Salticidae

Les Salticidae sont une famille d'araignées aranéomorphes[1].

Elles sont appelées araignées sauteuses, salticides ou saltiques. C'est la plus grande famille d’araignées, contenant plus de 500 genres et 5000 espèces décrites[2], soit environ 13 % de la diversité des Araneae[3]. Les salticidae possèdent une des meilleures visions parmi les arthropodes. Elles sont capables de réaliser d'importants sauts, notamment pour chasser, mais aussi en réponse à une menace. On les reconnaît généralement par le motif de leurs yeux.

L’espèce la plus connues est certainement la Maratus volans (aussi appelée araignée paon), célèbre pour ses couleurs vives et sa danse nuptiale caractéristique.

Distribution

Distribution

Les espèces de cette famille se rencontrent sur tous les continents sauf aux pôles[1].

Description

Une salticidae. On distingue 3 des yeux antérieurs et l'œil latéral postérieur de droite (cliquez pour voir aussi 1 œil médian postérieur).

Ce sont des araignées diurnes, plutôt de petite taille. La longueur de leur corps varie entre 1 et 25 mm[4],[5]. Les pattes sont en général courtes et fortes, les antérieures parfois renflées. Les yeux sont adaptés à la chasse à vue et sont au nombre de huit.

Quatre yeux, parfois mobiles, sont situés à l'avant du céphalothorax : deux médians antérieurs et deux latéraux antérieurs. Les yeux médians antérieurs sont très mobiles, l'araignée pouvant suivre une proie du regard. Ces yeux d'une très grande acuité visuelle lui permettent de voir un mouvement ou un partenaire sexuel, donnent une vision binoculaire précise (pour sauter avec précision par exemple), ainsi qu'une vision des couleurs. Les yeux latéraux antérieurs sont plus petits, immobiles, avec un pouvoir séparateur bien plus faible. Ils permettent une vision binoculaire vers l'avant et monoculaire sur les côtés.

Quatre autres yeux sont situés vers l'arrière : les yeux médians postérieurs sont très petits, peut-être vestigiaux. Les yeux latéraux postérieurs, à peu près de la même taille que les latéraux antérieurs, permettent une vision très large sur les côtés et l'arrière, avec une petite vision binoculaire arrière. Les Salticidae ont donc un champ de vision à 360°.

En général, les Salticidae possèdent un corps trapu sur de courtes pattes et sont reconnaissables par leur déplacement rapide et saccadé.

Mimétisme

Certaines espèces ressemblent à des fourmis. Chez le genre Myrmarachne, par exemple, la partie frontale du céphalothorax est relevée et plus foncée, ce qui donne l’impression qu’il est divisé en deux partie (tête et thorax) comme chez les insectes qu’elles imitent. La liaison entre le céphalotorax et l’abdomen est fine, ce qui achève de donner l’impression que le corps est en trois parties. Les mandibules peuvent être imitées par de longues chélicères chez les mâles ou d’épaisses pédipalpes pour les femelles. Lors du déplacement, la paire de pattes antérieures est levée, ce qui simule une paire d’antennes. D’autres genres comme les Leptorchestes ou les Synageles ressemble à des fourmis, on dit que ces araignées sont myrmécomorphes.

Éthologie

Anasaitis canosa
Clynotis severus
Dendryphantes rudis
Eris militaris
Saitis barbipes, femelle vue de face
Salticidae dans du Copal de Madagascar
Plexippus petersi du Laos, sur un doigt humain

À la différence de la plupart des autres araignées, les araignées sauteuses sont des prédateurs à orientation visuelle, qui mémorisent leur environnement, les distances et orientations[6]. Certaines espèces traversent plus facilement un milieu ouvert pour aller vers une cible de couleur verte évoquant un milieu végétal que vers des cibles géométriques[7].

On a montré avec Phidippus princeps (Peckam et Peckam, 1883) que la présence de corridors biologiques adaptés favorise leur déplacement dans l'environnement et vers de nouvelles taches. Lors de l'étude, elles étaient placées dans des micropaysages dominés par le trèfle hybride (Trifolium hybridum L.) et la luzerne (Medicago sativa L.) de manière que des taches soient reliées entre elles soit par des corridors végétalisés, soit par des chemins dénudés. Les araignées P. princeps ne se déplaçaient que dans les corridors végétalisés et non sur les chemins dénudés[8]. En l'absence de corridors, instinctivement, P. princeps ne se risque pas en milieu découvert pour explorer un nouvel habitat, même quand le nombre d'individus est important[8].

