Traité de Bucarest (1918)

Le traité de Bucarest est le traité de paix entre la Roumanie et les membres de la Quadruplice : l'Empire allemand, l'Autriche-Hongrie, la Bulgarie et l'Empire ottoman. Ce traité est officiellement signé le , six mois après l'armistice du entre les belligérants, lui-même consécutif à l'effondrement de l'armée russe. Imposé par les puissances centrales alors victorieuses sur ce front, le traité de Bucarest oblige le roi roumain Ferdinand, entré en guerre durant l'été 1916, à plier devant les exigences du Reich et de ses alliés, sous peine de voir son royaume partagé entre la Bulgarie et l'Autriche-Hongrie. Paix de défaite, le traité se solde pour la Roumanie par une forte tutelle du Reich sur l'économie du royaume, mais ses pertes territoriales au profit de ses vainqueurs sont limitées et plus que compensées par l'union avec la République démocratique moldave qui s'était fraîchement émancipée de l'ancien Empire russe disloqué. Pendant six mois, la vie du royaume est soumise aux clauses du traité mais, la situation politique et militaire des puissances centrales se dégradant durant l'automne 1918, l'application du traité est rapidement remise en cause. En effet, sa dénonciation par la Bulgarie, par l'Empire ottoman et enfin par le Reich[N 1] constitue l'une des conditions des armistices successifs sanctionnant la victoire des Alliés.

Pour les articles homonymes, voir Traité de Bucarest.
Territoires perdus par la Roumanie à la suite du traité: en rouge ceux cédés à l'Autriche-Hongrie, en vert ceux cédés à la Bulgarie, et en jaune ceux cédés conjointement aux Empires centraux.

Contexte

En bleu, la Roumanie au traité de Bucarest (mai 1918), selon une carte française : le liséré rouge montre la limite de la zone occupée (à l'ouest).

Roumanie dans la Première guerre mondiale

Durant la Première Guerre mondiale, la Roumanie a été alliée aux pays de la Triple-Entente : après sa brève offensive estivale de 1916 en Transylvanie, le royaume subit de sévères défaites telle la bataille de Turtucaia/Tutrakan et finit par être occupé aux deux-tiers à l'automne 1916 ; il maintient à grand-peine un front le long du Siret. Mais la révolution russe de 1917 et le retrait des troupes russes laisse la Roumanie seule face aux troupes des puissances centrales, qui définissent précisément leurs buts de guerre respectifs. Face à la révolution russe, le Reich souhaite le maintien d'une Roumanie stable et viable (suffisamment pour écarter la Bulgarie du port de Constanța) et vise surtout à garantir ses propres intérêts dans le pays, notamment des participations dans l'industrie pétrolière et dans l'agriculture roumaines[N 2], tandis que la Valachie occidentale serait octroyée à la double monarchie austro-hongroise[1].

Un lien ténu avec des Alliés en difficulté

Dès l'entrée en guerre de la Roumanie aux côtés des Alliés, ces derniers envoient sur place du matériel et des conseillers militaires organisés en missions militaires par chacun des alliés.

La mission française sur place, commandée par le général Henri Berthelot, composée surtout d'officiers du génie et du renseignement, constamment renforcée au fil des mois[2], constitue sur place un lien efficace entre l'Entente et le Royaume de Roumanie. Son indéniable appui logistique, matérialisé par de rares envois de fournitures de guerre, matériel et munitions, n'est pourtant pas suffisant pour soutenir la Roumanie, réduite à une bande de terre en Moldavie, à l'heure où les mutineries de la Marne secouent l'armée française et où l'armée russe se débande[3].

Cette mission française exerce, jusqu'à son départ officiel, le 12 mars 1918[N 3],[4],[2], une forte influence sur le roi, son entourage et le gouvernement en place, ce qui incite les puissances centrales à rechercher des interlocuteurs plus sensibles à leurs intérêts[5] : c'est le cas d'Alexandru Marghiloman, prêt à beaucoup pour tenter de garantir la pérennité du royaume face aux exigences austro-allemandes[5].

Militairement, le territoire roumain encore contrôlé par l'Entente n'est plus épaulé par la Russie en pleine dislocation, d'autant que l'Ukraine est progressivement occupée par les troupes austro-allemandes selon le traité de Brest-Litovsk, prenant ainsi à revers les troupes roumaines déployées sur le Siret[3]. Cependant, la défection russe incite les Alliés, et notamment les Français, à échafauder des projets d'alliance avec le nouveau gouvernement ukrainien, les Cosaques, les Russes blancs et les Polonais, afin d'aider le royaume de Bucarest à rester dans le conflit[6].

