protectrice Créateur – voix
Sauveur Il faut intervenir (v est pas autonome) (je sais ce qu’il faut) Éducatrice Coach – responsable
Persécuteur Il faut agir (urgence. Mon besoin d’abord) Animatrice Challenger – proactive

Les guna

Selon la psychologie indienne[13], les guna[14] sont les trois parts essentielles de notre psyché. De cette trinité, nous créons d’innombrables nouvelles séparations[15].

Les guna représentent des constituants profonds de notre être[15], à partir desquels se constitue la géométrie particulière de notre corps et de nos différents espaces intérieurs. Bien que l’être humain chemine, au long de sa vie, du « tamasique » (part protectrice) au « rajasique » (part animatrice), puis au « sattvique » (part porteuse du sens), la réelle évolution n’est pas la suppression du tamasique ou du rajasique, mais l’équilibre des parts internes. Cette unité amène l’émergence de la quatrième part, la conscience[16] (ou la part empathique)[17].1

Voici les attributs de tamas, rajas et sattvas[18]:

Guna Rôle Attributs négatifs et (implications) Attributs positifs
Tamas Terre, eau Inertie, abattement, obnubilation (l’ignorance, la lassitude, la paresse, la torpeur, la négligence, la stupidité) Protection, enveloppement
Sattva Air, éther, (sa)voir Isolement, certitude (l’attrait du plaisir et par l’attrait de la connaissance) Sagesse, conscience
Raja Feu, volonté Emportement (la concupiscence, la colère, la cupidité, l’arrogance, la haine, l’égoïsme, l’envie, la jalousie, l’inquiétude, le désir) Action, création

Un déséquilibre des guna peut amener à la création de croyances, qui vont faire apparaître, le concept, le rôle de victime, persécuteur, sauveur. S'il y a conscience des besoins, cette conscience va faire disparaître les croyances, et les rôles tombent, et à terme, ramener l'équilibre (dynamique) des guna.

Synthèse

Voici une correspondance TA – guna – Faure – Choy – TED :

Rôle Croyance Néglige Guna Attributs Part Attributs positifs Choy – TED
Victime J’y arriverais pas (je suis pas autonome) N’a pas les ressources Tamas Inertie, abattement, obnubilation Protectrice Protection, enveloppement Créateur – voix
Sauveur Il faut intervenir (V est pas autonome) (je sais ce qu’il faut) Pense à la place de l’autre. Négliges ses besoins personnels Sattva Isolement, certitude Éducatrice Sagesse, conscience Coach – responsable
Persécuteur Il faut agir (urgence. Mon besoin d’abord) Les sentiments des autres Raja Emportement Animatrice Action, création Challenger – proactive

On notera la confusion possible entre Le Créateur (Choy) en tamas, et La création en raja. Choy parle ici de la prise de responsabilité de la victime (de dire ses besoins en Cnv) , quand les guna parlent de la mise en action (la demande en CNV).

L’explication plus générale des jeux psychologiques

Trudi Newton et Rosemary Napper expliquent ainsi la motivation des jeux psychologiques[9] : les jeux se traduiront par des sentiments. Vos propres sentiments et ceux que vous imaginez que les autres personnes impliquées ont sont connus sous le nom de sentiments « parasites ». Cela signifie que ce sont des sentiments que nous avons appris à ressentir au lieu de nos sentiments authentiques de joie, de peur, de tristesse ou de colère. Parfois, nous ressentons ces sentiments sans être impliqués dans un jeu. Il se peut que nous ayons des rôles préférés que nous avons tendance à adopter et des thèmes particuliers pour les jeux dans lesquels nous nous impliquons. Nous participons à des jeux pour diverses raisons, ce qui explique en partie pourquoi nous répétons ces comportements.