Mis à part certaines espèces tropicales qui manifesteraient une activité séricigène, les Salticidae d'Europe sont censées ne pas construire de toile. En fait, Pellenes arciger édifie un édifice dressé, en forme de triangle ou de rectangle irrégulier, fixé sur la végétation, pouvant aboutir à une retraite (pierre, coquille d'escargot), la toile "en voile de bateau"[9]. Découverte en Lozère (Causse Méjean) et retrouvée depuis en Bas Languedoc, cette étrange structure pose toujours le problème de sa fonction exacte depuis 1997[10].

Paléontologie

Cette famille est connue depuis le Paléogène[11].

Taxonomie

Cette famille rassemble 6 346 espèces dans 657 genres[1].

Liste des genres

Selon World Spider Catalog (version 22.5, 19/07/2021)[12] :

Selon World Spider Catalog (version 20.5, 2020)[11] :

Phylogénie

Traditionnellement, cette famille était divisée dans les sous-familles : Aelurillinae, Agoriinae, Amycinae, Ballinae, Dendryphantinae, Euophryinae, Hasariinae, Heliophaninae, Hisponinae, Lyssomaninae, Marpissinae, Myrmarachninae, Pelleninae, Plexippinae, Salticinae, Spartaeinae, Synagelinae et Synemosyninae[13]. Mais en 2015, Maddison revoit la division des sous-familles[14] en Onomastinae, Asemoneinae, Lyssomaninae, Spartaeinae, Eupoinae, Hisponinae et Salticinae.

Publication originale

  • Blackwall, 1841 : « The difference in the number of eyes with which spiders are provided proposed as the basis of their distribution into tribes; with descriptions of newly discovered species and the characters of a new family and three new genera of spiders. » Transactions of the Linnean Society of London, vol. 18, p. 601-670 (texte intégral).

Liens externes

Notes et références

  1. WSC, consulté lors d'une mise à jour du lien externe
  2. Wayne P. Maddison, Melissa R. Bodner et Karen M. Needham, « Salticid spider phylogeny revisited, with the discovery of a large Australasian clade (Araneae: Salticidae) », Zootaxa, vol. 1893(1), , p. 49–64
  3. Xian-Jin Peng, « Five New and Four Newly Recorded Species of Jumping Spiders from Taiwan (Araneae: Salticidae) », Zoological Studies, vol. 41, no 1, , p. 1–12 (lire en ligne)
  4. (en) D. Ubick, P. Paquin, P.E. Cushing et V. Roth, Spiders of North America : an identification manual : Salticidae, American Arachnological Society, , 377 p. (ISBN 978-0-9771439-0-0), p. 205-216.
  5. « Phiddipus regius: the Jewel between Spider Predators », sur http://arachnos.eu, (consulté le ).
  6. Hill, 1979 : Orientation by jumping spiders of the genus Phidippus (Araneae: Salticidae) during the pursuit of prey ; Behavioral Ecology and Sociobiology, vol. 5, no 3, p. 301-322 (texte intégral).
  7. Baker, Kelty & Jakob, 2009 : The Effect of Visual Features on Jumping Spider Movements Across Gaps. Journal of Insect Behavior, vol. 22, no 5, p. 350–361.
  8. Baker, 2007 : Effect of corridors on the movement behavior of the jumping spider Phidippus princeps (Araneae, Salticidae). Canadian Journal of Zoology, vol. 85, p. 802–808.
  9. Lopez, 1986 : Construction de toiles en "Voile de bateau" par une araignee salticide languedocienne. Bulletin de la Société archéologique, scientifique et littéraire de Béziers, sér. 6, vol. 2, p. 65-68.
  10. Lopez & Marcou, 1997 : Un mystère non résolu : la toile d’une araignée Salticide caussenarde. Bulletin de la Société d'étude des sciences naturelles de Béziers, vol. 16, no 57, p. 35-37.
  11. (en) Dunlop, Penney et Jekel, « A summary list of fossil spiders and their relatives » (version 20.5), dans World Spider Catalog, Musée d'histoire naturelle de Berne, 2020.
  12. WSC, consulté le version 22.5, 19/07/2021
  13. Hallan
  14. (en) Maddison, « A phylogenetic classification of jumping spiders (Araneae: Salticidae) », Journal of Arachnology, vol. 43, no 3, , p. 231-292 (lire en ligne).
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