Tigre de la Caspienne

Panthera tigris virgata

Le Tigre de la Caspienne (Panthera tigris virgata) était la sous-espèce de tigre la plus occidentale.

On le trouvait en Arménie, en Azerbaïdjan, en Géorgie, dans le sud de la Russie, au Kazakhstan, en Iran, en Irak, en Afghanistan, en Turquie,en Syrie, en Mongolie, au Tadjikistan, au Turkménistan, au Kirghizistan et en Ouzbékistan jusqu'à son extinction dans les années 1970.

Les recherches génétiques récentes ont montré que le tigre de la Caspienne appartient en réalité à la même sous-espèce que le tigre de Sibérie (Panthera tigris altaica), morphologiquement très proche et qui existe toujours, ce qui ouvre des perspectives de réintroduction en Asie centrale à partir de tigres de Sibérie[1].

Caractéristiques

Corps

Le tigre de la Caspienne arrivait en deuxième place par la taille parmi tous les tigres connus. Le corps de l'animal était assez massif et allongé, les membres forts, avec de grosses pattes larges et des griffes d'une taille inhabituelle. Les oreilles, petites et courtes, semblaient privées de poils sur la pointe.

  • Longueur : 270 à 290 cm (2,70 à 2,90 m (mâle), 240 à 260 cm (2,40 à 2,60m (femelle).
  • Poids : 180 à 220 kg (mâle), 85 à 135 kg (femelle).

Fourrure

L'animal était doté d'une longue et épaisse fourrure, abondante autour des joues. Sa couleur ressemblait à celle du tigre du Bengale. La peau d'un spécimen, conservée au British Museum, présente une couleur jaune doré sur le dos et les flancs, avec les côtés plus clairs que le dos et des rayures allant du marron clair au marron foncé. La poitrine et l'abdomen sont blanc rayé de jaune, alors que la partie faciale est jaune avec des rayures marron sur le front et des taches blanches autour des yeux et des joues. La partie externe des membres est jaune tandis que la partie interne est blanche. La queue chez cette sous-espèce est jaune, avec des rayures d'un blanc jaunâtre. En hiver, le pelage était très long. Ce tigre était doté d'une crinière ventrale importante, ainsi que d'une courte crinière sur la nuque.

Comportement et accouplement

Les tigres de la Caspienne passaient la majeure partie de leur vie en solitaire. Ils frayaient rarement avec d'autres tigres en dehors de la saison des amours, habituellement en hiver ou au printemps. Le tigre mâle était plus grand que la femelle et vivait de dix à quinze ans.

Phylogenèse

En 2009, une étude menée sur les haplotypes d'ADN mitochondrial de vingt tigres de la Caspienne sauvages[Note 1] a montré que le tigre de la Caspienne est en réalité très proche du tigre de Sibérie (Panthera tigris altaica) et que ces deux sous-espèces n'en forment en réalité qu'une seule (les auteurs proposent de les rassembler en une seule sous-espèce). Le plus proche ancêtre commun de ces deux populations date de moins de 10 000 ans. Se basant sur des analyses phylogéographiques, les auteurs supposent qu'un ancêtre plus lointain, proche de l'actuel tigre d'Indochine (Panthera tigris corbetti) serait parti du sud de la Chine et aurait colonisé l'Asie centrale en passant par le corridor du Gansu, évoluant ensuite en Asie centrale pour devenir le tigre de la Caspienne. Puis beaucoup plus récemment, les tigres d'Asie centrale (devenu le tigre de la Caspienne) auraient traversé le sud de la Sibérie pour engendrer les populations du tigre de Sibérie en Extrême-Orient septentrional. Le tigre de Sibérie est en effet très proche du tigre de la Caspienne, alors qu'il est morphologiquement et génétiquement très différent du tigre chinois (Panthera tigris amoyensis) qui bordait son aire de répartition juste au sud aux temps modernes. Or de nombreuses incursions de tigres ont été notées en Sibérie aux XIXe et XXe siècles dans une vaste zone située entre les aires de répartition connues du tigre de la Caspienne et du tigre de Sibérie à l'époque, montrant la grande mobilité et la capacité de colonisation à longue distance de l'espèce, et que même aux temps modernes des liaisons génétiques étaient encore possibles entre ces deux populations[2].

Un tigre de Caspienne au Zoo de Berlin en 1899.

Développement et extinction

À l'origine, le tigre de la Caspienne était très répandu en Asie du Sud-Ouest. Il était venu de Mongolie et de Russie du Sud via la Chine de l'Ouest (Xinjiang), les ex-républiques soviétiques d'Asie centrale, le Caucase, l'Afghanistan, la Perse et la Mésopotamie. Au Moyen Âge, il a peut-être même atteint l'Ukraine. À l'époque moderne, on le trouvait dans le sud Caucase, l'est de la Turquie, le nord de l'Iran et le nord de l'Afghanistan.

L'une des dernières photos d'un tigre de Caspienne abattu au nord de l'Iran.

