Thries

Les Thries ou Thriae(grec ancien : θριαί Thriaí) sont trois sœurs, célèbres femmes-abeilles au service du dieu Hermès : Antalia, Rosanna et Pausania. Ce sont les nourrices des dieux de l'Olympe. Antalia apprend à voir l’Invisible ; Pausania, elle, enseigne le passé ; enfin Rosana, quant à elle, apprend à voir le futur.

La « colonne des danseuses » à Delphes, qui pourrait être une représentation des Thries.

Fonctions

Les abeilles et le miel qu'elles produisent ont souvent été associées au sacré et à la religion[1]. En tant qu’animaux, elles sont porteuses de la parole et de la volonté divines[1]. Ici, les trois sœurs, nymphes et femmes-abeilles, sont dotées du don de divination et au service du dieu Hermès à qui elles ont été offertes par Apollon, dieu des oracles et prophéties[2].

Ce sont elles qui ont inventé l'art de la prophétie avec de petits cailloux (grec ancien : θριαί thriai) jetés dans une urne.

L'art de la divination avec des pierres était pratiqué dans le sanctuaire d'Apollon à Delphes, entre autres. Le Thriambos, une chanson ou une danse du culte de Dionysos, est étymologiquement retracée au Thries.

Dans les textes

Hymne à Hermès

Les Thries apparaissent dans les Hymnes homériques, plus précisément dans l’Hymne à Hermès. Après que le jeune Hermès eut volé les vaches d'Apollon et ait été forcé de les lui rendre, les deux sympathisent et échangent des présents. Hermès donne a Apollon la lyre qu'il vient de créer (et donc le domaine de la musique et de la poésie) et Apollon, charmé par son jeune frère, lui offre une baguette en or (le caducée d'Hermès), les troupeaux (le domaine des bergers) et les thries, femmes-abeilles dotées de dons divinatoires :

Θριαὶ γάρ τινες εἰσὶ κασίγνηται γεγαυῖαι
παρθένοι ὠκείῃσιν ἀγαλλόμεναι πτερύγεσσι
τρεῖς· κατὰ δὲ κρατὸς πεπαλαγμέναι ἄλφιτα λευκὰ
οἰκία ναιετάουσιν ὑπὸ πτυχὶ Παρνησοῖο (...)
ἐντεῦθεν δὴ ἔπειτα ποτώμεναι ἄλλοτε ἄλλῃ
κηρία βόσκονται καί τε κραίνουσιν ἕκαστα[2]

Voici la traduction que Leconte de Lisle en a fait en 1868:

« il y a trois Moires, vierges et sœurs, et qui se réjouissent de leurs ailes rapides. La tête couverte de blanche farine, elles habitent dans une vallée du Parnèsos ; et elles m'ont enseigné la science divinatoire à laquelle j'aspirais, encore enfant, au milieu de mes bœufs, et mon père ne s'en inquiéta point. Depuis, en ce lieu, volant çà et là, elles mangent les rayons de miel et accomplissent chaque chose. Alors, ayant mangé le miel vert, elles deviennent furieuses et veulent ardemment dire la vérité ; mais quand elles sont privées de la douce nourriture des Dieux, elles tentent de conduire hors du chemin. Je te les donne, interroge-les avec soin et charme ainsi ton esprit ; et, si quelque mortel connu de toi te rencontre, il pourra en croire ton oracle. Prends-les, fils de Maia, ainsi que les bœufs agrestes aux pieds flexibles. »[3]

Callimaque de Cyrène

Le poète grec Callimaque a évoque les Thries à plusieurs reprises dans son œuvre. Ainsi, dans l'Hécalé (Fragment 260), il écrit :

« Les Thries ont inspirées le vieux corbeau [ou un oiseau, ou un vieux visionnaire]. » [4]

Callimaque fait également allusion aux Thries dans son Hymne à Apollon (ligne 250).

Représentations

Représentation présumée des Thries comme divinités des abeilles, Rhodes, VIIe siècle av. J.-C.

Les Thries étaient apparemment envisagées comme des nymphes avec des têtes de femmes et des corps d'abeilles.

Un ancien relief du Musée des Beaux-Arts de Boston représentant une déesse avec la tête d'une femme et le corps d'une abeille pourrait être une représentation des Thries[5].

Certaines études portent à croire que la célèbre « colonne des danseuses », à Delphes, colonne d'acanthe ornée à son sommet de trois jeunes filles placées entre les jambes d'un trépied de bronze, ait été une représentation des Thries[6].

Évocation moderne

Voir aussi

Pages annexes

Sources

Notes et références

  1. <Alban Baudou : Les Abeilles et Mélissa, du symbole universel à l’hapax mythologique
  2. Hymne à Hermès 552-563 : « Il est des Thries, sœurs de naissance, des vierges, au nombre de trois, (...)»
  3. Leconte de Lisle : Traduction des Hymnes homériques (1868): Hymne à Hermès
  4. Hugh Lloyd-Jones et John Rea, "Callimachus, Fragments 260-261" Harvard Studies in Classical Philology 72 (1968, pp. 125-145) p 143 notez que dans la formulation ambiguë de Callimaque, quiconque a prêté serment est appelé "le vieux corbeau" et a revendiqué le pouvoir prophétique donné par la Thrie.
  5. Sur Theoi.com
  6. Jean-Marc Luce : Les trois Thries et la « colonne des danseuses » à Delphes, Pallas No. 57, pp. 111-128, XVI (2001) Lire en ligne
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