Sénat de la République (Italie)

Le Sénat de la République (en italien : Senato della Repubblica) est la chambre haute du Parlement de la République italienne. Il est composé de 315 sénateurs élus pour une législature de cinq ans, auxquels s'ajoutent jusqu'à cinq sénateurs à vie nommés par le président de la République ainsi que les anciens présidents de la République, qui le sont de droit.

Pour les articles homonymes, voir Sénat.
Sénat de la République
(it) Senato della Repubblica

XVIIIe législature

Logo du Sénat de la République.
Présentation
Type Chambre haute
Corps Parlement de la République italienne
Création
Lieu Rome
Durée du mandat 5 ans
Présidence
Présidente Elisabetta Casellati (FI)
Élection
Structure
Membres 315 sénateurs (au moins)[alpha 1],[alpha 2]
Composition actuelle.
Groupes politiques

Gouvernement (252)[1]

Soutien sans participation (24)

Opposition (43)

Autres (2)

Élection
Système électoral

Scrutin parallèle :

Dernière élection 4 mars 2018

Palais Madame

Photographie du lieu de réunion.
Divers
Site web senato.it
Voir aussi Chambre des députés
Parlement de la République italienne

Le bicamérisme italien étant parfait, cette assemblée législative détient les mêmes prérogatives que la Chambre des députés : ainsi, les sénateurs peuvent investir et renverser le gouvernement. De plus, les sénateurs et les députés sont généralement élus lors d'un scrutin commun.

Le Sénat siège au palais Madame, ancienne propriété romaine de la maison de Médicis.

Composition

Sur 315 sénateurs élus, 309 d'entre eux sur une base régionale dans chacune des vingt régions d'Italie et 6 dans une circonscription particulière pour les représentants des Italiens à l'étranger.

Ces sénateurs, âgés d'au moins 40 ans, sont élus par les électeurs italiens âgés d'au moins 25 ans. Sont également sénateurs de droit les anciens présidents de la République ainsi que cinq sénateurs à vie nommés par eux, qui se rajoute au total des sénateurs directement élus. Hormis ces particularités, le Sénat dispose du même système électoral et des mêmes prérogatives que la Chambre basse, la Chambre des députés (Camera dei deputati), l'Italie étant un régime parlementaire au bicamérisme parfait.

En vertu de la révision constitutionnelle adoptée par référendum en septembre 2020, le nombre de sénateurs passera à 200 à partir de la prochaine législature.

Compétences

L'article 55 de la Constitution de la République italienne dispose que le Parlement italien est composé de deux Chambres, la Chambre des députés et le Sénat, auxquelles la Constitution attribue des pouvoirs identiques, en vertu du principe de bicamérisme paritaire voulu par les constituants.

Pour résumer, les principales fonctions attribuées aux deux chambres sont :

  • la révision constitutionnelle (art. 138).
  • la fonction législative (art. 70 et suivants).
  • la fonction de choix politique qui s'exprime à travers la confiance ou la défiance au gouvernement (art. 94) mais également au travers des motions, résolutions et ordres du jour, adoptés par le Parlement.
  • la fonction de contrôle de l'exécutif qui se concrétise moyennant les actes d'enquêtes (interrogations, questions, motions).

Selon l'art. 82 de la Constitution, chaque chambre peut décider d'enquêtes sur des matières d'intérêt public, en nommant des commissions ad hoc (y compris bicamérales), avec les mêmes pouvoirs que l'autorité judiciaire.

Qui plus est, les Chambres se réunissent, le cas nécessaire, en session conjointe ; une session présidée par le président de la Chambre des députés :

  • l'élection du président de la République à laquelle participent également les délégués régionaux (art. 83) ;
  • la mise en état d'accusation dudit président pour des crimes de haute trahison ou d'attentat à la constitution (art. 90) ;
  • l'acceptation du serment de fidélité à la République et du respect de la Constitution par le Chef de l'État, avant qu'il n'entre en fonctions (art. 91) ;
  • l'élevation d'un tiers des juges constitutionnels (art. 135) ainsi qu'un tiers des composants du Conseil supérieur de la magistrature (art. 104) ;

Système électoral

Le Sénat, comme la Chambre, est élu au suffrage universel, direct et secret pour une durée de cinq ans, à moins d'une dissolution anticipée des chambres ou d'une seule par le président de la République. Le système utilisé est celui de la loi Rosatellum bis.

