Shūsaku Endō

Shūsaku Endō (遠藤 周作, Endō Shūsaku), né le à Tokyo (Japon) et mort dans la même ville le d'une hépatite[1], est un écrivain japonais, connu pour avoir écrit sur sa foi catholique. Avec Junnosuke Yoshiyuki, Shōtarō Yasuoka, Junzō Shōno, Hiroyuki Agawa, Ayako Sono et Shumon Miura, Endō est catégorisé comme un « écrivain de la troisième génération », le troisième groupe d'écrivains majeurs apparus après la Seconde Guerre mondiale.

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Biographie

Peu après la naissance de Endō à Tokyo en 1923, sa famille déménage à Dalian dans le territoire de Kwantung en Mandchourie[2]. Ses parents divorcent en 1933 et sa mère part avec lui vivre au Japon chez sa soeur à Kōbe. Il reçoit le baptême à onze ans, avec sa mère qui se convertit au catholicisme à son retour en 1934 et lui donne une éducation catholique.

Il commence ses études de la littérature française à l'université Keio de Tōkyō en 1943, mais a du les interrompre pendant la guerre pour travailler dans une usine de munitions[3]. Il étudie à l'université de Lyon de 1950 à 1953[4], où il se passionne pour la littérature catholique, avant de revenir au Japon et tenter sa chance comme écrivain.

En 1955, il est lauréat du prix Akutagawa, le prix littéraire le plus prestigieux du Japon, pour son roman Shiroi Hito (L'Homme blanc).

Ses livres sont inspirés de ses expériences d'enfance: le stigmate d'être un étranger, la vie d'un patient hospitalisé et la lutte contre la tuberculose. Ils reflètent beaucoup de ses questionnements spirituels touchant les relations entre sa foi catholique, qui apparaît dans tous ses livres et en est souvent un élément central, et les traditions culturelles et religieuses japonaises. La plupart de ses personnages sont en proie à de complexes dilemmes moraux et de leurs choix résultent souvent des résultats mitigés, voire tragiques. En cela, ses travaux sont souvent comparés à ceux de Graham Greene. En fait, Greene lui-même a désigné Endō comme étant l'un des meilleurs écrivains du XXe siècle.

Œuvres traduites en français et adaptations au cinéma

La plupart de ses livres sont traduits en français, et beaucoup ont été adaptés au cinéma.

