Scarlat Kallimachis

Scarlat Kallimachis, Skarlatos Kallimahis en grec (Σκαρλάτος Καλλιμάχης) ou Scarlat Calimachi en roumain, né et mort à Constantinople (1773-exécuté le ) fut un prince Phanariote qui, après avoir été au service de l'Empire ottoman, devint Hospodar de Moldavie avec des interruptions de 1806 à 1819 et titulaire de jure du trône de Valachie en 1821. La monarchie était élective dans les principautés roumaines de Moldavie et de Valachie. Le souverain (voïvode, hospodar ou domnitor selon les époques et les sources) était élu par (et souvent parmi) les boyards, puis agréé par les Ottomans : pour être nommé, régner et se maintenir, il s'appuyait sur les partis de boyards et fréquemment sur les puissances voisines, habsbourgeoise, russe et surtout turque, car jusqu'en 1859 les deux principautés étaient vassales et tributaires de la « Sublime Porte »[1].

Origine

Son père Alexandre Kallimachis était déjà hospodar des principautés roumaines et sa mère était la princesse Elena Ghica. Comme son père avant lui et comme la plupart des phanariotes, Scarlat, francophone et francophile, commence par être Grand Drogman de la « Sublime Porte » de 1801 à 1806 avant d'être promu en août 1806 hospodar de Moldavie en remplacement du russophile Alexandre Moruzi, et grâce aux insistances d'Horace Sébastiani ambassadeur de France auprès du Sultan.

Un règne troublé en Moldavie

À la suite des pressions russes, Scarlat Kallimachis est destitué par la Sublime Porte dès le au profit de son prédécesseur. Mettant à profit la faiblesse du Sultan, le tsar Alexandre Ier ordonne à ses troupes d'envahir les principautés roumaines.

Entre et , la Moldavie demeure sous l’administration militaire russe. Le prince Alexandre Hangerli (mars-) puis Scarlat Kallimachis (-) nommés par les turcs n’exercent aucune autorité réelle.

Pendant leur occupation de la Moldavie, les troupes russes interviennent dans les affaires intérieures du pays qui est théoriquement dirigé par des Caïmacans : Iordache Ruset-Roznovanu jusqu’en , puis le Métropolite de Moldavie Veniamin Costache (-). Entre et , le tsar désigne plusieurs présidents de l'Assemblée des Boyards. Le , le Tsar nomme même un russe, le général Kouchnikov, président des deux assemblées de Moldavie et de Valachie.

Le traité de Bucarest de 1812 entre l'Empire russe et l'Empire ottoman inaugure une partition durable de la Moldavie, toujours divisée aujourd'hui. Selon les termes de ce traité, le Boudjak ottoman et la moitié orientale de la Moldavie, à l'est du Prut furent cédés à l'Empire Russe qui en fit sa province de Bessarabie (actuellement la République de Moldavie pour sa majeure partie), comprenant 45,630 km2, avec 482 630 habitants, 5 citadelles (Hotin, Soroca, Orhei, Tighina et Cetatea-Alba), 4 ports (Reni, Izmaïl, Chilia et Cetatea-Alba), 17 villes și 695 villages, comme précisé dans les articles 4 et 5. Scarlat Kallimachis est alors réintégré comme vassal de l'Empire ottoman de à . C'est en vain que son prédécesseur Veniamin Costache, de sa retraite religieuse, protesta contre la perte de plus d'un tiers de la Moldavie, faisant valoir que si la Principauté était vassale de la « Sublime Porte », le traité de vassalité n'en garantissait pas moins les frontières moldaves. Mais l'habileté du négociateur du Tzar, l'émigré français Alexandre de Langeron, face au représentant ottoman, le prince Démètre Mourousi, permit à la Russie de passer outre. Pour n'avoir pas su prévoir l'attaque de Napoléon contre la Russie et retarder les négociations jusque-là pour limiter les pertes ottomanes, Démètre Mourousi finit décapité sur ordre du sultan Mahmoud II. Encore aujourd'hui, le (date de la signature du traité) est un jour de deuil pour le mouvement unioniste moldo-roumain, à commémorer comme tel[2].

