Théorie du vol d'oies sauvages

La théorie du vol d'oies sauvages est un modèle de développement économique décrit par l'économiste japonais Kaname Akamatsu[1] en 1937. Elle fut complétée par Shinohara en 1982. C'est en réalité une théorie s'apparentant au modèle d'« industrie industrialisante »[2] décrit par Gérard Destanne de Bernis, visant à créer un développement industriel important en partant d'une base modeste.

Un vol d'oies sauvages.

Description

Dans ce modèle d'industrialisation, on observe qu'un pays initie le processus d'industrialisation sur un produit à faible technicité, il en devient exportateur, puis l'abandonne pour un produit à plus haute valeur ajoutée. Cet « abandon » permet à un autre pays d'entamer son propre processus d'industrialisation. Ainsi, on observe trois phases : premièrement, le pays importe le produit, puis il substitue la production nationale aux importations avant de l'exporter. Une quatrième phase peut être ajoutée : celle lors de laquelle le pays abandonne le produit pour se tourner vers d'autres à plus forte valeur ajoutée, ce qui a pour conséquence la délocalisation de ces activités vers d'autres pays à plus bas coûts mais l'insertion de ces derniers dans le modèle du vol d'oies sauvages.

En effet, après le Japon, les nouveaux pays industrialisés (NPI) de la première génération (Corée du Sud, Hong Kong, Singapour, Taïwan) ont ainsi entamé leur industrialisation dans les années 1960, favorisée justement initialement par le transfert des activités à faible valeur ajoutée du Japon vers ces pays, le Japon se concentrant dans des domaines plus rémunérateurs. Dans les années 1980, une deuxième génération de NPI apparaît (Indonésie, Malaisie, Philippines, Thaïlande), celle des nouveaux tigres d'Asie. L'industrialisation de la République populaire de Chine s'appuie sur d'autres éléments, mais son insertion récente dans l'économie mondiale se rapproche de ce modèle d'industrialisation[3]. Ce phénomène de « vol des oies sauvages » a notamment été permis en Chine avec la création, dans les années 1980, de zones franches chinoises et l'appui du Fonds monétaire international (FMI) pour inciter les pays de l'Est à s'industrialiser.

On continue cependant de trouver dans cette région qui profite actuellement d'un essor mondial, des pays à l'écart du « vol ». Ainsi, l'Asie compte un certain de nombre de pays à très faible niveau de développement dont neuf PMA (pays les moins avancés) — à savoir l'Afghanistan, le Bhoutan, le Cambodge, le Laos, le Birmanie, le Népal, le Timor Oriental et le Yémen — qui continuent de souffrir d'un sous-développement et d'une intégration très faible à la mondialisation. Ces pays manquent le plus souvent d'atouts géographiques (enclavement, peu de ressources, faible superficie) ou démographiques. Cependant, les projets de Routes de la Soie (One Belt One Road) chinois pourraient permettre à certains d'entre eux, notamment le Laos et surtout la Birmanie de s'insérer davantage dans la mondialisation ; l'émergence de corridors de croissance tels que le corridor Kunming-Rangoon semblant appeler à l'entrée de la Birmanie dans le vol d'oies sauvages, d'une part en favorisant le redéploiement d'activités industrielles de la Chine vers la Birmanie, d'autre part en améliorant le réseau d'infrastructures birman tant dans sa desserte interne qu'externe[4].

Notes et références

  1. « Kaname Akamatsu, l'inventeur du modèle », sur alternatives-economiques.fr (consulté le )
  2. Régis Bénichi, La Mondialisation, Nathan, 2010
  3. Bruno Stary, Histoire-Géographie terminale S, Belin, 2007
  4. « L’initiative des nouvelles routes de la soie en Birmanie », sur Direction générale du Trésor, (consulté le )
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