Tamerlan

Timour, plus connu sous le nom de Tamerlan (du persan تيمور لنگ, Timur(-i) Lang, qui signifie littéralement « Timour le Boiteux »), né le à Kech, près de Chakhrisabz, dans l'actuel Ouzbékistan, et mort le à Otrar dans l'actuel Kazakhstan, fut un guerrier turco-mongol[1] du XIVe siècle, conquérant d'une grande partie de l'Asie centrale et occidentale, fondateur de la dynastie des Timourides qui a existé jusqu'en 1507.

Pour les articles homonymes, voir Timur (homonymie).

Tamerlan

Reconstruction du visage de Tamerlan à partir de son crâne, par Mikhaïl Mikhaïlovitch Guerassimov
Titre
Beg, khan et émir

(35 ans)
Prédécesseur Amir Husayn
Successeur Khalil Sultan
Biographie
Dynastie Timourides
Date de naissance
Lieu de naissance Kech (Khanat de Transoxiane)
Date de décès (à 68 ans)
Lieu de décès Otrar (Empire timouride)
Père Taragaï
Mère Tekina Mohbegim
Conjoint Bibi Khanoum
Plus d'une vingtaine d'autres femmes
Enfants Djahangir
Omar Cheikh
Miran Shah ()
Shah Rukh ()
Trois autres fils et neuf filles
Religion islam

Devenu émir de Transoxiane[2], Tamerlan se révéla un redoutable chef de guerre, bâtissant un immense empire reposant sur la puissance militaire et sur la terreur. Les historiens parlent souvent de « catastrophe timouride » tant ses destructions et massacres ont été spectaculaires ; les estimations sur le nombre de morts de ses campagnes militaires vont de 1 million[3] à 17 millions de personnes (soit environ 5 % de la population mondiale de l'époque)[4]. Lors de ses conquêtes, il n'hésita pas à massacrer la totalité de la population des villes qui lui avaient résisté, à l'exception des artisans qu'il déporta à Samarcande, sa capitale. C'est à ce titre qu'il se montra aussi protecteur des arts et des lettres qui firent la grandeur de Samarcande.

Après la mort de Tamerlan en 1405, son empire, gouverné par ses descendants (les Timourides), fut grignoté par les puissances voisines jusqu'à un assaut final des Ouzbeks de la dynastie des Chaybanides.

Noms de Tamerlan

Reconstitution du drapeau de Tamerlan d'après l'atlas catalan contemporain.
Les trois besants sont des symboles de paix.
Timour

Le nom de naissance de Tamerlan est Timour. La légende veut que, s'en allant montrer son fils au cheikh, son père l'aurait interrompu, durant la lecture du Coran, sur le mot tamarrou ébranlement »). Ce mot arabe est modifié pour donner timur, « métal », fer ou acier en turco-mongol (cf. mongol tömör Төмөр ou Temür Тэмүр, « métal » ou « acier ») ou (cf. turc demir, « fer »). Ce nom de Timour peut être rapproché du nom de naissance de Gengis Khan, Temüdjin.

Timour Lang / Tamerlan

Timour Lang signifie Timour le Boiteux (lang : du verbe persan لنگیدن, langidān laŋidan, boiter). Ce nom a également été traduit en mongol Dogolon Tömör (Доголон Төмөр, Tömör le boiteux).

« Tamerlan » est une transcription de Timour Lang, qu'on retrouve telle quelle en allemand (mais l'on emploie plus souvent le nom de Tamerlan), en espagnol et en russe (où l'on emploie le nom de Tamerlan comme celui de Timour indifféremment), légèrement modifiée en italien (Tamerlano), en anglais (Tamerlane, avec une variante littéraire Tamburlaine, mais aussi Timur).

Le suédois a une transcription plus proche de l'original : Timur Lenk.

Amir Temur

En Ouzbékistan, Tamerlan est appelé Amir Temur, forme qui inclut le titre d'origine arabe amir (émir).

