Statue de Napoléon (Rouen)

La statue équestre de Napoléon Ier est une œuvre en bronze du sculpteur Vital Gabriel Dubray située place du Général-de-Gaulle à Rouen[1],[2].

Description

La statue équestre en bronze représente l'empereur Napoléon Ier en train de saluer sur son cheval cabré, le regard tourné vers la cathédrale. Le cheval repose sur trois appuis : les deux pattes arrière et la queue du cheval. Le bronze provient de canons d'Austerlitz avec lesquels avaient été fondus les balanciers de l'hôtel de la Monnaie[3].

Le piédestal est l'œuvre de l'architecte du département, Louis-François Desmarest. D'une hauteur de 5,80 m, il est en granite de Flamanville, le socle étant en granite de Sainte-Honorine. Sur quatre panneaux en marbre griotte d'Italie sont gravées en lettres d'or les institutions impériales : « Empire français », « Code Napoléon », « Concordat », « Légion d'honneur ». Sur le devant du piédestal (face à la rue Jean-Lecanuet) est écrit sur le même marbre griotte : « À Napoléon Ier la Ville de Rouen et le Département de la Seine-Inférieure MDCCCLXV. » Sur l'arrière du piédestal (côté hôtel de ville) est inclus un bas-relief en bronze représentant le premier consul lors de la visite de la manufacture des frères Sévène en 1802 d'après un dessin de Jean-Baptiste Isabey. Enfin, les cinq panneaux de marbre et le bas-relief sont enchâssés dans des cadres de bronze enchaînés les uns aux autres sur l'ensemble du pourtour du piédestal.

Bas-relief en bronze sur le piédestal du monument : « Le premier consul visite les manufactures du faubourg Saint-Sever et récompense le plus ancien ouvrier de l'industrie rouennaise 2 novembre 1802 ».

La statue et les bronzes décoratifs du piédestal (dont les blasons de l'Empereur et de la ville de Rouen) ont été réalisés dans les ateliers du fondeur Victor Thiébaut à Paris.

Historique

La statue est inaugurée le , jour anniversaire de Napoléon, par le maréchal Vaillant, ministre des beaux-arts, en présence d'Alphonse Gautier, conseiller d'État, et de Charles Verdrel, maire de Rouen[4],[5], qui déclare : « [La ville de Rouen] a élevé, au lieu même où il [Bonaparte] est descendu dans nos murs, un Monument destiné à rappeler qu'avec son règne a commencé pour nous une ère nouvelle et que notre industrie est une des créations de son génie ». Et de conclure : « … que ce Monument du premier Empereur, autour duquel nous nous groupons tous avec bonheur, soit en même temps un gage de reconnaissance pour Lui … ».

À cette occasion, Charles Verdrel est fait commandeur de la Légion d'honneur. Vital-Dubray, Louis-François Desmarest et Théodore Bachelet reçoivent également la Légion d'honneur. Un des frères Godard réalise une ascension en ballon depuis le Champ de Mars[6].

Sous l'Occupation, la statue échappe à la fonte[7].

Restauration de l'œuvre

À la suite de l'apparition d'une fissure dans le pied droit du cheval, la statue d'un poids de 4 tonnes est démontée le afin d'être restaurée à Saint-Rémy-lès-Chevreuse (fonderie de Coubertin[8]).

Une boîte métallique est ainsi mise au jour, disposée probablement quelques jours avant ou lors de l'inauguration dans le socle. Mise en lieu sûr, le temps de réunir les compétences nécessaires pour procéder à son ouverture, le coffre s'avère contenir « trois piles de papiers et un tube de laiton ». Les documents et le tube sont confiés à des restaurateurs afin d'être exploités par les historiens[9]. Le fait est porté à la connaissance du public en .

Incertitude sur le retour de l'œuvre

En , le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol annonce sa volonté de lancer une consultation citoyenne pour évoquer la possibilité de remplacer la statue de Napoléon installée devant l'hôtel de ville depuis 1865 par une statue ou une œuvre d'art dédiée à Gisèle Halimi. L'idée suscite de vives réactions, notamment sur les réseaux sociaux[10],[11]. L'historien Thierry Lentz, directeur de la fondation Napoléon, rappelle alors que « Napoléon a participé à la prospérité de la ville en soutenant les manufactures textiles… C'était assez logique de voir les citoyens vouloir honorer ce souverain bienfaiteur. » Pour lui, le fait de retirer cette statue s'apparente à de « la destruction mémorielle »[12].

Le monument à l'Empereur a déjà failli faire les frais des opinions politiques des édiles successeurs de Verdrel : en 1881, « on projette de fondre le bronze pour en faire une statue de la République »[13]. Le sujet frôle le cocasse quand un rédacteur suggère de ne laisser que le cheval, « qui n'a jamais manifesté d'opinion politique »[14].

Notes et références

  1. Yvon Pailhès, Rouen : un passé toujours présent… : rues, monuments, jardins, personnages, Luneray, Bertout, , 285 p. (ISBN 2-86743-219-7, OCLC 466680895), « La statue de Napoléon », p. 178-179.
  2. « Monument à Napoléon Ier à Rouen », sur e-monumen
  3. « Monument de l'empereur Napoléon 1er à Rouen », Journal de Rouen, , p. 3 (ISSN 2430-8242, e-ISSN 2505-1911, notice BnF no FRBNF44432236, lire en ligne, consulté le ).
  4. Henry Barbet, Inauguration à Rouen de la statue équestre de Napoléon Ier, 15 août 1865, Rouen, impr. de Ch.-F. Lapierre et Cie, , 8 p.
  5. Guy Pessiot (préf. Daniel Lavallée), Histoire de Rouen 1850-1900, éditions du P'tit Normand, , 250 p., p. 35
  6. « Le 15 août à Rouen. Inauguration de la statue de Napoléon 1er », Journal de Rouen, , p. 1-2 (ISSN 2430-8242, e-ISSN 2505-1911, notice BnF no FRBNF44432236, lire en ligne, consulté le )
  7. « Seules statues de bronze Napoléon 1er, le centaure Nessus, Boieldieu et Pierre Corneille ont trouvé grâce… », Journal de Rouen, Rouen, no 309, , p. 2 col. 2 (ISSN 2430-8242, lire en ligne [jpg]).
  8. tendanceouest.fr, 28 juin 2020.
  9. Rouen : un trésor caché sous la statue de Napoléon, franceinfo, 5 février 2021.
  10. Laurent Derouet, Rouen : le maire voudrait remplacer la statue de Napoléon par une œuvre dédiée à Gisèle Halimi, leparisien.fr, 11 septembre 2020.
  11. Nice : Le sort d'une statue de Napoléon déclenche duel à fleuret moucheté entre Christian Estrosi et le maire de Rouen, 20minutes.fr, 21 septembre 2020.
  12. Laurent Derouet, Rouen : un historien défend la statue de Napoléon, leparisien.fr, 15 septembre 2020.
  13. Loïc Vadelorge, [https://books.openedition.org/pur/10999?lang=fr Rouen sous la IIIe République, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2005.
  14. Philippe Poirrier et Loïc Vadelorge, « La statuaire provinciale sous la IIIe République. Une étude comparée : Rouen et Dijon », Revue d’histoire moderne et contemporaine, Société d’histoire moderne et contemporaine, 1995, 42 (2), p. 240-269.

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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