Snoezelen

Le snoezelen est une stimulation multisensorielle contrôlée, une pratique visant à éveiller la sensorialité de la personne stimulée, dans une ambiance sécurisante.

Définition

Lancée au Centre Hartenberg à Ede (Pays-Bas) vers 1974 par Ad Verheul et Jan Hulsegge, le snoezelen est une pratique[1] de stimulation visant à établir une relation personnelle, dans un milieu naturel ou non, permettant de vivre une expérience sensorielle, subjective et constructive. La pratique vise à éveiller la sensorialité de la personne stimulée grâce à une relation privilégiée, sécurisante, réduisant les tensions tout en motivant à l'action au service d'une réalisation de son être.
Le terme « snoezelen » (nom masculin, prononcé /ˈsnuzələ(n)/) est un néologisme résultant de la concaténation des mots néerlandais : snuffelen « sentir » et doezelen « somnoler ». L'appellation alternative de « stimulation multisensorielle contrôlée » est parfois utilisée (surtout dans sa version anglaise Controlled Multisensory Stimulation) quoique la notion de contrôle soit plutôt contradictoire avec les principes de base de la discipline.

Principes de base

Le snoezelen est une pratique non-directive. L'objectif est de donner du bien-être à la personne stimulée au travers du plaisir que lui procure l'activité dans laquelle elle est impliquée. La démarche est basée sur l'éveil de la personne stimulée au monde extérieur par le biais de son corps et de ses cinq sens. Cet éveil permet à la personne stimulée de prendre une meilleure conscience de l'ici et maintenant et ainsi de donner plus de substance à sa relation au réel. L'accompagnateur apporte son aide en écoutant les réponses aux stimuli et en agissant sur l'ambiance si nécessaire.

La pratique du snoezelen est avant tout une affaire de savoir-être sensoriel de la part de la personne stimulante envers la personne stimulée. De ce fait, il n'est pas indispensable de disposer d'un lieu adapté pour le pratiquer. Même si elle a été expérimentée en premier lieu en santé mentale, la pratique est devenue universelle et ne se destine plus exclusivement à une population particulière, ni à une tranche d'âge, ni encore à des pathologies spécifiques.

Les deux pôles

Snuffelen (explorer)Doezelen (somnoler)
Pôle d'activitéPôle de détente
Explorer sensoriellementCâliner, détendre, lézarder
Mode actifMode passif
Fait appel à la sensorialité et à la motricitéFait appel à l'émotion et à l'affectif
Favorise la motivation à l'action (agréable on continue, désagréable on arrête)Apporte confort, sécurité et relâchement
Être acteurOuverture sensorielle

Pratique dans un contexte thérapeutique

Le snoezelen est connu pour ses effets positifs sur les personnes vivants avec des handicaps mentaux sévères. Ces personnes se caractérisent par le fait qu'il est difficile de communiquer avec elles avec des moyens traditionnels. Ne faisant pas appel à la communication verbale, le snoezelen permet de stimuler des personnes autistes.

Outre les personnes autistes, le snoezelen est aussi utilisé avec des patients avec handicaps lourds. Les recherches sur les apports objectifs de la méthode sont rares et basées sur des modèles d'essais cliniques variables[2],[3].

Pratique en gériatrie

Une des caractéristiques de la personne âgée, c'est sa distanciation progressive du monde réel. Sa dépendance, son anxiété, ses mécanismes de défense rigidifiés, ses troubles du comportement contribuent à l'éloigner des êtres qui l'entourent. La pratique du snoezelen avec la personne âgée l'aidera à ouvrir son relationnel pour rétablir le lien avec son environnement de vie, avec l'humain. Les principes de base de la pratique sont applicables par le personnel soignant dans tous les gestes du quotidien (plutôt que lors de séances dédicacées). Les notions de respect des rythmes, d'attention, de présence, d'écoute et de tendresse figurent parmi celles mises en œuvre pour sécuriser, apaiser, libérer les émotions, créer le lien et encourager l'échange avec les seniors.