Situation politique du royaume

Sachant la Roumanie menacée dans son existence, les diplomates austro-hongrois font savoir aux Roumains, par l'intermédiaire de leur attaché militaire à Bucarest, qu'une demande de paix ne serait pas repoussée par les Puissances Centrales et que si une demande d'ouverture de négociations parvenait à la « double monarchie » austro-hongroise, Ferdinand ne serait pas obligé d'abdiquer. Celui-ci change aussitôt de président du conseil et nomme le général Alexandre Averescu pour négocier avec les puissances centrales[3].

Le plan des militaires austro-hongrois pour la Roumanie vaincue en 1918 : Autriche, Hongrie et Roumanie formant une « triple-monarchie » sous le sceptre des Habsbourg.

Dans le même temps, le royaume connaît une forte instabilité institutionnelle. Les conservateurs parviennent à prendre le pouvoir, grâce à l'appui des puissances centrales qui encouragent les intrigues pour renverser la dynastie des Hohenzollern-Sigmaringen dans le projet de la remplacer par les Habsbourg sur le trône de Bucarest, promettant en échange que le royaume puisse conserver Constanța et du Nord de la Dobrogée et espérant ainsi constituer une « triple-monarchie » austro-hungaro-roumaine contrôlant les bouches du Danube et ayant une façade sur la mer Noire[7]. Cette proposition est cependant réfutée par Guillaume II qui souhaite que l'avenir et le partage de cette région soient intégrés à un règlement plus global des questions balkaniques et caucasiennes, prenant en compte les intérêts ottomans[5].

Par ailleurs, le , le vote du Sfatul Țării, le parlement moldave élu en 1917 à Chișinău, qui a proclamé l'indépendance de la Moldavie mais se trouve menacé à l'est par la République soviétique d'Odessa, approuve l'union de la Bessarabie avec la Roumanie, agrandie à cette occasion de 44 422 km2.

Exigences des Empires centraux et de leurs alliés

Après la conclusion de l'armistice entre les Puissances centrales et la Russie, le roi Ferdinand et son gouvernement comprennent que l'État roumain est menacé de disparition sans une suspension d'armes avec la quadruplice : les offres de négociations formulées par les représentants des Puissances Centrales sont donc étudiées[3]. Les objectifs des puissances centrales, et tout particulièrement du Reich, sont précisés lors d'échanges formels et informels au début de l'année 1918, les Allemands posant les bases de leur domination économique et financière sur le royaume de Bucarest. Les négociateurs allemands se montrent particulièrement intéressées par les richesses du royaume de Bucarest, bien qu'ils soient conscients des limites des ressources pétrolières roumaines, insuffisantes, selon les experts économiques du Reich, pour parvenir à une certaine forme d'autarcie[8]. Les germanophiles roumains ne voient pas forcément que d'un mauvais œil cette domination économique allemande, car ils estiment que le réalisme et les capacités d'organisation du Reich ne coûteront pas plus cher à la Roumanie que la corruption, la gebegie et les gaspillages antérieurs[9].

Revendications territoriales

Si les aspects économiques sont l'essentiel des buts des puissances centrales en Roumanie, des gains territoriaux sont aussi espérés : ainsi, la Bulgarie exige de la Roumanie, par une note du 24 février 1918, la totalité de Dobrogée, et non la simple rétrocession du territoire qu'elle avait été obligée de lui céder au terme de la Deuxième guerre balkanique, au traité de Bucarest[10]. Mais, pour les Empires centraux, la cession de la Dobrogée entière à la Bulgarie est conditionnée par les clauses du traité d'alliance de 1915, obligeant la Bulgarie à rendre à l'Empire ottoman les rives de la basse-Maritsa. Ce territoire étant finalement partagé entre les Bulgares et les Turcs[N 4], il en sera de même pour la Dobrogée entre Bulgares et Empires centraux[11] : la Roumanie cède à ces derniers, et non à la Bulgarie, la partie située au nord d'une ligne Rasova-Agigea (avec le port de Constanța) qui devient un condominium germano-austro-hongrois : la Bulgarie doit se contenter du territoire situé au sud de cette ligne et l'opinion bulgare en conçoit de l'amertume[12].

