Site archéologique de Brion

Le site archéologique de Brion est un complexe protohistorique et antique situé sur le territoire de la commune de Saint-Germain-d'Esteuil, dans le département de la Gironde, en France. Il correspond vraisemblablement à l'emplacement de la cité ancienne de Noviomagus[Laquelle ?].

Site archéologique de Brion

Le théâtre de Brion.
Localisation
Pays France
Lieu Gaule Aquitaine
Département Gironde
Région Nouvelle-Aquitaine
Commune Saint-Germain-d'Esteuil
Protection  Inscrit MH (1984, Théâtre)
Coordonnées 45° 16′ 45″ nord, 0° 50′ 29″ ouest
Altitude m
Superficie 18 ha
Géolocalisation sur la carte : Gironde
Site archéologique de Brion
Géolocalisation sur la carte : France
Site archéologique de Brion

Localisation

Le site se trouve au cœur du Médoc entre Lesparre-Médoc et Pauillac, à 5 km à l'ouest de l'estuaire de la Gironde. Il est implanté sur une élévation calcaire au fond du marais de Reysson, sur un terrain en partie boisée, à environ 600 m à l'ouest du hameau de Brion[1]. On y accède à partir du bourg de Saint-Germain d'Esteuil, soit en passant par Barbannes, soit par Boyentran.

Ouvert toute l'année, des visites guidées sont organisées par la maison du patrimoine de Saint-Germain-d'Esteuil.

Historique de l'occupation

Les occupations de ce site s’étendent du IIIe s. av. J.-C. au milieu du IIe s. apr. J.-C. puis, de manière sporadique, du IIIe s. au Ve s. et enfin au XIVe s. Il apparaît maintenant que, selon toute vraisemblance, ce fut celle que le savant grec Ptolémée citait dans sa « Géographie », vers l'an 130 de notre ère, sous le nom de Noviomagus[2]. Noviomagus était alors, avec Burdigala -le Bordeaux antique-, l'une des quelque vingt villes de l'Aquitaine romaine qui s'étendait de la Loire aux Pyrénées. Le site se trouvait au fond d'une vaste baie en communication avec la Gironde, progressivement comblée puis assainie[3].

Redécouverte à l'époque contemporaine

Plan du site archéologique.

Un site prometteur

En 1784, l'abbé Baurein, dans ses « Variétés Bordelaises », fût le premier à citer les ruines de la ville de Brion dont l'origine romaine lui parut vraisemblable. Léo Drouyn, après avoir visité les lieux en 1853, donna, dans sa « Guienne Militaire », une description très détaillée du site. Très impressionné par l'importance et la diversité des vestiges romains, il conclut à l'identification à la ville de Noviomagus citée par Ptolémée au second siècle de notre ère. En 1890, Camille Jullian, le célèbre historien de la Gaule, confirma cette identification dans ses « Inscriptions Romaines de Bordeaux », précisant qu'il s'agissait « des ruines les plus importantes du Médoc »[4].

Recherches récentes et aménagement du site

En 1966, Charles Galy-Aché et Jean Chevrier firent identifier par M. Coupry, directeur des Antiquités Historiques, les restes d'un théâtre gallo-romain du Haut Empire, puis, en 1976, les sondages de M. Cathérineau mirent en évidence les vestiges d'un habitat pré-romain. De 1985 à 1990, l'action d'envergure qui se traduisit par la mise en place d'un chantier-école à l'initiative de M. Garmy, avec le concours de des professeurs Maurin et Coffyn, des étudiants de l'Université Bordeaux-Montaigne et de l'association archéologique locale présidée par M. Castagné. Bien que d'autres vestiges soient toujours enfouis, les fouilles sont arrêtées en attente de mesures de protection ou de restauration qui permettront d'éviter la dégradation des structures dégagées[5]. En 2011, le chercheur Vivien Mathé a ausculté le sol grâce à une technique électromagnétique. Des bassins thermaux ont peut-être été détectés.

Description

Les vestiges visibles du site archéologique de Brion sont ceux d'une ville gallo-romaine construite vers le milieu du premier siècle de notre ère. Le site se compose d'un théâtre antique, d'une voie romaine, d'une zone d'habitats, d'un bâtiment public et d'un temple de type fanum.

Le théâtre antique

Vestiges du théâtre.

Le théâtre de Brion, inscrit aux monuments historiques depuis 1984[6], date de la deuxième moitié du 1er siècle de notre ère. C'est actuellement le seul théâtre gallo-romain connu dans le bassin aquitain au sud de la Garonne. Son plan, qui a pu être reconstitué à partir des maçonneries apparentes, fait ressortir ses principales caractéristiques : la cavea (hémicycle) formée de quatre anneaux concentriques sur lesquels étaient posés les gradins, l'orchestra de 23 mètres de diamètre au centre de la cavea, la scène et le mur de scène dont la longueur est égale au diamètre de la cavea (57 mètres). Sa capacité était de 2 500 à 3 000 places.

