Selfie

Un selfie, aussi appelé egoportrait[1],[2],[note 1] ou autophoto[2] en français canadien, est un autoportrait photographique pris dans un contexte social (en couple ou au sein d'un groupe), festif ou touristique (avec un arrière-plan célèbre) avec un smartphone, soit tenu à bout de bras, soit fixé au bout d'une perche à selfie.

Pour les articles homonymes, voir Selfie (homonymie).
Le président sud-coréen Lee Myung-bak prenant un selfie avec la footballeuse Ji So-yun en 2010.

Généralement pris sur le vif, un selfie est habituellement réalisé avec un appareil photographique numérique, un téléphone mobile (smartphone ou photophone), voire une webcam. Il est ensuite souvent partagé avec d'autres personnes par l'intermédiaire de MMS ou téléversé sur les réseaux sociaux pour, notamment, attester de sa présence sur un lieu ou auprès de quelqu'un (notamment lors d'une photo volée ou consentante aux côtés d'une célébrité), indiquer son profil utilisateur ou son avatar sur un réseau social, partager son état du jour ou publier certaines scènes particulières (tel le sexting d'Anthony Weiner en 2011)[3].

À l'origine, le selfie désigne l'autoportrait fait par le détenteur de l'appareil numérique mais, par abus de langage, il peut aussi désigner des photos montrant la personne en question réalisées par quelqu'un d'autre, voire le cliché d'une autre personne (youie, terme classé comme un rétronyme) des photos de groupe (group selfie, groupie ou ussie) ou même de simples objets (shelfie)[4].

Historique

Origines

Une femme à l'époque édouardienne se prenant en photo dans un miroir.
 
La grande-duchesse Anastasia Nikolaïevna prenant l'un des premiers autoportraits d'adolescentes à l'aide d'un miroir et d'un boîtier Brownie, envoyé à un ami en 1914.
Autoportrait de Cyrus Pringle, effectué à l'aide d'une corde que l'on devine en mouvement en bas à droite de la photo.

La première apparition du terme argotique de selfie connue est son emploi en septembre 2002 dans le forum australien en ligne ABC Online (en) par un jeune homme ivre, le mot se développant d'abord dans ce pays (avec la mode de rajouter le suffixe « ie » à un terme argotique pour le rendre plus attachant) avant d'être utilisé couramment en 2012 dans les médias traditionnels du monde entier[5],[6].

Son utilisation devient notable vers 2004[7] puis est expliquée dans un manuel de photographie écrit par Jim Krause l'année suivante[7]. La pratique de ces autoportraits numériques s'est en effet entre-temps développée dans les réseaux sociaux : MySpace au début des années 2000 (le selfie y est appelé MySpace pic), puis connaît son apogée avec l'avènement de Facebook à la fin des années 2000, ou de Tumblr et Instagram un peu après, et le développement des appareils photo frontaux sur les smartphones[8]. Le Petit Larousse illustré accueille le néologisme dans son édition 2015 ; un an plus tard, le Petit Robert en consacre l'usage dans la langue française[6]. Au Québec, le terme est traduit par « autophoto », « autoportrait » ou « égoportrait »[9],[10].

De nos jours

Bill Nye prenant un selfie avec le président Barack Obama et Neil deGrasse Tyson à la Maison-Blanche, le .

Des applications mobiles sont spécifiquement dédiées à la prise de selfie, telles que Shots of Me (en) ou Snapchat. L'art performance s'en est emparé (Disembodied Selfie, « Autoportrait désincarné » de Xavier Cha à la Biennale d'art contemporain de Lyon en 2013[11], des expositions lui sont consacrées[12],[13]), et le terme « Selfie » a été élu mot de l'année 2013 par les Dictionnaires d'Oxford[7],[14]. L'usage du tag, hashtag ou mot-clic #me, #selfshot, et #selfie est largement répandu sur les réseaux sociaux[7],[15].

