Sanctuaire gallo-romain du Pont des Arches

Le sanctuaire gallo-romain du Pont des Arches est constitué d’importants vestiges gallo-romains situés sur la commune de Villards-d’Héria dans le Jura.

Sanctuaire gallo-romain

Une partie des fouilles sur le site archéologique
Localisation
Pays France
Coordonnées 46° 24′ 56″ nord, 5° 45′ 10″ est
Géolocalisation sur la carte : Jura
Sanctuaire gallo-romain
Géolocalisation sur la carte : France
Sanctuaire gallo-romain

Histoire

Ce lieu était un sanctuaire du peuple gaulois des Séquanes, dont le territoire correspondait à peu près à l'actuelle Franche-Comté. La fameuse ville d’Antre se situe sur la vallée de l’Héria, à l’Est de Villards-d’Héria, à proximité du lac qui a gardé le nom de cette cité.

En effet de nombreux vestiges gallo-romains ont été trouvés le long de la vallée de l’Héria[1],[2],[3], entre les actuelles agglomérations de Villards-d’Héria et de Jeurre, au confluent de la rivière et de la Bienne.

Le site a été découvert par P.J. Dunod à la fin du XVIIe siècle[4].

La préservation du site : doctrine et technique

Ce site nous montre les limites des restaurations qui pourraient aboutir à une discutable reconstruction permanente. L’idée de mettre un toit sur les vestiges vise à les protéger sans pollution visuelle dans la mesure où la création architecturale respecte l’environnement. Les concepteurs ont proposé une mise en valeur des vestiges archéologiques des sanctuaires gallo-romains tout en exploitant les éléments naturels[5]. Un parcours mixte à l’intérieur des vestiges doit permettre à la fois une déambulation dans les endroits accessibles et une circulation sur passerelle suspendue pour toutes les aires à protéger ou pour les passages menaçant la sécurité du public. Architectes, créateurs, restaurateurs, archéologues ont donc conjugué leurs efforts pour la conception de ce projet de mise en valeur.

Les exemples confirment qu’il serait vain et dommageable de créer une frontière artificielle entre ceux qui sont chargés d’une mission de réflexion sur le devenir d’un site ou monument et ceux qui réaliseront les travaux de restauration du monument. Seule une approche pluridisciplinaire intégrant la connaissance archéologique, la préservation du site, l’invention de solutions appropriées (à condition qu’elles ne soient pas prétexte à de pseudo-créations architecturales) peut permettre la définition et la réalisation d'un programme de travaux répondant à l’attente du public. Cette opération a d’autre part mis en exergue les possibilités de groupements de conception-réalisation prévus par la loi du 12 juillet 1985 modifiée[6].

Les principes d’aménagement énoncés dès l’étude préalable ont prévu ici de placer les poteaux hors des vestiges archéologiques. Ainsi se justifiait le recours à des couvertures de grande portée : la double nappe à inertie variable organisée en toiture à deux pans pour évacuer la neige. Les membres de la Commission supérieure des monuments historiques ont demandé une modification du projet initial. On a dû réduire les débords des rives qui devaient permettre de maintenir à l’air libre et hors d’eau les vestiges, en évitant la pénétration de la pluie. Ainsi, le simple parapluie du projet initial doit être remplacé par une couverture classique.

Cette modification nécessite la conception d’écrans verticaux, de parois transparentes placées à l’extérieur des vestiges. En effet d’énormes drains, notamment le long du portique à abside du balneum (bains rituels), sont présents à l’extérieur des murs et empêchent l’installation de fondations ou même de simples micropieux à leur périphérie. La trame porteuse ne doit faire référence à aucune symétrie et n’entretenir aucun lien avec les vestiges antiques. Une première structure d’une portée de 24 m met hors d’eau les vestiges principaux : balneum et nymphée (sanctuaire-fontaine). Le projet prévoit la réalisation de deux nappes de couverture, l’une de 75 × 24 m couvrant le balneum, l’autre de 51 × 24 m couvrant le sanctuaire-fontaine, portées par huit et six poteaux placés à l’intérieur des vestiges. La hauteur moyenne « en rives » est de m.

