Télévision québécoise

La télévision québécoise est une partie essentielle de la culture québécoise et canadienne-française. Elle se développe à partir des années 1950, lorsque le gouvernement fédéral du Canada se donne comme objectif d'offrir une alternative aux émissions de télévision américaines.

Historique

Développement de la télévision (1932-1960)

La première expérimentation avec la télévision date de 1932 avec VE9EC, basé à Montréal, les émissions étaient diffusées avec une résolution de 60 à 150 lignes à 41 MHz. Avec sa fermeture en 1935, mais également, le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, les expériences télévisuelles sont arrêtées.

À la fin dans années 1940 et le début des années 1950, des foyers canadiens du sud-ouest de l'Ontario et de la Colombie-Britannique captent les signaux des stations de télévision provenant des États-Unis.

Durant l'été 1952, le signal de CBFT est en période de tests. Le coup de départ est lancé par diffusion d'un match de baseball des Royaux de Montréal prévu le , ce qui encourage des commerçants à publier des publicités pour vendre des téléviseurs[1], et qui assemblera foule devant quelques vitrines de magasins. Par la suite, CBFT diffuse quelques émissions en phase de tests.

Ainsi, le à 16 h, Montréal accueille la première station de télévision au Canada dont Radio-Canada Télévision (CBFT), avec deux jours d'avance sur Toronto et CBC Television (CBLT-TV). Elle ne diffuse que trois heures par jour, en soirée, surtout des films américains doublés en France et des films français. Elle reste bilingue, 60 % en français et 40 % en anglais, jusqu'au lancement de la station de CBC à Montréal (CBMT) le .

Durant les années 1950, la Société Radio-Canada ouvre et acquiert (grâce à la technologie micro-onde) des stations à travers la province :

nom de la station ouverture région desservie note
CBOT Ottawa Chaîne bilingue jusqu'à l'ouverture de CBOFT.
CFCM Québec Chaîne bilingue jusqu'en 1957.
CJBR-TV Rimouski Rejoint le réseau de Radio-Canada par micro-onde le .
CBOFT Ottawa
CKRS-TV Chicoutimi Rejoint le réseau de Radio-Canada par micro-onde le .
CHLT-TV Sherbrooke
CKTM-TV Trois-Rivières

Programmation

À ses débuts, la télévision québécoise se concentre sur des productions dramatiques, divisées en plusieurs branches : les téléthéâtres, les dramatiques pour enfants et jeunes adultes, les téléromans, et les téléséries comiques et policières. La plus prestigieuse forme de drame alors diffusée à la télévision est le théâtre télévisuel, dont la majorité est produite par la Télévision de Radio-Canada[2].

Elle fournit alors des programmes en même temps qu'elle devient une école de création audiovisuelle et un moyen de renforcer l'identité et la culture du Québec[3]. Radio-Canada est aussi un lieu d'engagement social et politique, comme en témoigne la grève des réalisateurs de 1959.

Cette chaîne québécoise, qui offre une image du Québec à laquelle les Québécois peuvent s'identifier, rencontre vite son public et réalise des taux d'audience importants. Elle offre une image rassurante, familiale, dont Les Plouffe sont l'incarnation même.

En 1953, c'est le premier grand succès à la télévision francophone avec une émission créée et produite par des artistes d'ici : La Famille Plouffe de Roger Lemelin. « Dès , alors que dix épisodes à peine ont été diffusés, les premiers sondages indiquent que seuls les matchs de hockey présentés le samedi soir atteignent un auditoire plus élevé que celui du téléroman de Roger Lemelin[4]. »

Arrivée des télévisions privées (1961-1985)

Le [5], la première chaîne de télévision privée, Télé-Métropole (devenue TVA), est inaugurée par Joseph-Alexandre DeSève, un homme d'affaires qui avait fait fortune dans la variété, l'immobilier et qui avait une solide expérience dans la sous-distribution de cinéma français au Québec avec France Film. Alors que Radio-Canada représentait une certaine idée élitiste et nationaliste de la télévision canadienne, Télé-Métropole visait à plaire à un public plus large en misant sur des vedettes de cabaret et sur un humour plus décontracté.

En , la télévision couleur s'introduit dans le paysage québécois.

