Symphonie no 5 de Chostakovitch

La Symphonie no 5 en mineur, Opus 47, de Dmitri Chostakovitch fut écrite en trois mois en 1937, et créée le de la même année à Léningrad sous la direction d’Evgeni Mravinski. C'est la symphonie la plus jouée et la plus enregistrée du compositeur.

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Symphonie no 5 en ré mineur
Opus 47
Genre Symphonie
Nb. de mouvements 4
Musique Dmitri Chostakovitch
Effectif Orchestre
Durée approximative 45 minutes
Dates de composition 1937
Création
Interprètes Orchestre philharmonique de Leningrad
Evgeni Mravinski (dir.)

Orchestration

  • 2 flûtes et 1 piccolo, 2 hautbois, 2 clarinettes en Si bémol et La et 1 clarinette piccolo en Mi bémol, 2 bassons et 1 contrebasson ; 4 cors, 3 trompettes, 3 trombones, 1 tuba
  • timbales, percussions, xylophone, piano/célesta, 2 harpes
  • cordes[1]

Histoire

Composition

Chostakovitch passa le printemps 1937 à Gaspra en Crimée, dans une maison de repos pour savants et artistes. Lorsqu'on demandait à Chostakovitch de se mettre au piano, il refusait net. Néanmoins, un des hôtes remarqua que tôt le matin, pendant que les autres dormaient encore, le compositeur « entrait prudemment dans la salle sur la pointe des pieds, ouvrait le piano et se mettait à jouer et à noter quelque chose sur du papier à musique »[2],[3].

Chostakovitch avait terminé les trois premiers mouvements lorsqu'il rentra à Moscou en juin : il acheva son travail en écrivant le final.

Avec l’opus 47, Chostakovitch renoue avec la tradition qui va de Moussorgski à Miaskovski, en passant par Borodine et, surtout, Tchaïkovski. André Lischke indique : « Mais c’est aussi une œuvre autobiographique que traverse le drame vécu et surmonté par le compositeur, et qui se conclut par le cri final de victoire ou de défi. En pleine période des purges staliniennes, quand l’angoisse collective était à son apogée, la tension émotionnelle de la symphonie fut perçue par l’auditoire avec une acuité exceptionnelle[4]. »

La composition servit d’outil de propagande à l’intention du public soviétique, puis international. Les dires de Chostakovitch selon lesquels elle est une « réponse pratique d’un artiste soviétique à de justes critiques », ou que le compositeur n’était pas content de sa Quatrième Symphonie et tenait à être compris du plus grand nombre – « Tout n’a pas été d’égale valeur dans mes œuvres précédentes. Il y a eu des échecs. Dans ma Cinquième Symphonie, je me suis efforcé à ce que l’auditeur soviétique ressente dans ma musique un effort en direction de l’intelligibilité et de la simplicité » donnèrent lieu à des interprétations diverses : les unes selon lesquelles ils proviendraient de biographes commandités ; les autres considérant que la réalité tiendrait plus de ces propos : « La plupart de mes symphonies sont des monuments funéraires. Trop de gens, chez nous, ont péri on ne sait où. Et nul ne sait où ils sont enterrés. Même leurs proches ne le savent pas. Où peut-on leur ériger un monument ? Seule la musique peut le faire. Je leur dédie donc toute ma musique ».

Création et réception

La première de la symphonie eut lieu à la Philharmonie de Leningrad le par l'Orchestre philharmonique de Leningrad dirigé par Evgeni Mravinski. Elle bouleversa l'assistance à tel point que beaucoup pleuraient, réaction inhabituelle à une œuvre nouvelle[3].

Un auditeur se souvient : « Pendant le finale, beaucoup d'auditeurs se mirent à se lever involontairement l'un après l'autre »[5],[3].

Si le finale suscite encore des débats passionnés, la critique soviétique est unanime : « La pression émotionnelle est au maximum : encore un pas et tout explosera dans un hurlement physiologique »[6],[3].

« Le pathos de la souffrance est par endroits poussé jusqu'au cri naturaliste et au hurlement. Dans certains épisodes, la musique est capable de provoquer presque une douleur physique »[7],[8].

Controverse sur le sous-titre

Le , le journal Vetcherniaia Moskva publie un article de Chostakovitch intitulé "Ma réponse d'artiste". On y trouve le passage où Chostakovitch dit que la Cinquième Symphonie serait « la réponse concrète et créative d'un artiste soviétique à une critique justifiée ». Cette définition est depuis longtemps passée sous silence en Union soviétique, mais pour des raisons encore inconnues, on la considère en Occident comme le sous-titre officiel donné par l'auteur lui-même à sa symphonie[3],[9].

Analyse de l'œuvre

Moderato

Le Moderato initial commence par un canon dans les cordes, qui forme la base du mouvement entier.

Allegretto

Seule note de couleur et d’humour, le deuxième mouvement, l’Allegretto, est un scherzo sous forme de danse humoristique en trois temps.

Premier thème du second mouvement.

Largo

Le Largo qui suit est le mouvement le plus profond de l’œuvre, longue méditation d'une « angoisse tchaïkovskienne » selon les mots d'André Lischke.

Allegro non troppo

Le mouvement final a été au centre de nombreuses discussions : vu comme une concession à la pression politique ou l'ironie d’une marche triomphale de la dictature sur le peuple opprimé. Un la aigu est répété 252 fois par presque tout l'orchestre, tandis que les cuivres se chargent de faire résonner le thème (la mélodie) sans jamais vraiment retenir toute l'attention. Ce final est pris comme une marche triomphale.

Discographie sélective

La Cinquième Symphonie a été gravée par Evgeny Mravinsky, Leonard Bernstein, Lorin Maazel, Georg Solti, Kurt Sanderling, Leopold Stokowski, Karel Ancerl, Riccardo Muti, Christoph Eschenbach, Charles Mackerras, Theodore Kuchar, Maxime Chostakovitch.

Direction Orchestre Année Label Note
Kirill Kondrachine Orchestre philharmonique de Moscou 1964 Melodiya
Ievgueni Mravinski Orchestre philharmonique de Leningrad 1978 et 1984 Praga / Melodiya

Erato

Bernard Haitink Orchestre royal du Concertgebouw 1981 Decca
Kurt Sanderling Berliner Sinfonie-Orchester 1982 Berlin Classics
Vasily Petrenko Orchestre philharmonique royal de Liverpool 2008 Naxos

Notes et références

  1. Dmitri Schostakowitsch, Symphonie Nr. 5, op. 47 (Conducteur de poche), Hambourg, Edition Sikorski, (ISMN 979-0-003-01783-9)
  2. Nikolaj Ravič, Portrety sovremennikov, Moscou, , p. 153
  3. Volkov 2004, p. 357.
  4. André Lischke, Chosatakovitch p.  177, dans : Guide de la musique symphonique, dir. François-René Tranchefort
  5. A. Glumov, Nestertye stroki, Moscou, , p. 317
  6. Sovetskoe iskusstvo, 4 octobre 1938
  7. Sovetskoe iskusstvo, 2 février 1938.
  8. Volkov 2004, p. 182.
  9. Charlotte Landru-Chandès, « Chostakovitch : Tout savoir (ou presque) sur ses Symphonies », sur France Musique, (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

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