Le selfie, considéré par certains comme un « narcissisme décomplexé[7] », est devenu un outil de communication[7],[15] ou de reconnaissance sociale[15] omniprésent sur internet[7]. En , un selfie du pape François entouré de jeunes et prise par l'un d'entre eux est diffusée sur internet[15]. Mais de nombreuses personnalités cèdent régulièrement à la tendance, telles que la famille Clinton, Bill Gates, le mannequin Cara Delevingne habituée du selfie[7], des stars de la musique ou du cinéma, ou des personnalités politiques[15],[7]. Kate Losse, anciennement chez Facebook et journaliste au New Yorker précise que « c'est désormais tellement facile de prendre des photos et de les partager que tout le monde s'y met[15]. » Pour les adolescents ultra-connectés et parfois obsédés par la célébrité[7], « le selfie fait partie intégrante de [leur] communication[15] », c'est un « moyen d'expression[15] » écartant « les plus discrets ou les plus fragiles[7] ». Parfois l'autoportrait, qui devait rester privé, est répandu sur internet et entre dans la postérité, à l'image de Scarlett Johansson nue de dos devant son miroir[16].

En juin 1998, le journaliste François Granet, alors rédacteur en chef-adjoint de la revue française L'Automobile Magazine, réalise l'un des premiers sujets[réf. nécessaire] 100% selfie : il demande aux principaux pilotes des 24 Heures du Mans auto de glisser un appareil photo jetable dans la poche de leur combinaison et de se prendre eux-mêmes en photos au fil de l'épreuve, en veillant à chaque fois à être présent sur l'image. Les pilotes vont se prêter au jeu, certains « s'autoportraitisant » en action, alors qu'ils sont au volant dans les Hunaudières[réf. nécessaire]. Les trois vainqueurs de l'épreuve, Laurent Aïello, Allan McNish et Stéphane Ortelli, pousseront l'exercice jusqu'au bout en immortalisant leur victoire depuis le podium, face à la foule, puis dos à la foule. Le cliché sera élu « image de la semaine » par le magazine anglais Autosport.[réf. nécessaire]


La culture du selfie Japonais

Le selfie moderne a ses origines dans la culture kawaii japonaise (mignonne), qui implique une obsession d'embellir l'autoreprésentation sous des formes photographiques, en particulier chez les femmes.[17] Dans les années 1990, l'autophotographie est devenue une préoccupation majeure des écolières japonaises, qui prenaient des photos avec des amis et échangeaient des copies qui pouvaient être collées dans des albums kawaii. Cela a inspiré un jeune photographe, Hiromix (Hiromi Toshikawa), à publier un album de journal photo intitulé Seventeen Girl Days, qui comprenait un certain nombre de photos autoposantes. L'un d'eux était un selfie pionnier qui a été tourné en tenant la caméra devant elle. Elle est devenue célèbre au Japon lorsque son album a été reconnu par le fabricant d'appareils photo Canon en 1995[18].

Un stand d'autocollants photo purikura dans la ville de Fukushima. Le premier purikura a été introduit par Sega et Atlus en 1995.

L'appareil photo Minolta Disc-7 de 1983 avait un miroir convexe sur le devant pour permettre la composition d'autoportraits, et son emballage montrait l'appareil photo monté sur un bâton alors qu'il était utilisé à cette fin[19]. Un "extenseur télescopique" pour les appareils photo compacts portatifs a été breveté par Ueda Hiroshi et Mima Yujiro en 1983 [20] et un bâton à selfie a été présenté dans un livre de 1995 de 101 inventions japonaises inutiles. Bien que rejeté à l'époque comme une "invention inutile", le bâton à selfie a plus tard gagné en popularité mondiale au début du XXIe siècle[21].

Purikura japonais

Un stand d'autocollants photo purikura dans la ville de Fukushima. Le premier purikura a été introduit par Sega et Atlus en 1995.

