Sport chanbara

Le Sport chanbara (スポーツチャンバラ) ou "Spochan"[1] consiste en un combat entre deux participants avec des armes égales ou différentes, de façon libre mais possédant néanmoins des règles minimum[2]. Le « chanbara » est une forme d'onomatopée japonaise qui exprime le bruit des sabres qui s'entrechoquent dans le combat des samourais[3].

Pour l’article homonyme, voir Chanbara.

Sport chanbara

Autres noms Chanbara
Domaine Arme
Forme de combat Semi-contact
Pays d’origine Japon
Fondateur Tetsundo Tanabe
Dérive de Kenjutsu
Pratiquants 300 000
Fédération mondiale International Sports Chanbara Association

Définition

Championnat de France 2015.

Souvent assimilé au kendo, il en est totalement différent de par sa liberté de pratique, sa façon de combattre et ses nombreuses armes différentes utilisables (kodachi, choken, yari, tanto...). Le sport chanbara se veut l’héritier direct et fidèle des combats livrés entre samouraïs de par son esprit et son réalisme. En effet, à la différence d’autres arts martiaux, le sport chanbara n’a pas subi de codification extrême puisque tous les coups susceptibles de défaire l’adversaire sont admis. Les armes étant en matériaux modernes souples et flexibles, les seules protections nécessaires sont un casque et des gants sans armature rigide. Ce type d'arme ne fait que rendre ce sport plus spectaculaire car la façon de combattre peut être totalement libre, du moment que l'on respecte les règles de base du combat au sabre[4],[5].

Histoire

Le sport chanbara est un art martial développé en 1971 par Tanabe Tetsundo[4] (né le ) et quelques-uns des meilleurs escrimeurs japonais[6]. Bien qu'ils fussent assez traditionalistes, ils reconnurent que leur société changeait rapidement et que ce que les gens ont appris il y a 100 ans plus tôt n'intéressait pas les adolescents. De ce constat est né le sport chanbara, art martial basé sur le goshinjyutu, l'art de la self-défense. Cette discipline s'est donc propagée à travers le Japon, elle a même été reconnue par le département de l'éducation du Japon et beaucoup d'écoles incluent le sport chanbara dans l'éducation physique des enfants.

Cet art s'est rapidement développé dans les autres pays : États-Unis, Canada, Australie, France, Italie, Russie (ainsi que dans de nombreux pays d’Europe centrale, Égypte et Chine) et la Nouvelle-Calédonie et les championnats du monde se déroulent chaque automne au Japon depuis 35 ans. Il a été importé en France en 1994 par quatre kendoka français (Kenichi Yoshimura, Claude Hamot, Claude Pruvost et Jean-Claude Girot) au sein de la Fédération française de judo et disciplines associées[6]. Comptent également au nombre des membres fondateurs : Malik Agaoua, H. Brutschi, E. Hamot, JP. Labru, JP. Montigny, JP. Soulas, M. Meresse, R. Motard, G. Tran, S. Vo Xuan, J. Cherruault.

Ayant plus de 300 000 pratiquants au Japon, ce sport compte en 2015 en France un peu plus de 1 400 licenciés[7]. Plusieurs centaines de judoka le pratiquent également de façon non officielle.

Équipement

L'équipement requis rapproche la pratique du chanbara de celle démocratisée du Judo et du Karaté :

  • Keikogi blanc sans manches.
  • Tee-shirt à manches longues et de couleur unie porté sous la veste de kimono.
  • Gants[8] (sans armatures rigides) dont le port est conseillé pour l'entrainement mais est obligatoire en compétition. Il arrive que les pratiquants utilisent également les kote (甲手) gants protégeant les poignets et une partie des avant-bras de Kendo.
  • Casques[8] sont ceux vendus dans le commerce et ayant reçu l’approbation de la commission sport chanbara. Ils sont généralement blancs, noirs ou rouges en mousse rembourrée avec une grille transparente pour protéger le visage.

La pratique des entrainements et des compétitions est obligatoirement pieds nus sauf protection justifiée.

Armes

Les armes sont celles vendues dans le commerce et ayant reçu l’approbation de la commission sport chanbara. Elles sont noires et sans modifications.

On peut trouver 2 types d'armes :

  • Les classiques, en mousse avec une tige de plastique en leur milieu[9].
  • Les gonflables, développées au Japon et qui arrivent progressivement en France.

Les organisateurs se réservent le droit de vérifier toute arme qui semblerait litigieuse (forme, état d’entretien, poids, taille, …). On peut utiliser les armes suivantes :

  • le Kodachi (sabre court, 60cm)[8],
  • le Choken (sabre long, 100cm)[8],
  • le Tantō (poignard, 40cm)[8],
  • le Yari (lance, au-dessous de 210cm)[8],
  • la Naginata (hallebarde, au-dessus de 210 cm),
  • le Jhou (arme à 2 "lames" ou bâton, au-dessous de 140cm),
  • le Bou (arme à 2 "lames" ou bâton, au-dessous de 210cm),
  • le Tate (bouclier utilisé avec un Kodachi).

Enseignement

L'apprentissage commence par le Kodachi puis le Choken Morote, le Nito, …

Pour l'instant, en France, seules sont enseignées les pratiques du Kodachi, Choken Morote (à 2 mains), Choken Ryote (ou libre au choix à 1 ou 2 mains), Nito (二刀 à 2 mains, kodachi et choken combinés), Yari et Tanto.

Kata

Kihon dosa

Si la pratique du sport chanbara est très libre, elle intègre progressivement (bien que plus tardivement que dans les autres arts martiaux japonais) la pratique des kata. Les kata sont des enchaînements précis de techniques sous une forme entièrement codifiée (y compris les saluts) synthèse de différentes écoles anciennes. Ils se composent de séquences codifiées de combat entre deux partenaires appelés :

  • uchitachi joue le rôle d'attaquant
  • shitachi conclut l'action.

