Spoliation des Juifs par les nazis

La spoliation des Juifs organisée par l'Allemagne nazie s'est déroulée en Allemagne et aussi dans les États alliés de l'Allemagne et les pays occupés, avec d'éventuelles répercussions dans des pays neutres : Suisse, Espagne, Portugal...

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Affiche apposée après , dans l'Aisne, sur les commerces juifs, dans le cadre de la politique d'aryanisation, indiquant la nomination d'un commissaire-gérant aryen (Archives départementales de l'Aisne).
Les biens juifs spoliés étaient vendus à l'hôtel Drouot par les autorités sous l'Occupation allemande. Ici une page de catalogue intitulée Biens israélites.
L'en-tête d'origine " Commissariat général aux questions juives" a été caviardé pour que l'enveloppe soit réutilisée par le Service des restitutions du ministère des Finances, probablement à cause de la pénurie de papier de l'après-guerre.

Les premières mesures de l'État national-socialiste et la fin de la Seconde Guerre mondiale peuvent être retenues comme limites chronologiques.

Un autre problème vient de la quantité des objets concernés, environ un million de mètres cubes, et de la diversité des objets d'art, de collection et de valeur saisis par les nazis. Figurent à côté des biens juifs les biens des déportés non israélites.

Mesures françaises de restitution

Créé par la loi française du , le Commissariat général aux questions juives intervient dans les deux zones pour la politique de spoliation et d’aryanisation en France.

Dès l’hiver 1944 Émile Terroine, un professeur et un résistant est nommé administrateur-séquestre du CRQJ (Commissariat Régional aux questions juives de Lyon). Il va forcer les administrateurs provisoires à justifier de leur gestion. À Lyon, la mission d'Émile Terroine a permis la restitution en 1945 de 63 % des biens aryanisés. Il rédige un rapport demandant l’extension de sa mission et le est créé à Paris le Service de restitution des biens des victimes des lois et mesures de spoliation par la direction du blocus du Ministère des Finances dont il prend la direction. Il est nommé rapporteur du décret de l’ordonnance d’ qui annule les ventes et liquidations de biens juifs opérées pendant la guerre.[1]

Lionel Jospin fut assez étonné qu'un journaliste américain, lors d'une conférence de presse aux États-Unis, lui demande s'il n'était gêné d'être à Matignon assis sur un fauteuil volé aux Juifs. Le Premier ministre d'alors ignorait le sort des biens retrouvés en Allemagne. Lors de son retour, il convoqua les responsables du musée du Louvre, et leur demanda de prendre toutes les mesures pour hâter les restitutions des meubles, tableaux et objets d'arts détenus par les musées. Certains départements firent le nécessaire, mais pas tous. Par exemple, le département des peintures eut une incompréhensible attitude d'obstruction à la restitution[2].

Tableau restitué par le département des peintures du musée du Louvre, à la suite d'une décision de justice :

  • Alexandre le Grand et Campaspe dans l'atelier d'Apelle, de Giovanni Battista Tiepolo, arrêt du (Gentili di Giuseppe contre musée du Louvre), tableau vendu 2 202 500 US$ vente aux enchères publiques chez Christie's à New York du .

En Suisse

La spoliation des Juifs en Suisse a surtout concerné les biens qui avaient été placés dans les banques suisses par des personnes vivant à l'étranger et qui furent ensuite déportées. Leurs héritiers n'ont pas pu récupérer les avoirs, et les comptes sont tombés en déshérence. Après de fortes pressions exercées par les communautés juives américaines notamment, la Suisse a décidé de se pencher sur son passé et a ouvert une enquête sur son attitude durant la Seconde Guerre mondiale, mandatant pour cela une Commission indépendante d’experts « Suisse – Seconde Guerre mondiale » (CIE), présidée par l'historien Jean-François Bergier[3]. Cette commission, créée en 1996 par le Parlement, a rendu son rapport en 2002. En 1997, la Confédération suisse mettait en outre sur pied le Fonds suisse en faveur des victimes de l'Holocauste, sans lien avec l'accord à conclure par les banques en faveur des plaignants juifs.

Bibliographie

  • Laurent Douzou : Voler les Juifs, Lyon 1940-1944
  • Sarah Gensburger, Album de la spoliation des juifs de Paris, 1940-1944, Ed. Textuel, 2010. Recension de Philippe Dagen dans Le Monde daté du « Pillage et approximations[4] » p. 8: ...Quant aux images, elles sont sidérantes : accumulations de casseroles et de radios, piles de caisses dans les salles du Louvre,... Tout cela est photographié avec l'effrayante neutralité de l'indifférence.
  • Martin Jungius, Un vol organisé : L'État français et la spoliation des biens juifs, 1940-1944, trad. de l'allemand par Nicole Casanova et Olivier Mannoni, Tallandier, 2012
  • Emmanuelle Polack, Le Marché de l'art sous l'Occupation : 1940-1944, Tallandier, 2019, 304 p.
  • France. Mission d'étude sur la spoliation des Juifs de France, Aryanisation économique et restitutions, rapport réd. par Antoine Prost, Rémi Skoutelski et Sonia Étienne, Paris, La Documentation française, 2000, 286 pages.

Notes et références

  1. Après la guerre, les restitutions, de Catherine Bernstein, coécrit avec J.-M. Dreyfus (Fr., 2015, 55 min) FR3 Jeudi 19 janvier 23h15.
  2. Face à cette attitude des descendants de familles juives spoliées firent un procès au musée du Louvre. Ayant gagné ces procès et retrouvant leurs biens, plusieurs familles mirent des tableaux italiens en vente à New York (précisions à venir).
  3. Le site de la Commission d'experts suisses
  4. Le terme approximations désigne un autre livre : Monuments Men de Robert M. Esdel et Berd Winter.

Voir aussi

  • Portail de la culture juive et du judaïsme
  • Portail de la Seconde Guerre mondiale
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