Salimbene de Adam

Fra[1] Salimbene de Adam de Parme (Parme, - Montefalcone, Reggio d'Émilie, 1288), est un moine franciscain disciple de Joachim de Flore (Gioacchino da Fiore) dont la seule œuvre qui nous soit parvenue, Chronique (Chronica), est une source importante pour l'histoire de l'Italie du XIIIe siècle. Il est également auteur d'autres chroniques, de traités et de poésies qui n'ont pas été conservées.

Biographie

Salimbene est né le à Parme dans une bâtisse qui jouxte le baptistère du duomo au sein d'une famille aisée ; son père est un proche de l'évêque de Parme et cousin de l'avocat de la commune, ayant participé à la quatrième croisade. Il vit 15 ans avec sa grand-mère, qui lui apprend à éviter la malam societam et à rechercher la bonam. Rapidement il étudie la grammaire, le premier des sept arts libéraux.

Il entre tout d'abord sous le nom de Ognibene dans l'ordre franciscain le , contre la volonté de son père, qui souhaite assurer la descendance de la famille, le second fils Guido étant aussi dans les ordres. Parce que « nul n'est bon, hormis Dieu seul », il prend le nom de Salimbene.

Il a mené une vie entière d'itinérance, en se déplaçant de couvents en couvents, au sein de son Ordre. Il fait son noviciat à Fano puis à Jesi et de 1239 à 1241 à Lucques. Il se rend à Sienne pendant deux ans avant de partir pour Pise puis Crémone. En 1247, alors qu'il est à Parme, assiégée par les forces impériales, il est envoyé en France pour étudier. Pendant son voyage il s'arrête à Lyon, siège de la cour pontificale, où il rencontre Innocent IV (en Italie il avait déjà fait la connaissance de l'empereur Frédéric II du Saint-Empire). En France, il fait aussi la connaissance du frère Hughes de Digne, joachimiste réputé, qui le rapproche de la doctrine de l'abbé calabrais Joachim de Flore. En 1248, il est à Gênes puis le ministre provincial de Bologne frère Rufino Gurgone lui confie le siège de Ferrare, où il reste sept ans de 1249 à 1256. Il vit à Faenza en Romagne, où il reste jusqu'en 1274. En 1285, il se rend définitivement au couvent de Montefalcone, à proximité de San Polo d'Enza, dans la province de Reggio d'Émilie, là où son frère Guido est enterré. Il y meurt lui-même en 1288.

La Chronique

Une version partielle de la Chronica de Salimbene de Adam nous est parvenue, écrite en latin qui souvent se mue en un latin vulgaire mais qui comprend une grande richesse de récits et de nouvelles au point d'en faire un des fonds historiques les plus intéressants du XIIIe siècle. Cette chronique a été écrite entre 1283 et 1285[2].

Il s'agit d'une chronique de la vie religieuse et politique italienne des 120 années qui vont de 1168 à 1287, écrite dans un style très personnel où transparaissent les caractéristiques d'un auteur complexe et multiforme : cultivé et proche du vulgaire, spirituel et fougueux, attentif à l'histoire et grand connaisseur de la Bible. Sa conscience paysanne est particulièrement perceptible : "la canicule qui endommage le froment, les orages, les chutes néfastes de neige, les fruits des amandiers en Provence lorsqu'à Gênes ils sont encore en floraison...", "Les gens de ce pays (ndlr: région d'Auxerre) ne sèment point, ne moissonnent point, n'amassent point dans les greniers. Il leur suffit d'envoyer leur vin à Paris par la rivière toute proche, qui précisément y descend. La vente du vin en cette ville leur procure de beaux profits qui leur paient entièrement le vivre et le vêtement."

C'est une œuvre historiquement importante : l'auteur restitue de manière vive le fléau des guerres entre l'Église et l'Empire, il décrit les personnages tels que les papes, les cardinaux comme les femmes du monde et les femmes du peuple, les mendiants et les prophètes, tous vus de près.

Cette œuvre est aussi la principale source pour reconstruire la biographie de son auteur, car il y parle avec abondance des détails de sa propre vie et des œuvres écrites par lui, malheureusement toutes perdues.

Notamment, sont mentionnés les XII scelera Friderici imperatoris, œuvre qui devait avoir un caractère polémique : elle servit d'opuscule de propagande anti-impériale après la défaite de Vittoria en 1248. Dans la même Chronica Frédéric II est décrit comme un homme avare qui combattait l'Église uniquement pour s'emparer des biens ecclésiastiques. Mais aussi au XIIIe siècle, Frédéric II de Hohenstaufen a entrepris une expérience terrible sur des bébés. Il voulait savoir quel était leur langage spontané, aucun des bébés ne survit. C’est un moine franciscain, le frère Salimbene d’Adam (1221-1288), qui nous a relaté celle-ci dans ses chroniques.

Bibliographie

De Salimbene

  • (lat) Salimbene de Adam, Cronica, nuova ed. critica, a cura di Giuseppe Scalia, Bari, Laterza, 1966.
  • (it) Salimbene de Adam, Cronaca, traduction de Carlo Tonna avec une introduction de Mario Lavagetto, Reggio Emilia, Diabasis, 2006.
  • (en) Salimbene de Adam, The Chronicle of Salimbene de Adam, éditée, traduite et commentée par Joseph L. Baird, Giuseppe Baglivi et John Robert Kane, Binghamton, Medieval and Renaissance Text Studies, vol. 40, 1986.

Sur Salimbene

  • (fr) Olivier Guyotjeannin, Salimbene de Adam : un chroniqueur franciscain, Turnhout, Brepols, collection « Témoins de notre histoire », 1995
Traduction de nombreux extraits de la chronique, précédée d'une introduction de O. Guyotjeannin
  • (it) Nino Scivoletto, Fra Salimbene da Parma e la storia politica e religiosa del secolo decimoterzo, ed. G. Laterza, Bari, 1950.
  • (it) V. Dronetti (a cura di) Salimbene da Parma - Storia di Santi, di Profeti e di ciarlatani, Milan, Xenia, 1989.
  • (it) Carlo Fornari, Frati, Antipapi ed Eretici Parmensi, protagonisti delle lotte religiose medievali, Silva Editore, Parme, .
  • (it) Carlo Fornari, Federico II – Un sogno imperiale svanito a Vittoria, Silva Editore, 1998.

Notes et références

  1. Fra désigne fratello, frère
  2. Olivier Guyotjeannin, Salimbene de Adam, un chroniqueur franciscain, BREPOLS, , 334 p., page 33

Sources

  • (it) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en italien intitulé « Salimbene de Adam » (voir la liste des auteurs).
  • Al pont äd mez Périodique social de la Famija Pramzana, édition 1987, Valentino Sani.

Voir aussi

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