Tarquin l'Ancien

Tarquin l'Ancien est le cinquième des sept rois légendaires de la Rome antique, et le premier roi romain d'origine étrusque.

Tarquin l'Ancien ou le Prisque

Tarquin le Prisque, portrait imaginaire du Promptuarii Iconum Insigniorum de Guillaume Rouillé - 1553
Titre
5e roi de Rome
616 av. J.-C. (~38 ans)
Prédécesseur Ancus Marcius
Successeur Servius Tullius
Biographie
Dynastie Étrusque
Nom de naissance Lucius Tarquinius Priscus
Lieu de naissance Tarquinia
Date de décès 578 av. J.-C. (Rome)
Lieu de décès Rome
Nature du décès Assassinat
Père Démarate de Corinthe
Enfants Tarquinia I
Arruns et Tarquin le Superbe

Liste des rois de Rome
Série Rome antique

Biographie

La tradition annalistique et historique grecque et romaine à son propos est aujourd'hui fortement contredite par certains historiens modernes[source insuffisante][1].

« En fait, comme pour les périodes plus hautes, la version des faits donnée par l'annalistique comporte une grande part d'élaboration artificielle. Pour aucun des trois règnes que racontent les historiens, ceux de Tarquin l'Ancien, de Servius Tullius et de Tarquin le Superbe, le récit traditionnel ne peut être considéré comme fidèle à la réalité des faits. »

 Dominique Briquel, Des rois venus du Nord[2].

Origine

Selon l'historien romain Tite-Live, Tarquin l'Ancien s'appelait Lucumon[3], il était fils de Démarate, un Corinthien réfugié à Tarquinia, et était marié à l'ambitieuse Tanaquil, une Étrusque de souche qui appartenait à une grande famille de Tarquinia. Le frère de Lucumon, Arruns, étant mort prématurément, il hérite de la totalité de la fortune paternelle. Cependant, méprisé malgré sa fortune[4] en raison de l'origine étrangère de Lucumon, le couple s'installe à Rome, où Lucumon se rebaptise lui-même : « Lucius Tarquinius Priscus » (Lucius Tarquin l'Ancien).

Arrivée à Rome

Toujours selon Tite-Live, son arrivée à Rome s'accompagna d'un prodige marquant son élection divine :

« Ils [Lucumon et Tanaquil] étaient déjà à la hauteur du Janicule ; Lucumon était assis dans la carriole en compagnie de sa femme quand un aigle descendit en planant et lui enleva son bonnet, puis revint au-dessus de la voiture en menant grand tapage et reposa adroitement le bonnet sur sa tête comme si un dieu l'avait chargé de cette restitution. Après quoi, il s'envola haut dans le ciel. Tanaquil savait interpréter les signes célestes comme tous les Étrusques et aurait vu dans cette scène un heureux présage. Serrant son mari dans ses bras, elle lui dit de s'attendre à un destin exceptionnel et à une brillante ascension : elle lui expliqua que l'oiseau était venu de telle partie du ciel et servait de messager à tel dieu ; le prodige avait concerné le haut de sa personne ; l'oiseau avait retiré de la tête d'un homme une parure qu'il avait remise en place sur l'ordre d'un dieu. »

 Tite-Live, Histoire romaine, Livre I, 34.


Le nouveau venu réussit à s'y imposer par son habileté tant politique que rhétorique et sans doute par son immense richesse[5],[6], y compris auprès du roi Ancus Marcius, pour qui il sait se rendre indispensable. Tite-Live[7] rapporte qu'il fut le premier à faire campagne pour obtenir le pouvoir et à rechercher les suffrages de la plèbe par des discours. Tarquin insiste pour que l'élection du nouveau roi se déroule au plus vite et il prétexte une partie de chasse pour éloigner les fils presque majeurs d'Ancus Marcius, dont il est le tuteur, pour se donner le champ libre. Cependant, les fils d'Ancus Marcius sont écartés du trône, mais ne sont pas tués. Il est élu en -616 à l'immense majorité du peuple pour succéder à ce dernier[8],[9],[10].