Un écran tactile sensible au stylo pour décorer des photos de selfies à l'intérieur d'un stand de purikura dans la ville de Fukushima.

Le selfie numérique provient du purikura (raccourci japonais pour "club d'impression"), qui sont des cabines d'autocollants photo japonais[22], introduites par l'industrie japonaise des jeux vidéo au milieu des années 1990. Il a été conçu en 1994 par Sasaki Miho, inspiré par la popularité de la culture photo des filles et des autocollants photo dans le Japon des années 1990. Elle a travaillé pour une société de jeux vidéo, Atlus, où elle a suggéré l'idée, mais elle a d'abord été rejetée par ses patrons masculins[23]. Atlus a finalement décidé de poursuivre l'idée de Miho [23] et l'a développée avec l'aide d'une grande société japonaise de jeux vidéo, Sega[24] , qui est devenu plus tard le propriétaire d'Atlus [18]. Sega et Atlus ont présenté le Print Club (Purinto Kurabu), le premier purikura [18], en , initialement dans les salles de jeux, avant de s'étendre à d'autres lieux de culture populaire tels que les fast-foods, les gares, les établissements de karaoké et les pistes de bowling[24]. Le succès de la machine Sega-Atlus originale a conduit d'autres sociétés japonaises de jeux d'arcade à produire leur propre purikura, notamment Neo Print de SNK en 1996 et Puri Puri Campus (Print Print Campus) de Konami en 1997[18].

Purikura a produit ce que l'on appellera plus tard des selfies.[17],[18] . Un purikura est essentiellement un croisement entre une cabine photo de licence / passeport traditionnelle et un jeu vidéo d'arcade, avec un ordinateur qui est connecté à une caméra vidéo couleur et une imprimante couleur, et qui permet la manipulation d'images numériques.[25]Cela implique des utilisateurs posant devant un appareil photo dans la cabine compacte, se faisant prendre des photos, puis imprimant les photos avec divers effets conçus pour ressembler à kawaii[17]. Il présente une série de choix, tels que les décors souhaités, les bordures, les décorations insérables, les icônes, les options d'écriture de texte, les extensions de cheveux, les diadèmes en diamant scintillant[18],[24] les effets de lumière attendris et les marges décoratives prédéfinies[17] . Purikura est devenu une forme de divertissement populaire parmi les jeunes au Japon, puis en Asie de l'Est, dans les années 1990. Ces filtres photographiques étaient similaires aux filtres Snapchat qui sont apparus plus tard dans les années 2010[26]. Les fonctionnalités photographiques de purikura ont ensuite été adoptées par des applications pour smartphones telles qu'Instagram et Snapchat, notamment le griffonnage de graffitis ou la saisie de texte sur des selfies, l'ajout de fonctionnalités qui embellissent l'image et des options d'édition de photos telles que des moustaches de chat ou des oreilles de lapin[27].

Popularisation à l’étranger

En dehors de l'Asie de l'Est, le concept de téléchargement de photos de groupe prises sur Internet, bien qu'avec un appareil photo jetable au lieu d'un smartphone, remonte à une page Web créée par des Australiens en , y compris des photos prises à la fin des années 1990 (capturées par Internet Archive en )[28],[29],[30].