Il s'agit d'un système mixte parallèle: sur les 200 sièges à pourvoir, 74 sont pourvus au scrutin uninominal majoritaire à un tour tandis que 122 le sont au Scrutin proportionnel plurinominal avec listes bloquées, sans panachage ni vote préférentiel. Enfin, 4 le sont par les italiens vivant à l'étranger selon un système proportionnel distinct, avec vote préférentiel. Le total de 200 sièges ainsi que le nombre de sièges de la diaspora sont fixés par l'article 57 de la constitution, et donc particulièrement difficiles à modifier[2]. Le nombre de sièges par mode de scrutin est quant à lui fixé par l'application de ratios définis dans la loi électorale. Le nombre de sièges au scrutin majoritaire correspond ainsi à trois huitième, et le nombre de sièges à la proportionnelle à cinq huitième des 196 sièges restants pourvus en Italie.

La répartition des sièges à la proportionnelle se fait selon la méthode d'Hondt avec un seuil électoral de 3 % des suffrages au niveau national. Dans le cas de coalitions de partis, le seuil est relevé à 10 %, mais les coalitions le franchissant voient les partis les composant obtenir des sièges à partir de 1 % des suffrages.

Résumé graphique

Répartition des sièges
Sénat de la République
Méthode Sièges %
Uninominal 74 37 %
Proportionnelle 122 61 %
Expatriés 4 2 %

Répartition avant la réduction

Avant l'amendement constitutionnel italien de 2020 sur la réduction du nombre de parlementaires approuvé par référendum les 20 et , le total des sièges était de 315 répartis en 116 sièges au scrutin majoritaire, 193 à la proportionnelle, et 6 sièges pour les italiens de l'étranger.

Différences avec la Chambre des députés

Ce système est exactement le même qu'à la chambre basse, hormis que le nombre total de sénateurs est de 315 contre le double de députés à la chambre basse.

Jusqu'en 2021, la principale différence est cependant l'age auquel les citoyens peuvent participer aux élections des deux chambres. Si l'ensemble des inscrits âgés de plus de 18 ans peuvent voter pour les élections de la chambre des députés, seuls ceux de plus de 25 ans le pouvaient pour les sénatoriales. De même, les sénateurs devaient également être âgés d'au moins quarante ans pour être candidats, contre 25 ans minimum pour les députés[3],[4].

Il en résulte par conséquent avant 2021 des répartitions des sièges légèrement différente, bien que longtemps sensiblement similaires, les élections des deux chambres ayant le plus souvent lieu simultanément. A partir de 1994, cette différence d'électorat mène cependant à quatre reprises à des majorité différentes dans l'une des deux chambres, une situation particulièrement instable dans un pays pratiquant le bicaméralisme parfait. Le gouvernement Berlusconi dispose ainsi en 1994 d'une majorité à la chambre, mais pas au Sénat. Deux ans plus tard, le Gouvernement Prodi dispose quant à lui d'une majorité au sénat et non à la chambre, une situation qui s'inverse en 2006. Pier Luigi Bersani ne dispose à son tour d'une majorité qu'à la chambre basse en 2013, bien que cette situation soit cette fois çi le résultat d'une loi électorale différente de courte durée, dite Porcellum, la loi Rosatellum bis en vigueur rétablissant peu après le système électoral unique[5].

Ces résultats divergents amènent les parlementaires à décider en 2019 de permettre aux électeurs de plus de 18 ans de participer également aux élections sénatoriales. Le projet, qui porte sur l'article 58 de la constitution, est approuvé en commission des affaires constitutionnelles à l'unanimité des groupes parlementaires le , avant un examen au sénat à partir du . A l'initiative du parti démocrate, alors dans l'opposition, un second article est ajouté à l'amendement, abaissant l'age minimum pour les candidats aux sénatoriales de quarante à vingt cinq ans, soit le même que pour les législatives[5],[6].

