Seigneuriage

Le seigneuriage est l'avantage financier direct qui découle, pour l'émetteur, de l'émission d'une monnaie. Dans le cas de la monnaie fiduciaire, émise seulement par les banques centrales, il est égal au montant émis, moins ses coûts de fabrication, de mise en circulation et d'entretien (remplacement des espèces usagées). S'ajoutent à ce revenu les intérêts de refinancement du système bancaire par l'institut d'émission.

Dans le cas de la monnaie scripturale, ce sont les banques de second rang (banques commerciales) qui, ayant seules le privilège d'émettre cette monnaie sous forme de crédits, bénéficient de l'avantage financier du seigneuriage. Il est égal à la différence entre le coût de la gestion des comptes chèques et le taux d'intérêt de refinancement auprès de la banque centrale.

Origine

Le mot vient de l'ancien français seignorage, qui désignait le droit ou le privilège de battre monnaie. Il est passé tel quel en anglais, où il est parfois orthographié seigniorage.

Initialement, le seigneuriage était la plus-value réalisée lors de la transformation d'une quantité de métal en pièces de monnaie. Tout propriétaire d'or ou d'argent pouvait l'apporter à l'atelier de frappe et restait propriétaire des pièces ainsi fabriquées. Cette plus-value était fonction du coût de la transformation et des droits que pouvait s'accorder l'autorité, surtout dans le cadre d'un monopole d'émission.

Débats sur le seigneuriage

Depuis l'émission de monnaie fiduciaire par la Banque d'Angleterre au XVIIIe siècle, le débat persiste en ce qui concerne le ou les bénéficiaires de la monnaie créée au travers du crédit bancaire.

David Ricardo affirme dans ses Principes d’économie politique  : « Dans le cas de la création monétaire, l’avantage serait toujours pour ceux qui émettraient la monnaie de crédit ; et comme le gouvernement représente la nation, la nation aurait épargné l’impôt, si elle, et non la banque, avait fait elle-même l’émission de cette monnaie… Le public aurait un intérêt direct à ce que ce fût l’État, et non une compagnie de marchands ou de banquiers, qui fît cette émission ».

Une autre problématique, plus actuelle, est celle du seigneuriage issu du financement des déficits publics par le crédit bancaire. Dans le cas d'un financement d'un déficit public par du crédit bancaire, l'Etat emprunte aux banques commerciales (crédit bancaire). Or le crédit bancaire est créé par les banques commerciales, ce qui leur fait bénéficier du seigneuriage (une partie de ce dernier revient néanmoins à l'Etat à travers les impôts sur les bénéfices de ces banques).[réf. nécessaire]

Plus généralement, si l'on part du point de vue que la création monétaire est un pouvoir régalien, celui de donner sa validité juridique à une monnaie, le bénéfice privé des fruits de ce pouvoir, délégué par l'Etat aux acteurs privés que sont les banques commerciales, peut être considéré comme problématique.[réf. nécessaire]

Il faut cependant noter que les banques privées ne peuvent créer de monnaie de crédit à leur guise, puisque des réglementations imposent que la quantité de monnaie de crédit offerte par les banques soit proportionnelle à la monnaie mise en circulation par la banque centrale.[réf. nécessaire]

Utilisation des revenus de seigneuriage

Canada

Au Canada, au cours des dernières années, il y a eu un peu plus de 35 milliards de dollars canadiens de billets en circulation. Les revenus en intérêt de la Banque centrale du Canada ont fluctué entre 1,7 et 2,2 milliards de dollars par année. Une infime portion — en moyenne 130 millions — a servi à financer toutes les dépenses de fonctionnement de la Banque, tandis que l'intégralité du montant restant a été versé au compte du Receveur général. Les revenus du seigneuriage permettent donc au gouvernement fédéral de financer une partie de ses dépenses sans avoir à percevoir de taxes ni d'impôts[1].

Suisse

En Suisse, le bénéfice issu de la commercialisation des pièces commémoratives est utilisé à des fins culturelles.[réf. nécessaire]

Notes et références

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

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