Thierry de Roucy

Thierry de Roucy a 18 ans lorsqu'il entre dans la congrégation de l'ordre des Serviteurs de Jésus et de Marie en Picardie. Il obtient sa maîtrise en Philosophie de l'Institut de Philosophie Comparative à Paris. Il est un ancien élève de l'Angelicum à Rome où il a obtenu un Master en théologie. Il a été ordonné prêtre en 1983. De 1988 à 2001, il a été le Supérieur Général de sa congrégation.

En 1990, il fonde Points-Cœur, un mouvement visant à apporter de la consolation et de la compassion pour les blessés de la vie et leur rendre leur dignité grâce à l'amitié et le service. Depuis sa fondation, près de 1400 bénévoles de 41 nationalités ont été recrutés, formés et envoyés en mission par Points-Cœur (chiffres de mars 2013). À la demande d'anciens volontaires de Points-Cœur, Thierry de Roucy crée trois nouvelles branches de l'organisation : en 1994, les Servantes de Jésus et Marie, une congrégation de religieuses affiliées (devenue par la suite Les Servantes de la Présence de Dieu) ; en 1995, la Fraternité Saint-Maximilien-Kolbe, pour les anciens volontaires ; et la Fraternité sacerdotale Molokaï, pour les séminaristes et les prêtres. Les membres laïcs consacrés sont appelés simplement « permanents Point-Cœur ».

Le Père Thierry de Roucy a également fondé une maison d'édition, « Les éditions du Serviteur », et publié environ 20 livres, y compris ses propres essais, et traduit des ouvrages d'Adrienne von Speyr, Hans Urs von Balthasar et Catherine Doherty (entre autres)[2]. Thierry de Roucy a été invité de par le monde pour participer à des congrès et donner des conférences sur Points-Cœur. Il a publié plusieurs essais sur la spiritualité et la théologie[3].

Aux États-Unis, Thierry de Roucy a ouvert trois centres : le Point-Cœur de Brooklyn offre de l'aide aux personnes isolées ou en difficulté dans les logements sociaux, les homes, les hôpitaux et les refuges[4] ; le Point-Cœur du campus de l'Université Gonzaga, à Spokane ; l'International Center for a Culture of Compassion, situé au nord de l'État de New York[5].

Le 9 avril 2013, le journal La Croix rapporte que Thierry de Roucy a été condamné par le tribunal ecclésiastique de Lyon, pour abus sexuels et abus de pouvoir envers une personne adulte, après sept ans d'un procès complexe au cours duquel il a plaidé non coupable[6]. Ce cas n'a jamais été porté devant un tribunal civil. La Croix relève que la condamnation a eu lieu en 2011 pour une affaire datant de 1996-1997[7].

Nommé chevalier de la Légion d'honneur en juillet 2003[8], la République française le promeut officier de la Légion d'honneur le 31 décembre 2012[9], et ce, malgré sa condamnation par l'Église catholique pour « abus sexuel »[10]. Cependant, la décoration ne lui sera jamais remise[11]. Il est exclu de l'Ordre le 13 novembre 2018 et privé définitivement du droit de porter les insignes de toute décoration française ou étrangère ressortissant à la grande chancellerie de la Légion d’honneur[12]^,[13].

En février 2016, après une longue réflexion, M^gr Rey suspend de ses fonctions Thierry de Roucy pour « manquement caractérisé » à son devoir d’obéissance et le déclare suspens a divinis[14]. Il est écarté de ses responsabilités à Points-Cœur et interdit de ministère. Après enquête par M^gr Le Vert fin 2016, M^gr Rey demande la dissolution de la branche sacerdotale (prêtres Molokaï), qui a été prononcée, mais un appel suspensif est en cours d’examen par le Tribunal de la Signature apostolique à Rome[15]. Le 22 juin 2018, Thierry de Roucy est renvoyé de l'état clérical pour avoir désobéi à l’Église, notamment à l'évêque de Toulon qui lui demandait de résider dans son diocèse[15]. Il risque théoriquement une excommunication pour ne pas s'être acquitté de 60 000 euros au titre des réparations envers sa victime présumée[16]^,[17]^,[18].

• Céline Hoyeau, La Trahison des pères. Emprise et abus des fondateurs de communautés nouvelles, Bayard, 2021, 353 p. (ISBN 978-2-2274-9870-9)

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