Talcott Parsons

Talcott Parsons, né le à Colorado Springs, Colorado et mort le à Munich, est un sociologue américain. Il est considéré comme l'un des sociologues les plus influents depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale jusque dans les années 1960. Il a développé la théorie de l'action et a fortement contribué au courant du structuro-fonctionnalisme, même si vers la fin de sa carrière, il considère que cette description de sa pensée n'est pas adéquate[1]. Après un doctorat en économie à l'Université de Heidelberg qu'il termine en 1927, il rejoint Harvard, où il devint l'un des premiers professeurs au nouveau département de sociologie[2].

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La sociologie de Parsons est empirique et systématique. Elle s'inscrit dans et se pose en fondement du courant théorique des systèmes sociaux. Ses traductions de Max Weber en anglais et les commentaires et analyses qu'il rédige à propos de son œuvre ainsi qu'à propos de celles d'Émile Durkheim et de Vilfredo Pareto sont de mémorables contributions à la sociologie anglo-saxonne. C'est dans ces œuvres qu'il est possible de retrouver les emprunts qui ont imprégné sa vision du monde social. Sa théorie emprunte aussi des éléments de Sigmund Freud et a permis de développer différentes approches plus « opératoires » de la socialisation.

À partir des années 1970, une nouvelle génération de sociologues lui reproche un style trop complexe et d'avoir une approche trop conservatrice. Sa théorie est aujourd'hui moins enseignée que pendant les années 1940 à 1970. Néanmoins, ses idées redeviennent populaires dans le monde anglo-saxon.

Biographie

Après avoir passé son B.A. au Amherst College avec une dominante en biologie, il entre à la London School of Economics où il s'intéresse aux travaux de Harold Laski, R.H Tawney, Bronislaw Malinowski et Leonard Trelawny Hobhouse. Il va ensuite à l'université de Heidelberg où il obtient un doctorat en sociologie et économie.

Sources de son œuvre

Parsons est tributaire de la sociologie européenne, de l'économie politique et de la psychanalyse. Il retient l'idée d'une contradiction entre le marché et les professions de l'économie politique, essentiellement de Alfred Marshall, et il marque l'importance du cadre social dans lequel s'insère l'évolution du marché. De Max Weber, il retient le problème central de la rationalisation. L'activisme instrumental (instrumental activism) qu'il attribue aux États-Unis est une variante de l'ascétisme de Weber qui le pose à la base du capitalisme. De Durkheim, il garde l'importance du système social et de l'intégration collective. De Freud, il retient l'importance des phénomènes de déséquilibre.

Théorie de l'action

Sa théorie de l'action peut-être interprétée comme une volonté de conserver la rigueur du positivisme dans les sciences sociales en y associant une dimension subjectiviste. L'idée que l'action humaine soit mue par une volonté, par une motivation est centrale dans sa compréhension de l'acte humain. Il considère que les sciences sociales doivent poser les questions des fins, des buts et des idéaux qui motivent l'action individuelle, il se place ainsi en opposition aux courants purement béhavioristes et matérialistes. Il se met ainsi à dos les défenseurs du déterminisme social. Parsons est principalement connu pour sa théorie de l'action selon laquelle tout sujet social s'oriente en fonction des valeurs qu'il s'est lui-même choisi. Ces orientations interagissent et aboutissent à un équilibre tributaire de cinq variables dichotomiques:

  • neutralité ou affectivité ;
  • spécificité ou vague de l'attitude ;
  • universalité ou particularité ;
  • qualité attribuée ou performance réalisée (ascription / achievement) ;
  • orientations individuelle ou collective.

