Sergueï Malioutine

Sergueï Malioutine (en langue russe : Серге́й Васи́льевич Малю́тин), né à Moscou (Russie) le et mort dans cette ville (alors en URSS) le , est un artiste russe, peintre et architecte. Fils d'un marchand, il est né et vécut à Moscou. Il serait l'auteur de la peinture des premières poupées russes gigognes, les matriochkas, réalisées au départ dans l'atelier de la propriété d'Abramtsevo, devenues et restées très populaires en Russie. L'artisan Vasily Zvyozdochkine (en) en avait réalisé la sculpture.

Biographie

Malioutine est un artiste éclectique et polyvalent, qui est attiré par la peinture, l'artisanat d'art, l'architecture, la décoration de théâtre, l'illustration.

Peintre

Comme peintre réaliste et artiste d'art appliqué, il se fait connaître dès avant la Révolution d'octobre 1917. En 1880, il est élève libre auprès de l'École de peinture, de sculpture et d'architecture de Moscou et suit les cours d'Illarion Prianichnikov, un artiste de tradition réaliste des Ambulants ainsi que de Vladimir Makovski. Il devient maître dans le style néo-russe[1]. Il participe aux activités de l'opéra privé du mécène Savva Mamontov. Il devient lui-même membre de l'association des Ambulants en 1914. Après la Révolution d'Octobre 1917 il prend parti pour le nouveau pouvoir et travaille à sa propagande au sein de l'Association des artistes de la Russie révolutionnaire composée de peintres réalistes, socialistes, soviétiques. La première des réunions de ce groupe a d'ailleurs lieu dans son appartement en 1922. Il réalise des nombreux portraits de hauts fonctionnaires, commissaires du peuple, membres de l'intelligentsia.

Décors d'opéra, illustration

Malioutine illustre des contes, réalise les décors de l'opéra de Mikhaïl Glinka, Rouslan et Liodmila, des aquarelles pour l'opéra Sadko (1909), et pour Casse-noisettes (1913), des dessins pour des éditions de poèmes de Pouchkine.

Koschei par Sergueï Malioutine

Architecte, atelier

Au domaine de Talachkino près de Smolensk, mis sur pied par la grande-duchesse Maria Tenicheva, il dirige les ateliers et crée, ensemble avec d'autres artistes l'isba Teremok (1900-1901) pour la bibliothèque de l'école du village et l'intérieur d'un théâtre pour 200 spectateurs à Moscou (1902). Il conçoit la maison Pertsov érigée près de la cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou (en collaboration avec l'architecte Nikolaï Joukov et Boris Chnauberg) (1905-1907). Ces ateliers serviront de modèle pour le développement ultérieur de l'art russe.

Comme architecte et décorateur, Malioutine crée des œuvres étonnamment fantastiques dans le style néo-russe. Il rêve d'un renouveau de l'art national russe et s'exprime en recourant d'une manière expressionniste aux techniques de l'Art nouveau. L'art populaire ne servait que pour fournir les sujets qui étaient ensuite transférés dans des broderies au bois découpé ou à la céramique. Le Petit Terem (Teremok) dont il a dessiné les plans est une curieuse construction en bois polychrome comportant une décoration massive et exagérément bizarre mais impressionnante. La maison Pertsov construite à Moscou entre 1905 et 1907, sur base de ses ébauches, est l'une des œuvres les plus curieuses du style néo-russe. La forme de la maison évoque les débuts les plus lointains de la civilisation à une époque dont les prototypes culturels ont disparu. Il affine les formes et les amoncelle. Les pignons effilés sont recouverts de panneaux de céramique réalisés par Malioutine. La disposition des fenêtres les peintures fantastiques et les images sculptées de monstres mystérieux accentuent l'effet d'étrangeté. C'est le désir d'intégration de l'Art nouveau qui commande le recours à ces différents procédés. Le but est de rendre moins sensible la présence de différentes cellules dans un habitat de rapport et de le présenter au contraire comme un tout organique. La fonction utilitaire de l'immeuble est gommée grâce à la singularité de l'image dégagée par cet immeuble[2].

Idéaux révolutionnaires

Malioutine reste fidèle après 1922, date de fondation de l'Association des artistes de la Russie révolutionnaire, à ses idéaux et au pouvoir des Bolchéviques « porteurs de vérité et de bonheur ». Des toiles prenant comme sujet des partisans ou des brigades d'ouvriers des années 1930 en témoignent encore. Dans « Le déjeuner de la brigade » il y a de plus un élément de continuité qui relie le tableau au passé. Ces personnages, des paysans occupés à leur repas pourraient avoir été saisis par le pinceau d'un « Ambulant » trente ans plus tôt[3],[1].

Appréciation des contemporains

Références

  1. Ekaterine Degot (dir.), L'idéalisme soviétique : peinture et cinéma, 1925-1939, Fonds Mercator Europalia, , 144 p. (ISBN 978-90-6153-612-3), p. 140
  2. Andreï Ikonnikov, L'architecture russe de la période soviétique, Liège, Pierre Mardaga, , 58 et 59 p. (ISBN 2-87009-374-8, lire en ligne)
  3. Peter Leek (trad. de l'anglais), La peinture russe du XVIIIe au XXe siècle, Bournemouth, Parkstone, , 208 p. (ISBN 1-85995-356-5), p. 200
  4. Grabar parle de décoration de théâtre
  5. John Ellis Bowlt (trad. de l'anglais), Moscou et Saint Petersbourg 1900-1920, Paris, Hazan, , 391 p. (ISBN 978-2-7541-0303-9), p. 161 et 167

Articles connexes

Liens externes

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