L'Autriche-Hongrie avait souhaité annexer, dans un premier temps, la Valachie occidentale[13] (ou « Petite Valachie ») qu'elle avait déjà annexée de 1718 à 1739 par le traité de Požarevac ; cependant, dans un second temps, les négociateurs austro-hongrois se contentent de rectifications de frontières aux dépens du royaume de Bucarest. Ainsi, dans la chaîne des Carpates, la monarchie danubienne souhaite contrôler les cols et la ligne de crête ; de plus, dans la région des Portes de Fer sur le Danube, elle annexera le port de Turnu Severin afin de priver la Roumanie de la possibilité d'une attaque-surprise comme celle de 1916[3].

Ces projets déplaisent aux militaires allemands qui les trouvent trop modérés. Ainsi, contre l'avis du chancelier du Reich, certains, notamment les Dioscures, proposent en 1917, peu après la conquête de la majeure partie du pays, la transformation de la Roumanie en colonie[14]. Des responsables austro-hongrois, Ottokar Czernin et Franz Conrad von Hötzendorf en tête, proposent pour leur part que la Roumanie devienne une troisième composante (la Transcarpathie) de la monarchie des Habsbourg qui deviendrait ainsi une « triple-monarchie »[15],[16].

Tutelle politique

Méfiant face à la francophilie de l'opinion roumaine et de la classe politique du royaume, Guillaume II, convaincu par la richesse du royaume lors de son voyage de en Roumanie occupée[5], souhaite mettre en place une étroite tutelle allemande sur le pays. Pour réaliser cet objectif, il souhaite placer sur le trône roumain un prince allemand plus fiable que la branche cadette des Hohenzollern, ou transformer le royaume en colonie ou en dominion allemand[5] : l'empereur souhaite également réformer le pays selon le modèle allemand afin de rendre pérenne l'influence du Reich[14]. Guillaume II souhaite avant tout contrôler directement le port de Constanța et les bouches du Danube : c'est la principale raison de son refus d'accorder à ses alliés bulgares la totalité de la Dobroudja[17],[18]. L'objectif allemand de mise sous tutelle de la Roumanie ne fait pas l'unanimité et nécessite une convention militaire entre le Reich et ses alliés, d'une part, et le royaume de Roumanie de l'autre[19].

Intérêts économiques

Les vainqueurs, essentiellement l'Empire allemand et l'Autriche-Hongrie, poursuivent l'un comme l'autre des objectifs économiques et financiers précis en Roumanie, réputée pour son rendement agricole et pour les richesses en pétrole de son sous-sol[N 5]. La poursuite de ces buts de guerre est alors une nouvelle source de frictions entre les deux alliés[20], le Reich souhaitant intégrer le royaume parmi les pays dominés économiquement au sein de la Mitteleuropa[19], tandis que les Habsbourg, forts des conclusions des entretiens de Kreuznach en mai 1917, exigent la mise en place d'une tutelle politique austro-hongroise sur le royaume[21].

Ainsi, les négociateurs allemands, comme leurs homologues austro-hongrois, mènent les uns comme les autres une politique visant à la consolidation des positions économiques de leur pays respectif en Roumanie ; ainsi, dès 1916, les participations alliées dans les entreprises roumaines, tout comme le matériel possédé par les sociétés française, britanniques et russes, sont rachetées par le Reich et les sociétés allemandes, consolidant ainsi la position du Reich dans le royaume occupé[8].

De plus, s'étant rendu en Roumanie au cours de l'année 1917, Guillaume II, soutenu par ses généraux en poste en Roumanie, réclame pour le Reich le contrôle des champs de pétrole roumains, et la libre disposition de ses richesses agricoles[22], le contrôle des chemins de fer et des ports du royaume, la mise en place d'un monopole commercial pour une société détenue en majorité par le Reich, garantissant un contrôle allemand sur l'économie[5],[23]. Au cours de réunions stratégiques tenues au cours de l'hiver 1918, auxquelles participent des représentants de l'OHL et de l'Auswärtiges Amt, il est décidé que le Reich exercerait un strict contrôle sur l'économie roumaine, et plus spécialement sur la production pétrolière, notamment par le biais d'une nouvelle société pétrolière à capitaux austro-allemands en majorité[24]. Cependant, à la faveur de la rupture des négociations entre le Reich et le royaume défait, les Austro-hongrois parviennent à imposer au Reich un accord laissant à la double monarchie le contrôle du tiers de la nouvelle compagnie pétrolière roumaine, garantissant à l'Autriche-Hongrie la livraison de pétrole roumain[25].

