Touloulou

Le Touloulou est le personnage le plus célèbre et le plus typique du carnaval guyanais.

Pour les articles homonymes, voir Touloulou (homonymie).
Des Touloulous dans les rues de Cayenne en 2007.

Étymologie

La culture guyanaise étant de base de tradition orale, le terme Touloulou existe sur le territoire depuis au moins le début du XIXe siècle.

Deux hypothèses sont généralement retenues concernant la provenance et l'utilisation de ce terme.

La première viendrait d'un ancien journal local, qui en 1891, utilisa le terme Tourloulou, pour décrire toute personne déguisée et masquée pendant le carnaval en Guyane.[1] Il viendrait à la base de l'expression « Tour le loup », qui désigne les femmes portant un loup, dans les salles de bals. Celles-ci faisaient continuellement le tour de la piste de danse, pour choisir leur cavalier favoris. Elle aurait subi une créolisation pour finalement devenir le terme Touloulou.

Un autre hypothèse veut que le terme Tourloulou, qui décrit des soldats d'infanterie, soit à l'origine de ce terme.[2]

Description

Touloulous traditionnelles, portant un loup en guise de masque, au lieu du masque d'origine vénitienne...

Le Touloulou est la reine du carnaval. C'est une dame habillée de manière élégante de la tête aux pieds. Ce sont normalement des femmes dont on ne voit pas une once de peau. Elle porte un jupon, une cagoule, un loup et des longs gants. Pour ne pas être reconnues, les femmes vont jusqu'à mettre des lentilles colorées, des perruques et camoufler leur voix. Elles ne portent pas leur parfum habituel, achètent des paires de chaussures pour l'occasion qu'elles ne remettront pas et ne se déplacent pas avec leur véhicule pour garder l'anonymat. Elles défilent dans la rue et participent aux bals paré-masqués.

Il existe aussi un costume propre aux hommes appelé Tololo.

Dans les dancings, rebaptisées à l'occasion « universités », ce sont les Touloulous qui invitent les hommes à danser. Ils ne peuvent pas refuser.

Histoire

Origine

Ce personnage typique et surtout mystique de la culture créole guyanaise représente les femmes bourgeoises des XVIIIe et XIXe siècles, endimanchées, toujours habillées de la tête aux pieds.[3]

Créé quelques années avant l’abolition de l’esclavage par les esclaves, ayant pour but de caricaturer les femmes de leurs maîtres et autres femmes aisées de la colonie. Que ce soit dans la manière de se déhancher, le masque et même le costume en lui-même. Il a aussi permis de casser les barrières sociales qu'il y avait entre les noires, nouveaux affranchis et les blancs, leurs anciens maîtres, qui représentaient la population aisée.

Au départ, hommes et femmes étaient Touloulou. Il s'agissait d'un déguisement comme un autre et ne rappelait en rien l'élégance mais bel et bien d'une manière satyrique, les femmes de cette époque. Ce n'est que bien après, au XXe siècle, que celui-ci s'est féminisé dans les dancings et à finalement perdu son côté caricatural pour devenir une représentation distinguée, raffinée et coquette de la femme en général, tout en gardant un côté mystérieux, ce qui lui à valu le titre de « Reine du carnaval » en Guyane.

Anciennes et diverses utilisations du terme Touloulou

À la base, un « Touloulou » désignait, dans une large mesure, toutes personnes déguisées et masquées pendant le carnaval guyanais.

On pouvait retrouver des variations du terme comme :

  • le Touloulou traditionnel,
  • le Touloulou du bal (paré-masqué),
  • le Touloulou solitaire,
  • le Touloulou sale.

Ce n'est qu'à partir de la deuxième moitié du XXe siècle, que le terme « Touloulou » est essentiellement utiliser pour décrire le Touloulou du bal paré-masqué.

