Théodore Canot

Théodore Canot (1804-1860) est un esclavagiste et écrivain d'origine franco-florentine.

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Captain Canot, Vingt ans de la vie d'un négrier (1854)

Habitant à Florence, il embarque en 1819 à Livourne pour l'Amérique pour ne plus jamais revenir. De 1820 à 1840, fort d'un talent pour la pratique des langues et pour le commerce, il deviendra l'un des plus importants négriers actifs entre Cuba et les côtes de Guinée, Libéria et Sierra Leone

Embarquant d'abord sur des navires de commerce, il est rapidement confronté à la piraterie qui se développe après la fin du commerce des esclaves par les nations dans les Antilles. Il s'installe ensuite dans la région de la côte de Guinée, à l'embouchure du Rio Pongo (en), comme employé et rapidement comme homme de confiance puis à son compte. Il effectuera également de nombreux voyages de convoyages de cargaisons d'esclaves vers Cuba, relatant ainsi ses courses avec les croiseurs britanniques, les rébellions d'esclaves, les mutineries, les naufrages.

Vers 1840, il abandonne le commerce des esclaves, pour devenir exploitant de plantations dans la même région. Il se livre encore occasionnellement au trafic d'esclaves. En 1854, il rédige un récit de sa vie mouvementée. Il offre un intéressant témoignage sur la société esclavagiste de l'époque, tant des Européens que des tribus africaines ayant intégré ce commerce dans leurs modes de vie.

Biographie[1]

Origines et jeunesse

On ignore généralement que "Théodore Canot" est le pseudonyme qu'a prit Théophile Conneau pour rédiger son fameux ouvrage[2].

Né à Alexandrie en 1804 (bien que certaines sources le font Livournais), Théophile Conneau est l'un des six enfants d'un grognard Napoléonien, Louis Conneau, et d'une niçoise d'origine florentine, Thérèse Raucher. Ainsi, il n'est autre que le frère du célèbre docteur et proche de Napoléon III Henri Conneau[3].

Le marin

Très tôt captivité par les récits d'aventures et de navigation, il quitte Livourne en 1819 pour s'engager sur La Galaeta, un navire Bostonien où il se fera ses premières armes de marin.

Découverte de l'esclavage

C'est lors d'un séjour en Inde, accompagné de son capitaine américain, que Conneau rencontre pour la premières fois des esclaves. Il écrira dans ses Confessions :

"Lorsqu'une grande prao (pirogue malaise) arriva au débarcadère, bondée de prisonniers provenant de l'une des îles. Ces malheureux allaient être vendus comme esclaves. C'étaient les premiers esclaves que je voyais.[4]"

Lors de cette rencontre avec l'esclavage, Conneau est de facto témoin du sort de ces êtres asservis, condition qui, alors, le révolte :

"Pendant que s'opérait le débarquement de cette cargaison humaine, je remarquai l'un des Malais qui tirait par les cheveux, le long de la plage, une jeune et belle personne. Engourdie par une longue immobilité dans le fond humide de la pirogue, cette femme, incapable de marcher et même de se tenir debout, ne cessait de hurler. Tout en moi se révolta. […] à l'âge de dix-sept ans, mes sentiments à l'égard de l'esclavage […] étaient bien différents de ce qu'ils devinrent plus tard.[5]"

Le négrier

Après d'étonnantes péripéties faites naufrages et des rencontres, il embarque 2 septembre 1826 depuis Cuba sur L'Aerostatico, à destination du Cap-Vert. Après "d'interminables semaines" , Conneau débarque près du Rio Pongo, non loin d'une factorerie d'esclaves - il y rencontre Mr. Ormond (ou Mr. John) dit Mongo John, un mulâtre vendeur d'esclaves qui a son harem à Bangalang[6]. Devenu le comptable de ce personnage, Conneau approche alors la traite négrière au plus près.

Ainsi, témoigne t-il de la venue de Foulahs de l'imamat du Fouta-Djalon :

C'est à cette époque de l'année qu'arrivent les caravanes venant de l'intérieur. Nous ne fûmes donc pas surpris en voyant reparaître nos coureurs porteurs de la nouvelle qu'Ahmah-de-Bellah, fils d'un célèbre chef foulah, allait incessamment visiter le Rio Pongo escorté d'une suite nombreuse et d'un important convoi de marchandises. […] Derrière le maître venaient les principaux traitants, leurs esclaves chargés de marchandises, puis quarante captifs maintenus par des liens de bambou.[7]

Conneau est témoin de la procédure de négociation et de vente d'esclaves, entre ces européens installés dans leurs comptoirs et ces locaux musulmans venus de leurs caravanes. Conneau estime à 8885 £ les revenus d'une vente (dont 1600£ pour 40 esclaves).

En mars 1827, le bateau qui l'avait déposé en Afrique, renommé, reparaît. C'est alors que Conneau se voit devenir traitant-marchand d'esclaves. Une vente - là encore de divers marchandises dont des esclaves - font un bénéfice de 41 438 540 £, note-t-il.

Notes et références

  1. Nota : Tous les faits relatés sont tirés des Confessions, souvenirs édités de Conneau.
  2. Eddy Banaré, « La Littérature de la mine en Nouvelle-Calédonie (1853-1953) », (consulté le ), page n°170, note n°283
  3. Roger Pasquier, « A propos de Théodore Canot, négrier en Afrique », Revue française d'histoire d'outre-mer, , p. 352-354 (lire en ligne)
  4. Chapitre II des Confessions d'un négrier : Naufrage sur les bancs de Flessingue"
  5. op. cit.
  6. Il est difficile d'affirmer avec certitude à quoi fait référence le Bangalang que Conneau a vu. Il existe au Cameroun une localité du nom de Bangalang.
  7. Chapitre VIII : De l'or, de l'ivoire, des esclaves


Bibliographie

  • Canot, Théodore, Les aventures d'un négrier : histoire véridique de la vie et des aventures du Capitaine Théodore Canot, trafiquant en or, en ivoire et en esclaves sur la côte de Guinée, telle qu'il la raconta en l'année 1854 à Brantz Mayer, 1931 sur manioc.org
  • Canot, Théodore; Aventures d'un négrier, 1820-1840, Éditions l'Ancre de Marine, 2008, (ISBN 978-2-84141-220-4)
  • Capitaine Canot (pseud. Théophile Conneau) Vingt années de la vie d'un négrier Amyot, Paris 1854

Liens externes

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