Cette mise sous tutelle décidée, les Allemands proposent à la Roumanie de céder les terrains pétrolifères à une société à capitaux majoritairement allemands, la Société pétrolière de la Mitteleuropa, qui disposerait non seulement de droits d'exploitation, mais aussi de droits d'expropriation des terrains qu'elle souhaiterait exploiter[26]. Pour écouler la production, un monopole commercial serait octroyé à une société à créer, pour contrôler la commercialisation du pétrole de Roumanie par le port de Constanța : au sein de cette société par actions, le capital serait partagé au profit du Reich : 55 % des parts reviendraient au Reich, 25 % à l'Autriche-Hongrie et 20 % à l'État roumain. Ce contrôle par le Reich de l'économie roumaine serait masqué par le recouvrement des frais générés par la remise en état de l'économie du pays et doit être camouflé par le truchement d'une aide à la réorganisation de l'économie roumaine. Sur ce modèle sont élaborés les accords destinés à assurer pour le Reich et son allié austro-hongrois le contrôle des excédents agricoles roumains, les exportations étant légalement interdites tant que les besoins alimentaires allemands et austro-hongrois ne sont pas couverts[19].

Le contrôle sur l'économie roumaine doit de plus être accentué par un strict contrôle des moyens modernes de communication dans le royaume. Ainsi, le Reich souhaite renforcer son contrôle sur les installations fluviales du royaume, en faisant remettre à une société allemande la propriété et la gestion de ces infrastructures[27]. De même, le contrôle du réseau ferré roumain constitue un but de guerre stratégique du Reich en Roumanie : quelle que soit la forme légale prise par cette tutelle, les responsables politiques du Reich se montrent favorables à l'adoption de clauses spéciales, garantissant l'usage prioritaire des chemins de fer pour les besoins du Reich et les entreprises allemandes[28].

Une fois les objectifs des alliés du Reich atteints, le royaume de Roumanie est supposé être placé sous la stricte dépendance des puissances centrales, dans une forme de « vassalité » commerciale, à l'égard du Reich, principal animateur de la Quadruplice[23].

Négociations

Négociateurs de la paix de Bucarest (mai 1918).

Des négociations menées sous la contrainte militaire des puissances centrales

Caricature française des traités de Brest-Litovsk et de Bucarest de 1918.

Informé au mois de des demandes des puissances centrales, le gouvernement roumain proteste et expose ses réserves, mais cette protestation se heurte à un ultimatum, adressé au président du conseil par le comte Ottokar Czernin le  ; cet ultimatum expire au début du mois de mars : soit le royaume accède aux souhaits de ses vainqueurs qui reconnaîtront alors son union avec la République de Moldavie orientale (Bessarabie), dédommageant le royaume de la perte de la Dobrogée[10], soit il refuse et il est rayé de la carte dans un délai de six semaines[10]. Cependant, en dépit du rapport de force défavorable pour eux, les représentants roumains négocient pied à pied l'ensemble des conditions de paix des puissances centrales[19], [29].

Le , après une visite à Bucarest d'Ottokar Czernin, ministre austro-hongrois des affaires étrangères[5], Ferdinand s'incline et accepte le de signer les préliminaires de paix de Buftea, qui adoucissent cependant certaines conditions imposées au royaume défait : ainsi, la mise en œuvre des annexions austro-hongroises est échelonnée dans le temps[10]. Sur le plan économique, le gouvernement roumain replié à Iași, est cependant obligé d'avaliser l'ensemble des revendications présentées par le Reich et l'Autriche-Hongrie[19], mais lors de la négociation des clauses contenues dans les annexes, les Roumains se montrent totalement opposés à la mise en œuvre du monopole commercial garanti aux puissances centrales[N 6],[30].

Expression des divergences entre le Reich et ses alliés

Lors des négociations entre le Reich et ses alliés d'une part, et le royaume de Roumanie d'autre part, des divergences apparaissent entre le Reich et ses alliés car depuis la visite du Kaiser en septembre 1917, certains responsables du Reich, proches de Guillaume II et de son chancelier, cherchent à placer le royaume sous la tutelle économique allemande, sans pour autant trop l'affaiblir ; d'autres, Richard von Kühlmann et le haut-commandement, notamment, souhaitent au contraire baser la domination allemande dans les Balkans sur la Bulgarie, dont l'économie serait également totalement contrôlée par le Reich. Ainsi, les premiers exposent naturellement des réserves à l'encontre des revendications territoriales austro-hongroises et bulgares en Roumanie[5].

