Tour de Flak

Les tours de DCA (allemand : Flaktürme) étaient huit complexes de tours anti-aériennes de type blockhaus construits dans les villes de Berlin (3), Hambourg (2) et Vienne (3) à partir de 1940. Elles furent utilisées par la Flak de la Luftwaffe pour se défendre contre les raids aériens alliés sur ces trois villes durant la Seconde Guerre mondiale. Elles servirent aussi d'abri anti-aériens pour des dizaines de milliers de personnes et pour coordonner la défense anti-aérienne.

Parc Augarten, L-Turm.
Parc Augarten, G-Turm et L-Turm.
Parc Augarten, G-Turm.

Histoire

Construction d'une tour de Flak, 1942

Après le raid de la RAF sur Berlin en 1940, Adolf Hitler ordonna la construction de trois tours de DCA massives pour défendre la capitale d'attaques aériennes. Ces tours étaient soutenues par une installation de radars de conduite de tir FuSE 65 et FuMG 39T qui était sur un plateau rétractable (le plateau pouvait être rentré derrière un épais mur en béton et un dôme en acier afin de le protéger lors d'un raid aérien). Ces ouvrages, dont Hitler définit lui-même l'aspect en soumettant ses propres croquis, furent construits dans les six mois qui suivirent. La priorité du projet fut telle que le planning de transport de la Deutsche Reichsbahn Gesselschaft (compagnie nationale des chemins de fer allemands) fut modifié pour permettre le transport du béton, de l'acier et des poutres vers les lieux de construction[1].

Comportant des murs en béton de 3,5 m d'épaisseur, les tours de Flak étaient considérées comme invulnérables aux bombes habituellement utilisées par les bombardiers alliés, mais il est peu probable qu'elles auraient pu résister aux Grand Slam qui pouvaient pénétrer des structures plus épaisses en béton armé. Il semble que les avions ont généralement évité les tours de Flak. Les tours pouvaient maintenir une cadence de tir de 8 000 coups par minute, avec une portée maximale de 14 km sur 360°. Cependant, seuls les canons de 128 mm avaient une portée suffisante pour défendre les tours contre les bombardiers lourds du Royal Air Force Bomber Command. Les trois Flaktürme dans la banlieue de Berlin formaient un triangle qui devait protéger efficacement le centre de Berlin.

Les Flaktürme ont aussi été conçues comme abri anti-aérien pour la population civile, avec de la place pour 10 000 personnes et même un hôpital à l'intérieur. Les tours, lors de la chute de Berlin, formaient leur propre communauté, avec près, voire plus, de 30 000 Berlinois qui ont trouvé refuge dans chaque tour durant la bataille. Ces tours, un peu comme les donjons des châteaux médiévaux, furent les endroits les plus sûrs alors que la ville subissait des combats généralisés, et elles furent les dernières à se rendre aux forces soviétiques, sans doute à cause de la diminution de leurs réserves[2].

Les Soviétiques, lors de leur assaut sur Berlin, eurent du mal à infliger des dégâts significatifs aux tours de DCA même avec les plus gros canons soviétiques, tels que les obusiers de 203 mm M1931 (en). Les forces soviétiques ont en général manœuvré autour des tours, et envoyé des émissaires pour demander leur reddition. Contrairement aux autres défenses de Berlin, les tours furent en général pourvues d'un stock complet de munitions et de vivres, et les canonniers ont même utilisé leurs canons anti-aériens de 20 mm pour se défendre contre des troupes au sol. La tour du Zoo fut l'un des derniers points à se rendre, alors que des unités blindées allemandes avaient tenté de la rejoindre en tentant de briser l'encerclement de l'Armée rouge [réf. nécessaire].

Pendant un certain temps après la guerre, il fut prévu de reconvertir les tours avec des façades décorées. Après la défaite, les tours devaient être détruites, mais la plupart du temps cela fut impossible et beaucoup sont encore debout aujourd'hui.

