Seigneurie d'Outre-Jourdain

La seigneurie d'Outre-Jourdain aussi appelée seigneurie de Montréal, du nom de sa capitale, était au XIIe siècle un fief du royaume de Jérusalem situé à l'est du Jourdain.

Ne doit pas être confondu avec Seigneurie de l'Île-de-Montréal.

Seigneurie d'Outre-Jourdain

11181189

Seigneurie d'Outre-Jourdain au XIIe siècle.
Informations générales
Statut Vassal du Royaume de Jérusalem
Capitale Montréal (1118-1140)
Kerak (1140-1188)
Histoire et événements
1183 Siège de Kerak
4 juillet 1187 Bataille de Hattin

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Histoire de la seigneurie d'Outre-Jourdain

Expansion du royaume de Jérusalem

Le royaume de Jérusalem, créé en 1099 lors de la première croisade, était le plus méridional des États latins d'Orient. Dès l'an 1100, puis en 1107 et en 1112, le roi Baudoin Ier de Jérusalem accomplit plusieurs expéditions militaires à travers l'Arabah. En 1115, Baudouin fit construire le krak de Montréal dans la région d'Édom Idumée ») à environ 50 km au sud-est de la mer Morte, puis le château de Val-Moïse[1], à proximité des vestiges de la cité nabatéenne de Pétra.

Ayant affermi la présence franque dans la région, il atteignit en 1116 la pointe nord du golfe d'Aqaba à Eilat et renforça l'île de Graye[2].

Création et développement de la Seigneurie d'Outre-Jourdain

C'est en 1118 que Baudoin Ier de Jérusalem donna ces régions en fief à Romain du Puy, un de ses chevaliers. Compromis dans la révolte du comte de Jaffa Hugues II du Puiset et suspecté de félonie, Romain du Puy fut dépossédé de ses terres au profit de Payen le Bouteiller par le roi Foulque V d'Anjou vers 1132[3]. Payen le Bouteiller consolida les positions de la seigneurie en édifiant en 1142 « Al-Karak », ou « krak des Moabites ».

La première moitié du XIIe siècle a été pour le fief, qui contrôle la route traditionnelle du «Hajj» (reliant Damas et Le Caire à Médine et La Mecque), une période de prospérité et de paix relative. Montréal apparaît comme un lieu de coexistence pacifique entre les pionniers francs et les populations indigènes[1].

Saladin

Avec l'arrivée au pouvoir de Saladin en Égypte et la prise de Damas par Nur al-Din, la seigneurie d'Outre-Jourdain va voir sa situation se détériorer.

Dès 1169, Saladin organise des raids contre les deux kraks d’Outre-Jourdain. En septembre 1171, il entreprend d’assiéger Montréal, obligeant la garnison à demander grâce contre la promesse de remettre la forteresse dans un délai de dix jours. Par chance, Saladin doit lever précipitamment le siège pour aller mater une révolte fatimide au Caire[1].

Renaud de Châtillon

Sceau de Renaud de Châtillon

En 1177, Renaud de Châtillon accède par son mariage à la tête de la seigneurie . Emprisonné 16 années par Saladin, allié des Templiers, Renaud de Châtillon est partisan d’une politique de conquête face aux musulmans et multiplie les provocations.

En 1181, malgré la trêve entre Francs et musulmans, il pille une caravane se rendant à la Mecque. En 1182, il monte une expédition en mer Rouge, pille les ports du Hedjaz, coule un bateau de pèlerins musulmans se rendant vers Jeddah et menace La Mecque et Médine[4]. En représailles, Saladin assiège le château en 1183 avec l'aide de huit mangonneaux et incendie sa plus haute tour. L'arrivée de Baudouin IV met fin au siège. En 1184, Saladin tente de prendre Kerak à l'aide de pièces d'artillerie mais échoue une fois de plus[5].

En 1187, Renaud de Châtillon brise la trêve en vigueur depuis près de six ans entre Baudouin IV de Jérusalem et Saladin et s'empare d'une caravane fortement escortée qui se rend du Caire à Damas. À cette occasion, il enlève peut-être la propre sœur[4] de Saladin qui, rompant la trêve, engage la guerre contre le royaume de Jérusalem.

La fin de la seigneurie d'Outre-Jourdain

Les États latins d'Orient en 1190 : trois ans après Hattin, les possessions franques en Palestine sont réduites à Tyr, Tripoli et Antioche.