De plus, dès la conquête de la Roumanie, les diplomates austro-hongrois formulent à l'égard du royaume un certain nombre de revendications politiques et économiques[31]. Cependant, les responsables allemands se montrent opposés à la satisfaction de la majeure partie des revendications austro-hongroises en Roumanie[32] ; au cours de l'année 1917, Czernin rappelle à de nombreuses reprises son souhait de voir la Roumanie annexée à l'Autriche-Hongrie comme « troisième entité », ou placée dans la sphère d'influence austro-hongroise[15].

De plus, la sévérité des exigences présentées par les négociateurs allemands est considérablement gênée par les propositions de négociations séparées de l'empereur Charles[18] ; de plus, ce dernier se montre en effet hostile à des clauses de paix trop dures imposées par les puissances centrales au royaume défait, comme il le fait savoir le dans un télégramme à Guillaume II, ce qui suscite l'ire de l'empereur allemand et de ses représentants[33] : au mois de février, le Habsbourg affirme à nouveau, par télégramme, son souhait de voir les puissances centrales conclure avec la Roumanie une paix ne comportant pas de trop grandes exigences[34].

Cette divergence se manifeste également dans le partage de la manne pétrolière roumaine, les Austro-hongrois s'opposant à la répartition projetée des actions de la nouvelle compagnie entre Allemands et Austro-hongrois, ce partage privilégiant les capitaux allemands au détriment de ceux de la double monarchie et de la Roumanie[27].

De même, l'annexion allemande et austro-hongroise de la Dobrogée du nord lèse la Bulgarie pour laquelle cette province constituait en entier un but de guerre, or la Bulgarie se voit exclue de la moitié nord, à majorité roumaine, de cette région qui, au lieu de lui être cédée en entier (23 421 km2), passe sous domination germano-austro-hongroise[N 7],[17], accentuant le mécontentement des Bulgares, désormais plus réservés sur la poursuite d'une guerre menée surtout au profit du Reich[18].

Enfin, la satisfaction même partielle des revendications bulgares en Roumanie incite les Ottomans à demander la rétrocession des territoires de Thrace turque cédés au royaume de Bulgarie en 1915, ainsi qu'un certain nombre de territoires dans le Caucase russe, outrepassant ainsi largement les clauses du traité de paix conclu entre la Russie et les puissances centrales[13].

Divergences entre négociateurs allemands

Ajoutées à l'antagonisme des objectifs entre le Reich et ses alliés, des divergences se manifestent au sein même des institutions du Reich ; ces divergences portent à la fois sur les la nature des liens entre le royaume vaincu et le Reich, mais aussi sur leur forme et sur leur ampleur.

Ainsi, dès le mois de février 1918, les représentants de l'OHL, le haut-commandement allemand, exposent les revendications qu'ils souhaitent voir imposer au pays vaincu par les négociateurs allemands à Bucarest, menés par Richard von Kühlmann[35].

De plus, lors des négociations, les responsables militaires se montrent favorables à l'inclusion des clauses économiques, le cœur du traité, dans le corps du texte, ou à défaut, que ces clauses, renvoyées en annexe, soient paraphées avec le texte principal ; au terme d'échanges entre civils et militaires, les clauses économiques, supposées pérennes, sont exclues du texte principal et renvoyées dans les annexes[N 8],[36].

Clauses du traité

Alexandre Marghiloman signant le traité de Bucarest en présence des attachés militaires allemand et autrichien.

Les rivalités entre les membres de la quadruplice, dans un contexte marqué par la position hégémonique du Reich vis-à-vis de ses alliés, constituent un obstacle important à la conclusion rapide d'un accord entre les puissances centrales, d'une part, et la Roumanie, d'autre part ; de plus, ces rivalités contribuent à la mise en place de clauses moins défavorables au royaume de Bucarest. Cependant, le traité est signé le au palais royal de Bucarest, occupé par le général Falkenhayn[N 9][37] ; le général allemand y reçoit le roi Ferdinand de Roumanie en invité de marque vaincu.

Toutes les revendications économiques formulées par le Reich et l'Autriche-Hongrie, à durée limitée, sont rapidement acceptées par le gouvernement du président du conseil Alexandru Marghiloman[35] ; seules les clauses politiques et territoriales sont avalisées par les négociateurs roumains le 26 mars seulement[29].

Clauses territoriales

Les partages successifs de la Dobrogée.