Autres Touloulous (costumes)

Touloulou traditionnel

Le carnaval guyanais contient une multitudes de Touloulous traditionnels. Certains costumes sont liés à l'histoire de la Guyane d'autres proviennent des mythes et légendes locales. On peut trouver des costumes comme le roi Vaval, les Nègmaron, les Zonbibaréyé, le Jé farin, Bobi, Karolin, Lanmò (la mort), Sousouri (la chauve-souris), Djab rouj (diable rouge), l'Annglé bannann, les Balayeuses, le Bèf vòlò bèf, les Coupeuses de cannes, le Djab annan bwèt, le Tololo, les Tirailleurs sénégalais, le Vidangeur, la diablesse.[4]

Le Sousouri, un des Touloulous traditionnels, remis à jour par le groupe Kouman pendant le carnaval, à Cayenne.

Ils sont remis chaque année en lumière par certains groupes de rues[5]. La plupart des groupes préfèrent défiler avec leur propre création.

De nouveaux costumes ont apparus au fil du temps, inspirés de cultures et origines diverses.

Touloulou solitaire

Ce sont des Touloulous qui n'ont pas d'orchestre et qui défilent juste pour le plaisir des regards émerveillés, amusés voire même étonnés du public par leurs costumes. Il y a les Gorilles (présents pour effrayer les plus petits), les Belles de la Madeleine, les Gro tèt, les hommes travestis. Parfois l'on peut retrouver certains Touloulous traditionnels qui défilent en solitaire.

Touloulou sale

Groupe d'une dizaine de personnes, qui n'ont ni nom, ni orchestre, composé majoritairement d'hommes, habillées d'une manière dépravée et non harmonieuse, souvent travestis, chantent des chansons humoristiques et vicieuses, tout en tapants des mains pour accompagner leur chants. Ils ne respectent en aucun cas, les règles sur l'anonymat et font même des imitations de rapport sexuel en plein carnaval, ce qui peut parfois choquer un public non-avertis.

Dix commandements du Touloulou du bal

Le non-respect des règles du Touloulou traditionnel qui se perdent de plus en plus, dû à la négligence de celles-ci par les nouvelles générations, a mené Maryline Cesto Brachet à rédiger une charte des Dix commandements en l'honneur du Touloulou du bal.[6]

Les Dix commandements du Touloulou du bal paré-masqué :

  1. Pour éviter les mauvaises interprétations: marrainez le Touloulou "lakrèch".
  2. Que la danse et la musique restent le centre d'intérêt du bal masqué.
  3. Que le masque protège l'anonymat obligatoire du Touloulou.
  4. Tu respecteras la liberté des autres pour être libre de toi.
  5. La discrétion, la subtilité de tes gestes rendront hommage.
  6. Le bal masqué ne doit pas, par ton attitude, devenir une maison close.
  7. N’assimilez point ces lieux mythiques aux boîtes de nuit ou aux chambres d'hôtel.
  8. Soyez charmeuse sans être sangsue, le Touloulou passe partout, voit tout, mais ne doit jamais s'accrocher.
  9. Faites-vous désirer et non détester.
  10. La sagesse nous permettra d'apprécier jusqu'à la fin des temps cette coutume unique chez nous.[7]

Documentation

Chansons

  • 1990 - Touloulou-a, chanson de Lexios
  • 2006 - Touloulou, chanson de Jim Rama
  • 2011 - Mazouk ethnie, chanson de N'jie (où à un certain moment elle mentionne les Touloulous et on l'a voit avec ces derniers dans le clip).

Films et séries

  • 2014 – Kaz Touloulou, par Serge Poyotte.[8]
  • 2017 – Meurtres à Cayenne, par Marc Barrat.
  • 2020 – Le lien qui nous unit, par Serge Poyotte.[9]

Revue

Dans les années 90, paru le Touloulou Magazine. Il s'agit d'une revue annuelle qui traite sur l'actualité du carnaval de Guyane.

Galerie

Notes et références

Notes

    Références

    Voir aussi

    Articles connexes

    Bibliographie

    • Du touloulou au tololo, Le bal paré-masqué, son évolution, Aline BELFORT

    Etude (broché). Paru en 02/2014

    • Carnaval guyanais – Traversée littéraire

    De Monique BLERALD

    • Vaval : l'histoire du carnaval de la Guyane française, Auxence CONTOUT

    Liens externes

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