Saint Jean-Baptiste (Le Caravage, Borghèse)

Saint Jean Baptiste dans le désert (en italien San Giovanni nel deserto) est un tableau de Caravage peint vers 1610[1] et conservé à la galerie Borghèse de Rome. C'est l'une des sept versions du peintre sur ce thème (certaines sont toutefois contestées quant à leur attribution).

Pour les articles homonymes, voir Saint Jean-Baptiste (homonymie).

Historique

La datation du saint Jean Baptiste de la galerie Borghèse est sujette à controverse : les chercheurs ont longtemps pensé que la toile avait été achetée par le cardinal Scipione Borghese entre le moment où il arrive à Rome en 1605 et celui où Caravage fuit la ville en 1606, mais Roberto Longhi renvoie à la période sicilienne de l'artiste (donc post-1608) en se basant sur certaines similitudes de manière et de colorisation. Le point de vue de Longhi s'impose graduellement, jusqu'à un certain consensus actuel pour l'année 1610.

Le cardinal Borghèse est un collectionneur avisé mais aussi connu pour sa volonté d'augmenter son extraordinaire collection d'art, quitte à faire pression par l'autorité souveraine de son oncle le pape Paul V, parfois abusant d'un tel pouvoir : il fait ainsi emprisonner (par le biais de son oncle le pape Paul V) Guiseppe Cesari, l'un des peintres les plus connus et les plus célèbres de Rome, à partir d'accusations forgées de toutes pièces, afin de confisquer sa collection de 106 tableaux comprenant trois des toiles de Caravage aujourd'hui exposées à la Galerie (Garçon pelant un fruit, le Jeune Bacchus malade et Garçon avec un panier de fruits). Ces toiles viennent rejoindre celles déjà présentes dans la collection du cardinal, dont un Saint Jérôme et la Madone et l'Enfant avec sainte Anne (la Madone des Palefreniers).

En 1610, la vie de Caravage tire à sa fin. Il y a toujours un risque à interpréter l’œuvre d'un artiste en fonction de ce qui est connu de sa vie, mais dans le cas présent la tentation est grande : il semble d'ailleurs que tous ceux qui ont écrit sur Caravage s'y soient laissés entraîner. En 1606 il fuit Rome en hors-la-loi, après avoir tué un homme dans une bataille de rue ; en 1608 il est jeté en prison à Malte et s'échappe à nouveau ; en 1609 il est poursuivi par ses ennemis à travers la Sicile jusqu'à trouver refuge à Naples, où il se fait attaquer dans la rue par des assaillants inconnus quelques jours après son arrivée. Il est désormais sous la protection de la famille Colonna dans la ville de Naples, et tente d'obtenir un pardon qui l'autoriserait à rentrer à Rome. Le pouvoir d'accorder ce pardon repose entre les mains du cardinal amateur d'art Borghese, qui compte bien se faire payer en tableaux. Au milieu de l'année 1610, le pardon semble enfin imminent, et l’artiste prend la mer en emportant trois toiles ; sa mort est annoncée peu après à Porto Ercole, une ville côtière au nord de Rome tenue par les Espagnols, à la suite d'« une fièvre ».

Description

Le tableau montre un garçon mollement étendu devant un fond sombre, où l'on voit un mouton mâcher les feuilles d'une vigne d'un brun terne. Le garçon semble perdu dans un songe prémonitoire : peut-être pense-il d'avance saint Jean avec tristesse au sacrifice futur du Christ, nécessaire pour l'œuvre du Salut, ou a-t-il la prémonition de son propre martyre... Le sentiment dominant est celui de la mélancolie. Le manteau rouge qui enveloppe son corps chétif et encore enfantin semble comme une flamme dans le noir : c'est la seule touche de couleur en dehors de la chair pâle du futur Précurseur. John Gash en fait le commentaire suivant : « Comparé aux versions antérieures de Kansas City et du Capitole, le tableau de Borghese est plus riche en termes de couleurs, comme un essai d'expression sur les rouges, les blancs et les bruns dorés. C'est aussi une approche moins idéalisée et plus sensuelle du nu masculin, ainsi que le préfiguraient les personnages aux membres épais dans certaines œuvres post-romaines de Caravage, comme la Flagellation de Naples et la Décollation de saint Jean Baptiste de La Valette ».

Notes et références

  1. Sybille Ebert-Schifferer (trad. de l'allemand), Caravage, Paris, éditions Hazan, , 319 p. (ISBN 978-2-7541-0399-2), p. 298

Article connexe

  • Portail de la peinture
  • Portail du baroque
  • Portail du XVIIe siècle
  • Portail du christianisme
  • Portail de Rome
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.