Sur le plan international, la perte de territoires constitue la manifestation la plus visible de la défaite roumaine ; le royaume de Bucarest doit ainsi céder des territoires aux puissances centrales, les pertes territoriales du royaume se révélant limitées à la faveur des divergences entre les membres de la Quadruplice. Sur le plan intérieur, la famine et les épidémies (typhus) sont, pour la population roumaine soumise aux réquisitions et à des jours de corvée au bénéfice des occupants, la marque la plus lourde de la défaite.

Les pertes territoriales sont la moitié sud de la Dobrogée cédée à la Bulgarie au sud d'une ligne Rasova-Agigea soit 12 296 km2, la moitié nord de cette province à un condominium germano-austro-hongrois soit 11 024 km2[N 10] et les cols des Carpates cédées à l'Autriche-Hongrie soit 5 650 km2[18], d'où un amoindrissement territorial de 29 070 km2[N 11],[38].

Ces pertes territoriales sont largement compensées par l'intégration de la République démocratique moldave au sein du royaume de Bucarest[N 12],[39], entraînant un agrandissement de 44 422 km2. À l'issue de ces transferts de souveraineté, la superficie du royaume est de 143 496 km2, alors qu'elle était de 128 144 km2 en 1914, soit un accroissement de 15 352 km2 de la surface de la Roumanie, en dépit de sa défaite militaire et politique[10].

Clauses politiques

Les clauses politiques ne constituent pas, selon les Allemands, l'essentiel du traité, qui réside dans les cinq annexes fixant les modalités de la tutelle économique et commerciale du Reich sur le royaume. Ces clauses politiques sont relativement légères : une force d'occupation 5 divisions allemandes, austro-hongroises et bulgares, entretenue par la Roumanie[18], s'installe dans le royaume ; de plus, l'armée roumaine n'est pas démantelée[18].

Parmi ces clauses, l'article 27 des annexes vise à remplacer l'influence française par l'allemande : il soumet la Roumanie à une politique de germanisation de son clergé catholique qui jusque-là, dans sa grande majorité, entretenait des relations avec l'Italie et la France. Selon Annie Lacroix-Riz, cette annexe crée les conditions d'une subordination de la hiérarchie ecclésiastique catholique aux intérêts de l'Autriche-Hongrie et du Reich ; cette subordination se manifeste notamment par le contrôle des clercs et par l'envoi dans le royaume de représentants ecclésiastiques « germanophiles »[40].

Enfin, en dépit de leurs exigences en matière de contrôle des communications dans le royaume de Roumanie, les puissances centrales n'obtiennent, dans ce domaine, que des mesures limitées, ne parvenant pas à prendre le contrôle des réseaux : des accords tarifaires sont signés dans le domaine des chemins de fer, tandis qu'une clause garantit pour les compagnies de navigation maritime et fluviales allemandes et austro-hongroises une égalité de traitement avec leurs concurrentes roumaines[41].

Clauses économiques

À ces clauses politiques, s'ajoutent des clauses économiques, reprenant pour partie les termes du traité de commerce liant la Roumanie au Reich depuis 1904[N 13],[42]. L'essentiel des productions roumaines est ainsi dévolu au Reich et à son allié austro-hongrois pour les neuf années suivantes, tandis qu'une compagnie à capitaux allemands, austro-hongrois et roumains est constituée pour l'extraction des ressources pétrolifères roumaines[18], objectif principal des négociateurs allemands[35]. Ces clauses sont contenues dans les annexes du traité de paix, signées le 5 avril 1918[36].

De plus, face aux dirigeants austro-hongrois, représentants d'un pays alors aux abois, épuisé par trois années et demi de guerre[38], le Reich s'assure un contrôle durable de l'économie roumaine, en obligeant le royaume vaincu à faire du Reich son principal client pour l'exportation de ses productions agricoles, pour une durée de neuf années. De plus, il est interdit au royaume de fournir des pays tiers tant que la valeur fixée annuellement par les autorités austro-allemandes n'aura pas été atteint[43] . Cette clause constitue en réalité une remise en vigueur du traité de commerce conclu avant le conflit, mais en y ajoutant le contrôle par la quadruplice, dans le faits par le Reich, de la politique douanière du royaume jusqu'en 1930[20].