L'amendement est voté en première lecture à la chambre par 487 voix pour, 5 contre et 7 abstentions le [7], puis au Sénat par 125 voix pour, 0 contre et 84 abstentions le [8]. Le vote en seconde lecture à la chambre intervient finalement le , et voit le projet approuvé par 405 voix pour, 5 contre et 6 abstentions. Le second vote au Sénat qui intervient quant à lui le , voit un résultat également positif avec 178 voix pour, 15 contre et 30 abstentions[9],[10],[11].

Toute révision de la constitution italienne nécessite d'être approuvée en termes identiques lors de deux délibérations successives dans chacune des deux chambres, les deux premières devant être séparées d'au moins trois mois[2]. Même si la majorité des deux tiers du total des membres de chaque chambre n'est pas atteinte lors des seconds votes, la révision de la constitution devrait être mise en œuvre sans risquer de se voir soumise à référendum, le changement étant consensuel[12].

Sénateurs à vie

Aux 315 élus s'ajoutent un petit nombre de sénateurs à vie (senatori a vita), les anciens présidents de la République siégeant de droit à vie au Sénat. À ceux-ci s'ajoutent jusqu'à cinq sénateurs à vie nommés par le président de la République parmi les citoyens qui ont contribué au renom de la Patrie pour de très hauts mérites dans le domaine social, scientifique, artistique ou littéraire.

Dissolution

Le Sénat peut être le sujet d'une dissolution, précipitant ainsi la fin de la période législative quinquennale, par le président de la République ; cette dissolution peut être décidée par le chef de l'État si aucun gouvernement ne peut obtenir de majorité.

Composition des groupes parlementaires

Les groupes de la majorité sont indiqués en gras (composition initiale).

Composition des groupes politiques au 4 mai 2021[13]
Nom Positionnement Sénateurs Président
Mouvement 5 étoiles (MS5) Centrisme
75  /  321
Ettore Licheri
Ligue du Nord-Parti sarde d'action (Ligue-PSd'Az) Droite
64  /  321
Massimiliano Romeo
Forza Italia-Union de centre (FI-UDC) Centre droit
52  /  321
Anna Bernini
Parti démocrate (PD) Centre gauche
38  /  321
Simona Malpezzi
Frères d'Italie (FdI) Extrême droite
20  /  321
Luca Ciriani
Italie Viva-Parti socialiste italien (IV-PSI) Centre gauche
17  /  321
Davide Faraone
Pour les autonomies (en) (Aut) Centre gauche
8  /  321
Julia Unterberger
Groupe Mixte
45  /  321
Loredana De Petris
Non-inscrits
2  /  321

Anciennes compositions

Composition au , puis au  :

  • Parmi les cinq sénateurs à vie : Mario Monti était d'abord membre du SCpI, avant d'adhérer au groupe mixte à sa dissolution, l'ancien président Carlo Azeglio Ciampi siège d'abord dans le groupe mixte puis le PLA, tout comme les 3 autres sénateurs à vie qui adhérent également au groupe PLA.

Présidence

Selon la Constitution, le Sénat doit tenir sa première réunion, au plus tard vingt jours après la tenue des élections parlementaires. Cette séance, présidée par le sénateur le plus âgé, procède à l'élection du président du Sénat, désigné, en principe, pour conduire la législature à son terme. La majorité absolue des sénateurs est, dans un premier temps, requise. Si, après trois tours de scrutin, celle-ci n'est pas atteinte, un quatrième tour de scrutin opposant les deux premiers candidats du troisième tour doit avoir pour issue la victoire de celui qui aurait remporté le plus grand nombre de suffrages ; dans le cas d'une stricte égalité entre ces deux candidats, le plus âgé est déclaré élu.