Caractéristiques des Flaktürme

Les tours L et G à Parc Augarten, Vienne
Un Flak 40 de 12,8 cm, l'arme principale des tours de Flak et son équipe

Chaque complexe de tour de Flak est constitué :

  • d'une G-Turm (Gefechtsturm) ou tour de combat ;
  • d'une L-Turm (Leitturm) ou tour de commandement.
Les trois génération de G-Turm
  • Génération 1
    • G-Turm. Dimensions : 70,5 × 70,5 × 39 m, habituellement armée de huit (quatre jumelés) canons de 128 mm, de nombreux canons de 37 mm et 32 (huit quads) canons de 20 mm.
    • L-Turm. Dimensions : 50 × 23 × 39 m, habituellement armée de seize (quatre quads) de canons de 20 mm.
  • Génération 2
    • G-Turm. Dimensions : 57 × 57 × 41,6 m, habituellement armée de huit (quatre jumelés) canons de 128 mm et seize (quatre quads) canons de 20 mm.
    • L-Turm. Dimensions : 50 × 23 × 44 m, habituellement armée de quarante (dix quads) canons de 20 mm.
  • Génération 3
    • G-Turm. Dimensions : 43 × 43 × 54 m, habituellement armée de huit (quatre jumelés) canons de 128 mm et trente-deux (huit quads) canons de 20 mm.

Adolf Hitler avait demandé l'étude de G-Turm encore plus grosses. Elles auraient fait trois fois la taille et auraient eu trois fois la puissance de feu des tours de Flak déjà construites.

Tours

Flakturm I - Zoologischer Garten Berlin, Berlin

  • Zoologischer Garten Berlin (1re génération) -
    • G-Turm détruite par les britanniques à la fin de la guerre. 52° 30′ 33″ N, 13° 20′ 12″ E
    • L-Turm détruite après la guerre. 52° 30′ 37″ N, 13° 20′ 12″ E

Flakturm II - Friedrichshain, Berlin

  • Friedrichshain (1re génération) -
    • G-Turm partiellement démolie après la guerre ; un côté reste visible. 52° 31′ 35″ N, 13° 25′ 55″ E
    • L-Turm démolie après la guerre. 52° 31′ 40″ N, 13° 26′ 19″ E

La G-Turm, connue sous le nom de Mont Klamott à Berlin, a servi d'inspiration pour quelques chansons du compositeur-interprète Wolf Biermann et du groupe de rock Silly.

Durant la guerre la Flakturm II devient également un lieu d'entreposage d'œuvres d'art pour les mettre à l'abri des bombardements alliés. On y dépose notamment les œuvres du Kaiser-Friedrich Museum, actuellement connu sous le nom de musée de Bode. En , lors de la bataille de Berlin, deux incendies vont se déclencher dans la tour, ce qui aurait provoqué la destruction d'environ quatre cents œuvres d'art, dont trois Botticelli[3].

Flakturm III - Humboldthain, Berlin

  • Humboldthain (1re génération) -
    • G-Turm partiellement détruite après la guerre, un côté restant visible. L'intérieur peut être visité. 52° 32′ 50″ N, 13° 23′ 06″ E
    • L-Turm partiellement détruite après la guerre, quelques murs restent visibles. 52° 32′ 39″ N, 13° 23′ 14″ E

Flakturm IV - Heiligengeistfeld, Hambourg

  • Heiligengeistfeld (de) (1re génération) -
    • G-Turm utilisée comme centre de médias. Comprend les studios d'enregistrement de la SAE, le magasin de musique Amptown / Just Music et la boîte de nuit Uebel & Danger. 53° 33′ 22″ N, 9° 58′ 12″ E .
    • L-Turm démolie après la guerre et remplacée par un immeuble T-Mobile ressemblant fortement à l'ancienne tour. 53° 33′ 10″ N, 9° 58′ 02″ E .

