Stromboli

Stromboli, en italien Isola di Stromboli, est une île volcanique d'Italie faisant partie des îles Éoliennes située au nord de la Sicile, dans le bassin tyrrhénien de la mer Méditerranée. Le nom provient du grec ancien Στρογγύλη / Strongyle, littéralement « la ronde », donné à l'île en raison de son pourtour circulaire. Sur l'île se trouve le volcan homonyme, le Stromboli.

Pour les articles homonymes, voir Stromboli (homonymie).

Stromboli
Isola di Stromboli (it)

Vue générale du Stromboli depuis la mer.
Géographie
Pays Italie
Archipel Îles Éoliennes
Localisation Mer Tyrrhénienne
(Mer Méditerranée)
Coordonnées 38° 47′ 20″ N, 15° 12′ 47″ E
Superficie 12,6 km2
Point culminant Stromboli (924[1] m)
Géologie
Type Volcan de subduction
Activité En éruption
Dernière éruption depuis le 2 février 1934
Code GVP 211040
Observatoire Observatoire du Vésuve
Administration
Région à statut spécial Sicile
Ville métropolitaine Messine
Commune Lipari
Démographie
Population 750 hab.
Densité 59,52 hab./km2
Gentilé Strombolani
Plus grande ville Stromboli
Autres informations
Découverte Préhistoire
Fuseau horaire UTC+01:00
Géolocalisation sur la carte : Sicile
Stromboli
Géolocalisation sur la carte : Italie
Stromboli
Îles en Italie

Toponymie

Les Strombolani (habitants de l'île) appellent le volcan Struognoli en sicilien. Plus communément, il est appelé Iddu, « Lui » en sicilien, car les habitants personnifient le volcan, ils vivent avec Lui selon ses humeurs[2].

Géographie

Sciara del Fuoco.

Le Stromboli est un volcan situé au nord-est du Vulcano, un autre volcan actif de cet archipel. L'île de Stromboli est la plus septentrionale et la plus orientale des îles de l'archipel, si l'on fait exception de l'îlot Strombolicchio, situé dans l'est immédiat. Stromboli est séparée de Vulcano par Panarea, reste majeur d'un volcan explosé, et par l'île Lipari. La distance séparant l'extrémité nord-est de Vulcano et le point le plus méridional de Stromboli est d'environ 23 nautiques, soit environ 40 km. L'île présente un aspect conique typique aux volcans et sa particularité réside dans les éruptions régulières (à raison de plusieurs par heure) visibles de loin, de nuit, qui lui ont valu le surnom de « phare de la Méditerranée ». Outre la randonnée nocturne au sommet du volcan, il est également possible d'observer depuis la mer la chute des projections incandescentes le long d'un toboggan naturel, situé sur la face nord-ouest de l'île et nommé Sciara del Fuoco (allée du feu)[3]). La partie active du volcan s'est formée il y a moins de cinq mille ans et est en éruption quasi continue. La totalité de l'édifice volcanique prend naissance à 2 000 m sous la mer, la partie émergée culminant à 924 m[4].

Administrativement, l'île fait partie de la commune de Lipari et de la région (autonome) de Sicile. Elle s'étend sur 12,6 km2 et fait partie des sept îles Éoliennes. À quelques centaines de mètres au nord de l'île, émerge le Strombolicchio, reste d'une ancienne cheminée vieille de deux cent mille ans. Cette petite île abrite un phare automatisé de la marine[2].

Histoire

Histoire éruptive

Une éruption du volcan.
Éruption (animée).

Le volcan de Stromboli est le plus régulièrement actif des volcans européens. Il est couronné d'un panache de gaz et ses éruptions se produisent à la fréquence moyenne de quelques minutes ou dizaines de minutes, souvent avec une surprenante régularité.

L’activité typique du Stromboli est censée délivrer à intervalles réguliers des gerbes de projectiles incandescents, les fameuses explosions stromboliennes[5], depuis l’Antiquité. Pourtant aucun texte ancien ne fait d’allusion à ce phénomène, exceptée une scholie aux Argonautiques d'Apollonios de Rhodes (IV-761-5 a) et des recherches récentes prouveraient que ce genre d’activité n’aurait commencé qu’au Moyen Âge[6]. Tout aussi inexacte est la prétendue régularité des explosions et cette idée reçue a été la cause de plusieurs accidents graves. Il est vrai que le régime ordinaire du volcan consiste en projections de fragments de lave (scories et bombes) toutes les quelques dizaines de minutes. Mais des arrêts éruptifs peuvent durer plusieurs jours ou plusieurs mois pendant lesquels ne s’exhalent que des fumerolles. Inversement, il arrive que des paroxysmes soudains forment une colonne sombre de vapeurs et de cendres d’où pleuvent de gros projectiles sur l’île tout entière.