Puis, les autorités d'occupation s'arrogent un droit de regard sur la politique monétaire menée par la banque centrale roumaine durant la totalité de l'occupation militaire austro-allemande, garantissant ainsi la mise en œuvre d'une politique monétaire conforme aux intérêts des puissances centrales[29]. La prise en charge par les Roumains des sommes émises pour les besoins monétaires des forces d'occupation des puissances centrales dans le royaume illustre la prise de contrôle de la politique monétaire roumaine par le Reich : le gouvernement roumain doit prendre à sa charge les deux milliards de Lei émis par les unités d'occupation bulgaro-germano-austro-hongroises pour leurs besoins en Roumanie occupée[43].

Enfin, le royaume s'engage à livrer aux puissances centrales et plus spécialement à l'Autriche-Hongrie des produits agricoles, notamment du blé. Les quantités livrées, bien qu'inférieures à ce qui était prévu, fournissent un palliatif à la situation alimentaire catastrophique de la double monarchie[38]. De plus, à ces livraisons ponctuelles, s'ajoute un droit d'option sur les productions céréalières du royaume ; ce droit, reconnu au bénéfice du Reich et de la double monarchie, doit expirer à la fin de l'année 1927[42].

Après sa signature

Réactions allemandes

En dépit de ces dispositions, très largement favorables au Reich, de fortes réserves sont émises par les milieux économiques allemands ; en effet, certains milieux d'affaires du Reich défendent l'idée que les clauses du traités écartent les entreprises allemandes du « gâteau roumain » au profit de l'État impérial[35]. Ainsi, Erich Ludendorff relaie cette opposition, affirmant que le peu d'avantages obtenus par le Reich est sans commune mesure avec l'étendue de la victoire remportée sur le front de l'Est en général et sur le royaume de Roumanie en particulier[44].

Ainsi, les annexes de l'accord de paix avec la Roumanie[N 14] sont négociées dans un premier temps entre les principaux groupes de pression au sein du Reich, l'OHL, le gouvernement et les milieux économiques, puis, dans un second temps, leurs clauses sont proposées aux Roumains ; cependant, soutenu par les milieux économiques, Erich Ludendorff donne un large publicité à leurs aspirations, se positionnant parfois en porte-à-faux vis-à-vis de la politique gouvernementale : les principaux représentants des milieux bancaires sont ainsi réservés sur la place de l'État allemand dans le contrôle de l'économie roumaine, tandis que le quartier-maître général[N 15] s'étonne de l'absence de liens entre les clauses politiques et les clauses économiques que le Reich souhaite imposer au vaincu[35].

Protocoles additionnels

Les annexes garantissent l'ouverture de négociations destinées à régler les questions non tranchées par le traité. Il est ainsi prévu l'ouverture de négociations destinées à fixer les modalités financières non réglées par le traité ou ses annexes.

Ainsi, des négociations s'ouvrent au début du mois de juin pour fixer définitivement et précisément le détail des clauses financières du traité. Le 8 juillet, un accord est trouvé entre les puissances centrales et le royaume de Bucarest. À la suite de cet accord, est mis en place un clearing, plaçant la Roumanie dans la dépendance commerciale des puissances centrales, un office financier aux mains des Austro-Allemands contrôlant très précisément les devises amenées à pénétrer dans le pays[45].

Réactions des alliés du Reich

Les clauses du traité de paix mécontentent les alliés méridionaux du Reich, le royaume de Bulgarie et l'empire ottoman, la première parce que la Dobrogée ne lui a pas été attribuée dans sa totalité, le second parce qu'une clause du traité turco-bulgare de septembre 1915 n'a pas été respectée par le royaume de Sofia : la Bulgarie n'a pas octroyé à l'empire ottoman une compensation territoriale en Thrace, cette compensation devant être proportionnelle aux annexions bulgares en Roumanie[20].

Dénonciation

Le traité n'a jamais été ratifié, y compris par les puissances centrales, qui bénéficient ainsi des droits de la puissance occupante[N 16],[39].

Il ne reste d'ailleurs valide que six mois. Le général Berthelot, resté auprès du roi Ferdinand de Roumanie, témoignant toujours une grande confiance dans ses conseillers français et francophiles[46], lui suggère de ne pas ratifier le traité[N 17],[47], se doutant que, sur le plan économique et stratégique, l'entrée en guerre des États-Unis compenserait le retrait des Russes.

Le , la Roumanie dénonce le traité et reprend les hostilités contre les Austro-Allemands, défaits en Italie, en France et dans les Balkans. La mission Berthelot réapparaît alors au grand jour : une partie de ses membres n'avaient pas quitté le pays et avaient continué de mener, depuis la Moldavie, une action discrète, perpétuant l'influence alliée dans le royaume roumain[5].