Dernière année

En 1821, Scarlat Kallimachis est nommé prince de Valachie en remplacement d'Alexandre Șuțu mort en janvier. Il n'exerce cependant pas le pouvoir du fait du déclenchement de la révolution républicaine roumaine de Tudor Vladimirescu et revient au Phanar, mais il est exécuté à l'âge de 48 ans pour trahison, en même temps que d'autres phanariotes suspectés d'avoir favorisé la société secrète « Filikí Etería » ("Société des Amis") et l'indépendance grecque.

Union et postérité

Scarlat Kallimachis avait épousé Smaranda Mavrogénis (1774-1842) dont:

Bibliographie

  • Alexandru Dimitrie Xenopol Histoire des Roumains de la Dacie trajane : Depuis les origines jusqu'à l'union des principautés. E Leroux Paris (1896)
  • Nicolas Iorga Histoire des Roumains et de la romanité orientale. (1920)
  • (ro) Constantin C. Giurescu & Dinu C. Giurescu, Istoria Românilor Volume III (depuis 1606), Editura Ştiinţifică şi Enciclopedică, Bucureşti, 1977.
  • Mihail Dimitri Sturdza, Dictionnaire historique et généalogique des grandes familles de Grèce, d'Albanie et de Constantinople, M.-D. Sturdza, Paris, chez l'auteur, 1983 (ASIN B0000EA1ET).
  • Jean-Michel Cantacuzène, Mille ans dans les Balkans, Éditions Christian, Paris, 1992. (ISBN 2-86496-054-0)
  • Joëlle Dalegre Grecs et Ottomans 1453-1923. De la chute de Constantinople à la fin de l’Empire Ottoman, L’Harmattan Paris (2002) (ISBN 2747521621).
  • Jean Nouzille La Moldavie, Histoire tragique d'une région européenne, Ed. Bieler (2004), (ISBN 2-9520012-1-9).
  • Traian Sandu, Histoire de la Roumanie, Perrin (2008).

Note

  1. Le candidat au trône devait ensuite "amortir ses investissements" par sa part sur les taxes et impôts, verser en outre le tribut aux Ottomans, payer ses mercenaires et s'enrichir néanmoins. Pour cela, un règne d'un semestre au moins était nécessaire, mais la "concurrence" était rude, certains princes ne parvenaient pas à se maintenir assez longtemps sur le trône, et devaient ré-essayer. Cela explique le "jeu des chaises musicales" sur les trônes, la brièveté de beaucoup de règnes, les règnes interrompus et repris, et parfois les règnes à plusieurs (co-princes). Quant au gouvernement, il était assuré par les ministres et par le Sfat domnesc (conseil des boyards).
    Concernant le tribut aux Turcs, la vassalité des principautés roumaines envers l'Empire ottoman ne signifie pas, comme le montrent par erreur beaucoup de cartes historiques, qu'elles soient devenues des provinces turques et des pays musulmans. Seuls quelques petits territoires moldaves et valaques sont devenus ottomans : en 1422 la Dobrogée au sud des bouches du Danube, en 1484 la Bessarabie alors dénommée Boudjak, au nord des bouches du Danube (ce nom ne désignait alors que les rives du Danube et de la mer Noire), en 1538 les rayas de Brăila alors dénommée Ibrahil et de Tighina alors dénommée Bender, et en 1713 la raya de Hotin. Le reste des principautés de Valachie et Moldavie (y compris la Moldavie entre Dniestr et Prut qui sera appelée Bessarabie en 1812, lors de l'annexion russe) ont conservé leurs propres lois, leur religion orthodoxe, leurs boyards, princes, ministres, armées et autonomie politique (au point de se dresser plus d'une fois contre le Sultan ottoman). Les erreurs cartographiques et historiques sont dues à l'ignorance ou à des simplifications réductrices. Voir Gilles Veinstein et Mihnea Berindei : L'Empire ottoman et les pays roumains, EHESS, Paris, 1987.
  2. Platforma civica "Actiunea 2012" sur , , et .
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