Système d'alerte et d'information des populations

Le Système d'alerte et d'information des populations (SAIP) est un système de communication de crise du gouvernement français utilisé de 2013 à 2018.

Historique

Plusieurs phases d'études, d'expérimentation, de contractualisation et de réalisation, ont été menées de 2009 à 2012, le développement étant assuré par la société Deveryware. Le déploiement du SAIP[1], lancé dès 2013, est organisé en trois temps[2].

Il est déployé courant 2013 lors d'une vague pilote sur 2 départements (Rhône et Bouches-du-Rhône). À la suite de son évaluation, 30 départements sont installés et raccordés au SAIP d'ici fin 2013, soit 649 sirènes connectées. La première vague de déploiement s'étend de 2013 à 2015. Elle couvre les zones d'alertes identifiées comme prioritaires du fait de la nature des risques locaux et/ou de la concentration de population. À terme, ce sont 2 830 sirènes qui seront connectées, dont 987 nouvelles ajoutées au dispositif du réseau national d'alerte existant.

La deuxième vague doit permettre à l'horizon 2017 de couvrir l'ensemble des bassins de risque restant[réf. souhaitée].

Le SAIP est un ensemble structuré d'outils permettant la diffusion d'un signal ou d'un message par les autorités. Le déclenchement de cette diffusion ainsi que le contenu du message sont réservés à une autorité de police administrative, c'est-à-dire chargée de la protection générale de la population en lien avec le maintien de l'ordre public et de la défense civile. Sur le terrain, cette compétence est détenue par le maire et le préfet de département. Le SAIP assure une double fonction, une fonction d’alerte et une fonction d’information. La fonction d’alerte correspond au déclenchement des sirènes du RNA. La nouveauté apportée par le SAIP est donc sa fonction informative. Cette fonction permet de préciser les consignes de sécurité à suivre en urgence et de donner les indications sur l'évolution de l'évènement.

Le SAIP doit mobiliser plusieurs vecteurs d'alerte et d'information de la population : des sirènes, des SMS via la technologie de la diffusion cellulaire qui évite l'engorgement des réseaux, et un service de diffusion de l'alerte à des opérateurs, relayant avec leurs propres moyens ces informations (notamment panneaux à message variable et radios)[2].

Une application logicielle intégrant une interface cartographique permet le déclenchement des moyens d'alerte par les autorités de police administrative à différents échelons[2] :

  • Dans les communes, en permettant au maire un déclenchement sur sa juridiction ;
  • Dans les départements, à partir du centre opérationnel départemental (COD) du préfet et, sur ordre d'un maire ou du préfet, à partir du centre opérationnel départemental d'incendie et de secours (CODIS) des sapeurs-pompiers ;
  • Dans les zones de défense, à partir du centre opérationnel de zone (COZ) de l'état-major interministériel de zone ;
  • Sur le territoire national, à partir du centre opérationnel de gestion interministériel des crises (COGIC) du ministère de l'intérieur, des centres de détection et de commandement et du centre national des opérations aériennes (CNOA) de l'armée de l’air.

Critiques

Cette application suscite des polémiques. Gaël Musquet, un hacker en résidence à la Fonderie, considère que c'est une réponse technologique inappropriée et préconise la technologie de la diffusion cellulaire, plus efficace et respectueuse de la vie privée[3].

Lors de l'attentat du 14 juillet 2016 à Nice, l’application SAIP n'a signalé qu'à 1 h 34 du matin, l'événement survenu la veille avant 23 h 0 alors que les réseaux sociaux ont été réactifs. SAIP avait été critiquée pour son public restreint à certaines plates-formes et sa vulnérabilité à la saturation des réseaux 3G ou 4G, le hacker spécialiste de la gestion de crise numérique Gaël Musquet prônant l’activation du protocole de diffusion cellulaire, comme d'autres pays européens, pour alerter tous les possesseurs de téléphone portable présents dans un secteur sans recours à une application[4]. Lors de l'attentat du 20 avril 2017 sur l'avenue des Champs-Élysées, l'application n'a délivré aucune alerte[5].

Durant l'été 2017, le Sénat publie un rapport dirigé par Jean Pierre Vogel qui est très critique sur le SAIP, rappelant qu'il avait conçu dans l'urgence après les attentats de pour être opérationnel pour l'Euro 2016. Téléchargé par 900 000 personnes, ce taux de pénétration est insuffisant pour garantir une information suffisante de la population, qui devrait être de 10% soit 5 millions de cibles pour être efficace. L'application n'est pas disponible sur les systèmes Blackberry et Windows alors qu'iOS implique de laisser l'application en activité permanente[6].

Le rapport déplore au-delà du SAIP la priorité donnée en 2009, réaffirmée en 2016, à la rénovation des sirènes d'alerte au détriment des téléphones portables. De 2012 à 2019, 80 % des crédits prévus sur un financement de 44,7 millions d’euros échelonné sont consacrés aux sirènes (ainsi que 36,8 millions d’euros restant à planifier à partir de 2020), quand la téléphonie mobile ne se voit consacrer que 11 % des crédits[6].

Le rapport regrette que la technologie permettant de diffuser un message sur l’ensemble des téléphones mobiles présents sur une zone d’alerte (Diffusion cellulaire) ait été abandonné en 2015 pour SAIP, qui nécessite un téléchargement préalable[6].

Le SAIP n'émet pas de nouveau lors des attaques du 23 mars 2018 à Carcassonne et Trèbes[7]. En , le Gouvernement abandonne SAIP pour se reposer sur Google, Facebook et Twitter[7]. Il est prévu de s'appuyer sur le système Safety Check de Facebook qui a montré son efficacité depuis sa création en 2014, tandis que SAIP a accumulé les faux pas[8].

Références

  1. « Quelles sont les principales caractéristiques du SAIP ? », sur ministère de l'Intérieur (consulté le )
  2. Ministère de l'Intérieur, « Qu’est-ce que le SAIP ? », sur https://www.interieur.gouv.fr/Alerte/Alerte-ORSEC/Qu-est-ce-que-le-SAIP (consulté le )
  3. Camille Gévaudan, « Appli alerte attentats : «Il faut que la France respecte les standards internationaux» », sur liberation.fr,
  4. Camile Gévaudan, « SAIP, l'appli d'alerte aux attentats qui ne se presse pas », Liberation, (lire en ligne, consulté le )
  5. Camille Gévaudan, « Attentat aux Champs-Elysées : cafouillage dans la gestion de crise numérique », sur liberation.fr,
  6. Soazig Le Nevé, « Le Sénat s’inquiète d’un système d’alerte à la population bien peu alerte », acteurspublics.com, (consulté le )
  7. William Audureau, Morgane Tual et Perrine Signoret, « Le gouvernement abandonne l’application d’alerte attentat SAIP », sur lemonde.fr, (consulté le )
  8. Julien Lausson, « SAIP : le gouvernement renonce à l'appli defectueuse et se tourne vers les réseaux sociaux - Politique », sur Numerama, (consulté le )

Articles connexes

Notes

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