Notes et références

Notes

  1. La fin des hostilités entre les alliés et les puissances centrales est sanctionnée par des armistices successifs entre les Alliés victorieux et chacun des membres défaits de la Quadruplice, d'abord le royaume de Bulgarie, puis l'Empire ottoman, l'Autriche-Hongrie et enfin le Reich.
  2. Les diplomates et hommes politiques des puissances centrales parlent alors de « milliards roumains ».
  3. Les missions militaires alliés quittent Iași, où le gouvernement s'était replié, en direction de Chișinău au moyen de cinq trains mis à disposition par le gouvernement royal : en effet, la république démocratique moldave n'était concernée ni par le traité de Bucarest, ni par l'occupation des puissances centrales en Russie selon le traité de Brest-Litovsk (contrairement à ce que montrent beaucoup de cartes erronées du front russe telle ).
  4. La Bulgarie rend aux Ottomans Mandra, au sud de Demotika, mais conserve Ferecik et la rive droite de l'embouchure du fleuve.
  5. En 1914, le royaume est le 4e producteur mondial de pétrole brut.
  6. Un délai est ainsi obtenu, permettant l'ouverture de nouvelles négociations, le traité ne s'appliquant qu'en cas d'échec de ces dernières.
  7. de sorte que la Bulgarie ne s'agrandit ici que de 12 296 km2.
  8. En dépit de cette divergence de forme, les négociateurs du Reich font signer au gouvernement une déclaration de principe garantissant la main-mise principalement allemande et secondairement austro-hongroise sur l'économie roumaine.
  9. La cérémonie de signature se déroule dans la salle où le roi avait signé l'entrée en guerre de la Roumanie.
  10. Le corps d'occupation de la Dobrogée du Nord était formé de la 11e Armée allemande, d'éléments de la 3e Armée austro-hongroise, de la 1re Armée bulgare et de quelques unités ottomanes.
  11. Ces annexions constituent une entorse au refus des annexions directes au profit de l'Autriche, condition posée par les responsables hongrois lors de l'entrée en guerre de la double monarchie.
  12. Les responsables politiques moldaves ont profité de la guerre civile qui débute en Russie pour proclamer l'indépendance de la Moldavie.
  13. Le Reich et la Roumanie d'une part, l'Autriche-Hongrie et la Roumanie de l'autre, sont liés par des traités de commerce signée durant la décennie précédente.
  14. Ces annexes constituent l'essentiel des clauses du traité imposé à la Roumanie.
  15. Titre officiel d'Erich Ludendorff.
  16. Les puissances centrales disposent ainsi de la possibilité de maintenir une force d'occupation dans le royaume et d'utiliser à leur profit et sans restriction les réseaux routier et ferroviaire roumains.
  17. Selon les termes de l'armistice de Rethondes, le traité de Bucarest est déclaré nul et non avenu par les signataires.

Références

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  14. Fischer 1970, p. 366.
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Voir aussi

Bibliographie

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  • Jean-Noël Grandhomme, La Roumanie : De la Triplice à l'Entente, 1914-1919, Paris, Éditions SOTECA, 14-18 Éditions, coll. « Les Nations dans la Grande Guerre », , 280 p. (ISBN 978-2-916385-25-9). 
  • Annie Lacroix-Riz, Le Vatican, l'Europe et le Reich : De la Première Guerre mondiale à la guerre froide, Paris, Armand Colin, coll. « Références Histoire », (réimpr. 2010), 539 p. (ISBN 978-2-200-21641-2, OCLC 716491999). 
  • Pierre Renouvin, La Crise européenne et la Première Guerre mondiale, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Peuples et civilisations » (no 19), , 779 p. (notice BnF no FRBNF33152114). 
  • Traian Sandu, « La Roumanie, une victoire à la Pyrrhus », Les cahiers Irice, vol. 1, no 13, , p. 155-170 (DOI 10.3917/lci.013.0155, lire en ligne). 
  • Max Schiavon, L'Autriche-Hongrie dans la Première Guerre mondiale : la fin d'un empire, Paris, Éditions SOTECA, 14-18 Éditions, coll. « Les Nations dans la Grande Guerre », , 298 p. (ISBN 978-2-916385-59-4). 
  • Georges-Henri Soutou (préf. Jean-Baptiste Duroselle), L'Or et le sang : les buts de guerre économiques de la Première Guerre mondiale, Paris, Fayard, coll. « Nouvelles études historiques », , 963 p. (ISBN 978-2-213-02215-4, OCLC 905765263). 

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