Le , la première utilisation connue du mot selfie dans n'importe quel support papier ou électronique est apparue dans un forum Internet australien - le Dr Karl Self-Serve Science Forum de Karl Kruszelnicki - dans un article de Nathan Hope[31].Bien que Hope ait rejeté plus tard l'idée qu'il a inventé le terme, le décrivant comme "quelque chose qui n'était qu'un argot courant à l'époque, utilisé pour décrire une image de vous-même", il a écrit ce qui suit: "Hum, ivre à 21 ans, j'ai trébuché et j'ai atterri la lèvre en premier (avec les dents de devant arrivant très près en deuxième position) sur une série de marches. J'avais un trou d'environ 1 cm de long à travers ma lèvre inférieure. c'était un selfie. " Le téléphone mobile Sony Ericsson Z1010, sorti fin 2003, a introduit sur les marchés occidentaux le concept d'une caméra frontale, qui pourrait être utilisée pour les selfies et les appels vidéo[32].Ces caméras sont devenues courantes sur les appareils mobiles, tels que l'iPhone 4 (2010)[33]. L'iPhone 4, qui a adopté la fonction de caméra frontale des téléphones japonais et coréens antérieurs, a contribué à populariser le selfie au niveau international, en dehors de l'Asie de l'Est[17].
En 2011, le service de partage de photos et de réseaux sociaux Instagram a introduit des filtres automatiques, permettant aux utilisateurs de modifier facilement leurs photos.[33] En 2013, le mot selfie a été ajouté au Oxford English Dictionary[34].

Variantes

Laurent Aïello, Stéphane Ortelli et Allan McNish, vainqueurs des 24 Heures du Mans 1998, font un selfie qui sera publié dans un reportage.
Autoportrait accidentel par un éléphant avec une caméra GoPro à Ko Pha Ngan, Thaïlande[35].

La photo peut être prise avec le portrait légèrement incliné, pour mieux capter le regard, mais aussi sous de nombreuses autres variantes[7] :

  • selfie duck face (la bouche en bec de canard)[15] ;
  • selfie miroir ;
  • selfie enlaidisseur ;
  • legsie (montrant ses jambes nues étendues dont le hot-dog legs selfie en contre-plongée) ;
  • cadré sur les cheveux (helfie), ou la poitrine féminine (breastie)[36], vu de fesse (belfie)[37] ;
  • pris ivre (drelfie) ou nu (nelfie)[38] ;
  • avec son chien (delfie)[39] ;
  • objet sur une étagère (shelfie, notamment devant des bibliothèques pleines de livres, le bookshelfie), en incluant la présence du photographe ;
  • en montrant sa musculature (welfie) ;
  • comprenant une personne seule ou bien en groupe (group selfie, groupie ou ussie, notamment les selfies de famille, le relfie[40] ou en duo pour le selfie d'amoureux) ;
  • avec un intrus faisant irruption dans le cadre (selfie photobomb)[41] ;
  • selfie pendant des obsèques[42] ;
  • après l'acte sexuel[43] ;
  • séquence vidéo à l'aide d'un drone volant, commençant par un plan serré sur la personne et s'achevant par un plan aérien montrant le paysage spectaculaire (dronie)[44] ;
  • selfie d’animaux.

Un selfie peut être publié sur les réseaux sociaux après adjonction d'un filtre photographique[15].

Usages marketing

Le selfie de groupe pris par Bradley Cooper pendant les Oscars 2014 et mis en ligne sur Twitter par Ellen DeGeneres est l'une des photos les plus retweetées de l'Histoire[45] et se révèle être un placement de produit de Samsung, commanditaire de la soirée, pour promouvoir son Galaxy Note 3, placement qui peut être estimé entre 800 millions et 1 milliard de dollars selon Maurice Lévy[46]. Ce selfie bat le précédent record, 778 801 retweets du selfie de Barack Obama à la suite de l'élection présidentielle américaine de 2012[47].

Le , le joueur de baseball David Ortiz prend un selfie avec le président américain Barack Obama, sans que ce dernier sache qu'il s'agissait d'une publicité déguisée, le joueur de baseball ayant un contrat de sponsoring avec le fabricant de téléphones Samsung[48]. La Maison-Blanche a fortement condamné la méthode trompeuse et s'est engagée à poursuivre le fabricant de téléphones devant les tribunaux[49].

À Taïwan, un entrepreneur créé[Quand ?] un « manche à selfie », une baguette qui porte et stabilise le téléphone lors de la prise de photo[48], communément appelé perche à selfie.