Biographie

Une naissance entourée de légendes

Il est communément admis que Tamerlan est né le , à Kech, un village près de Chakhrisabz. Toutefois, ses apologistes lui attribuent un destin d'exception bien avant sa naissance. En effet, son père, Taragay, vieux chef turc, fervent musulman, à la tête du clan Barlas, qui attendait un héritier, aurait eu un rêve prémonitoire. Un ange, sous les traits d'un beau jeune homme, lui apparaissait, lui tendant une épée. Ce rêve fut interprété par le cheikh local comme l'annonce que son fils allait conquérir le monde à la pointe de son épée.

Il est également dit que l'enfant serait né les mains pleines de sang, rappelant ainsi la naissance de Gengis Khan, telle qu'elle est contée dans l'Histoire secrète des Mongols.

Jeunesse

Vestiges d'Ak Saray (1380), « le palais blanc », à Chakhrisabz, ville natale de Tamerlan.

Son père, Taragay, était à la tête des tribus Barlas. Il était l'arrière-petit-fils de Karachar Noyan (en) et se distingua parmi les autres membres de son clan comme étant le premier à se convertir à l'islam. Taragay aurait pu assumer les hauts rangs militaires qui lui étaient dus par héritage, mais comme son père Burkul, il préféra se consacrer à ses études.

Sous la gouverne paternelle, l'éducation du jeune Tamerlan faisait de lui à la fois un adepte des exercices virils en extérieur et un lecteur attentif du Coran. À cette période, si on peut se fier à ses Mémoires (Malfu'at), il était d'une nature tendre et sympathique.

Chef militaire

Carte de l'empire Timouride en 1405.

À seize ans, Timur rejoint le service de Kazghan, un Turc qui a assassiné le dernier khan djaghataïde Qazan. Montant vite en grade, il devient chef militaire sous ses ordres. Toutefois, l'assassinat de Kazghan en 1357 retarde ses rêves d'ascension.

Réagissant à la mort de l'émir, le khan du Mogholistan, Tughluk Temür (en) envahit la Transoxiane et tente la réunification du khanat de Djaghataï. Timur décide alors de le soutenir et est nommé conseiller du nouveau gouverneur, Ilyas Khodja (en), fils du khan, en 1361. Mais Ilyas ne parvient pas à rallier les populations turques musulmanes ni l'aristocratie, et Timur craignant la révolte, quitte Samarcande pour rejoindre son beau-frère Husayn, le petit-fils de Kazghan. Ainsi entama-t-il la lutte pour l'accession au trône.

Accession au pouvoir

La mort de Tughluk facilita la reconquête ainsi que l'ajout d'un vaste territoire. Durant cette période, Tamerlan et son beau-frère Husayn, dans un premier temps associés, devinrent rivaux et opposants. À la fin de 1369, Husayn fut assassiné et Tamerlan, ayant été proclamé officiellement souverain à Balkh, monta sur le trône à Samarcande, la capitale de ses possessions.

Il est notable que Tamerlan ne se décerna jamais le titre de Khan, se dénommant lui-même « amir al-kabir » (« grand prince » en arabe). De plus, il plaça sur le trône de Transoxiane un « khan fainéant »[5], Soyurgatmich, descendant de Gengis Khan, afin d'aller en conformité avec la loi mongole (le yasak). Enfin, il prit pour épouse une veuve de Husayn, Saray Mulk Khanum, à qui il dédiera plus tard une mosquée. Cette veuve est la fille du khan gengiskhanide Qazan. De fait, Timur devient « gendre impérial », güregen en mongol ou kurgen en turc, et peut se réclamer de la lignée de Gengis Khan.

Période d'expansion

Les vrais pourtraits et vies des hommes illustres, 1584.

Les trente années suivantes furent passées dans plusieurs guerres et expéditions. Non seulement Tamerlan consolida son pouvoir chez lui en subjuguant ses ennemis, mais il chercha aussi à étendre son territoire en empiétant sur les terres des potentats voisins. Ses conquêtes au sud et au sud-ouest inclurent à peu près toutes les provinces de Perse (Iran), y compris Baghdad, Karbala et le Kurdistan.

