Tang Qunying

Tang Qunying, née le et morte le est la première femme à avoir intégrée le Tongmenghui, une société secrète et mouvement clandestin fondé à Tokyo au Japon par Sun Yat-sen et Song Jiaoren en 1905. Tang est reconnue comme l’une des « meilleures femmes activistes de l’histoire de la Chine moderne »[1].

Tang Qunying
Nom de naissance Tang Gongyi
Naissance
Décès
Conjoint
Zeng Zhuangang

Elle était présidente de la Women’s Suffrage Alliance, une organisation créée lors de la fusion des Nanjing Women’s Alliance, Women’s Backup Society, Women’s Martial Spirit Society et Women’s Suffrage Comrades’ Alliance en 1912[2]. L’année suivante, elle fonde le Women’s Rights Daily, premier journal destiné aux femmes dans la province d’Hunan[3].

Pour son aide lors du renversement de la dynastie régnante en Chine, Sun Yat-sen la rencontra personnellement afin de la féliciter pour le travail accompli et il la décora de la Jiahe Medal – seconde classe[3].

Jeunesse

Tang est née le dans le xian de Hengshan dans la province d’Hunan sous le nom de Tang Gongyi. Elle est la troisième enfant d’une fratrie de sept (trois frères, trois sœurs)[1]. Son père était un général de la dynastie Qing[3][1]. Dès l’âge de trois ans, elle montre des comportements rebelles à l’encontre de sa mère[4].

Elle était très proche de son père qui éduqua ses enfants sans différence de genre[5]. Enfant, son père lui racontait les récits de Mulan et des généraux de la famille Yang[4]. Excellente élève et oratrice, Yang écrivait aussi des poèmes dont le premier Getting up at Dawn, rédigé alors qu’elle n’avait que 15 ans est devenu la pierre angulaire de son activisme pour le droit des femmes. Elle apprit à monter à cheval et le maniement de l’épée, ce qui lui valut le surnom de « chevalière errante » par son père. Elle était considérée comme une enfant prodige[5].

Vie personnelle

Après la mort de son père en 1890, elle épousa Zeng Zhuangang, cousin de Zeng Guofan, général de la dynastie Qing en 1891[1], à l’âge de 19 ans. Originaire du village voisin de Heye et issu d’une famille notable, proche d’une grande féministe chinoise, Qiu Jin. Cette association lui apporta de nouvelles idées politiques et de nombreux contacts. Sa première et seule fille meurt à l’âge de 3 ans en 1896 d’une fièvre et son époux, l’année suivante, de la même maladie. Elle retourna vivre à la maison familiale, situation inhabituelle à l’époque (ses amis féministes lui conseillèrent en revanche de vivre de façon indépendante). Elle s’est alors consacrée à la lecture et prit soin de sa mère et de ses frères. Après les livres de la bibliothèque personnelle de son père et entre deux poèmes, elle lut les livres de la bibliothèque de Qiu Jin avant que cette dernière ne s’installe au Japon. L’un des livres qui l’a le plus influencé est le Book of the Great Unity qui met en lumière la condition des femmes en Chine. Elle écrivit un poème intitulé My thought on reading Datong Shu.[5] Sa mère meurt en 1918[6].

Carrière

En 1904, alors âgée de 33 ans, elle alla au Japon pour étudier à la Shimoda Utako’s Practical Woman’s School de Tokyo, endroit qui promeut l’ethos d’un réformisme conservateur des « bonnes épouses et mères sages ». En désaccord avec ces principes elle déménagea à Shanghaï avec son frère Qian. Elle créa un cercle d’anciens amis partageant ses idéaux et souhaitant apporter du changement à la société chinoise et à la scène politique. Elle est rapidement devenue un membre actif du Tongmenghui où elle était la seule femme et affectueusement surnommée « Grande Sœur Tang ». En 1905, son approche révolutionnaire l’entraîna à apprendre le maniement des armes et de fabrication de bombes auprès d’anarchistes russes. Entre 1910 et 1913, le mouvement des suffragettes se lance en Chine et Tang en fit partie. Au sein de la communauté chinoise en diaspora, le journalisme politique de Tang joua un rôle majeur dans l’élan positif de ce mouvement[7].