Éruption du Stromboli en 1980.

En 1916, puis en 1919, des blocs de plusieurs tonnes défoncèrent des maisons de San Bartolo et Ginostra. L’éruption de 1930, très violente, produisit même une nuée ardente qui tua 6 personnes au débouché du Vallonazzo, un profond ravin du flanc nord. D’autres manifestations importantes, accompagnées de coulées de lave, ont eu lieu en 1954-1955, 1966-1967, 1971, 1975 et 1985-1986.

Le , une émission de lave a entraîné l’écroulement catastrophique d’une partie de la Sciara : l’arrivée de l’« avalanche de débris » dans la mer déclencha un tsunami qui ravagea les côtes de l’île[7]. La coulée de lave émise par une bouche en haut de la Sciara dura pendant plus de 6 mois. Le , une explosion paroxysmique analogue projeta des blocs vers le nord-est et vers le sud jusque sur les maisons de Ginostra : les autorités interdirent aux touristes l’accès du sommet. Puis le volcan reprit son rythme habituel. Mais le , d’abondantes coulées pénétrèrent dans la mer et furent suivies, le , par une nouvelle explosion paroxysmique. Des explosions moins violentes, quoique redoutables, se sont produites en 2010 et 2013. Pendant l'été 2014, plusieurs coulées de lave ont à nouveau sillonné la Sciara. Une forte reprise d'activité est observée également fin 2017[8]. Le , selon l’Institut national italien de géophysique (INVG), deux fortes explosions se sont produites autour de 16 h 46 sur le versant centre-sud du cratère du volcan, précédées de coulées de lave « depuis toutes les bouches actives », projetant un panache de fumée de deux kilomètres de haut. La chute des lapilli provoque des incendies dans la zone des roseaux. Un randonneur est tué[9].

Histoire humaine

L'île est connue, fréquentée et habitée depuis l'Antiquité[note 1][2]. Son économie traditionnelle se basait sur des productions agricoles typiquement méditerranéennes : olives, vignes, figues, et pêche. Jusqu'au XIXe siècle cette économie était florissante et l'île comptait jusqu'à 4 000 habitants. Après l'unité italienne, la modification des conditions économiques due au recul des cultures vivrières, la répétition d'éruptions et de tremblements de terre et enfin le mildiou — qui dans les années trente détruisit la plus rentable des cultures locales, celle des vignes — entraînèrent l'émigration essentiellement vers l'Australie et l'Amérique, au point que l'île risquait d'être laissée à l'abandon.

Ce fut le cinéaste Roberto Rossellini qui en 1949 avec son film Stromboli terra di Dio[7] attira l'attention du public et lança le tourisme, aujourd'hui ressource économique quasi-exclusive de l'île. Auparavant, en 1864, Jules Verne fait connaître le Stromboli grâce à son roman Voyage au centre de la Terre où les héros quittent le monde souterrain lors d'une éruption du volcan.

Démographie

Stromboli, 5 juin 2009.

Le principal village habité est Stromboli, au nord-est de l'île. Il est formé par les quartiers de San Vincenzo (anciennement bourg des agriculteurs), Scari, San Bartolo, Ficogrande (anciennement bourg des armateurs) et Piscità près de la plage[2].

Au sud-ouest se trouve le village de Ginostra[4], uniquement accessible depuis le sommet par un sentier difficile, ou bien par la mer ; il n'y réside qu'une dizaine d'habitants durant l'hiver. Ginostra s'enorgueillit du titre de porto più piccolo d'Italia (« plus petit port d'Italie »), les bateaux de ligne y accostent avec peine et les marchandises étaient encore récemment transportées à terre à dos d'âne.

Les résidents de l'île sont exactement 499 (nombre de votants en ) mais seulement 350 personnes restent pendant l'hiver ; les autres émigrent principalement vers Lipari, Salina et la Sicile. L'été, et selon la période, on dénombre dans l'île de 3 000 à 5 000 personnes. Beaucoup d'habitants de l'île ont cependant une maison à Milazzo (port de partance pour l'île), dans la province de Messine et vont sur l'île seulement pendant quelques mois.