Un de ses plus important opposants fut Tokhtamych qui, après avoir été un réfugié à la cour de Tamerlan, devint dirigeant de l'est du Kiptchak et de la Horde d'or et se disputa avec Tamerlan la possession du Khwarizm. Tamerlan soutint Tokhtamych lorsqu'il envahit la Russie et prit Moscou en 1382 mais, plus tard, Tokhtamych se retourna contre lui et envahit l'Azerbaïdjan en 1385. Ce ne fut qu'en 1395 à la bataille de la rivière Kur que le pouvoir de Tokhtamych fut finalement défait. Celui-ci s'enfuit en Sibérie, où il meurt assassiné en 1406. La victoire de Tamerlan met fin à l'hégémonie de la Horde d'Or en Russie.

En 1383 Tamerlan prit Herat, en Perse (dans l'actuel Afghanistan), qui après la mort d'Abu Said (1335), maître de la dynastie ilkhanide, n'était plus contrôlée par aucun pouvoir.

Inde

En 1398, alors que Tamerlan était âgé de plus de soixante ans, Farishta nous dit qu'« informé des troubles et guerres civiles en Inde », il « commença une expédition dans ce pays » et le , « arriva sur les bords de l'Indus ». Il fait 100 000 prisonniers, aussitôt abattus et ses soldats faisaient des pyramides de têtes ennemies… Son passage du fleuve et sa marche le long de sa rive gauche, les renforts qu'il fournit à son petit-fils Pir Muhammad (qui fut investi à Multan), la prise de villes et villages, probablement accompagnée de la destruction des maisons et du massacre des habitants, la bataille avant Delhi et les victoires, l'entrée triomphale dans la ville « maudite », toutes ces circonstances appartiennent aux annales de l'Inde. Il est dit que la dévastation de Delhi ne fut pas dans les intentions de Tamerlan, mais que ses hommes ne pouvaient tout simplement pas être contrôlés après être arrivés aux portes de la ville[réf. nécessaire]. Les victimes sont nombreuses et les survivants réduits en esclavage.

Dernières campagnes

L'empire de Tamerlan.

En , quelque trois mois après avoir quitté la capitale de Mahmud Toghluk, Tamerlan fut de retour dans sa capitale au-delà l'Oxus (Amou-Daria). La corruption diminua drastiquement. Selon Ruy Gonzáles de Clavijo, l'ambassadeur de Castille venu à la cour de Tamerlan en 1404, 90 éléphants furent employés uniquement pour transporter les pierres depuis certaines carrières pour lui permettre d'ériger une mosquée à Samarcande.

Lettre de Tamerlan à Charles VI, roi de France, pour l'engager à envoyer des marchands en Orient. Original en langue persane daté du . Archives nationales de France.

La guerre avec les Turcs et les Mamelouks, qui survint à son retour d'Inde, finit par la prise d'Alep et de Damas. Il envahit Bagdad en  ; après la prise de la ville, vingt mille citadins furent massacrés. Tamerlan ordonna que chaque soldat devrait revenir avec au moins deux têtes humaines à montrer. En 1402, Tamerlan envahit l'Anatolie et défit le sultan ottoman Bayezid Ier à la bataille d'Ankara. L'histoire raconte que lorsque Bayezid fut amené enchainé dans la tente de Tamerlan, celui-ci éclata de rire. « Tu as tort de te moquer de moi, regarde ce qui m'est arrivé, cela pourrait aussi bien t'arriver ! » Ce à quoi Tamerlan répondit « Je ne me moque pas de toi mais de l'ironie d'Allah qui a partagé le destin du monde entre un borgne et un boiteux ! »

La légende selon laquelle Bayezid Ier aurait été mis en cage paraît douteuse, mais il est probable que Tamerlan l'ait gardé auprès de lui. Sa femme et ses filles furent transférées dans le harem de Tamerlan. Bayezid mourut plus tard en captivité, probablement en se suicidant par empoisonnement. Cette victoire sauva vraisemblablement temporairement (c'est-à-dire pour une cinquantaine d'années) l'Empire byzantin en déclin, en abattant les forces turques qui projetaient alors la prise de Constantinople. Après avoir conquis Ayasoluk (Éphèse) à l'automne 1402, Tamerlan prit également Smyrne aux Chevaliers de Rhodes et massacra ses habitants. En 1403, il dévasta la Géorgie, détruisant 700 bourgs, massacrant les populations et abattant toutes les églises de Tiflis[6].