Enfants dans un espace conçu pour le snoezelen.
(Crédit photo : Het Balanske, Tielt-Winge, Belgique).
Espace de snoezelen dans la maison d'un enfant handicapé mental aux Pays-Bas.

L'espace de snoezelen

Lorsque la fréquence et les exigences de professionnalisme l'exigent, la pratique du snoezelen peut faire appel à un espace dédié qui soit à la fois apaisant et stimulant : l'espace de snoezelen aussi appelé environnement multisensoriel (en anglais : Multisensory Environment). Ces espaces sont spécialement conçus pour pouvoir cibler les stimuli sens par sens, notamment au travers d'effets lumineux, de jeux de couleurs, de sons, de musique, de parfums, etc. L'utilisation de différentes textures de matières sur les murs permet une exploration tactile. Le sol est agencé de façon à stimuler la recherche d'équilibre. L'espace est typiquement adapté par la personne stimulante avant la séance afin de solliciter plusieurs sens à la fois ou, au contraire, pour se concentrer sur un seul sens. L'adaptation se fait en jouant sur les différents paramètres de l'espace que sont les éclairages, l'atmosphère, les sons et les textures afin de répondre au contexte spécifique de la ou des personne(s) à stimuler.

Aujourd'hui, des espaces de snoezelen existent dans certaines institutions spécialisées du monde entier. L'Allemagne est le pays où la pratique connaît le plus grand déploiement avec plus de mille espaces recensés (voir lien vers ISNA).

Des espaces de snoezelen existent également dans des habitations privées, essentiellement dans les familles comptant une personne handicapée, mais pas exclusivement.

Exploitation commerciale

La pratique du snoezelen bénéficie d'une image positive qui pousse certains spécialistes et opérateurs à en faire une exploitation commerciale plus ou moins heureuse selon les cas. L'exploitation commerciale concerne à la fois l'expertise humaine (congrès, formations, consultance en tous genres) mais aussi l'expertise technique et l'équipement spécialisé nécessaires pour les espaces de snoezelen, opportunément présentés comme indispensables à la pratique (ce qui est inexact). Dans certains pays, les investissements pour la création d'espaces de snoezelen peuvent être partiellement pris en charge par la communauté. La pratique n'étant pas réglementée, elle manque encore de transparence. Il est par exemple très difficile de trouver des informations ouvertes au public sur la tarification des séances de snoezelen données par un praticien autorisé dans un espace dédié.

Notes et références

  1. Le terme de « pratique » est préférable à ceux de « méthode », « thérapie » ou « technique » dans la mesure où le snoezelen s'appuie sur des capacités d'échanges sensoriels et non sur l'application de recettes ou de procédures reproductibles et formatées.
  2. (en) Chung JCC, Lai CKY. « Snoezelen for dementia » The Cochrane Database of Systematic Reviews 2002, Issue 4. Art. No.: CD003152. DOI:10.1002/14651858.CD003152.
  3. (en) Lancioni GE, Cuvo AJ, O'Reilly MF. « Snoezelen: an overview of research with people with developmental disabilities and dementia » Disabil Rehabil. 2002;24:175-84. PMID 11926258.

Voir aussi

Bibliographie

  • Bernard Godderidge, Olivier Quentin et Patrice d’Arfeuille, Snoezelen, un monde de sens, Éditions Pétrarque *
  • Dr Samir Salman, Snoezelen, une thérapie par les sens, Éditions Pétrarque *
  • Line Berbigier Eschauzier, Snœzelen, la maladie d’Alzheimer & la Communication dynamique non directive, Éditions Pétrarque *
  • Patrice d'Arfeuille, Guide Réussir son projet multisensoriel, Éditions Pétrarque *
  • Claire Dhinaut, Snoezelen et quoi encore : témoignages, Nice, Éditions Bénévent, 2008 (OCLC 470601079)

Liens externes

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