Trenčín

Trenčín (allemand : Trentschin, hongrois : Trencsén)[4] est un important centre urbain du nord-ouest de la Slovaquie. La ville, voisine de la frontière avec la République tchèque, compte 57 000 habitants. Son château fort millénaire domine la ville.

Trenčín

Héraldique

Drapeau

La ville de Trenčín et son château
Administration
Pays Slovaquie
Région Trenčín
District Trenčín
Statut Capitale régionale
Primator (maire) Richard Rybníček (Indépendant)
mandat : 2018-2022
Code postal 91101
Plaque
minéralogique
TN
Code LAU 2 505820
Démographie
Population 55 333 hab. (31 déc. 2018)
Densité 675 hab./km2
Géographie
Coordonnées 48° 53′ 31″ nord, 18° 02′ 12″ est
Altitude 217 m
Superficie 8 199,6 ha = 81,996 km2
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Région de Trenčín
Trenčín
Géolocalisation sur la carte : Région de Trenčín
Trenčín
Géolocalisation sur la carte : Slovaquie
Trenčín
Géolocalisation sur la carte : Slovaquie
Trenčín
Liens
Site web http://www.trencin.sk
Sources
« Résultat des élections »
« Statistique de population »
http://www.e-obce.sk [1]
http://www.statistics.sk [2]

http://www.slovakregion.sk/ [3]

    Géographie

    Vue sur le château, le centre-ville et les jardins Brezina.

    Trenčín est une ville de l’ouest de la Slovaquie, sur le cours moyen de la Váh, encaissée entre les Carpates blanches au nord et à l'ouest, les monts de Strážov à l'est et les monts Považský Inovec (en) au sud. Au plan de la géomorphologie, la plus grande partie de la ville se trouve à fond de vallée Považské podolie (en), bornée par le cirque de Trenčin (Trenčianska kotlina), qui s'étend en direction du sud-ouest, et le cirque d’Ilavská (Ilavská kotlina), en direction du nord-est. Il faut signaler le mont Kozí (alt. 363 m), un contrefort des monts de Strážov, où se trouvent aujourd’hui les jardins Brezina (sk). Il forme un étranglement de quelques centaines de mètres au milieu de la vallée et confère à la ville son plan inhabituel. Le centre-ville culmine à 211 m, sur la rive gauche du Váh.

    Le canal Kočkovský rejoint le Váh un peu en amont du centre-ville, alors que plus à l'aval, le canal Biskupický s'en détache.

    La frontière avec la République tchèque s'étire à quelque 20 km au nord-ouest de Trenčin, le long de la ligne de crête des Carpates blanches. La capitale Bratislava se trouve à 120 km de là ; l'autre métropole régionale, Žilina, se trouve à environ 80 km en aval. La ville est reliée à ces deux métropoles par l'autoroute D1 et la ligne de chemin de fer 120. La commune occupe une superficie d'environ 82 km2.

    Histoire

    Inscription latine témoignant de l'installation d'un camp provisoire romain sous Marc Aurèle.

    Trenčín a été colonisée par l'homme dès l’Âge de la pierre et a été habitée sans discontinuité On a mis au jour des vestiges néolithiques caractéristiques de la culture de Maďarovce, de la culture lusacienne et de la culture de Púchov (en). Ce village était l'une des étapes de la route de l'ambre. Aux IIe et Ier siècles av. J.-C., il s'y trouvait un oppidum celte, conquis au début de notre ère par des tribus germaniques, Quades et Marcomans[5]. Une stèle romaine, découverte sur les versants du château de Trenčín, remonte à 179 de notre ère, et fut donc gravée au cours de la guerre qui, sous le règne de Marc Aurèle, mit aux prises l'Empire romain et les Quades (dans l'actuelle Slovaquie) ; elle désigne Trenčín comme le point le plus septentrional de l’avancée romaine en Europe centrale hors d'Allemagne. Cette stèle permet de connaître le nom latin du camp romain, Laugaricio (Victoriae Augustorum exercitus, qui Laugaricione sedit, mil(ites) l(egiones) II DCCCLV (855 de la deuxième Légion). (Maximi)anus leg(atus leg)ionis II Ad(iutricis) cur(avit) f(aciendum). Trenčín est appelé de son nom grec Leukaristos par Ptolémée (vers 150).