En , plus de 12 000 musulmans assiègent les kraks de Montréal et des Moabites[1]. Le , la bataille de Hattin se solde par une victoire écrasante de Saladin. Renaud de Châtillon est fait prisonnier avec son beau-fils Homfroy IV de Toron. Il est décapité le lendemain d'un coup de sabre par Saladin en personne[4]. Des négociations sont menées avec sa veuve Étiennette de Milly afin d'échanger son fils Homfroy contre la capitulation d'Al Karak et de Montréal, malgré l'opposition des garnisons. En 1188, les défenseurs de d'Al Karac, privés de tout secours, sont obligés de capituler. Après un an et demi de siège, entre avril et juin 1189 les assiégés de Montréal, « réduits à la plus horrible famine et rendus aveugles par le manque de sel »[1], durent rendre la forteresse à Saladin. On raconte que Saladin, en hommage à leur courage, leur aurait permis de regagner sains et saufs les terres chrétiennes[5]. la reconquête menée par Saladin se poursuit, rythmée par la reddition des petits postes chrétiens établis dans les oasis. À la fin de l'année 1189, le royaume de Jérusalem, à l'exception des trois ports de Tyr, Antioche et Tripoli est reconquis par les Ayyoubides[6]

La prise de ses places fortes marque la fin effective de la seigneurie d'Outre-Jourdain ; cependant, le titre de seigneur de Mont-Réal et de Karak survit pendant un siècle et passe alors à la maison de Toron avant de s'éteindre lors de la mort sans postérité de Jean de Montfort le [4].

Les places forte de la seigneurie

Le krak de Montréal

Le « krak de Montréal »[Notes 1], ou « château d'al-Shawbak », a été construit en 1115 par Baudoin Ier[6]. Situé à 228 km au sud d’Amman, le krak de Montréal domine la vallée de l'Arabah et contrôlait les voies commerciales reliant l'Égypte, la Péninsule Arabique et la mer Rouge[7]. Outre l'aspect stratégique de sa position, le château de dressait sur une montagne qui possédait deux sources[1], au cœur d'une grande oasis très fertile[7]. Cette forteresse est restée entre les mains des Francs jusqu’à sa reddition en 1189 devant les troupes de Saladin

Le château de Val-Moïse

En 1116, Baudoin Ier atteignit la région de Wadi Moussa et le djebel Khubtha et fit construire le château de Val-Moïse ainsi que d'autres places fortes, dont les forteresses Al-Wu'ayrah et Al-Habis sur l'emplacement même du site de Pétra[8]. Petra restera entre les mains des Francs jusqu'en 1187, année de la bataille de Hattin .

Le krak de Moab

En 1142, Payen le Bouteiller fit construire le krak de Moab, aussi appelé la «Pierre du Désert». La position stratégique du fief, entre Damas et la mer Rouge, permettait de contrôler les caravanes musulmanes entre l'Égypte et la Syrie[9]. « Al-Karak » devint la ville principale de la seigneurie et la résidence de l'archevêque de Rabbah[10].

La ville de Ayla et l'île de Graye

Construite ou renforcée vers 1160, l'île de Graye permettait de contrôler la route entre Le Caire et Damas et de protéger l'oasis d'Ayla[10].

Ahamant

On identifie Ahamant avec la ville de Ma'an, sur la route du Hadj, à six heures au sud-est du krak de Montréal[10].

Féodalité

L’exécution de Renaud de Châtillon par Saladin
Guillaume de Tyr, Historia et continuation (BNF Richelieu Manuscrits Français 68, folio 399)

Le suzerain de la seigneurie d'Outre-Jourdain était le roi de Jérusalem. Les seigneurs de ce fief furent[4] :

Références

  1. Maxime Goepp, « Forteresses d'Orient : Montreal », sur www.orient-latin.com (consulté le )
  2. Maxime Goepp, « Forteresses d'Orient : Aila », sur www.orient-latin.com (consulté le )
  3. Maxime Goepp, « Forteresses d'Orient: le Kerak de Moab », sur www.orient-latin.com (consulté le )
  4. « Les Seigneurs de Mont-Réal et de la terre d'Outre le Jourdain », sur http://www.templiers.net (consulté le ) : « Sources : E. REY - Revue de l'Orient Latin »
  5. « Kerak, forteresse imprenable », sur www.clio.fr, Clio, SARL (consulté le )
  6. Jack Bocar, « Les Seigneurs du krak de Montréal », sur templierscroisades.free.fr (consulté le )
  7. « Patrimoine méditerranéen: château d'al-Shawbak », sur http://www.qantara-med.org (consulté le )
  8. (en) « Petra Crusader Castles », sur www.viajordan.com (consulté le )
  9. René Dussaud, « L' histoire du royaume de Jérusalem en fonction de ses forteresses, d'après un livre récent », Syria, no 22, , p. 271-283 (lire en ligne, consulté le )
  10. « Seigneurie de Krak et de Montréal », sur http://www.templiers.net (consulté le ) : « Sources : E. REY - Revue de l'Orient Latin. »

Notes

  1. latin : Mons regalis, Mont royal. Le terme « krak » dérive du syriaque karak signifiant « forteresse »

Voir aussi

Articles connexes

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