Par la suite, elle afficha une démarche militante pour mener à bien ses convictions et établir l’égalité des genres et la participation des femmes en politique. Les mouvances féministes de Tang en Chine étaient une partie de la révolution chinoise de 1911. En tant que dirigeante du mouvement des suffragettes, Tang fut à l’origine de nombreuses manifestations où les femmes allaient interrompre des sessions du Parlement afin de demander un changement de la Constitution et accorder le droit de vote aux femmes. Les revendications se firent entendre tant que Sun Yat-sen était président du Tongmenghui. Après sa résignation, le mouvement perdit de son influence et de nouvelles lois furent votées pour exclure les femmes du droit de vote ou de présenter comme candidates au cours d’élections[2][8].

Tout en jouant son rôle de leader du Tongmenghui au Japon, elle fonda le Journal of Association of Chinese Female Students afin de promouvoir des actes révolutionnaires en Chine. Tang est aussi à l’origine des Ten-day Vernacular Newspaper for Women et Chinese Women Report.

En 1913, dans sa province natale d’Hunan, elle fonda le Women’s Rights Daily, premier quotidien de ce type à voir le jour en Chine. Son activisme est également à l’origine de la création d’écoles pour les femmes[3] de la province d’Hunan mais aussi d’organisations militaires de femmes qui allèrent jusqu’à assassiner des fonctionnaires de la dynastie Qing. Ses idées apportèrent également la fin de la séparation par genre dans les classes[8].

La nomination de Yuan Shikai comme président de la République de Chine eut un effet dévastateur sur les résultats du militantisme de Tang. Ses journaux ont été obligés de cesser leur parution et ses organisations ont été dissoutes. Shikai, en totale opposition avec les positions de Tang ordonna son arrestation. Elle réussit à s’échapper jusqu’à Chengsha où elle passa du temps avec sa mère.

Dernières années et mort

Très confiante de ses opinions, Tang n’hésitait pas à parler ouvertement en public même devant une foule hostile à ses propos afin de tenter de les convaincre du bien-fondé de ses convictions. Elle inspirait de la confiance aux femmes qui n’avaient plus peur d’exprimer leurs points de vue dans n’importe quelle circonstance[9].

Afin de diffuser ses idées, en tant que suffragette, Tang adoptait au choix une approche rigide ou flexible, empathique ou furieuse, analytique ou impulsive selon la situation[10]. Très attachée au chef du Tongmenghui, Sun Yat-sen, Tang écrivit un poème intitulé I weep for President Sun Yat-sen à la suite de la mort de ce dernier le . Elle a tenu à lui rendre hommage dans l’une des écoles pour femmes qu’elle a fondé[11].

Tang était revenue à Hengshan, un an avant sa mort[4] et elle mourut le à l’âge de 66 ans[4].

Références

  1. Wiles 2003, p. 504.
  2. Ma 2010, p. 115.
  3. « Tang Qunying » (version du 15 mars 2012 sur l'Internet Archive), Hunan Provincial People's Government
  4. (zh) « zh:唐群英简谱 », Tian Xia Hunan (consulté le )
  5. Strand 2011, p. 98-102.
  6. Wiles 2003, p. 505.
  7. Strand 2011, p. 102-.
  8. « Women's emancipation started with 1911 », Chinadaily.com, (lire en ligne, consulté le )
  9. Strand 2011, p. 287.
  10. Strand 2011, p. 271.
  11. Strand 2011, p. 283.

Bibliographie

  • (en) David Strand, An unfinished republic : leading by word and deed in modern China, Berkeley (Calif.), University of California Press, , 98–101, 102-, 312– p. (ISBN 978-0-520-26736-7, lire en ligne)
  • (en) Yuxin Ma, Women journalists and feminism in China, 1898-1937, Amherst (N.Y.), Cambria Press, , 447 p. (ISBN 978-1-60497-660-1, lire en ligne)
  • Sue Wiles, 中國婦女傳記詞典, M.E. Sharpe, , 504– p. (ISBN 978-0-7656-0798-0, lire en ligne)
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