Règne

Une fois roi, son sens politique ne l'abandonne pas : il nomme cent nouveaux sénateurs (qu'on appelle « sénateurs de second rang »[11]) qui lui apportent un soutien inconditionnel, il distribue des terrains autour du forum à des particuliers. Plusieurs campagnes militaires marquent son règne : d'abord une nouvelle guerre contre les Sabins. Surpris par l'attaque brutale de ceux-ci alors qu'il est en train de faire construire un mur de protection en pierres autour de Rome, Tarquin renforce sa cavalerie et finit par les écraser. Différentes batailles suivent contre le Latium vetus : il enlève d'abord Apiolae (dont il rapporte un important butin), puis Corniculum, Ficula l'Ancienne, Cameria, Crustumerium, Amériola, Médullia et Nomentum avant de conclure la paix.

Il construit le Forum Romain et le Grand Cirque (Circus Maximus), les égouts (Cloaca Maxima), assainit les bas quartiers, aménage le Capitole[12].

Mort

Tarquin meurt après 37 ans de règne, assassiné à coups de hache par deux bergers[13], en -578[14], victime de la vengeance des fils dépossédés d'Ancus Marcius. Mais ceux-ci ne pourront jamais reprendre le pouvoir grâce à une habile manœuvre de Tanaquil, qui prépare la transition en laissant croire que Tarquin n'est pas mort et en invitant la population à obéir à Servius Tullius, ce qui permet à ce dernier de consolider son pouvoir et de succéder à Tarquin. Les fils d'Ancus Marcius, croyant Tarquin toujours vivant, voyant leur complot découvert et Servius Tullius investi du pouvoir, s'exilent à Suessa Pometia, une ville du Latium.

« VI. - La royauté passa ensuite aux mains de Tarquin l'Ancien. Ce prince doubla le nombre des sénateurs, fit élever un cirque à Rome, et institua les Jeux Romains qui subsistent encore à notre époque. En même temps, il vainquit aussi les Sabins, leur enleva une partie de leurs terres, qu'il ajouta au territoire de la ville de Rome, et, le premier entra avec les honneurs du triomphe dans la Ville. Il fit des murs et des égouts, il commença le Capitole. La trente-huitième année de son règne, il fut tué à l'instigation des fils d'Ancus, le roi auquel il avait lui-même succédé. »

 Eutrope, Abrégé de l'histoire romaine[15].

Représentations

Tarquin l'Ancien consulte Attus Navius, par Sebastiano Ricci

Le peintre Sebastiano Ricci le représente vers 1690, en toge pourpre en train de consulter un devin, Tarquin l'Ancien consulte Attus Navius. Ce tableau est conservé au Getty Center de Los Angeles[16].

Notes et références

  1. Dominique Briquel 2000, p. 92.
  2. Dominique Briquel 2000, p. 93.
  3. Dominique Briquel, « Philologie italique et latine », dans Dominique Briquel, Rapports sur les conférences de l'année 1990-1992, vol. Livret 7, École pratique des hautes études, coll. « 4e section, sciences historiques et philologiques », (lire en ligne), pages 77-79
  4. Tite-Live, Histoire romaine, Livre 1, 34.
  5. Pseudo-Aurelius Victor, cité par Thierry Camous, Le Roi et le Fleuve, Paris, Les Belles-Lettres, 2004, p. 318.
  6. Tite-live insiste à plusieurs reprises sur sa fortune considérable.
  7. Tite-Live, Histoire romaine, livre I, 4.
  8. Michel Humm, « 3. La lectio senatus d’Appius Claudius Caecus », dans Michel Humm, Appius Claudius Caecus : La République accomplie, Rome, Publications de l'École française de Rome, (ISBN 978-2-728310-26-5, lire en ligne)
  9. Jean Gagé, « Le témoignage de Julius Proculus (sur l'assomption de Romulus-Quirinus) et les prodiges fulguratoires dans l'ancien Ritus comitialis », L'antiquité classique, vol. Tome 41, no fascicule 1, , pages 49-77 (DOI 10.3406/antiq.1972.1649, lire en ligne, consulté le )
  10. Dominique Briquel, « Tarquins de Rome et idéologie indo-européenne. (II) : Les vicissitudes d'une dynastie », Revue de l'histoire des religions, t. 215, no 4, , p. 419 à 450 (DOI 10.3406/rhr.1998.1119, lire en ligne, consulté le )
  11. Tite-Live.
  12. Dominique Briquel remet fortement en doute la simultanéité de l'accession de Tarquin l'Ancien au pouvoir et le développement de l'édilité romaine.
  13. Selon Tite-Live, Histoire romaine, livre I, 40.
  14. En -579, selon Annette Flobert.
  15. Traduction Maurice Rat
  16. Notice Getty

Bibliographie

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Articles connexes

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