Mausolée Gour Emir à Samarcande abritant la tombe de Tamerlan.

En , Tamerlan entreprit une expédition militaire contre la Chine, mais le vieux guerrier fut attaqué par la fièvre et la peste quand il campa sur la rive la plus éloignée du Sihon (Syr-Daria) et mourut à Atrar (Otrar) à la mi-.

Markham, dans son introduction aux récits de l'ambassade de Clavijo, raconte que son corps « fut embaumé à l'aide de musc et d'eau de rose, entouré dans du linge, couché dans un cercueil d'ébène et envoyé à Samarcande où il fut enterré ». Il repose au Gour Emir.

Conquérant, qui transporta ses armées victorieuses, d'un côté de l'Irtych et de la Volga jusqu'au golfe Persique et de l'autre côté de l'Hellespont (donc des Dardanelles à l'Est de l'Asie mineure) jusqu'au Gange, Tamerlan fut d'une dureté extrême. Selon René Grousset, « il représente la synthèse - qui manquait sans doute à l'histoire - de la barbarie mongole et du fanatisme musulman, et cette étape supérieure du besoin ancestral de meurtre qu'est le meurtre perpétré au service d'une idéologie abstraite, par devoir et mission sacrée »[6].

Selon Gabriel Martinez-Gros, « son souci est d'éviter la naissance de formes impériales rivales » et pour cela il pratique « une sorte d'extermination préventive » dans les territoires qu'il juge non-tenables[7].

Points particuliers

La succession de Tamerlan

Son immense empire ne lui survit guère. En effet, il ne s'est jamais soucié d'efficacité politique dans les territoires qu'il a conquis et n'a jamais créé d'administration.

Son fils aîné Djahangir (en) est mort en 1376[8], son second fils Omar Cheikh Ier (en) est mort en 1394[9],[10]. Tamerlan a alors désigné son petit-fils Pir Muhammad, fils de Djahangir, comme successeur. Il avait prévu d'attribuer à chacun de ses descendants un fief sous l'autorité suprême de Pir Muhammad, mais cela aboutit à un morcellement de l'empire[8] :

Contribution aux arts

Tamerlan est connu comme un protecteur des arts. La plus grande partie de l'architecture qu'il a commissionnée est encore visible à Samarcande.

Selon la légende, Omar Aqta, le calligraphe de la cour de Tamerlan, transcrivit le coran avec des lettres si petites que le texte entier du livre tenait sur un sceau. Il est également dit qu'Omar avait créé un Coran tellement grand qu'une brouette était nécessaire pour le transporter. Des feuilles de ce qui était probablement ce grand Coran ont été trouvées, écrites avec des lettres d'or sur des pages énormes.

Mariages et descendance

Tamerlan eut 18 épouses et de nombreuses concubines. Les fils de Tamerlan sont Djahangir (en) (mort en 1376), Omar Cheikh Ier (en) (mort en 1394), Miran Shah (devenu fou, mort en 1408) et Shahrokh. Trois autres fils sont morts en bas âge.