Approche anthropologique

La mode du selfie a suscité un certain nombre d'études critiques.

Plusieurs auteurs caractérisent la mode du selfie comme une manifestation narcissique, un amour de soi ou de sa propre image irraisonné, aboutissement de l'individualisme dans les sociétés postmodernes[50],[51]. Par exemple, pendant la campagne présidentielle aux États-Unis en 2016, il est arrivé que l'ensemble du public tourne le dos à la candidate Hillary Clinton afin de réaliser des selfies, attitude qui apparaît comme le comble du narcissisme[52].

Le selfie, selon Éric Sadin, est destiné à louanger l'individu[53][réf. incomplète]. D’après le psychiatre Laurent Schmitt, le selfie correspond à une image presque parfaite de soi-même, qui ne correspond plus forcément à la réalité[53]. Selon lui, le selfie est même devenu un langage commun dans lequel l'individu exprime sa personnalité de manière hypertrophiée.

Au milieu des années 2010, des essais explorent la nature de ce « phénomène socio-culturel[6] », d'un point de vue sociologique, esthétique, philosophique, psychologue et moral, et mettent en lumière la manifestation d'une stratégie communicationnelle qui vise à compenser la perte du réel dans une société contemporaine où l'écran est miroir du monde[54],[55]. L'essayiste Jean-Paul Brighelli souligne la différence entre l'autoportrait en peinture et le selfie : « la peinture suppose un travail, une réinterprétation — elle fait œuvre  », permise par une éducation du regard et de la main. Brighelli oppose le selfie, expression narcissique d'un « culte hédoniste de l'instant présent » à l'autoportrait peint, expression d'un travail sur soi-même et de l'insertion dans une culture artistique. Le selfie lui semble ainsi dériver de la croyance de Rousseau que le soi inéduqué est bon, alors que l'autoportrait peint, dépendant de l'apprentissage d'une tradition picturale, est l'expression d'un soi fondé sur l'assimilation consciente de l'apport de l'autre, tel qu'exploré par Paul Valéry[56]. À l'inverse, l'historien André Gunthert rappelle que l'utilisation de daguerréotypes, à l'époque, a été qualifiée également de pratique narcissique. Il rappelle aussi que les selfies réalisés sont souvent collectifs, loin de l'autoportrait, et incorporent couramment de l'humour et de la dérision. La vraie nouveauté pour lui, c'est que ces images ne sont pas classées dans un album ou accrochées au mur, mais communiquées par réseau. C'est une forme d'expression sociale, un « embrayeur de conversation ». Il prend également l'exemple d'un selfie ancien, antérieur au terme lui-même, la photo polaroïd prise d'elles-mêmes par Thelma et Louise, dans le film du même nom (le film de Ridley Scott), qui est une façon pour les deux héroïnes d'affirmer avec force et humour leur autonomie[57].

Controverses

Selfies de singe

Autoportrait pris par un macaque nègre ayant volé l'appareil-photo du photographe animalier David Slater.

En 2014, une polémique surgit entre le photographe animalier David Slater et le site Wikipédia, concernant un selfie pris par une macaque nègre (Macaca Nigra)[58]. David Slater a protesté lorsque la photo de cette macaque femelle, prise sur l’île de Sulawesi, en Indonésie, a été publiée sur Wikipédia[58].

La Wikimedia Foundation a refusé de retirer la photo, car elle estimait que le photographe n’en était pas l’auteur, statuant que c’est en fait la macaque qui avait attrapé l’appareil photo de Slater et, en appuyant sur le déclencheur, avait pris une série de clichés aléatoires[58]. L’affaire a beaucoup égayé la réunion annuelle de Wikipédia (la Wikimania) qui se tenait à Londres du 6 au , les participants se prenant à tour de rôle en photo aux côtés de la macaque, à commencer par Jimmy Wales, le fondateur de l’encyclopédie Wikipedia, prenant un selfie devant un écran montrant l'une des deux images incriminées du macaque[59],[58].

