Shrinkflation

La shrinkflation (ou réduflation) est une stratégie commerciale par laquelle, alors que la quantité d'un bien diminue, le prix du bien est stable ou augmente.

Histoire

L'origine du concept est inconnu. Le terme est construit à partir de l'anglais to shrink, qui signifie « se réduire », et « inflation ». La première utilisation du terme est inconnue. Il semble avoir été popularisé au début des années 2000[1].

Toutefois, les exemples empiriques abondent depuis les années 2000 dans le monde.

En France, la Coca-Cola Company a fait baisser le nombre de décilitres dans leurs bouteilles de Coca, en faisant augmenter les prix, dans le but de compenser la taxe soda mise en place en 2012[2].

Le phénomène touche également fortement le Japon, dans un contexte de ralentissement économique et de Yen faible qui réduit les marges des entreprises. Ces dernières, au lieu d'augmenter les prix, réduisent les portions. Du fait de l'augmentation de 50% du cours du cacao en 2014, la tablette de chocolat Meiji passe de 55 à 50 grammes la même année, avec un maintien du prix (105 yens)[3].

Le Nouvel Économiste analyse la montée de la shrinkflation au Royaume-Uni comme une conséquence indirecte du Brexit, qui a fait plonger la Livre sterling et a réduit les marges des entreprises. Plutôt que de relever les prix, ce qui aurait pu faire baisser la demande de ces biens, les entreprises ont préféré fait baisser la quantité de leurs biens en maintenant le prix identique, compensant ainsi les pertes économiques anticipées. Le Toblerone a ainsi été modifié de sorte à contenir moins de triangles de chocolat[4].

Le sujet prenant de l'ampleur au Royaume-Uni dans les années 2010[5], l'Office national de la statistique du pays effectue une étude annuelle, chaque année, sur le phénomène de shrinkflation. L'étude de l'année 2016 révèle qu'il n'y a pas d'accélération particulière du phénomène après le Brexit, tout en évoquant une possible accélération du phénomène dans les années à venir pour compenser les pertes économiques liées à la sortie du marché commun[6]. Cette accélération se produit durant l'année suivante[7],

Les bad buzz liées aux shrinkflations discrètes ont conduit certaines entreprises à préférer annoncer publiquement leurs mesures de shrinkflation aux consommateurs[8]. C'est ainsi que Cadbury, qui contrôle plus 50% du marché australien du chocolat, a annoncé à ses clients par l'intermédiaire des réseaux sociaux que leur tablette de chocolat basique passerait de 250 à 220 grammes, sans baisse du prix[8].

Statistiques

Typologie des biens

Peu de statistiques précises sur le phénomène existent en-dehors des études menées par l'Office national de la statistique du Royaume-Uni. L'étude pluriannuelle portant sur l'évolution des années 2015 à 2017 montre que les produits les plus fréquemment touchés sont le pain et les céréales, suivies des produits de soin, les produits sucrés et la viande[7].

Le terme de shrinkflation a été étendu au marché immobilier pour désigner le phénomène d'augmentation du prix au mètre carré lors de la division d'appartements en plusieurs petits appartements[9].

Conséquence de la baisse de la quantité

Dans une partie de leur étude portant sur un panier de 758 biens représentatif, lorsqu'une réduction du contenu a eu lieu, dans 519 cas, le prix n'a pas été modifié, et dans 110 cas, il a augmenté. Dans 129 cas uniquement (17%), le prix a baissé[7].

Autres utilisations

Le terme de shrinkflation a parfois été utilisé pour qualifier, en macroéconomie, une économie dont le produit intérieur brut diminue en même temps que les prix augmentent[10]. On trouve des utilisations de ce terme en macroéconomie depuis au moins les années 1980[11].

Notes et références

  1. (en-US) « shrinkflation », sur Macmillan Dictionary Blog, (consulté le )
  2. « La "shrinkflation" ou la nouvelle technique de certaines marques de berner subtilement les consommateurs », sur Classic 21, (consulté le )
  3. « Déflation, Inflation, Shrinkflation », sur CCI France Japon (consulté le )
  4. « La face cachée d’une inflation basse », sur Le nouvel Economiste, (consulté le )
  5. (en-GB) Damien Gayle, « Toblerone gets more gappy, but its fans are not happy », The Guardian, (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  6. (en-GB) Richard Partington Economics correspondent, « Brexit bites: more than 200 products subject to shrinkflation, says ONS », The Guardian, (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  7. « Shrinkflation - Office for National Statistics », sur www.ons.gov.uk (consulté le )
  8. « Pour le même prix, vous n'avez plus 220 mais 200 grammes de chocolat », sur VotreArgent.fr, (consulté le )
  9. (en) Chris Lewis et Pippa Malmgren, The Leadership Lab: Understanding Leadership in the 21st Century, Kogan Page Publishers, (ISBN 978-0-7494-8344-9, lire en ligne)
  10. (en) Brian Domitrovic, Econoclasts: The Rebels Who Sparked the Supply-Side Movement and Restored American Prosperity, Open Road Media, (ISBN 978-1-4976-3629-3, lire en ligne)
  11. (en) Jan Pen, Among Economists: Reflections of a Neo-classical Post Keynesian, North-Holland, (ISBN 978-0-444-87636-2, lire en ligne)
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