Les couvertures à deux versants sont constituées d’un système métallo-textile associant une structure tridimensionnelle à un textile téflonisé. Les autres structures sont aussi recouvertes de toiles tendues sur des systèmes raidisseurs légers. L’utilisation du téflon en couverture tendue sur la structure en métal et la douceur de sa teinte, laissant passer la lumière, doivent créer des conditions favorables pour les visiteurs. Des écrans végétaux réduiront les effets du vent et les couloirs de congères.

La mise en place d’un couvrement, dans ce cas précis, répond à des exigences scientifiques et ne relève pas d’un « purisme archéologique ». Il s’agit bien, par cette réalisation, d’assurer la protection des fouilles et non pas, comme on a pu le voir ailleurs, être le prétexte à invention architecturale[7].

À ce propos, sur un plan plus général, les "conservateurs-restaurateurs du patrimoine" insistent sur le fait qu’il ne faut pas automatiquement favoriser une « esthétique de la ruine » qui satisfait une certaine ingénuité du fouilleur, au détriment de la conservation en longue durée et de la pédagogie informant le public. D’autres voies ont été suivies ; sans pousser jusqu’à l’extrême de l’archéodrome de Beaune en Côte-d’Or (qui pourtant a fait la preuve de son efficacité), l’anastylose des temples Grecs du site de Glanum (co. Saint-Rémy-de-Provence, Bouches-du-Rhône), ou bien encore la restauration d’une villa romaine sur l’immense Théâtre antique d'Augst près de Bâle, présentant les objets de fouille dans leur exact contexte originel, sont des solutions que l’on ne peut ignorer. Sans recourir à des moyens aussi radicaux, une restauration partielle assurant la protection d’une structure mise au jour par les fouilles peut offrir une solution tout à fait satisfaisante. Ainsi, une forge de château découverte à Ottrott, château de Rathsamhausen (Bas-Rhin) a livré les informations suffisantes pour sa reconstitution : on disposait de la date permettant de recourir aux sources iconographiques (la fin du XIVe siècle), la forme du toit (conservée dans un solin de mortier sur l’enceinte), des empreintes informant que l’édifice originel était en pan de bois sur solin de pierre. Dans un tel cas, la reproduction en structure légère périssable (le bois) est non seulement conforme à toutes les exigences scientifiques, mais elle est bien supérieure à l’introduction de n’importe quelle architecture moderne dans la ruine d’un château-fort.

Bibliographie

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Notes

  1. Notice no PA00102102, base Mérimée, ministère français de la Culture Ferme ; scierie ; temple païen ; soubassement
  2. Notice no PA00102053, base Mérimée, ministère français de la Culture Site archéologique gallo-romain
  3. Notice no PA00102052, base Mérimée, ministère français de la Culture Aqueduc romain (ruines de l')
  4. Les sanctuaires des eaux en Gaule de l'est : origine, organisation et évolution (Ier siècle av. J.-C. - IVe siècle après J.-C.), pp. 262 à 285 (Villards-d'Héria). Volume 2 : Notices de sites. Thèse en vue de l’obtention du titre de docteur en archéologie présentée et soutenue publiquement par Damien Vurpillot le 16 novembre 2016
  5. Pierre Aandré, Architecte et archéologue (concepteur), associé avec Guy Colman-Hercovich, Architecte DPLG pour la réalisation
  6. Loi n° 85-704 du 12 juillet 1985 modifiée relative à la maîtrise d’ouvrage publique et à ses rapports avec la maîtrise d’œuvre privée, ses décrets d’application n° 93-1268, 93-1269 et 93-1270 du 29 novembre 1993, l’arrêté du 21 décembre 1993 et la circulaire n° 95-58 du 9 août 1995 détaillant les conditions de recours à la procédure de conception-réalisation. Ces dispositions particulières ont été reprises par le décret n° 2001-210 du 7 mars 2001 portant sur le Code des marchés publics – Section 5, Autres procédures – Sous-section 2, Procédure propre aux marchés de conception-réalisation, article 37.
  7. René Dinkel, L'Encyclopédie du patrimoine (Monuments historiques, Patrimoine bâti et naturel : Protection, restauration, réglementation. Doctrines : Techniques : Pratiques), Paris, éditions Les Encyclopédies du patrimoine, , 1512 p. (ISBN 2-911200-00-4)
    Chapitre III L’apport des techniques : 6 – Réalisation exceptionnelle sur sites archéologiques : Le site de Villards-d’Héria, p. 95; Notices Conservation in situ p. 168 et Toiture de protection des vestiges archéologiques, p. 1199
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