Le , le Bureau américain des brevets, qui dépend de la Bibliothèque du Congrès, a tranché la polémique[60], en précisant qu’échappent à la protection intellectuelle les photos prises par des singes : « Le bureau n’enregistrera pas de travaux produits par la nature, les animaux ou les plantes. »[58]. Il ajoute :

« De même, le bureau ne peut enregistrer le travail attribué à des êtres divins ou surnaturels, bien que le bureau puisse enregistrer un travail dans lequel ceux qui font la demande [de protection] affirment que ce travail a été inspiré par un esprit divin[58]. »

Selfies volés de personnalités

Une autre polémique est née en 2014 quand de nombreux selfies piratés de starlettes (comme Jennifer Lawrence, Rihanna ou Kim Kardashian), posant souvent nues (nelfies), ont été publiés sur Internet[61].

Selfies risqués

Un selfie risqué sur un Vélib, à Paris.

Le selfie risqué est une mode consistant à se prendre en photo dans une position dangereuse. Le mot killfie (de l'anglais kill et selfie) a été inventé pour désigner un selfie dangereux qui a ou peut entraîner la mort[62].

D'après une étude américano-indienne publiée en 2016, entre et , 127 personnes sont mortes à cause d'un selfie dangereux. En tête de liste, l'Inde est le pays qui enregistre le plus grand nombre de morts avec 76 décès[63],[64]. Les causes sont multiples : chute, noyade, accident de train ou véhicule, armes, électrocution ou encore cause animale[65].

Selfies morbides

Les selfies à caractère morbides consistent à prendre une photo dans un lieu associé à la mort  un endroit où de nombreuses personnes sont mortes , devant un camp de concentration, par exemple, ou à Tchernobyl, site d'une catastrophe nucléaire; ou, encore, dans la ville fantôme voisine : Prypiat. Diffusés sur les réseaux sociaux, ces selfies ont souvent fait l'objet de protestations, notamment pour des raisons de respect des victimes. Une « culture de l'exhibition » est parfois citée pour expliquer ce type de pratique, même si ses motivations peuvent être plus complexes[66].