Voici les gains :

  • les jeux génèrent de nombreux « stroke » intenses ; ils nous stimulent, ils peuvent être négatifs, mais c’est mieux que d’être ignorés ;
  • les résultats des jeux renforcent nos croyances sur nous-mêmes, les autres et le monde, c’est-à-dire notre position de vie ;
  • il y aura quelque chose dans la situation actuelle que nous éviterons en jouant le jeu. Un jeu nous donne l’occasion de répéter une séquence du passé que nous avons développée pour nous protéger de quelque chose. Ainsi, nous n’avons pas à faire face à cette douleur psychologique dans le présent, et nous pouvons continuer à penser et à ressentir comme d’habitude ;
  • nous passons du temps à raconter ce qui s’est passé à nos amis et à nos connaissances, souvent dans les moindres détails, avec beaucoup de répétitions, et cela semble très excitant. De quoi d’autre pourrions-nous parler ?
  • nous rejouons le jeu dans notre tête, avec nos yeux, nos oreilles, revivons les sensations et peut-être nous gardons nous éveillés la nuit ! Que ferions-nous d’autre avec le temps dont nous disposons pour nous-mêmes ?

Mauvaise compréhension du triangle

Certains furent tentés d'ironiser en proposant des contre-exemples : une personne est en train de se noyer, elle est alors en situation de victime. Une autre intervient, celle-ci sera alors dans le rôle de sauveur. Qui est le persécuteur ? L'eau ?

C'est oublier le champ d'application du modèle qui ne s'applique pas aux situations d'urgences (comme ici) ou aux situations où les personnes ne peuvent prétendre à s’occuper d'elles-mêmes (accident, coma…) : la confusion est sémantique entre la position de sauveur qui est un choix inadapté dans une situation et la position du sauveteur qui est une réaction adaptée à la survie d'une personne en réelle difficulté.

De nombreux systèmes proposent des paradigmes de communications inter-relationnels sortant du triangle (dans lesquels ces rôles ne sont pas présents) comme la communication non violente (CNV).

Notes et références

  1. Gelin et Truong 2010, p. 69.
  2. (en) Stephen Karpman M.D., « Drama Triangle » [PDF], sur www.karpmandramatriangle.com, (consulté le ).
  3. On parle aussi parfois de « sauveteur », c'est le cas par exemple chez Acey Choy.
  4. Moreau 2008, p. 134.
  5. Page Wikipédia en anglais :Karpman Drama Triangle.
  6. Moreau 2008, p. 135.
  7. Moreau 2008.
  8. Voir aussi États du Moi.
  9. Napper, Rosemary., Tactics : transactional analysis concepts for all trainers, teachers and tutors, plus insight into collaborative learning strategies, TA Resources, (ISBN 0-9537956-0-8 et 9780953795604, OCLC 44532942, lire en ligne).
  10. David Emerald, The power of TED : the empowerment dynamic, , 176 p. (ISBN 978-0-9968718-0-8 et 0-9968718-0-2, OCLC 949866382, lire en ligne).
  11. « Le Triangle Relationnel. », sur http://www.voie-de-l-ecoute.com/, .
  12. Aussi appelées tensions, ou pesntions paradoxales.
  13. En Occident, on retrouve ceci dans les 3 Parques dans la mythologie latine, ou les 3 Moires chez les Grecs.
  14. Page Wikipédia en anglais sur Guna.
  15. « Les guna et nos conditionnements psychologiques », sur http://www.voie-de-l-ecoute.com, .
  16. Ici on distingue la conscience (individuelle) de LA conscience. C’est Sattva versus Turya. « Avoir conscience de quelque chose » versus « Être conscience », la conscience sans objets.
  17. Faure, Guna et nos conditionnements psychologiques.
  18. Śaṅkarācārya Madhavananda (trad. du sanskrit), Le plus beau fleuron de la discrimination : viveka-cūdā-maṇi, Paris, J. Maisonneuve, , 176 p. (ISBN 2-7200-0985-7 et 9782720009853, OCLC 32755311, lire en ligne).

Bibliographie

  • Sandrine Gelin et Khuê-Linh Truong, Conduire une réunion avec efficacité, Paris, Eyrolles, , 188 p. (ISBN 978-2-212-54543-2, lire en ligne).
  • André Moreau, Psychothérapie : Méthodes et Techniques : Psychanalyse, gestalt, analyse transactionnelle, rogers, hypnose-PNL, Beauvechain/Paris, Nauwelaerts, , 192 p. (ISBN 978-2-8038-0076-6 et 2803800764, OCLC 496881589, lire en ligne).
  • Pierre Agnese, Jérôme Lefeuvre, préface de Stephen Karpman, « Déjouer les pièges de la manipulation et de la mauvaise foi », InterÉditions, 2e édition, 2014.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • Portail de la psychologie
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.