Staffage

En peinture, le mot staffage, terme hybride provenant de l'allemand, désigne les figures humaines et animales d'une scène, en particulier dans les paysages, qui ne sont pas le sujet principal de l'œuvre.

Paysage classique avec staffage, fin du XVIIe siècle, Étienne Allegrain.
La Répudiation d'Agar, 1668, Le Lorrain.

Origine et définition

Avant l'adoption de ce mot dans les arts visuels[N 1] entre la fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle, Staffage était utilisé dans la langue allemande pour désigner les accessoires ou les objets décoratifs[1] : il vient du mot allemand stafferen (décorer)[N 2] et du suffixe français « -age »[2]. August Demmin le définit ainsi :

« Staffage vient du mot allemand staffel (degré), staffeley (chevalet), et staffieren (garnir) ; il désigne en peinture ce que l'on appelle en français peuplé, c'est-à-dire la partie d'un tableau formée par les figures d'hommes et de femmes qui « animent » un paysage[3]. »

Le mot peut avoir deux acceptions[réf. nécessaire] :

  • comme terme général pour désigner toute figure dans une œuvre, même si elles sont, au moins ostensiblement, le sujet principal ;
  • comme terme descriptif pour les figures sans identité ni histoire spécifique, qui sont à peine incluses pour des raisons décoratives ou de composition. Ici, le staffage est les accessoires de la scène, quoiqu'il ajoute de la vie à l'œuvre ; il peut ajouter de la profondeur à la peinture, renforcer le sujet principal et aider à donner une échelle claire des éléments de la composition.

Les figures de staffage de ce second sens sont toujours anonymes et doivent être distinguées des autres figures identifiées, également utilisées dans des paysages, pourtant le plus souvent exécutées avec les mêmes techniques et proportions. Cependant, quand des figures mythologiques ou bibliques sont utilisées au lieu de bergers et de soldats anonymes, par exemple, le staffage a l'effet, selon la contemporaine théorie de la hiérarchie des genres, de transformer une peinture de paysage en une peinture plus prestigieuse, et souvent de plus grande valeur : la peinture d'histoire — et ceci même quand les figures sont petites au milieu de larges paysages. Ces peintures sont souvent intitulées sous la forme Paysage avec... ou Paysage classique avec... en détaillant le staffage ou en mettant tout simplement le mot « staffage »[réf. nécessaire].

Le staffage doit être distingué des figures de personnage dans la peinture de genre, qui sont également anonymes et représentent typiquement des personnes communes, mais sont invariablement le sujet principal de la peinture.

Utilisation

Pendant la période baroque, des peintres tels que Nicolas Poussin et Le Lorrain utilisaient régulièrement le staffage. Des spécialistes du paysage collaboraient avec d'autres peintres plus à même de peindre des figures humaines afin qu'ils réalisent le staffage de leurs toiles.

Certains artistes avaient dessiné leurs propres modèles afin de les réutiliser à plusieurs reprises, et on peut voir des personnages identiques d'une peinture à l'autre d'un même artiste ; parfois même, ces modèles étaient prêtés entre artistes. Au XIXe siècle, des livres circulaient avec des modèles de centaines de différentes figures de staffage destinées aux peintres afin qu'ils les « coupent et les collent » dans leurs compositions[4].

Notes et références

  1. Le terme est également utilisé en photographie, par exemple, quand des personnes sont présentes dans la composition alors que celle-ci n'est pas basée sur leur présence.
  2. Lequel vient du bas allemand « stafferen », du moyen allemand « stoffēren » ou « staffēren », du moyen néerlandais « stofferen » et du moyen français « estoffer » — tous ces mots signifiant fourrer, éditer, décorer[2].
  1. (en) David Gethin John, Images of Goethe Through Schiller's Egmont, Montréal, McGill-Queen's Press, , 326 p. (ISBN 0-7735-1681-6, lire en ligne), p. 195.
  2. (en) « Origin of Staffage », sur merriam-webster.com (consulté le ).
  3. August Demmin, Guide de l'amateur de faïences et porcelaines : poteries, terres cuites, peintures sur lave..., vol. 2, Paris, Vve J. Renouard, , 656 p. (lire en ligne), p. 629 (note).
  4. (en) Maurice Rickards, « Staffage », dans The Encyclopedia of Ephemera: A Guide to the Fragmentary Documents of Everyday Life for the Collector, Curator, and Historian, Psychology Press, , 420 p. (ISBN 9780415926485, lire en ligne), p. 310.
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