Exemples

Notes et références

Notes

  1. Peut aussi être orthographié « égoportrait » selon les rectifications orthographiques de 1990.

Références

  1. Dany Laferrière, « Une langue intime », academie-francaise.fr, (lire en ligne, consulté le ).
  2. « égoportrait », Le Grand Dictionnaire terminologique, Office québécois de la langue française (consulté le ).
  3. (en) Vittorio Hernandez, « More Selfie Pixs and Other Admissions from Sexter Anthony Weine », sur International Business Times, .
  4. (en) Adrienne Lafrance, « When Did Group Pictures Become 'Selfies' ? », sur The Atlantic,
  5. (en) « Selfie : Australian slang term named international word of the year », sur The Guardian, .
  6. Godart 2016, p. 4.
  7. Géraldine Catalano, « Le « selfie » ou le moi jeu », L'Express, Groupe Express-Roularta, no 3253, , p. 74 à 76 (ISSN 0014-5270).
  8. (en) Ann Lepervows, Applications pour créer selfies, «B612 apk para Android»
  9. Gouvernement du Canada (entrée de TERMIUM Plus, la banque de données terminologiques et linguistiques du gouvernement du Canada), « Selfie », sur Canada.ca, (consulté le ).
  10. Godart 2016, p. 6.
  11. Xavier Cha - Biennale d'Art Contemporain 2013.
  12. Première exposition en 2013 à Londres sur le phénomène (Moving Image Contemporary Art Fair), exposition d'artistes National #Selfie Portrait Gallery.
  13. « Selfie, d’une mode vers une forme d’expression de l’art ? », Actu France, 12 mai 2014
  14. « Le « selfie » déclaré mot de l'année 2013 », sur lefigaro.fr, .
  15. Tess Lochanski, « « Selfie » pour tous », Le Nouvel Observateur, no 2555, , p. 148 à 149 (ISSN 0029-4713).
  16. « Le mot selfie », Télérama, no 3333, , p. 19 (ISSN 0040-2699) (Court encart dans la rubrique intitulée Qui ? Comment ? Pourquoi ? du magazine).
  17. (en) Lu Pan, Aestheticizing Public Space : Street Visual Politics in East Asian Cities, , 107 p. (ISBN 978-1-78320-453-3, lire en ligne)
  18. (en) Miller, Laura, 10.Purikura : Expressive Energy in Female Self-Photography, Routledge, , 550 p. (ISBN 978-1-317-52893-7, lire en ligne)
  19. (en) MINOLTA DISC-7 CAMERA, « MINOLTA DISC-7 CAMERA, 1983 », sur archive.org, (consulté le Date invalide (31 janvier 2015cé))
  20. (en) « US4530580A », sur https://worldwide.espacenet.com/
  21. (en) Alex Scola, « Turns Out Japan Invented The 'Selfie-Stick' 20 Years Ago », sur https://web.archive.org/web/, Archive (consulté le )
  22. (en) Lu Pan, CAestheticizing Public Space : Street Visual Politics in East Asian Cities, , 276 p. (ISBN 978-1-78320-453-3, lire en ligne), p107
  23. (en) Harvard University., Harvard Asia Quarterly, c, p. 32.2003 "Purikura, clipped from purinto kurabu, was invented by Atlus, a Tokyo-based game software company. A female employee named Sasaki Miho had noticed the popularity of stickers among schoolgirls, a craze that also generated huge sales. In 1994, Sasaki came up with the idea of combining stickers with photos and proposed it to her Atlus employers, but her male bosses did not think it worth pursuing until 1995, when they finally gave her concept a chance."
  24. (en) Edwards, Elizabeth F. et Janice Hart, Photographs Objects Histories : On the Materiality of Images, London/New York, Routledge, , 222 p. (ISBN 978-0-415-25441-0, lire en ligne)
  25. (en) Julia Eckel, Jens Ruchatz et Sabine Wirth, Exploring the Selfie : Historical, Theoretical, and Analytical Approaches to ..., , 392 p. (ISBN 978-3-319-57949-8, lire en ligne), c
  26. (en) ELISE HU, « Video: Japan's 'Purikura' Photo Booths Offer Snapchat-Like Filters »,
  27. (en) Joshua Hunt, « How 'playing Puri' paved the way for Snapchat », sur https://www.bbc.com/,
  28. (en) « SelfPix™ », sur https://web.archive.org/web/,
  29. (en) « bogon pictures » (version du 11 octobre 2001 sur l'Internet Archive), sur https://web.archive.org/web/,
  30. (en) « welcome to the » (version du 28 septembre 2001 sur l'Internet Archive), sur https://web.archive.org/web/,
  31. (en) ABC Science blog, « A brief history of the selfie », sur http://www.abc.net.au/news/science/,