Le président du Sénat, outre la conduite des débats, représente la Chambre haute en Italie comme à l'étranger, préside la Conférence des présidents qui décide de l'ordre du jour étudié par les sénateurs, fait respecter le règlement au sein du Palais Madame et doit étudier la recevabilité des projets de loi avant leur inscription à l'ordre du jour par la Conférence des présidents.

Depuis le , le Sénat de la République, pour la XVIIIe législature, est présidé par Maria Elisabetta Alberti Casellati, sénatrice de Vénétie pour Forza Italia (FI).

Sénateurs à vie

Le Sénat comprend, à ce jour, six sénateurs à vie, nommés par le président de la République ou siégeant après avoir assumé la charge présidentielle, selon l'art. 59.1 et 59.2 de la Constitution de l'Italie :

Réforme avortée

Mi-, le président du Conseil Matteo Renzi présente son projet de réforme du Sénat. Si ce projet parvient jusqu'à son terme, le Sénat n'aura plus de rôle exécutif, mais une mission consultative vis-à-vis de la Chambre des députés ; le « bicamérisme parfait » né en 1947 était jusque-là déclaré responsable de pesanteurs politiques et d'une profonde inertie. Il comportera 100 membres (74 conseillers régionaux, 21 maires et 5 personnalités désignées pour 7 ans par le président de la République) contre 321 aujourd'hui ; ils ne seront plus rémunérés, ce qui représentera une économie de 500 millions d'euros pour l'État.

Ce projet de réforme, le plus important depuis la fondation de la République, prévoit également un rétrécissement du collège électoral chargé d'élire[14] le président de la République (actuellement, ils sont 1 000 membres) mais non plus une baisse du nombre de députés[15].

Le projet est rejeté par référendum le .

Notes et références

Notes

  1. La Constitution dispose que le nombre de sénateurs élus est de 315, auxquels s'ajoutent jusqu'à cinq sénateurs à vie nommés par le président de la République ainsi que les anciens présidents de la République, membres à vie de droit.
  2. À l'entrée en vigueur de la révision constitutionnelle de 2020 sur la réduction du nombre de parlementaires, le nombre de sénateurs sera réduit à 200 et le nombre de sénateurs à vie limité à cinq de manière simultanée, hors anciens présidents de la République.

Références

  1. (it) « Composizione dei Gruppi parlamentari », sur senato.it (consulté le )
  2. Constitution italienne, la partie "Organisation de la République"
  3. Rosatellum, come funziona la legge elettorale e cosa prevede
  4. Rosatellum 2.0, tutti i rischi del nuovo Patto del Nazareno
  5. Voto ai 18enni anche per il Senato: primo sì alla riforma M5s-Pd
  6. Contenu de l'amendement de l'article 58
  7. Premier vote article 58
  8. (it) « Votazione Senato Modifica all'articolo 58 della Costituzione, in materia di elettorato per l'elezione del Senato della Repubblica - DDL n. 1440. Em. 1.101 (testo 2), Il Relatore - OpenParlamento », sur parlamento18.openpolis.it (consulté le ).
  9. (it) « Scheda su disegno di legge S. 1440-B [Diritto di voto al senato per i diciottenni] Modifica all'articolo 58 della Costituzione, in materia di elettorato per l'elezione del Senato della Repubblica - OpenParlamento », sur parlamento18.openpolis.it (consulté le ).
  10. (it) « Votazione Camera [Voto per i diciottenni al senato] - Pdl cost. 1511 e ab.-B -voto finale - OpenParlamento », sur parlamento18.openpolis.it (consulté le ).
  11. (it) « Votazione Senato [Diritto di voto al senato per i diciottenni] Disegno di legge n. 1440-B. Votazione finale - OpenParlamento », sur parlamento18.openpolis.it (consulté le ).
  12. suivi amendement article 58
  13. (it) « Composizione dei Gruppi parlamentari », sur senato.it (consulté le )
  14. (it) Giampiero Buonomo, La transizione infinita Mondoperaio, n. 2/2016, p. 88-90.
  15. Richard Heuzé, « Renzi pousse le Sénat italien à se réinventer », Le Figaro, mardi 15 juillet 2014, page 6.

Lien externe

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