En 1972, le gouvernement québécois met en onde Radio-Québec (devenue Télé-Québec), créé quatre ans auparavant. Pendant ses trois premières années de diffusion, cette station n'était disponible que sur le câble, occupant la position de la télé communautaire (canal 9) en soirée. En 1975, elle devient disponible sur les ondes hertziennes de Montréal sur le canal 17 et Québec sur le canal 15, qui est longtemps surnommé « Canal U », car il est sur la bande UHF. La mission première de cette chaîne est de promouvoir la culture et l'éducation, deux compétences provinciales alors que la télévision est de compétence fédérale.

En , la chaîne TVFQ 99 est lancée, fournissant des émissions d'origine française, belge et suisse au public québécois. En , Vidéotron et quelques câblodistributeurs participants (Inter-vision) lance huit chaînes spécialisées : TVJQ, TVSQ, TVCQ, TEQ, TVAQ, TVEQ, TVIQ, TVRQ. Les quatre dernières ont fermé trois ans plus tard, alors que les quatre premières ont été remplacées par des entreprises.

Essor des chaînes spécialisés (1986-2003)

Dans les années 1980, les chaînes de musique comme MTV, aux États-Unis, deviennent une révolution dans le monde de la télévision. Avant que MusiquePlus, l'homologue francophone de MuchMusic, entre en onde le , les foyers québécois avaient de nombreux accès aux vidéoclips notamment grâce aux émissions diffusées sur TVJQ (Radio-Vidéo), TVA (Pop Express et Grande Nuit Vidéo), également plus du côté américain, NBC (Friday Night Videos). La chaîne débute en occupant une position du câble en soirée, elle devient un service 24 heures sur 24 deux ans plus tard.

Le , Télévision Quatre-Saisons (TQS), troisième chaîne en importance, diffuse ses premières émissions. Cette chaîne de type généraliste présente des bulletins d'information et du cinéma.

Entre 1988 et 1989, quatre chaînes apparaissent dont MétéoMédia, les trois dernières sont issues d'une succession comme Canal Famille (remplaçant TVJQ), TV5 Québec Canada (remplaçant TVFQ) et finalement, RDS ou Réseau des Sports (remplaçant TVSQ)[6].

Le , deux autres chaînes font leur apparition : le Réseau de l'information (RDI) de Radio-Canada et Canal D, qui diffuse des documentaires et des émissions de divertissement. Le mouvement est lancé. En , ce sont quatre nouvelles chaînes thématiques qui sont lancées : MusiMax (musique), Canal Vie (santé et bien-être), Télétoon (dessins animés) et Le Canal Nouvelles (LCN) de TVA, qui diffuse des informations en continu.

Fin , les chaînes Canal Évasion (voyage), Historia (histoire), Séries+ (séries québécoises et internationales) et Canal Z (maintenant Ztélé ; mystère, sciences, technologies et science-fiction) sont disponibles au public. Ces canaux nécessitaient à l'origine un abonnement supplémentaire au coût de 3,99 $. Pour ne pas s'abonner, il fallait spécifier au câblodistributeur qu'on ne voulait pas les conserver après la période d'essai. À la suite de protestations, il a fallu spécifier au câblodistributeur que l'abonné voulait conserver ces canaux et le coût a été abaissé à 1,99 $.

En , un partenariat composé entre autres de Radio-Canada, de Télé-Québec et de l'équipe Spectra a mis en ondes ARTV pour fournir des émissions culturelles de qualité.

Numérique et haute définition en français (2004-2009)

L'année 2004 a marqué l'arrivée des chaînes numériques disponibles sur le câble. Pour pouvoir bénéficier de ces chaînes, il faut posséder un décodeur numérique d'un câblodistributeur ou d'un fournisseur de télé par satellite. Entre 2004 et 2006, les canaux Mystère (aujourd'hui AddikTV), Argent, Réseau Info-Sports (aujourd'hui RDS Info), Prise 2 et Cinépop font leur entrée en ondes.

L'année 2004 marque également le début de la télévision haute définition (HD). Radio-Canada a placé sur son toit, à Montréal, une antenne diffusant en standard ATSC. La télévision numérique terrestre fait aussi son apparition. Il est ainsi possible de capter un signal HD de Radio-Canada sur le canal UHF 19 (canal virtuel 2.1) à Montréal. Les premières émissions en HD sont L'Auberge du chien noir, Le Bleu du ciel et Bons baisers de France. Elle a véritablement été propulsée en 2006 avec des émissions en haute définition disponibles tous les soirs et grâce à l'arrivée d'Astral Media, qui possède notamment VRAK.TV, Historia, Séries+, Canal D, Canal Vie, Ztélé et Super Écran.

