Terre à pipe

La Terre à pipe (ou terre de pipe) est le nom ancien d'une argile plastique ou d'un kaolin et est une des matières possible pour la fabrication de fourneaux de pipes, mais aussi pour la fabrication de céramiques de façon générale, de statuettes, de briques réfractaires, etc.

Pipes en terre. XVIIe – XIXe siècle. Bedford Museum.

Caractéristiques

Pierre-Joseph Buc'hoz la classe dans les marnes  : «  La seconde espèce de Marne est la terre à pipe, Marga argillana pinguedinem imbibens, calore indurabilis ». Cette terre servait à fabriquer des pipes, de la faïence, de la porcelaine (plats et assiettes), des statuettes religieuses. Elle était transportée autrefois dans des paniers en osier hollandais appelés mandes. La terre à pipe est onctueuse, douce, plastique et liante, facile à travailler, elle blanchit au feu et prend un enduit de verre[1].

« C'est une terre tendre, liante et légère, douce au toucher. On la travaille aisément sur le tour : elle blanchit au feu. Il y en a de différentes couleurs : celle qui est grise sert à faire la belle faïence ; celle qui est blanchâtre sert à faire des pipes. Cette terre est argileuse, et contient quelquefois, mais accidentellement, un peu de craie : si on lui fait subir un degré de feu violent et continu, elle prend alors à sa surface un enduit qui est une espèce de vernis vitreux. »[2]

Provenances

En Angleterre, les argiles du Devonshire (cf Ball clay) étaient appelées autrefois terres à pipe[3].

En Hollande : « Les Hollandais  ont été longtemps dans la réputation de connaître seuls la manière de préparer la terre à pipe, et d'en posséder les meilleures carrières. Ils venaient aux environs de Rouen avec de petites barques, et enlevaient la terre à pipe de ce canton, sous prétexte de prendre de quoi lester leurs navires »[2]. Ils la tiraient aussi des environs de Cologne et de Namur[2]. Les pipes étaient fabriquées dans la manufacture de Gouda[2].  

En Belgique c'est un silicate d'alumine hydraté de couleur blanche, noire, ou gris ardoise. On la trouve à Andenne[4]. La terre à pipe noire servait aux fours à verreries et la blanche aux faïences et aux pipes[5].

Les plus belles terres à pipe s'appelaient derles, on les trouvait notamment dans un gîte à Andenne, en Belgique, et dans quelques autres sites. On l'extrayait à la pioche, on la transportait dans des paniers en osier appelés mandes[5].

Ne pas confondre : lorsqu'à l'argile, au sable, on ajoute de la chaux cela porte le nom de terre de pipe.

Usages

Aux XVIe et XVIIe siècles, la terre à pipe est employée pour la fabrication de statuettes. Elle est ensuite utilisée, sous l'impulsion des Hollandais, pour la fabrication de pipes en terre[6], de faïences[7], de briques[8], de céramique[9].

Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

  • Guy Declef, « Histoire de terres », Terres Ardennaises, no 10, , p. 39-40.
  • Albert Jacquemart, Les merveilles de la céramique ou L'art de façonner et décorer les vases en terre cuite, faïence, grès et porcelaine, depuis les temps antiques jusqu'à nos jours: Occident (Antiquité, Moyen Age et Renaissance), Éditions Hachette, (lire en ligne).
  • M. Coquilhat, « Cours élémentaire sur la fabrication des bouches à feu en fonte et en bronze. Fabrication des briques réfractaires. Article I. De la terre de pipe », dans Mémoires de la Société royale des sciences de Liège, vol. 11, (lire en ligne).
  • Armand Dufrénoy, Traité de minéralogie. Atlas., t. 5, Victor Dalmont, (lire en ligne), p. 563-564.
  • M. Boüesnel, « Sur les terres à pipe d'Andenne », dans Journal des mines: ou, Recueil de mémoires sur l'exploitation des mines, et sur les sciences et les arts qui s'y rapportent, vol. 1, (lire en ligne), p. 389-395.
  • Jacques Cristoph Valmont de Bomare, Dictionnaire raisonné universel d'histoire naturelle : contenant l'histoire des animaux, des végétaux et de minéraux ... et des autres principaux phénomènes de la nature, Bruyset Frères, (lire en ligne), p. 769.
  • Pierre-Joseph Buc'hoz, Dictionnaire mineralogique et hydrologique de la France ... Pour servir de suite au dictionnaire des plantes, arbres & arbustes de la France, & au dictionnaire veterinaire & des animaux domestiques, & completter l'histoire des productions naturelles & economiques du royaume. Tome Troisieme. Partie Seconde des mines et fossiles, J.P. Costard, (lire en ligne), p. 531.

Sources sur le web

Articles connexes

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