L'île possède une école primaire et un collège pour les quelques jeunes résidant sur l'île. En principe, après l'école primaire, les enfants vont au collège à Lipari, où sont présents différents lycées.

Économie

Le Stromboli vu de la baie de Campora San Giovanni.

Tourisme

Le flux touristique vers l'île, qui constitue actuellement la principale ressource économique de l'île de Stromboli, fut jusqu'à la fin des années 1970, surtout représenté par des personnes à la recherche d'un environnement particulier, encore naturel et intègre et privé des commodités (il n'y avait au début, ni eau, ni électricité). Dans les décennies successives, le manque de commodités s'est réduit et le tourisme a beaucoup augmenté, même s'il est globalement resté limité à la saison estivale. En effet, au cours de l'été, l'île est particulièrement indiquée à ceux qui cherchent le calme et les petites plages tranquilles, loin du trouble des grands centres touristiques bondés, comme les Giardini-Naxos dans la baie de Messine. Tandis que Panarea attire les amateurs de discothèques, les visiteurs de l'île de Stromboli cherchent la tranquillité et c'est pour cette raison que les autorités locales interdisent la diffusion de musique dans les lieux publics à partir de 2 h du matin.

En outre, des excursions avec guides expérimentés sont organisées quotidiennement vers le volcan. Le sommet est accessible aux randonneurs : l'excursion dure environ trois heures. Il est interdit de passer la nuit au sommet, sous peine de forte amende. Après une interdiction au public d'accéder au sommet pendant quelques mois, les excursions ont à nouveau été autorisées par la sécurité civile. Le stationnement sur le sommet est toutefois limité à 40 minutes pour des groupes restreints. De l'aveu même des guides de Stromboli, la réglementation des excursions est devenue trop rigide. En effet, celle-ci limite le nombre de touristes pour chaque groupe. La prudence des autorités se justifie par l'impossibilité de prévoir les plus fortes explosions. Des traces de bombes volcaniques récentes existent sur le parcours. Par conséquent, le chemin traditionnel de montée (au-dessus de la plate-forme) a été fermé, car trop exposé à ce risque naturel.

Le plaisancier ne trouvera à Stromboli aucun amarrage convenable et les fonds en pente abrupte (50 m à quelques dizaines de mètres du rivage) interdisent tout mouillage sérieux. La seule solution consiste à s'amarrer à l'un des corps morts situés au sud-ouest de l'île. Ces corps morts appartiennent à des pêcheurs locaux qui, ayant tiré leurs barques à terre à la venue de l'été pour profiter de la manne touristique, peuvent les louer à la journée.

Notes et références

Notes

  1. Au pied du volcan ont été trouvées des habitations allant du Néolithique à l'époque gréco-romaine. La succession stratigraphique des différents niveaux permet de distinguer le Néolithique, le âge du cuivre et l'âge du bronze.

Références

  1. Visualisation sur le géoportail italien.
  2. (it) « Stromboli », sur treccani.it (consulté le ).
  3. (it) « Sciara del Fuoco », sur treccani.it (consulté le ).
  4. (it) « Île et volcan de Stromboli », sur Guide de voyages Sicile Tourisme (consulté le ).
  5. (it) « stromboliano », sur treccani.it (consulté le ).
  6. Rosi2000.
  7. « Les images spectaculaires du volcan Stromboli en éruption », sur Sciences et Avenir, (consulté le ).
  8. (it) « Continua spettacolare eruzione a Stromboli », Gazetta del sul, (lire en ligne, consulté le )
  9. (it) « Stromboli, violente esplosioni: morto un escursionista, un altro ferito », sur Repubblica.it, Repubblica, (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • (it) F. Longo, Il mare di pietra. Eolie o i 7 luoghi dello spirito, Laterza, .
  • (it) Loredana Farina, Dai diari della ricerca a Stromboli. Itinerari antropologici per la progettazione dell'insularità, Rende, Centro Editoriale e Librario, Università della Calabria, .
  • (en) M. Rosi, A. Bertagnini, P. Landi, Onset of persistent activity at Stromboli volcano (Italy) », Bull. of Volcanology, no 62, , p. 294-300.
  • J.-C. Tanguy, D. Decobecq, Dictionnaire des volcans, Gisserot, Paris, 2009, p. 216-217.

Liens externes

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