Simon Gutman

Simon Gutman ( à Varsovie (Pologne) - ), est un Français d'origine polonaise, déporté à l'âge de 18 ans vers Auschwitz par le premier convoi de Juifs de France, survivant et témoin de la Shoah.

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Biographie

Les premières années

Simon Gutman est né le à Varsovie en Pologne[1]. Son père, David Gutman arrive en France en 1929. Il travaille comme apiéceur à domicile. Il fait ensuite venir sa femme et ses quatre enfants. Deux autres enfants naissent à Paris. En septembre 1940, Il est arrêté pour espionnage au bénéfice de l'Angleterre. Simon Gutman, alors adolescent n'hésite pas à demander un entretien avec le préfet de police pour démonter cette accusation et faire libérer son père[2]. Lycéen, il est arrêté lors de la rafle du 20 août 1941[3] et transféré à Drancy. Il est déporté dans le convoi no 1 du , parti de Drancy et de Compiègne vers Auschwitz.

La déportation

Arrivé dans le complexe d'Auschwitz, Simon Gutman est transféré à Birkenau. Il y subit la violence extrême des Kapos, des condamnés de droit commun allemands. Les conditions de vie y sont particulièrement dures. La mortalité parmi les déportés du premier convoi est effrayante. En aout 1942, 1 008 des 1 112 déportés ont perdu la vie à cause de la faim et des mauvais traitements[4]. Simon Gutman devient le numéro 27815, numéro qu'il doit mémoriser en Allemand pour les appels, ce qui ne lui est pas trop difficile à faire car il comprend le Yiddish. Il doit pendant plusieurs semaines transporter des briques d'une endroit à l'autre puis en sens inverse[5]. Le Kapo, un véritable sadique les fait lever à 3 heures du matin et les arrose d'eau froide[6]. Un jour, un prisonnier politique allemand, affecté au cuisine, demande un aide cuisinier. C'est Simon Gutman qui est choisi. Cet affectation lui sauve la vie même s'il est régulièrement battu par les cuisiniers polonais[7] et s'il ne comprend rien aux ordres donnés en Polonais[8] car il peut mieux se nourrir[9]. Il songe un temps à se suicider[10].

Il apprend que son frère ainé Maurice, arrêté lors de la rafle du billet vert en mai 1941 a été déporté à Auschwitz et y a péri dans les chambres à gaz. Il parvient à retrouver son père déporté dans un autre secteur du camp. Il l'aide à survivre en lui donnant un peu de sa ration. Finalement son père est envoyé à Varsovie en juin 1943 pour déblayer les ruines du ghetto[11].

Simon Gutman est ensuite transféré au Kommando s'occupant des vêtements des déportés[12]. Malade du typhus, il est sélectionné pour la chambre à gaz mais il est "oublié" dans le block 7 de Birkenau dans un état comateux, ce qui lui sauve la vie[13]. Il est transféré au camp de concentration du Stutthof en octobre 1944. Il n'y reste que peu de temps[14]. Il est ensuite envoyé dans celui d'Hailfingen, de Dautmergen et d'Altshausen en Allemagne[15]. Il parvient à s'enfuir en février 1945 près de Dachau lors d'une marche de la mort avec quatre autres déportés dont Emanuel Mink[16] et un jeune juif polonais de 12 ans[17]. Au terme d'une longue errance, les cinq fuyards rencontrent le une colonne de la 2e DB près d'Altshausen dans le sud du Bade-Wurtemberg et sont libérés[18].

Après guerre

À son retour en France, Simon Gutman ne retrouve que son père. Sa mère, ses trois frères et ses deux soeurs ont tous été assassinés[15]. Il se marie en 1947 à Paris avec une rescapée polonaise avec qui il a deux enfants. Il fonde rue de Turenne, une prospère entreprise de prêt-à-porter[19]. Il meurt le à l'âge de 97 ans[20]. C'était le dernier rescapé du premier convoi.

Bibliographie

Alain Vincenot, Rescapés d'Auschwitz - Les derniers témoins, Editions de l'Archipel, 2015,

Documentaire

Notes et références

  1. Alain Vincenot, Rescapés d'Auschwitz - Les derniers témoins, Editions de l'Archipel, 2015,
  2. Alain Vincenot, Rescapés d'Auschwitz - Les derniers témoins, Editions de l'Archipel, 2015,
  3. Antoine Fouchet, Rescapés du premier convoi de juifs pour Auschwitz-Birkenau, ils témoignent, La Croix, 26 mars 2012,
  4. Robert Belleret, Premier convoi pour Auschwitz, Lemonde.fr, 26 mars 2002
  5. Alain Vincenot, Rescapés d'Auschwitz - Les derniers témoins, Editions de l'Archipel, 2015,
  6. France: Simon Gutman, « mémoire d’Auschwitz », est mort à 97 ans, Agence France Presse, 7 octobre 2020, repris par Médiapart
  7. Simon Gutman, survivant du premier convoi de juifs de France pour Auschwitz, Ladépèche.fr, 26 mars 2012
  8. Esther Lagarde, Il y a 70 ans, la premier convoi de déportation partait de Drancy, Libération, 27 mars 2012
  9. Robert Belleret, Premier convoi pour Auschwitz, Lemonde.fr, 26 mars 2002
  10. Esther Lagarde, Il y a 70 ans, la premier convoi de déportation partait de Drancy, Libération, 27 mars 2012,
  11. Robert Belleret, Premier convoi pour Auschwitz, Lemonde.fr, 26 mars 2002
  12. Antoine Fouchet, Rescapés du premier convoi de juifs pour Auschwitz-Birkenau, ils témoignent, La Croix, 26 mars 2012,
  13. Simon Gutman, survivant du premier convoi de juifs de France pour Auschwitz, Ladépèche.fr, 26 mars 2012
  14. Alain Vincenot, Rescapés d'Auschwitz - Les derniers témoins, Editions de l'Archipel, 2015,
  15. « Les témoins - Gutman Simon », sur memoiresdesdeportations.org (consulté le ).
  16. Alain Vincenot, Rescapés d'Auschwitz - Les derniers témoins, Editions de l'Archipel, 2015,
  17. Antoine Fouchet, Rescapés du premier convoi de juifs pour Auschwitz-Birkenau, ils témoignent, La Croix, 26 mars 2012,
  18. AFP, « Simon Gutman, survivant du premier convoi de juifs de France pour Auschwitz », sur lepoint.fr, (consulté le ).
  19. Alain Vincenot, Rescapés d'Auschwitz - Les derniers témoins, Editions de l'Archipel, 2015,
  20. Ph.L., « Décès de Simon Gutman, rescapé d’Auschwitz », sur leparisien.fr, (consulté le ).

Article connexe

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