Scandale de Chiasso

Le scandale de Chiasso, appelé en allemand Der Fall Chiasso, est une affaire financière qui a éclaté au printemps 1977 en Suisse contre une succursale du Crédit suisse.

Déroulement

Dans les années 1960, trois cadres du Credit suisse (alors appelé Schweizerische Kreditanstalt) dont le directeur adjoint de la succursale de Chiasso Ernst Kuhrmeier, créent, à l’insu de leur direction, une société écran liechtensteinoise appelée « Texon », et qui servira pendant de nombreuses années à recycler illégalement de l’argent venu d’Italie.

La direction zurichoise de la banque met plusieurs années à réagir malgré une première alerte constatée en 1968 à la suite d'une plainte déposée par un directeur de l’UBS sur les méthodes employées par les employés du Crédit suisse ; non seulement aucune mesure ne sera prise, mais Ernst Kuhrmeier est même nommé directeur principal en janvier 1975[1].

Ce n’est qu’en 1977 que le scandale éclate : à la suite du premier choc pétrolier, plusieurs entreprises gérées par Texon deviennent déficitaires ; l’ensemble financier s’écroule alors d’un bloc, révélant une dette de 2,2 milliards de francs suisses et causant le limogeage des dirigeants et l’ouverture d’une enquête pénale[2]. Devant le risque de panique financière, la Banque nationale suisse (BNS) offre un crédit relais de trois milliards de francs suisses ; cette offre est cependant rejetée par les dirigeants de la banque[3].

Effets

Le , les trois principaux responsables de cette affaire sont jugés par la cour d’assises tessinoise ; ils sont condamnés à quatre ans et demi de prison et 10 000 francs suisses d’amende. Devant ce scandale, le Crédit suisse aura besoin de plusieurs années pour reconstruire sa réputation[2].

Au niveau national, ce scandale a permis de révéler les failles du système bancaire suisse et a forcé les banques à admettre qu’elles devaient exiger la preuve de l’identité de leurs clients ; le résultat tangible sera la signature en 1977, par les membres de l’Association suisse des banquiers (ASB) et la Banque nationale suisse (BNS), d’une « Convention relative à l’obligation de diligence des banques » (CDB)[4].

Sur le plan politique, le Parti socialiste suisse (PSS) lance, à la suite de cette affaire, une initiative populaire « contre l'abus du secret bancaire et de la puissance des banques » dont le but est de combattre la fraude fiscale. Cette initiative sera rejetée en votation populaire le par 73 % des votants[5].

Biographie

Références

  1. Emmanuel Garessus, « Le scandale de Chiasso, ou l'histoire d'une banque dans la banque », Le Temps, (lire en ligne)
  2. Gemma d'Urso, « La grande leçon du scandale Texon », swissinfo, (lire en ligne)
  3. Joëlle Kunz, « Une initiative contre «les abus du pouvoir des banques» », Le Temps, (lire en ligne)
  4. [PDF] Philippe Roth, La lutte contre le blanchiment d’argent en Suisse, SwissBanking, (lire en ligne)
  5. « Votation no 319 Tableau récapitulatif », sur Chancellerie fédérale (consulté le )

Liens externes

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