  32. (en) « Sony Ericsson Z1010 – World’s First Phone with a Front-Facing Camera » (version du 22 octobre 2015 sur l'Internet Archive), sur https://web.archive.org/web/,
  33. (en) « A Brief History Of The Selfie », sur https://www.huffpost.com/, 6 decembre 2017c
  34. (en) « The Oxford Dictionaries Word of the Year 2013 is… » (version du 1 mars 2014 sur l'Internet Archive), sur blog.oxforddictionaries.com, .
  35. (en) « The amazing elephant selfie. But is it a world first? », sur BBC, (consulté le )
  36. breastie, article de l'Urban Dictionary.
  37. Ou butt-selfie.
  38. nelfie, article de l'Urban Dictionary.
  39. delfie, article de l'Urban Dictionary.
  40. Dérivé de la contraction de selfie et de relationship, il désigne l'autoportrait photographié de personnes vivant une relation privilégiée (amicale ou amoureuse).
  41. Anne-Claire Genthialon, « « Selfie », le mot so 2013 », sur liberation.fr, Libération, .
  42. Caroline Piquet, « Selfies at funeral : non, ces ados ne sont pas choquants », sur Slate.fr, .
  43. « Les selfies #aftersex, dernière mode Instagram et ultime trahison de l'intimité », sur Slate.fr, .
  44. Erwan Lecomte, « Après le selfie, voici le "dronie" », sur Sciences et Avenir,
  45. François Jost, « OSCARS 2014. Selfie d'Ellen DeGeneres sur Twitter : les 4 ingrédients d'un buzz parfait », Le Nouvel Observateur, (consulté le ).
  46. Eléonore Prieur, « Oscars 2014 : le selfie qui valait un milliard », sur Le Figaro, .
  47. (en) Amy Hubbard, « Oscars 2014, the year of the selfie », sur Los Angeles Times, .
  48. « A qui profite le selfie ? », Le Monde, 24 mai 2014
  49. Caroline Miklas, « La Maison Blanche furieuse après le selfie « sponsorisé » de Barack Obama avec David Ortiz », Huffington Post, 4 avril 2014.
  50. Sylviane Barthe-Liberge, « Mode ridicule du selfie : ce que cela révèle de notre personnalité », Atlantico, 26 août 2013.
  51. Marlène Duretz, « Faut-il arrêter le selfie ? », lemonde.fr, 16 janvier 2015.
  52. Article de Nadège El Ghomari, Huffpost, 26 septembre 2016.
  53. Pauliine Escouande-Gauquié, Tous selfie ! : pourquoi tous accro ?, Paris, Editions François Bourin, , 135 p. (ISBN 979-10-252-0145-9), p. 29
  54. Lichtensztejn 2015.
  55. Godart 2016.
  56. Jean-Paul Brighelli, « Rousseau et le selfie : le smartphone, néant de la conscience », sur causeur.fr, (consulté le ).
  57. Léa Iribarnegaray, « André Gunthert : « Embrayeur de conversation, le selfie doit être moche » », Libération, (lire en ligne)
  58. « Le photographe a perdu : le selfie d’un singe appartient au domaine public », Pascal Riché, pour le site Rue89 - 22 août 2014.
  59. Selfie de Jimmy Wales, sur le comte twitter de Wikimania London - 7 août 2014.
  60. (en) [PDF] « Compendium of U.S. copyright office practices - Third edition » « Copie archivée » (version du 25 septembre 2014 sur l'Internet Archive), United States Copyright Office - 19 août 2014.
  61. « Quand des selfies volés de stars nues enflamment la Toile », sur France 24,
  62. (en) Erin Vogel-Fox, Jessie Karangu, « High-risk 'killfie' trend goes viral », sur wjla.com, (consulté le )
  63. (en) Gavin Haines, « More than half of all selfie deaths have occurred in just one country », sur telegraph.co.uk, (consulté le )
  64. (en) Annie Gowen, « More people died taking selfies in India than anywhere in world, study says. Way more. », sur washingtonpost.com, (consulté le )
  65. (en) Hemank Lamba, Varun Bharadhwaj, Mayank Vachher, Divyansh Agarwal, Megha Arora, Ponnurangam Kumaraguru, « Me, Myself and My Killfie: Characterizing and Preventing Selfie Deaths », sur precog.iiitd.edu.in, (consulté le )
  66. Ophélie Ostermann, « Selfies à Tchernobyl : "La culture de l'exhibition amène à ce genre de comportement" », Madame Figaro, (consulté le ).

Annexes

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Articles connexes

Lien externe

  • Portail de la photographie
  • Portail de la sociologie
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.