Traductions

  • 1958 : La Mer et le poison (海と毒薬), roman traduit par Miho Moto et Colette Yugué, Buchet-Chastel, 1979. (Ce roman se passe principalement à l'hôpital de Fukuoka durant la Seconde Guerre mondiale et traite des vivisections mortelles effectuées sur des pilotes américains écrasés et capturés. Il est écrit du point de vue personnel d'un des médecins, et du point de vue à la troisième personne d'un de ses collègues qui opèrent, réalisent des expériences sur les six membres d'équipage et les tuent. Cette histoire, basée sur un fait authentique, a été adaptée au cinéma en 1986 par Kei Kumai, les rôles principaux étant tenus par Eiji Okuda et Ken Watanabe.)
  • 1959 : Un admirable idiot (おバカさん), roman traduit (de l'anglais) par Nicole Tisserand, Buchet-Chastel, 1981. (L'histoire d'un Français aimable, innocent mais naïf qui visite le Tōkyō d'après-guerre.)
  • 1959-1985 : Une femme nommée Shizu, dix nouvelles (Les Derniers Martyrs ; Les Ombres ; Un homme de cinquante ans ; Adieu ; Le Retour ; La Vie ; Un homme de soixante ans ; Le Dernier Souper ; La Boîte ; Une femme nommée Shizu) traduites par Minh Nguyen-Mordvinoff, Denoël, 1997 ; réédition Gallimard ("Folio"), 2000. (A noter que le recueil Le Dernier souper et autres nouvelles, paru chez Gallimard ("Folio") en 2003, est composé de trois de ces nouvelles : Les Ombres ; Le Retour ; Le Dernier souper).
  • 1960 : Volcano (火山), roman traduit (de l'anglais) par Ariel Marinie, Buchet-Chastel, 1984 ; réédition 10/18, 1992.
  • 1963 : Fuda no tsuji, dans Anthologie de nouvelles japonaises contemporaines (Tome I), nouvelle traduite par Catherine Cadou, Gallimard, 1986.
  • 1964 : La Fille que j'ai abandonnée (わたしが・棄てた・女), roman traduit par Minh Nguyen-Mordvinoff, Denoël, 1994 ; réédition Gallimard ("Folio"), 1998. (Dans le Japon des années 1960, un étudiant cherche à tout prix à avoir une aventure sexuelle. Maladroitement, une jeune paysanne se laisse « séduire » par pitié, car elle présente une légère infirmité et lui abandonne sa virginité. Froidement, il la repousse ensuite, mais son souvenir le hante et il se sent coupable d'avoir abusé de sa gentillesse. Elle reste amoureuse de lui et vit en rêvant de le retrouver.)
  • 1965-1979 : Douleurs exquises, dix nouvelles (Un homme de quarante ans ; Un sale type ; "Cet homme-là" ; Mater dolorosa ; Unzen ; Le Jour d'avant ; Silhouettes ; Amis d'enfance ; Temps de guerre ; Japonais à Varsovie) traduites par Catherine Ancelot, Denoël, 1991 ; réédition Le Livre de poche (collection "Biblio"), 1996. (La nouvelle "Cet homme-là" est disponible dans une autre traduction, sous le titre "Une partie de moi-même", dans Cahiers du Japon n° spécial 1985 (La Littérature dans le Japon d'après-guerre - p. 23-29), Editions Sully, 1985.)
  • 1966 : Silence (沈黙), roman traduit (de l'anglais) par Henriette Guex-Rolle, Calmann-Lévy, 1971 ; réédition Denoël, 1992 ; réédition Gallimard ("Folio"), 2010. (Livre le plus célèbre d'Endō, généralement considéré comme son chef-d'œuvre, il s'agit d'un roman historique racontant l'histoire d'un missionnaire portugais, fondé sur la figure historique de Cristóvão Ferreira, dans le Japon du début du XVIIe siècle, qui apostasie, mais uniquement aux yeux des autres, le protagoniste gardant en fait en secret sa foi chrétienne.)
  • 1974 : En sifflotant (口笛をふく時), roman traduit (de l'anglais) par Anne Guglielmetti, Buchet-Chastel, 1985 ; réédition 10/18, 1992.
  • 1980 : L'Extraordinaire voyage du samouraï Hasekura (), roman traduit (de l'anglais) par Daniel Lemoine, Buchet-Chastel, 1987 (réimpression 1991). (Roman historique qui relate la mission diplomatique conduite par Tsunenaga Hasekura au Mexique et en Europe au XVIIe siècle.)
  • 1986 : Scandale (スキャンダル), roman traduit par Catherine Ancelot, Editions Stock (collection "Nouveau cabinet cosmopolite"), 1988 ; réédition Le Livre de Poche (collection "Biblio"), 2001. (Ce livre, dont l'action se déroule à Tōkyō, parle d'un romancier qui se retrouve lui-même pris dans le scandale du titre.)
  • 1993 : Le Fleuve sacré (深い河), roman traduit par Minh Nguyen-Mordvinoff, Denoël, 1996 ; réédition Gallimard ("Folio"), 2000. (Se déroulant en Inde, ce livre raconte le voyage physique et spirituel d'un groupe de touristes japonais confrontés à une vaste gamme de dilemmes spirituels et moraux dans leurs vies respectives.)

Adaptations au cinéma

Récompenses

Notes et références

  1. « Novelist Shusaku Endo Dies at 73 »
  2. (en) Olive Classe, Encyclopedia of literary translation into English, Taylor & Francis, (ISBN 978-1-884964-36-7, lire en ligne), p. 406
  3. (en) Mark B. Williams, Endo Shusaku: a literature of reconciliation, Routledge, (ISBN 978-0-415-14481-0)
  4. (en) Leith Morton, « The Image of Christ in the Fiction of Shusaka Endo », Papers in Japanese Studies, Japanese Studies Center, Monash University, numéro 8, novembre 1994

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Louis Frédéric, Le Japon, dictionnaire et civilisation, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1419 p. [détail des éditions] (ISBN 2-221-06764-9)
  • Pierre Dunoyer, Shûsaku Endô (1923-1996) - Un nouveau Graham Greene au Japon, éditions du Cerf, 2014 (ISBN 978-2-204-10020-5)
  • Nicole Hatem, « “Ce que tu as à faire, fais-le vite”. La parole du Christ à Judas, chez Kierkegaard et Shusaku Endô », in Iris. Annales de philosophie (Beyrouth), vol. 37, 2016, , p. 69-115.

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