Épouses

  1. Turmush Agha, mère de deux fils et une fille :
    • premier fils : Djahangir, (1356 - 1376)
    • première fille : Aka Biki Taghay Shah, morte en 1381 épouse Muhammad Beg Taychiyut, mère de
      • Sultan Husayn, (1380 - 1405); marié à Qutluq Sultan, fille de Miran Shah et de Urun sultan
    • cinquième fils : Jahanshah, (1367 - mort jeune)
  2. Uljay Tarkan Agha, (morte en 1366) ; fille de Amir Musla Qaraunas ; mère de deux filles :
    • seconde fille : Sultan Bakht Agha, (morte en 1430) ; épouse Muhammad Mirke Arpadi puis Sulayman Shah Dughlat
    • troisième fille : Saadat Sultan, morte jeune
  3. Saray Malik Khanum, mariée 1370/1371 morte après 1405, fille de Qazan Sultan Khan Chaghatay
  4. Ulus Agha, fille de Buyan Sulduz, mariée en 1370/1371
  5. Islam Agha, fille de Khizr Yasavuri, mariée en 1370/1371
  6. Dil Shad Agha, mariée en 1375, morte en 1383, fille de Shams al Din Dughlat ; mère de deux filles :
    • quatrième fille : Saadat Sultan
    • cinquième fille : morte jeune
  7. Tuman Agha, fille de Musa Taychiyut, mariée en 1378 (puis au Djalayir Shaykh Nur al Din)
  8. Tukal Khanum, fille de Khizr Khwaja Khan Chaghatay, mariée en 1397
  9. Tughdi Bega, fille de Aq Sufi Qunqirat
  10. Daulat Tarkhan Agha
  11. Burhan Agha
  12. Sultan Agha, mère d'un fils :
    • sixième fils : mort à 40 jours
  13. Janibeg Agha
  14. Munduz Agha
  15. Chulpan Malik Agha : fille de haji Beg Arkanut
  16. Bakht Sultan Agha
  17. Sultan Ara Agha Nukuz
  18. Nuruz Agha

Concubines

  1. Tulun Agha, mère de
    • deuxième fils : Omar Cheikh Ier
  2. Minglijak Khatun, fille de Hayut Jauni Qurbani, mère de
    • troisième fils : Miran Shah
    • sixième fils : Bikijan, mort à 1 an
  3. Taghay Tarkhan Agha Qarakhitay, mère de
    • quatrième fils : Shahrokh
    • septième fille : Qutlugh Sultan Agha
  4. Khan Malik Tuqmaq, mère de
    • septième fils : Ibrahim, (1384 - 1385)
  5. Qatughan, mère de
    • huitième fille : morte jeune
  6. X, mère de
    • neuvième fille

Exhumation de ses restes

Le corps de Tamerlan a été exhumé en 1941 par le médecin légiste russe Mikhaïl Guerassimov. Le scientifique trouva que les caractéristiques faciales de Tamerlan étaient conformes à des traits mongols, appuyant l'idée qu'il était un descendant de Gengis Khan. Guerassimov a été capable de reconstituer l'apparence de Tamerlan à partir de son crâne. Il mesurait 1,72 mètre, ce qui est grand pour son époque. L'étude a également confirmé qu'il boitait.

La malédiction de Tamerlan

Selon la légende, une malédiction pèse sur le tombeau de Tamerlan ; une inscription gravée avertit « Lorsque je reviendrai à la lumière du jour, le monde tremblera ». Il se trouve que la nuit du Guerassimov exhuma le corps de Tamerlan, Hitler lança l'opération Barbarossa contre l'URSS. Mikhail Guerassimov est ainsi considéré par plusieurs habitants des États d'Asie centrale de l'URSS comme étant le responsable du déclenchement de la Grande Guerre patriotique pour avoir ouvert le tombeau du chef turc[12][source insuffisante]. Le corps de Tamerlan a été à nouveau déposé dans sa tombe au Gour Emir, en suivant les rites islamiques, en , juste avant la victoire soviétique à la bataille de Stalingrad.

Postérité

Familièrement, en français, un tamerlan est un homme aux allures guerrières ou conquérantes[13].

Historiographie

Au cœur de Tachkent, le musée d'État sur l'histoire des Timourides (appelé couramment musée Amir Temur) a été inauguré en 1996 à l'occasion du 660e anniversaire de la naissance de Tamerlan. Le musée, établi dans un nouveau bâtiment de style architectural ouzbèke, présente une collection permanente de 1 700 pièces, bijoux, armes, équipement militaires, instruments musicaux ainsi que des effets personnels de Tamerlan, de Babur et d'Ulugh Beg. Les expositions, centrées sur l'esprit timouride, contiennent aussi de nombreuses informations sur la société et la culture au Moyen Âge en Asie centrale.

