Tablette de Marsiliana

La Tablette de Marsiliana (en italien :Tavoletta di Marsiliana) est un abécédaire de l'alphabet étrusque du VIIe siècle av. J.-C., retrouvé dans la frazione Marsiliana d'Albegna de Manciano (près de Grosseto) en 1908 et conservé au musée archéologique national de Florence.

Tablette de Marsiliana.
L'abécédaire de Marsiliana, vers 700 av. J.-C.

Histoire

En 1908, à Marsiliana d’Albegna, une frazione de la commune de Manciano (province de Grosseto), les fouilles menées par le prince Tommaso Corsini (1835 - 1919) ont mis au jour 109 sépultures d'une nécropole de l'époque orientalisante (nécropole de la Banditella) datant de la fin du VIIIe au VIe siècle av. J.-C..

Dans la tombe LXVII dite le Cercle des ivoires (Circolo degli avori) a été trouvée au milieu de divers objets précieux une tablette en ivoire sur laquelle est gravé un abécédaire de l'alphabet étrusque, le plus ancien qui nous soit connu : la Tablette de Marsiliana[1].

Description

La Tablette de Marsiliana, une tablette à écrire en ivoire de dimensions 8,8 cm × cm, comportant une partie centrale creusée pour recevoir la cire sur laquelle on écrivait, avec sur une bordure d'un demi-centimètre de large, un alphabet gravé à la pointe métallique. Les trois autres côtés sont décorés d'une tresse en relief. Deux têtes de lion sur un côté servaient de poignées. Au moment de sa découverte, la tablette contenait sur sa partie intérieure des traces d'écriture laissant supposer qu'il s'agit d'un outil d'instruction de l'époque[2]. toutefois, l'étruscologue Massimo Pallottino, vu les dimensions et la matière noble de la tablette, fait l'hypothèse que la pièce archéologique était un objet porté au cou, une sorte de pendentif peut-être revêtu d'or.

La tablette constitue l'exemple le plus connu d'abécédaire étrusque. Celui-ci comporte 26 lettres dont 5 voyelles, 22 lettres grecques reprenant la forme phénicienne et 4 lettres propres à l'alphabet grec[alpha 1]. L'adoption de cet alphabet par les Étrusques de Marsiliana est datée d'environ 700 avant J.-C.[4]. Le san (Ϻ) et le koppa (Ϙ) sont conservés, mais l'oméga (Ω) n'y apparaît pas encore.

L'abécédaire est écrit de droite à gauche et fait apparaître les lettres suivantes :

Ψ Φ Χ Υ Τ Σ Ρ Ϙ Ϻ Π Ο Ξ Ν Μ Λ Κ Ι Θ Η Ζ Ϝ Ε Δ Γ Β Α[5].

Preuve d'ancienneté, le gamma (Γ) de Marsiliana a une forme identique à la lettre correspondante des inscriptions de Cumes, alors que les alphabets étrusque et latin la notent C[6]. Le digamma Ϝ est également identique à Marsiliana et à Cumes, en revanche le Η présente deux traits intérieurs, contre aucun à Cumes. La forme courante à un trait Η apparaît dans des inscriptions postérieures à Cumes et dans les alphabets étrusques de Véies et de Caeré[7].

Notes et références

Notes

  1. Plus exactement, la transcription linguistique de celles-ci, mettent en évidence un apport provenant du déterminant alphabétique alphabet chalcidien : autrement dit l'alphabet eubéen[3]

      Références

      1. Grenier 1924, p. 5
      2. Grenier 1924, p. 9
      3. Laurent Dubois, « Philologie et dialectologie grecques : Inscriptions Ioniennes archaïques », dans Laurent Dubois, Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE) : Section des sciences historiques et philologiques, vol. 146, (lire en ligne)
      4. Lejeune 1983, p. 735
      5. Grenier 1924, p. 18
      6. Grenier 1924, p. 17
      7. Grenier 1924, p. 19


      Bibliographie

      • J. A. Bundgaard, « Why did the art of writing spread to the West ? Reflexions on the alphabet of Marsiliana », Analecta Romana Instituti Danici, III (1965).
      • Albert Grenier, « L'alphabet de Marsiliana et les origines de l'écriture à Rome », Mélanges d'archéologie et d'histoire, t. 41, , p. 3-41 (lire en ligne)
      • Michel Lejeune, « Rencontres de l'alphabet grec avec les langues barbares au cours du Ier millénaire av. J.-C. : L'Italie centrale », dans Actes du colloque de Cortone (24-30 mai 1981) : Modes de contacts et processus de transformation dans les sociétés anciennes, Rome, Publications de l'École Française de Rome, , 731-753 p. (lire en ligne)

      Articles connexes

      Sources

      • Voir liens externes

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