Subérine

La subérine (du latin suber, « liège ») est une substance cireuse présente dans les végétaux de type Tracheobionta au niveau de la tige ou des racines. Ce biopolymère lipidique joue un rôle important dans la résistance de la plante et dans ses relations avec son environnement. Très stable, elle contrôle la décomposabilité et biodégradabilité des racines et joue à ce titre un rôle encore mal compris dans le cycle du carbone[1].

Des lamelles de subérines se déposent sur les différentes parois des cellules de l'endoderme. L'imperméabilité de la barrière endodermique est atténuée au niveau des cellules de passage (flèche noire) situées au dessus de certains pôles du xylème.

Structure

C'est le constituant principal du liège ou suber (45 % environ) et elle tient d'ailleurs son nom du Quercus suber, le chêne-liège. Il est issu de la copolymérisation de lipides et de dérivés phénoliques (tannins)[2].

C'est la subérine qui donne la coloration généralement brune à l'écorce[3]. Cette couleur résulte, comme dans le cas de la lignine, du brunissement tannique : reliés de façons différentes aux composants de la subérine[4], les tannins impliqués absorbent chacun des longueurs d'onde variées au niveau des électrons π de leurs cycles aromatiques[5].

Fonctions

C'est une substance originale très complexe, imperméabilisante, ignifugeante et présentant certaines propriétés biocides, dont les constituants chimiques sont assez bien connus, ce qui permet de la considérer comme un polymère lipide, mais dont la structure macromoléculaire n'est pas encore établie de façon définitive.

Avec d'autres hétéropolymères plus connus (comme les lignines et les tanins) elle permet aux racines de mieux s'adapter à divers stress environnementaux et de maximiser leurs fonctions d'absorption des nutriments et de l'eau[1]. Selon une étude récente (2017) le réchauffement climatique altère la qualité de la subérine du tissu racinaire de certaines plantes (graminées en C3 ou C4, telles que Bouteloua gracilis (C4) et Hesperostipa comata (C3) [1]. Les racines de B. gracilis exposées à un taux élevé de CO2 et au réchauffement du sol augmentent leur teneur en subérine (et en lignine)[1] et moindrement celles de H. comata. Cet accroissement du taux de subérine pourrait conduire à une moindre dégradabilité des racines mortes et augmenter le taux de carbone du sol (sans que ce carbone soit biodisponible, dans un premier temps). De plus un réchauffement pourrait favoriser les espèces dont les racines produisent plus de subérine, laquelle pourrait donc jouer un rôle croissant pour le réservoirs ou puits de carbone que constitue le sol[1].

Constituant principal du suber, il participe aux différentes fonctions du liège.

Notes et références

  1. Suseela, V., Tharayil, N., Pendall, E., Rao, A. M., & Volder, A. (2017). Warming and elevated CO2 alter the suberin chemistry in roots of photosynthetically divergent grass species. AoB PLANTS, 9(5).
  2. (en) Beisson F, Li-Beisson Y, Pollard M., « Solving the puzzles of cutin and suberin polymer biosynthesis », Curr Opin Plant Biol., vol. 15, no 3, , p. 329-337 (DOI 10.1016/j.pbi.2012.03.003)
  3. Elise Lelievre, Julie Denoeud, Jonathan Roques, Elise Hamard-Péron, Mickael Airaud, Biologie, Dunod, , p. 464
  4. Essentiellement des acides gras de 16 à 18 carbones saturés (C16 ou C18). Cf (en) Takayoshi Higuchi, Biosynthesis and biodegradation of wood components, Elsevier, (lire en ligne), p. 169-178.
  5. Marc-André Selosse, Les Goûts et les couleurs du monde. Une histoire naturelle des tannins, de l'écologie à la santé, Actes Sud Nature, , p. 222

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

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