L'année 2006 a été marquée par la crise de télévision, et les émissions dites « lourdes », qui coûtent très cher, ont été menacées. Les diffuseurs prétendaient ne pas faire assez de revenus pour la conversion en haute définition. Les diffuseurs généralistes ont d'ailleurs demandé au CRTC de ne plus avoir l'obligation d'émettre un signal terrestre pour leur postes de télévision et ils demandent un financement semblable aux chaînes spécialisées, c'est-à-dire s'appuyant sur le consommateur. La décision est l'obligation d'émettre un signal par la voie des airs. Une décision est en attente pour les redevances des chaînes généralistes sur le câble.

Le , TQS Montréal commence à émettre un signal ATSC sur les ondes hertziennes permettant l'envoi de signal HD.

Toujours en , TQS se place sous la protection des arrangements avec les créanciers pour éviter la faillite. Remstar acquiert le chaîne pour la somme symbolique de $. Le nouvel acquéreur abolit ensuite le service de l'information, geste qui causa une perte importante d'emplois. Le , les nouveaux propriétaires changent le nom de TQS pour V, voulant marquer la transition entre les deux propriétaires et le renouveau de la chaîne.

En , le Groupe TVA lance la chaîne Les Idées de ma maison (aujourd'hui Casa). Cette chaîne spécialisée présente des productions originales, canadiennes-anglaises et étrangères vouées à tous les aspects de la maison, incluant la décoration, la rénovation, l'immobilier, la cuisine et le jardinage.

Depuis le , la chaîne Télétoon Rétro diffuse des dessins animés classiques qui n'étaient pratiquement plus diffusés à la télévision depuis une décennie.

Le , Télé-Québec Montréal (CIVM) commence à émettre un signal ATSC sur les ondes hertziennes permettant l'envoi de signal HD.

En 2010, trois nouvelles chaînes sont lancées, soit Yoopa et Playhouse Disney télé (devenu Disney Junior, maintenant Télémagino), deux chaînes concurrentes s'adressant au public d'âge préscolaire et une nouvelle chaine de cuisine Zeste.

Le la chaîne Mlle (aujourd'hui Moi et Cie) est lancée, diffusant des émissions de téléréalités et des séries.

Numérique par ondes hertziennes et futur (2011-actuel)

Le à minuit, les stations régionales de Radio-Canada, Télé-Québec, TVA et V à Montréal, Québec, Gatineau, Sherbrooke, Trois-Rivières, Saguenay, Rivière-du-Loup et Rouyn-Noranda ont éteint leurs antennes analogiques et diffusent dorénavant en numérique par ondes hertziennes.

Peu après que Bell Media annonce à Vidéotron son intention de lancer la chaîne sportive RDS2 à l'automne, le Groupe TVA monte en 5 mois la nouvelle chaîne TVA Sports qui est lancée le mais pas distribuée chez Bell Télé. RDS2 est lancé un mois plus tard, le , mais n'est pas distribué chez Vidéotron. Le , RDS2 est ajouté chez Vidéotron alors que Bell ajoutera quatre chaînes du Groupe TVA (dont TVA Sports) en décembre.

Le la chaîne Explora est lancée, qui diffuse des émissions d'exploration et de nature.

Le la chaîne Canal D Investigation est lancée, diffusant des émissions d'enquête et de policiers.

Dès , plusieurs chaînes subissent un changement radical de leurs contenus proposés :

  • Vrak abandonne son auditoire jeunesse pour un public plus mature[7].
  • MusiquePlus et Musimax sont acquis par Remstar sous le nom Groupe V Médias en 2014[8] à la suite d'une entente avec Bell Média en 2013[9]. Le volet musical des deux chaînes est abandonné progressivement en commençant par Musimax, en 2016, qui est devenu la même année MAX et propose des séries et des films[10]. En 2017, le CRTC n'oblige plus MusiquePlus à diffuser des vidéoclips[11].
  • Finalement MusiquePlus est remplacé par Elle Fictions, une chaîne de séries et de films à partir de l'été 2019[12].

À la suite de la fermeture de MusiquePlus et Musimax, l'entreprise Stingray Digital lance la nouvelle chaîne musicale PalmarèsADISQ par Stingray en 2018[13].