L'intensification des cultures entraînant la diminution de son habitat naturel et la raréfaction de ses proies s'est ajoutée à la chasse intensive dont la sous-espèce était victime pour provoquer sa disparition progressive et finalement son extinction. En , un mâle a été abattu par un villageois dans le village d'Uludere, en Turquie[3],[4],[5]. Une observation possible d'un tigre de Caspienne a été signalé à Karakalpak en 1974, il aurait été aperçu au nord du Nukus dans un cimetière[6].

Une survie de quelques spécimens toujours possible ?

De confirmé, la dernière observation eut lieu en 1970 au sud-est de la Turquie, cependant il y eut d’autres observations non confirmées dans la même région, la même année il y aurait eu seulement 3 observations. L’année suivante, l’observation d’un spécimen aux alentours de la ville d’Hakkari avait été sujet des journaux. À la suite de ces multiples observations, des enquêtes eurent lieu. Ces enquêtes menées par des questionnaires au sud-est de la Turquie ont révélé qu'un à huit tigres étaient tués chaque année dans l'est de la Turquie jusqu'à la moitié des années 1980, mais qu'en plus de cela des tigres auraient probablement survécu dans les régions du sud-est de la Turquie jusqu'au début des années 1990[7],[8].

Il y eut une étude de la Wildlife Conservation Foundation (Doğal Hayatı Koruma Vakfı) concernant la biodiversité du sud-est de la Turquie. Cette étude qui a duré deux années a été conclu sur le fait que des tigres mais aussi des léopards existeraient toujours dans les régions,. En plus de cela, il y aurait eu deux possibles observations récentes de tigres au sud-est de la Turquie, l'un à Silopi en 2002 et l'autre à Şırnak en 2003. Cependant, il n'y a plus eu d'enquête depuis dans ces régions. Mais il n'est pas impossible que quelques spécimens existent encore.

Dans les autres pays, quelques observations non confirmées eurent lieu aussi, notamment une au Karakalpakistan en 1974. En Afghanistan une observation aurait eu lieu en 1997 dans le nord-est du pays[7]. La région du fleuve Piandj entre l'Afghanistan et le Tadjikistan était un bastion du tigre de la Caspienne jusqu'à la fin des années 1960. La dernière observation d'un tigre dans la zone frontalière afghano-tadjike remonterait à 1998 dans la chaîne de Babatag[9].

Iran

Le tigre de la Caspienne était connu en Iran sous le nom de « tigre du Mazandaran » (en persan : ببر مازندران, Babr-e Māzandarān), du nom de l'une des provinces qui bordent la Caspienne où on le rencontrait. Selon une légende persane, le héros Rostam aurait victorieusement combattu l'un de ces tigres.

Rome

Le tigre de la Caspienne était, avec le tigre du Bengale, la sous-espèce utilisée dans les arènes romaines. C'était en effet pour les Romains la plus facile à se procurer car elle peuplait l'extrémité orientale de l'empire romain. Les tigres étaient importés du Caucase, du Kurdistan, de la Mésopotamie et de la Perse. Le premier tigre à se battre à Rome était un cadeau d'un ambassadeur indien à l'empereur romain Auguste en 19 av. J.-C. Dans les arènes romaines, ainsi qu'au cirque Maxime, les tigres combattaient des gladiateurs ainsi que des aurochs ou des lions de l'Atlas.

Notes et références

Notes

  1. Les spécimens utilisés sont issus des collections des muséums. Le choix s'est porté sur les tigres dont l'aire de collecte correspondait à l'aire de distribution supposée du Tigre de la Caspienne.

Références

  1. Hartmut Jungius, Feasibility Study on the Possible Restoration of the Caspian Tiger in Central Asia, 2010,
  2. C. Driscoll, N. Yamaguchi, G. Bar-Gal, A. Roca, S. Luo, D. Macdonald et S. O'Brien, « Mitochondrial phylogeography illuminates the origin of the extinct caspian tiger and its relationship to the amur tiger », PLoS ONE, vol. 4, (lire en ligne).
  3. (tr) « Hazar Kaplanı », sur Tarihi Olaylar (consulté le )
  4. (tr) « hazar kaplanı », sur ekşi sözlük (consulté le )
  5. (tr) « Efsaneyle Korunmak - Atlas », sur ATLAS (consulté le )
  6. Vance Painter, « KARAKALPAKSTAN BLOG: The Last Caspian Tiger », sur KARAKALPAKSTAN BLOG, (consulté le )
  7. (en-GB) « Caspian Tiger - Panthera tigris virgata », sur Carnivora (consulté le ).
  8. « Tigre de la Caspienne (Panthera tigris virgata) », sur www.manimalworld.net (consulté le ).
  9. « Wayback Machine », sur web.archive.org, (consulté le ).

Annexes

Bibliographie

  • Mohammad Mokri, Babr-i Bayan (Le Tigre Blanc), Peeters Publisher, 2003, (ISBN 90-429-1101-8) Mythe iranien en langue gouranie.

Liens externes

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