L'objectif du kata est l'exécution fluide sans faille des techniques et l'accent est mis sur la qualité et l'authenticité de l'exécution. Pour cette raison, les kata se révèlent très pédagogiques pour se perfectionner dans l'exécution des différentes techniques.

Kiai

Le kiai est un cri obtenu par une forte expiration ventrale. Il permet de libérer les efforts au moment de l'assaut[10]. En kendo, on enseigne aux débutants à crier le nom de la partie visée par la frappe (kote, men, do) pour développer le kiai. Au fil de la progression, le cri sera remplacé par un kiai plus personnel. Dans les kata les coups ne sont pas systématiquement accompagnés d'un kiai, mais le dernier coup est traditionnellement accompagné de « Ya ! » (uchidachi) et de « To ! » (shidachi).

Ki ken tai no itchi

La notion fondamentale du sport chanbara, comme au kendō, est le ki ken tai no itchi (気剣体の一致, l'esprit, le sabre et le corps en un)[11] ou Kikentai itchi, autrement dit l'unité entre :

  • l'énergie (ki), qui désigne la détermination dans l'assaut. Le ki se manifeste par le kiai, le cri que pousse le combattant lorsqu'il porte une attaque ;
  • le sabre (ken), qui représente le coup porté. Celui-ci doit être délivré avec la partie valable du shinai (datotsu-bu) correctement orienté (le « tranchant » du shinai devant « couper » la partie touchée);
  • et le corps (tai) qui désigne l'engagement du corps représenté par une frappe du pied avant au sol qui doit être exécutée dans le même temps que la coupe et le kiai.

Étiquette

La pratique du sport chanbara applique cette maxime héritée du kendo : « Le kendo commence et se termine par un salut ». Cette règle fondamentale enseignée dans tous les dojo souligne l'importance de l'étiquette qui fait totalement partie de la pratique du kendo. Les saluts (en début et fin de cours, en début et fin de combat), la façon de s'aligner dans le dojo, la manière de s'équiper, de tenir les armes hors combat, etc., font l'objet d'un ensemble de conventions dont l'origine remonte à l'époque des samurai et dont le détail peut quelquefois varier selon les professeurs et les dojo. L'étiquette exprime le respect et la gratitude envers les autres pratiquants et les professeurs, mais aussi envers le dojo et le matériel.

Compétitions

Championnat de France 2015
  • Individuelle :

Combat en 2 points (2 coupes franches ou coups d'estoc dit "tsuki" avec kiai) pour la réglementation Française.

Combat en 1 point avec Ai Uchi (frappe simultanée) éliminatoire pour la réglementation internationale.

Catégories d’armes par âge et sexe

  • Par équipes mixtes :
    • Sept combattants obligatoirement majeurs par équipe (hommes, femmes mélangés) : cinq titulaires, deux remplaçants non obligatoires.
      Kodachi et Choken Morote (tenu à deux mains) en nombre libre. Un Yari, un Nito, un Choken Libre, un Tate au maximum mais non obligatoires.
      Les cinq combattants se présentent dans un ordre libre défini lors de l'inscription de l'équipe à la compétition. Si l'un des 5 titulaires vient à se blesser, l'un des deux remplaçants prend sa place dans l'équipe en combattant avec l'arme dans laquelle le blessé était inscrit.
    • Trois combattants par équipe (un Kodachi, un Nito et un Choken libre) pour la réglementation internationale avec comme ordre de présentation obligatoire : le Kodachi en premier, le Choken libre en second et le Nito en dernier. Les clubs peuvent présenter 2 équipes au maximum, chacune d'entre elles devant obligatoirement être composée de combattants du même club (mixité interdite). L'intérêt de la compétition par équipe en France, est de combattre contre des armes différentes (kodachi contre choken, nito contre Yari, etc.).

Notes et références

  1. Diminutif utilisé par Sensei Tetsundo Tanabe lui-même sur le site de la fédération internationale
  2. S. G., « Sa nouvelle appellation est Kousaï Judo Jujitsu Chanbara », La République du Centre, (lire en ligne).
  3. « À la découverte du chanbara, un kendo ludique », Ouest-France, (lire en ligne).
  4. Mireille Chatelet, « Stage national de chanbara », Le Journal de Saône-et-Loire, (lire en ligne).
  5. Grégory Martin, Essai sur les territoires du judo en France, Université Michel de Montaigne - Bordeaux III, (lire en ligne), p. 34.
  6. « Unité d'Enseignement Sport chanbara », sur univ-paris-diderot.fr (consulté le ).
  7. « La fédération en chiffres : Nombre total de licences saison 2014/2015 à la date du 11 avril 2015 », sur ffjudo.com (consulté le ).
  8. « La pratique du Judo en Île-de-France », Les dossiers de l'IRDS, Institut régional de développement du sport, (consulté le ), p. 6.
  9. Un modèle a été brevetée par le fondateur lui-même : (en) Soft sword and soft rod sur Freepatentsonline.com
  10. S'il ne porte pas ce nom, on en voit souvent la manifestation chez les joueurs de tennis lors de la frappe de la balle ou chez les haltérophiles lors de l'arrachement des poids.
  11. "Itchi" est parfois improprement orthographié "ichi" en écriture romaine. En effet en japonais le mot 一致 (à ne pas confondre avec 一 "ichi", le chiffre 1) présente un redoublement de la consonne centrale "t" qui se traduit en alphabet romain par l'ajout d'une lettre "t" après le premier "i".

Articles connexes

Liens externes

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