Le Bell Média annonce un projet de rachat du réseau V à Remstar[14]. La transaction est approuvée par le CRTC en [15] et le réseau V est fondu dans Bell Média le [16]. Le réseau V change de nom pour Noovo à l'automne. Remstar conserve la propriété des réseaux spécialisés MAX et Elle Fictions.

Impact de la pandémie de Covid-19

La pandémie de Covid-19 bouscule la programmation des chaînes de télévision. Plusieurs chaînes du câble sont débrouillées pour proposer plus de contenu aux téléspectateurs et les réseaux TVA et Radio-Canada[17] consacrent de longues plages horaires à la couverture des développements de la pandémie[18],[19]. Certaines émissions sont arrêtées de façon anticipée (En direct de l'univers) en raison des mesures sanitaires tandis que certaines sont au contraire prolongées (la saison d'Infoman est prolongée jusqu'au au lieu du ) ou voient leur format changer (Tout le monde en parle est ainsi diffusé exceptionnellement en direct et sans public jusqu'à la fin de la saison)[20].

Le débrouillage de la plupart des chaînes payantes est arrêté au fur et à mesure du printemps (ICI RDI est brouillée à nouveau à partir du )[21].

Audience

Évolution des parts d'audiences annuelles du principaux réseaux au Québec
dans l'auditoire francophone[22]
Réseau

Anthologie

Les principales scènes mémorables de la télévision québécoise comprennent[23] :

Notes et références

  1. « Publicité: Le 25 juillet est JOUR TV », La Presse, , p. 23 (lire en ligne)
  2. « Les dramatiques à la télévision québécoise » dans L'Encyclopédie canadienne, Historica Canada, 1985–. (consulté le ).
  3. Yves Beauregard, « Une société distincte… par ses téléromans : entrevue avec Jean-Pierre Desaulniers », Cap-aux-Diamants : la revue d'histoire du Québec, no 68, , p. 40 (lire en ligne)
  4. Christine Eddie, Les conditions de production et de réception des téléromans diffusés à Radio-Canada (CBFT, Montréal), 1952-1977, thèse de doctorat (littérature québécoise), Sainte-Foy, Université Laval, 1985, pp. 111-112.
  5. « "Officiellement" en ondes : CFTM-TV », La Presse, vol. 77, no 108, , p. 3 et 13 (lire en ligne)
  6. Historique de RDS
  7. « Changement d'orientation : la direction de VRAK explique ses choix », sur HuffPost Québec, (consulté le )
  8. Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) Gouvernement du Canada, « MusiquePlus et MusiMax - Modification au contrôle effectif et modifications de licence », sur crtc.gc.ca, (consulté le )
  9. « Groupe V Médias fera l’acquisition de MusiquePlus et MusiMax de Bell Média », sur Bell Media (consulté le )
  10. « MusiMax abandonne son volet musical et est rebaptisée MAX », sur Radio-Canada.ca (consulté le )
  11. « MusiquePlus n'est plus obligée de diffuser des vidéoclips », sur HuffPost Québec, (consulté le )
  12. « Groupe V Média lance sa nouvelle chaîne ELLE Fictions », sur Groupe V Média, (consulté le )
  13. « Stingray et l’ADISQ lancent la nouvelle chaîne télévisée de vidéoclips PalmarèsADISQ par Stingray », sur ADISQ (consulté le )
  14. Vincent Brousseau-Pouliot, « Bell achète la chaîne de télé V », La Presse, (lire en ligne, consulté le )
  15. Vincent Brosseau-Pouliot, « Bell peut acheter V, tranche le CRTC », La Presse, (lire en ligne, consulté le )
  16. « Bell accueille le réseau de télévision généraliste de langue française V et Noovo.ca », sur newswire.ca (consulté le )
  17. [vidéo] Exemple de l'émission du 7 avril diffusée à Radio-Canada
  18. « COVID-19 : Programmation spéciale de Radio-Canada », sur CTVM.info, (consulté le )
  19. Marc-André Lemieux, « Les chaînes d’info montent en flèche », sur Le Journal de Montréal (consulté le )
  20. « Pandémie : Nouveaux rendez-vous et programmation spéciale », sur solutionsmedia.cbcrc.ca (consulté le )
  21. Société Radio-Canada, « [Mot de l'Info] ICI RDI : l’opération de débrouillage a pris fin le 30 juin », sur Radio-Canada.ca (consulté le )
  22. Rapports trimestriels du Groupe TVA d'après Numeris
  23. Samuel Pradier, « La première émission originale de Prise 2 », TVA Nouvelles, (consulté le ).

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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