Tamerlan dans les arts

Une minature de Behzad
  • Tamburlaine the Great de Christopher Marlowe, pièce de théâtre jouée pour la première fois en 1587
  • Tamerlane, d'Edgar Allan Poe, poème épique, publié en 1827
  • Tamerlan, l'Empire du Seigneur de Fer de Lucien Kehren, publié en 1978
  • Jean de Soltanieh, La Vie et la cour de Tamerlan. Récit de son ambassadeur auprès de Charles VI en 1403, Texte traduit du moyen français, présenté et annoté par Jean-François Kosta-Théfaine, Paris, Éditions Cartouche, 2012
  • Tamerlano, opéra en trois actes de Georg Friedrich Haendel sur un livret (en italien) de Nicola Francesco Haym. Le texte du livret fut adapté par Haym du Tamerlano d'Agostin Piovene, opéra mis en musique par Francesco Gasparini en 1710. L'origine du texte de Piovene était la pièce de Nicolas Pradon intitulée Tamerlan, ou La Mort de Bajazet, ce dernier ayant puisé son inspiration dans l’Historia Byzantiae du chroniqueur Michel Doukas. L'intrigue s'inspire donc de l'histoire de Tamerlan et du sultan ottoman Bajazet qu'il a vaincu et fait prisonnier.
  • Dans la nouvelle Le Seigneur de Samarcande[14] de Robert E. Howard, Tamerlan est l'un des antagonistes du héros.
  • Il en est souvent question dans les histoires de Nasr Eddin Hodja.
  • L'histoire de Tamerlan est représentée dans l'édition définitive de Age Of Empire 2 comme une campagne jouable.

Monuments

En Ouzbékistan, trois statues monumentales représentant Tamerlan sont érigées dans des lieux publics :

  • à Chakhrisabz, statufié en pied devant les ruines de son palais ;
  • à Tachkent, au square Amir Timur, à cheval ;
  • à Samarcande, il est représenté assis sur son trône.

Bibliographie

Les sources

Sources orientales

Les biographes généralement reconnus de Tamerlan sont :

  • Sharaf ad-Din Ali Yazdi (c'est-à-dire Sharafaddin de Yazd), auteur en persan du Zafarnameh, traduit pour la première fois en français en 1722 par Pétis de la Croix, et du français à l'anglais par J. Darby l'année suivante.
  • Ahmed ibis Mohammed ibn Abdallah al-Dimashici al-Ajrani, communément appelé Ahmed Ibn Arabshah (« arab shah » signifie « empereur des Arabes ») auteur en arabe de Afaibu al-Makhlnkat, traduit par l'orientaliste danois Colitis en 1636.

Dans le travail du premier, « le conquérant tartare est représenté comme étant libéral, bienveillant et un prince illustre », comme le remarque Sir William Jones ; alors que, dans le seconde, il est « déformé et impie, d'une basse extraction et de principes détestables ». Mais la version favorable a été écrite sous la supervision personnelle du petit-fils de Tamerlan, Ibrahim, alors que l'autre version a été la production de son pire ennemi.

Ibn Khaldoun a également tenu des chroniques sur Tamerlan, établies cependant sur ordre de ce dernier et sous sa supervision directe[15],[16]. Il a rencontré Tamerlan pendant le siège de Damas et a négocié la reddition de la ville ()[17].

Parmi les biographies ou matériels biographiques moins réputés, on peut citer un deuxième Zafarnaeh, par Nizam Shami, qui est la biographie la plus récente connue de Tamerlan, et la seule écrite de son vivant. vol. I de ??[Quoi ?] un manuscrit perse de 1495, la biographie prétendue de Tamerlan, le Tuzuk-i Temur, est une fabrication plus tardive, bien que la plupart des faits historiques soient justes.

