Salluste

Salluste ou Caius Sallustius Crispus[n 1], né en -86 à Amiternum, cité fondée par les Sabins, et mort en -35 ou -34, est un homme politique et historien romain.

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Sauf précision contraire, les dates de cette page sont sous-entendues « avant Jésus-Christ ».

Sa vie

Une biographie de Salluste semble avoir été écrite par Q. Asconius Pedianus, mais elle ne nous est pas parvenue[1]. Issu d'une famille libre de souche plébéienne, obscure mais probablement aisée[2], questeur en -55, tribun de la plèbe en -52, cet homo novus[3] soutient le parti des populares, appuyés par Jules César, contre les optimates, parti de Titus Annius Milon,de Pompée et de Cicéron. Lors du procès des meurtriers de Clodius Pulcher, chef des populares, il prend ouvertement parti contre Milon, accusant ce dernier d'avoir tué Clodius de ses propres mains, ce qui lui valut une accusation de ui[4].

Ami de César, il est chargé de mener la flotte romaine en Illyrie. Salluste est alors exclu du Sénat romain pour immoralité en -50 av.J.C. Il est battu par les pompéiens (-49).

De nouveau questeur, Salluste peut réintégrer le Sénat. César lui confie un commandement en Campanie, dont les légions se sont mutinées. Il y est battu.

Le domaine politique lui convient mieux : élu préteur en -47, il accompagne César en Afrique et, du fait de ses talents, se voit confier le gouvernement de la nouvelle province romaine de Numidie en -46/-45.

Après l'assassinat de César en mars -44, Salluste, voyant que sa carrière politique se termine irrémédiablement, préfère se retirer de la vie publique et « profiter de la fortune que ses concussions lui avaient procurée[5] ».

Militaire, il a pour principe que « la paix est l’intervalle de temps entre deux guerres ».

Ses œuvres

Caii Sallustii Crispi Opera, quæ extant, omnia, Leyde: Franciscus Hackius, 1659

Salluste est l'auteur de trois grands ouvrages, dont seulement deux nous sont parvenus entièrement.

L'œuvre de Salluste marque un progrès par rapport à ses prédécesseurs, les annalistes, tant pour la force narrative que pour la méthode historique : il s'efforce d'expliquer les causes des événements politiques et les motivations des acteurs de l'histoire. Il a certes ses faiblesses : la chronologie et la géographie sont imprécises et souvent fautives ; il n'est pas impartial : il prend parti pour les populares aux dépens des optimates. Il est cependant capable de reconnaître les mérites de ses adversaires et les défauts de ses amis. Ses personnages sont peints avec force, tout particulièrement Jugurtha et Catilina, Marius et Sylla.

Les critiques antiques ont relevé les caractéristiques de son style : l'usage des archaïsmes et des néologismes, une concision proche de l'obscurité, des tournures grecques. Il a influencé les historiens postérieurs, notamment Tacite.

Écrits apocryphes

On parle à plusieurs reprises d'un corpus sallustien, d'un Appendix Sallustiana ou d'un Pseudo-Salluste car on est divisé sur la paternité de certains travaux qui lui sont attribués. Il s'agit de deux Lettres à César (Epistulae) et d'une Invective contre Cicéron, avec la réponse de ce dernier. On suppose que ces Lettres et Invectives sont apocryphes ou pseudépigraphes, il s'agirait probablement d'exercices de pastiches pour les écoles de rhétoriques[7],[8].

Éditions

  • Salluste, La Guerre de Jugurtha (traduction Nicolas Ghiglion), Editions Allia, Paris, 2017 (ISBN 979-10-304-0578-1).
  • Salluste (bilingue latin-français, trad. Alfred Ernout et Jean Hellegouarc'h), La Conjuration de Catilina. La Guerre de Jugurtha. Fragments des histoires, Les Belles Lettres, Paris, 2003 (ISBN 2251012230) (1re édition 1941).

Citations

  • « Quant à vouloir s’imposer à ses concitoyens par la violence, c’est toujours chose odieuse même si l'on se donne pour but de réformer des abus », citation utilisée dans l'introduction de La violence politique dans les démocraties occidentales dirigé par Philippe Braud[9].

Notes et références

Notes

  1. Comme pour tout citoyen romain, le nom latin de Salluste respecte les tria nomina, c'est-à-dire un praenomen (prénom, ici Caius), un nomen (lié à la gens à laquelle il appartient, ici Sallustius) et un cognomen. Ce dernier, Crispus, signifie « frisé », car lui-même ou plus probablement l'un de ses ancêtres devait avoir les cheveux ondulés ou frisés.

Références

  1. Salluste, Les Belles Lettres, préface p. 7.
  2. Jean Hellegouarc'h trouve en lui quelques ressemblances avec Cicéron (origine provinciale, sans ancêtre illustre ni grande fortune, tous deux animés par l'ambition) p. 8.
  3. (de) Maria H. Dettenhofer, Perdita iuventus : zwischen den Generationen von Caesar und Augustus, C.H. Beck, , p. 17.
  4. Salluste, Les Belles Lettres, préface p. 11.
  5. Salluste, Les Belles Lettres, préface p. 12.
  6. Elles firent l'objet au XVIIIe siècle d'un important travail de reconstitution de la part de Charles de Brosses. L'ouvrage, publié en 1777 sous le titre Histoire de la République romaine dans le cours du VIIe siècle, par Salluste, en partie traduite du latin sur l'original, en partie rétablie & composée sur les fragments qui sont restés de ses livres perdus, remis en ordre dans leur place véritable ou le plus vraisemblable, n'offre plus qu'un intérêt historique dans la mesure où l'on dispose aujourd'hui d'éditions beaucoup plus fiables et tenant compte des recherches effectuées entretemps.
  7. Moreau Philippe, « Ronald Syme, Salluste [fiche de lecture] », Annales. Economies, sociétés, civilisations, (lire en ligne)
  8. Chênerie Maurice, « La métrique des Lettres à César et leur attribution à Salluste », Pallas, no 24, , p. 25-44 (lire en ligne)
  9. « la violence politique : repères et problèmes », sur revue Cultures et Conflits, (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Charles de Brosses, Histoire de la République Romaine dans le cours du VIIe siècle, par Salluste, en partie traduite du latin sur l’original, en partie rétablie & composée sur les fragments qui sont restés de ses livres perdus, remis en ordre dans leur place véritable ou le plus vraisemblable, Dijon, Frantin, 1777, 3 vol. in-4
  • Jean Leclant (dir.), Dictionnaire de l'Antiquité, Paris, PUF, 2008.
  • Margaret C. Howatson (dir.), Dictionnaire de l'Antiquité : mythologie, littérature, civilisation, Paris, éditions Robert Laffont, 1993.

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