L'ensemble social est défini comme un ensemble d'actions. Un découpage de l'action en quatre éléments essentiels, « l'action suppose un acteur, une situation partiellement contrôlée par lui, une combinaison de fin et de moyen soumis au choix de l'acteur par des critères normatifs (...) » mais aussi pour une théorie de la socialisation, le système AGIL élaboré en collaboration avec Bales en 1955. « C'est le processus de socialisation, à travers lequel tout individu devient porteur de son système social. » Cette théorie repose sur quatre fonctions :

  • Adaptation au milieu environnant physique et social ;
  • Goal-Attainment (poursuite des buts) ;
  • Integration des membres dans le système social ;
  • Latent function (stabilité latente).

Autres prises de position

Parsons est aussi connu pour ses prises de position, dans les années 1940 et 1950, en faveur de l'Exceptionnalisme américain, ce qui lui a valu d'entrer en conflit avec son collègue d'Harvard Pitirim Sorokin, qui parlait à ce sujet d'une attitude « américano-centrique ».

Principaux ouvrages

  • The Structure of Social Action (1937)
  • (article) Parsons, Talcott. 1942. "Age and Sex in the Social Structure of the United States." American Sociological Review 7(5):604-616. E
  • The Social System (1951)
  • Economy and Society - avec Neil Smelser (1956)
  • Structure and Process in Modern Societies (1960)
  • Societies: Evolutionary and Comparative Perspectives (1966)
  • Sociological Theory and Modern Society (1968)
  • Politics and Social Structure (1969)
  • The American University - with G. Platt (1973)
  • Social Systems and the Evolution of Action Theory (1977)
  • Action Theory and the Human Condition (1978)
  • Le système des sociétés modernes, trad.Guy Milleray, Dunod,1973

Notes et références

  1. (en) Talcott Parsons, Social Systems and The Evolution of Action Theory, New York, The Free Press, , The Present Status of 'Structural-Functional' Theory in Sociology.
  2. (en) Dillon Michele, Introduction to Sociological Theory: Theorists, Concepts, and their Applicability to the Twenty-First Century, Wiley, , 592 p. (ISBN 978-1-118-47190-6, OCLC 864414955, lire en ligne), p.156-157.

Voir aussi

Bibliographie

  • Uta Gerhardt, Talcott Parsons: An Intellectual Biography. Cambridge : Cambridge University Press, 2002.
  • S.P. Turner, « The end of functionalism : Parsons, Merton and their heirs », Philosophy of the Social Sciences, 1993, 23, 2, 228-242.
  • Séguy Jean. « Robertson (Roland) Turner (Bryan S.) eds Talcott Parsons Theorist of Modernity », Archives des sciences sociales des religions, 1993, vol. 82, n° 1, p. 338. [lire en ligne]
  • Julien Freund, « François Chazel, La théorie analytique de la société dans l'œuvre de Talcott Parsons », Revue française de sociologie, 1975, vol. 16, n° 2, pp. 278-280. [lire en ligne]
  • François Chazel, « François Bourricaud, L'individualisme institutionnel. Essai sur la sociologie de Talcott Parsons. », Revue française de sociologie, 1978, vol. 19, n° 2, pp. 277-281. [lire en ligne]
  • Lamy Yvon, « François Chazel, "Théorie économique et sociologie : adversaires ou complices? La réflexion d'un "classique" : Talcott Parsons", Sociologie et sociétés », Genèses, 1990, vol. 2, n° 1, p. 193. [lire en ligne]
  • Realino Marra, Talcott Parsons. Valori, norme, comportamento deviante, «Materiali per una storia della cultura giuridica», XXXIV-2, 2004, pp. 315-27.
  • Manuel Gómez Herrera, La cultura de la sociedad en Talcott Parsons, Cizur Menor, Navarra,Thomas Aranzadi, 2005.
  • A. Javier Trevino, Talcott Parsons on law and the legal system, Newcastle, Cambridge Scholars, 2008.
  • Sandro Segre, Talcott Parsons: un'introduzione, Roma, Carocci, 2009.
  • Christopher Hart (ed.), Talcott Parsons. A Collection of Essays in Honour of Talcott Parsons, Chester, Midrash, 2009.

Articles connexes

Liens externes

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