Flakturm V - Stiftskaserne, Vienne

  • Stiftskaserne (3e génération) -
    • G-Turm utilisée par l'armée autrichienne. 48° 12′ 06″ N, 16° 21′ 21″ E
    • L-Turm (dans Esterhazypark) est utilisé comme aquarium public, le Haus des Meeres, depuis 1957, mur d'escalade et musée de la torture. 48° 11′ 52″ N, 16° 21′ 09″ E

Flakturm VI - Wilhelmsburg, Hambourg

  • Wilhelmsburg (2e génération) -
    • G-Turm, endommagée à l'intérieur à la suite d'une explosion le . Elle est connue actuellement sous le nom d'EnergieBunker à la suite de sa transformation en centrale d'énergie verte, qui produit de l'électricité et de la chaleur. On y trouve également le café et une plate-forme d'observation. 53° 30′ 36″ N, 9° 59′ 24″ E
    • L-Turm détruite après la guerre

Flakturm VII - Parc Augarten, Vienne

  • Parc Augarten (3e génération) -
    • G-Turm, vide. Elle a été endommagée par une explosion accidentelle de munitions en 1946. La totalité des plateformes d'armes 20 mm du nord-est, et la moitié de celles de l'est ont été retirées courant 2007, incluant le chemin de connexion, à cause de la détérioration. La tour en elle-même a été renforcée par des câbles en acier qui entourent la structure complète, 12 câbles sont au-dessus des nids de mitrailleuses, 6 juste en dessous et 4 supplémentaires sont à mi-hauteur de la tour. La tour abrite des milliers de pigeons qui nichent sur chaque plate-forme et dans chaque ouverture. Le côté ouest de la structure est utilisé comme relais pour les téléphones portables. 48° 13′ 32″ N, 16° 22′ 22″ E
    • L-Turm, vide. Elle pourrait être utilisée à l'avenir comme dépôt pour du matériel informatique ou comme cinéma en plein air. 48° 13′ 40″ N, 16° 22′ 41″ E

Flakturm VIII - Arenbergpark, Vienne

  • Arenbergpark (2e génération) - 48° 11′ 54″ N, 16° 23′ 29″ E
    • G-Turm est utilisée comme dépôt du Museum für angewandte Kunst
    • L-Turm, vide. Peut servir pour des expositions, accès à des visites guidées

Tours prévues

Berlin

  • Tiergarten (deux tours additionnelles prévues, non construites)
  • Hasenheide Templehof (prévue, non construite)
  • Reichstag (considérée à modifier, mais s'est révélée impossible)

Brême

Hambourg

  • Est de Hambourg (prévue, non construite)

Munich

  • Gare de Munich (huit prévues, aucune construite)

Vienne

Canons antiaériens

Les canons utilisés sur les tours fut divers. L'armement des G-Turm (deux furent achevées à Berlin en , une troisième en ) comprenait sur la plate-forme supérieure quatre canons de 10,5 cm, remplacés en 1942 par des Flakzwilling 40. Les niveaux inférieurs étaient dotés de pièces légères de 2 cm et 3,7 cm.

Au vu des photographies de l'époque, nous pouvons plus précisément citer pour l'ensemble des tours :

Notes et références

  1. Hitler's Secret Bunkers [Documentary], George Pagliero () United Kingdom : Fulcrum TV.
  2. (en) Antony Beevor, Berlin:The Downfall,
  3. (en) Allison McNearney, « The Three Botticellis Burned In The World War II Battle For Berlin », The Daily Beast, (lire en ligne, consulté le ).

Bibliographie

  • (en) Foedrowitz, Michael. (1998). The Flak Towers in Berlin, Hamburg and Vienna 1940-1950. Schiffer Publishing. (ISBN 0-7643-0398-8)
  • (de) Ute Bauer "Die Wiener Flakturme im Spiegel Oesterreichischer Erinnerungskultur", Phoibos Verlag, Wien 2003. (ISBN 3-901232-42-7)
  • (it) Flavia Foradini, Edoardo Conte: I templi incompiuti di Hitler", catalogo della mostra omonima, Milano, Spazio Guicciardini, 17.2-13.3.2009

Documentaires télévisés

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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