    Vers la fin du IVe siècle, les « grandes invasions » bouleversèrent les conditions de vie. En 568, des Germains menés par Alboïn repassèrent le bassin des Carpates et se portèrent en Italie, laissant la place aux premiers arrivants Slaves. Des vestiges archéologiques des Ve et VIe siècles attestent en effet de leur présence dans la région : on a mis au jour dans Trenčín des vestiges du VIIe au XIIe siècle.

    À l'époque de la Grande-Moravie, Trenčín demeurait une ville importante. Avec la décadence de l'empire morave, elle fut peu à peu absorbée par le royaume de Hongrie émergent ; cette évolution était consommée à la fin du Xe siècle[6]. Au XIe siècle, le château devint la capitale du comitat de Trenčín, qui contrôlait la moyenne vallée de la Váh. Sa position stratégique en faisait la proie des ambitions des trois royaumes de Hongrie, de Pologne et de Bohême. Un assaut des princes de Bohême est mentionné dans un manuscrit de 1067, qui est aussi le premier document nommant le château.

    Máté Csák, potentat local du XIVe siècle.

    La localité dépendant du château n'est citée que dans l’Acte de Zobor (1111) sous le nom de Treinchen : c'était un avant-poste surplombant la Váh[2]. Elle a dû bénéficier d'un droit de marché dès le début du XIIIe siècle[7]. En 1241, elle fut mise à sac par les invasions mongoles, mais les conquérants ne parvinrent cependant pas à s'emparer du château[5].

    Lors de l'émiettement territorial qui s'ensuivit, Trenčín fut de 1302 à 1321 le château du seigneur hongrois Máté Csák, qui de là contrôla pendant plusieurs années la plus grande partie du territoire de l'actuelle Slovaquie. À la mort de Csák, la ville et son château furent repris par l'armée royale hongroise. Malgré ses prises de position passées, la ville bénéficia d'un nombre croissant de prérogatives économiques et juridiques au fil des décennies suivantes : ainsi en 1324, ses marchands étaient exemptés de payer aux octrois de tout le royaume de Hongrie ; en 1335, par le traité de Trenčín entre le roi de Hongrie Charles d’Anjou, le roi de Bohême Jean de Luxembourg, ainsi que le roi de Pologne Casimir le Grand, la Pologne renonçait « à jamais » à la Silésie au bénéfice du royaume de Bohême, amenant une paix durable. En 1370, l'ouverture d'une foire annuelle était agréée, et en 1380 les bourgeois obtenaient le privilège de la bière[8]. Toutefois, ce n'est qu'en 1412 que le roi Sigismond de Luxembourg reconnut Trençin comme ville libre d'empire. À la fin du XVe siècle, la ville comptait quatorze corporations, et plusieurs commerces[9].

    Trenčín et son château vers 1700.