A l'intérieur se trouvent les restes d'une maison forte correspondant à une réoccupation médiévale de faible durée. L'ensemble comprend une tour, un corps de logis, une basse-cour et une enceinte. Placée au centre, la tour est un bâtiment carré de dix mètres de côté. Elle est aujourd'hui conservée sur une hauteur de 2 à 3 mètres. De forme rectangulaire, le corps de logis se compose de quatre pièces. L'extrémité nord du promontoire semble avoir constitué la basse-cour[7]. Une enceinte est formée de la combinaison des structures antiques et d'un système de talus et fossés créé au Moyen-Age. Il s'agit du témoignage architectural le plus tardif du site.

Le temple

Le temple de tradition celtique.

Le temple de tradition celtique, ou fanum, fut construit entre 60 et 80 de notre ère. Il aurait été détruit par un incendie, peut-être au début du IIIe siècle. Des temples semblables n'ont été trouvés jusqu'ici que dans quelques grands centres de la Gaule.

Actuellement, il ne reste que la base des murs et le revêtement de sol sur lequel les fouilles ont révélé des tuiles, des enduits peints, des débris de marbre, de frises et de chapiteaux[8].

Au centre, la cella, sanctuaire réservé aux statues et à la représentation des dieux. Puis, une galerie couverte, lieu de procession. Enfin, un bâtiment annexe, à l'intérieur d'un 3ème mur. La cella s'ouvre à l'est sur une sorte de podium[9].

La voie romaine, les habitats et le bâtiment public

Le parallélisme des murs prouve l'existence d'un véritable plan d'urbanisme.

Objets découverts

Les amphores

Les restes de 140 amphores trouvés sur le site sont conservés à la maison du patrimoine de Saint-Germain-d'Esteuil. Il s'agit, dans une très grande proportion, d'amphores à vin. Aux 2ème et 1er siècles avant notre ère, le vin provenait d'Italie (type Dressel 1, longue). Après la conquête romaine, il venait de Catalogne ou de Narbonnaise (type Pascual 1, courte). Puis, les amphores disparurent, laissant penser à une production locale conditionnée en tonneaux[10].

Monnaies

De nombreuses monnaies ont été trouvées, depuis les monnaies celtiques des derniers siècles avant notre ère, jusqu'aux monnaies romaines du début du IVe siècle[11].

Enjeux actuels

A l'écart des sentiers touristiques et sans budget suffisant, de nombreux vestiges restent sous terre et le site est menacé par la végétation[12]. Pour Philippe Buggin, maire de Saint-Germain-d'Esteuil, la commune n'a que les moyens de pourvoir « au minimum vital » de celui-ci, c'est-à-dire l'entretien courant et la mise en place d'une signalétique. « Nous aimerions le mettre mieux en valeur, mais c'est compliqué »[13].

Notes et références

  1. http://sge.archeohistoire.pagesperso-orange.fr/Brion/FR/LIEU.HTM
  2. Ephrem, Brice, « Saint-Germain-d’Esteuil – Brion », ADLFI. Archéologie de la France - Informations. une revue Gallia, USR 3225 MAE René-Ginouvès, (ISSN 2114-0502, lire en ligne, consulté le ).
  3. http://sge.archeohistoire.pagesperso-orange.fr/Brion/FR/HISTORIK.HTM
  4. « Site archéologique de Brion », sur cestenfrance.fr (consulté le ).
  5. Dany Barraud, « L'agglomération antique de Brion à Saint-Germain-d'Esteuil (Gironde). Organisation de l'espace, structures et formes de l'urbanisme », sur ouvertes.fr, Aquitania, (consulté le ), p. 215-242.
  6. Notice no PA00083745, base Mérimée, ministère français de la Culture
  7. « Il fait revivre les ruines médocaines », sur sudouest.fr, (consulté le ).
  8. http://www.saintgermaindesteuil.com/hautbrion.html
  9. http://sge.archeohistoire.pagesperso-orange.fr/Brion/FR/TEMPLE.HTM
  10. http://www.caruso33.net/site-archeologique-brion.html
  11. http://sge.archeohistoire.pagesperso-orange.fr/Brion/FR/MONNAIES.HTM
  12. « Saint-Germain-d'Esteuil (33) : un trésor archéologique en déshérence », sur sudouest.fr, (consulté le ).
  13. « Une cité antique unique à valoriser », sur sudouest.fr, (consulté le ).
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