Sources occidentales
  • Ruy Gonzáles de Clavijo (trad. Lucien Kehren), La route de Samarkand au temps de Tamerlan, Relation du voyage de l'ambassade de Castille à la cour de Timour Beg par Ruy Gonzalez De Clavijo (1403-1406), Paris, Imprimerie nationale,

Ouvrages historiques

  • Albert Champdor, Tamerlan, Payot, 1941 et 1957
  • Marcel Brion, Tamerlan, Albin Michel,
  • Jean-Paul Roux, Tamerlan, Fayard,
  • Lucien Kehren, Tamerlan : l'empire du Seigneur de Fer, Neuchâtel,
  • Arnaud Blin, Tamerlan, Perrin,
  • René Grousset, L'empire des steppes. Attila, Gengis-khan, Tamerlan, Paris, Payot, (1re éd. 1938), 620 p. (présentation en ligne, lire en ligne)
  • Henri Bontemps et Yves Portier, Barbazan, de Tamerlan à Jeanne d'Arc… le secret, Regain de lecture,
  • Jean de Soltanieh (trad. Texte traduit en français moderne, présenté et annoté par Jean-François Kosta-Théfaine), La Vie et la cour de Tamerlan. Recit de son ambassadeur auprès de Charles VI en 1403, Cartouche,
  • Gérad Chaliand, Les Empires nomades : de la Mongolie au Danube Ve s. av. J.-C.- XVIe s, Perrin, 1995.
  • Karim Najafi Barzegar, Mughal-Iranian relations: during sixteenth century, Indian Bibliographies Bureau, (ISBN 978-81-85004-60-0, lire en ligne)
  • Ḣamidulla Karomatov, Amir Temur in world history, Shaq, (lire en ligne)

Notes et références

  1. Tamerlan est un Turc qui revendique une ascendance mongole. Dans l’Histoire secrète des Mongols, sa tribu, les Barlas (ou Barulas) est présentée comme lointainement apparentée à Gengis Khan.
  2. Transoxiane, le pays au-delà du fleuve Oxus, en arabe Mawaranahr de balād mā warāʾ an-nahr, بلاد ما وراء النهر, « pays au-delà du fleuve ». L'Oxus / Ὦξος des grecs (actuel Amou-Daria) était appelé Jihoun (arabe : jīḥūn, جيحون, turc : Ceyhun) dans la géographie du Moyen Âge arabo-musulman.
  3. Jean-Paul Roux, Tamerlan, Fayard, , 386 p., « En s'en tenant aux estimations les plus basses, les guerres timourides auraient fait plus d'un million de victimes. ».
  4. (en) « The Rehabilitation Of Tamerlane », Chicago Tribune, (lire en ligne)
    « Des savants indépendants pointent […] un nombre de morts allant jusqu'à 17 millions. »
  5. Alfred de Montesquiou, La Route de la Soie, Paris, Le Chêne/Hachette Livre, , 318 p. (ISBN 978-2-8123-1690-6), page 160
  6. René Grousset, L'empire des steppes, op. cit. p. 513. Lire en ligne[PDF].
  7. Gabriel Martinez-Gros, Brève histoire des empires, Seuil, , p. 128.
  8. René Grousset, L'empire des steppes, « La succession de Tamerlan. Règne de Châh Rokh », p. 569.
  9. Barzegar 2000, p. 15.
  10. Karomatov 2001, p. 57.
  11. René Grousset, L'empire des steppes, « La succession de Tamerlan. Règne de Châh Rokh », p. 570.
  12. https://www.youtube.com/watch?v=qmez4BOiEqU.
  13. Larousse du XXe siècle en six volumes, publié sous la direction de Paul Augé, 1928-1933, tome VI, p. 583.
  14. publiée dans Oriental stories en 1932.
  15. Ibn Khaldoun (trad. William MacGuckin Slane), Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale, vol. 1, Imprimerie du Gouvernement, , 480 p. (présentation en ligne, lire en ligne), « Introduction », LVI-LXII.
  16. Ibn Khaldoun (trad. Abdesselam Cheddadi), Le livre des exemples, vol. I, Paris, Gallimard, coll. « La Pléiade », , 1560 p. (ISBN 978-2-07-011425-2), « Autobiographie / Mon départ de chez Tamerlan », p. 244-247.
  17. Ibn Khaldoun (trad. Abdesselam Cheddadi), Le livre des exemples, vol. I, Gallimard, , « Autobiographie / Rencontre avec Tamerlan, sultan des Mongols et des Tatars », p. 232-241.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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