    Après la défaite des Hongrois à la bataille de Mohács (1526), la ville et son château se trouvent au cœur de la guerre de succession pour le trône de Hongrie : en 1528, une trahison permet à l'armée de Ferdinand Ier de s'emparer du château-fort, défendu par les princes de Zápolya alors que la Réforme a gagné toute la région. Presque un siècle plus tard, à l'issue de la bataille de la Montagne-Blanche (1620), les réfugiés hussites de Bohême viennent grossir la population. Malgré les campagnes militaires dévastatrices de 1599 et de 1663, ni les Turcs, ni leurs vassaux ne parviendront à s'emparer de Trenčín[10]. La ville subit à plusieurs reprises les conséquences des soulèvements hongrois : ainsi le passage de l'armée d’Étienne II Bocskai en 1604, ou celle de Gabriel Bethlen en 1624. Quoiqu'elle se soit tenue à l'écart de l'insurrection d’Imre Thököly, Trenčín est en 1704 le théâtre des affrontements entre les armées de François II Rákóczi, qui contrôlent le pays, et l'armée impériale qui défend la forteresse. Le blocus des Kuruc dure quatre années. Dans l'intervalle, la famine frappe le pays, et le un incendie ravage 195 maisons. Enfin le , les insurgés se voient infliger une défaite décisive par l'armée impériale à la bataille de Trenčín (en), et doivent se replier. Cette période calamiteuse s'achève sur deux épidémies de peste, entre 1710 et 1715 : lors de la première, la ville perd près de 1 000 habitants, et seulement 222 lors de la seconde[5]. Un second grand incendie, en 1790, frappe le centre-ville et le château. Au cours de la crue désastreuse d', 44 perdent la vie.

    Malgré la perte du statut de ville libre d'empire et le reclassement comme ville du comitat de Trenčín, l'industrie commence à se développer dans la seconde moitié du XIXe siècle. La ligne du val du Váh s'arrêta d'abord (1879) au faubourg d'Istebník en rive droite du Váh ; mais quatre ans plus tard, la gare de Trenčín était inaugurée. De nouvelles lignes permirent le passage à travers le col de Vlára (sk) et la vallée de la Nitra. Entre 1880 et 1913, il s'établit successivement une distillerie, une menuiserie, une usine d'explosifs (qui devait fermer définitivement en 1918) et une filature. Par la suite, la ville se spécialisa dans les constructions mécaniques. En 1907 la ville était électrifiée. L’armée austro-hongroise y stationnait plusieurs unités : en 1914, c'était le 71e régiment d'infanterie hongrois « Galgótzy » et le 15e le 71e régiment d'infanterie Honvéd.[Quoi ?]

    À la suite de la dissolution de l'Empire d’Autriche-Hongrie, au début de , la ville fut occupée par l'armée tchécoslovaque (conformément aux stipulations du traité du Trianon). Devenue chef-lieu d'arrondissement (1923) dans l'entre-deux guerres, il se développa des industries textiles et agroalimentaires, cependant que la vocation stratégique et la tradition militaire de l'endroit se maintenait à l'initiative de la Première République tchécoslovaque puis de la République slovaque. Au cours de la seconde guerre mondiale, la population juive fut entièrement déportée, même les ressortissants de nationalité tchèque. Entre soulèvement patriotique et la conquête par l’Armée rouge le , 69 résistants furent exécutés par la Gestapo[10].

    Sous l'administration du Parti communiste, cette ville-frontière connut une croissance démographique considérable et les faubourgs se couvrirent de barres d'immeubles. Une partie du centre historique disparut ainsi sous les coups des engins de terrassement. La renaissance du centre-ville commence en 1990, et depuis 1996 la ville a retrouvé sa fonction (perdue en 1940) de chef-lieu, au sein de la région de Trenčín.

    Jumelages

    La ville de Trenčín est jumelée avec[11] :

    Célébrités

    Voir aussi

    Liens externes

    Notes et références

    1. (sk) « e-obce.sk » (consulté le ).
    2. (sk + en) « Mestská a obecná štatistika SR » (consulté le ).
    3. (sk) « Slovak region » (consulté le ).
    4. (sk) « Slovenské slovníky » (consulté le ).
    5. (sk) « História mesta Trenčín », sur trencin.sk (consulté le ).
    6. (en) J. Lacika, Trenčín and its environs, p. 20.
    7. (en) J. Lacika, Trenčín and its environs, p. 21.
    8. (en) J. Lacika, Trenčín and its environs, p. 25.
    9. (en) J. Lacika, Trenčín and its environs, p. 27.
    10. (sk) « História v dátach a číslach », sur trencin.sk (consulté le ).
    11. (sk) « Partnerské mestá », sur trencin.sk (consulté le ).
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