SÉCAM

Le SÉCAM ou SECAM, acronyme de « quentiel couleur à mémoire[1] », désigne un standard international de codage couleur du signal vidéo analogique, inventé par Henri de France en 1956 et commercialisé à partir de 1967.

Adapté aux formats vidéo 625 lignes et 25 images par seconde, le SECAM a été principalement implanté en France (métropolitaine et DOM-TOM), dans les pays de l'est de l'Europe, en Afrique francophone, les pays de l’ex-URSS, en Mongolie et au Levant. Il est associé selon les pays, à une norme de télédiffusion spécifique (désignée par les lettres L/L', B/G et D/K ou K'/K1).

Principes techniques

Les trois systèmes de télévision couleurs historiques (NTSC, SECAM et PAL) ont été conçus pour être compatibles avec les normes de télédiffusion en noir-et-blanc antérieures pour des motifs de compatibilité. Ainsi, un ancien téléviseur noir-et-blanc doit pouvoir restituer les émissions émises en couleurs et un téléviseur couleurs doit permettre de restituer des émissions diffusées en noir-et-blanc. Les informations supplémentaires spécifiques à la couleur sont donc ajoutées ou combinées avec les signaux en noir-et-blanc.

Le signal noir-et-blanc ou luminance (Y) constitue la première information vidéo à exploiter (première composante du vecteur). Il reste donc deux informations (deux composantes) dites de chrominance, à transmettre. Il fut choisi de transmettre U = constante × (R – Y) et V = constante × (B – Y), car l’information de couleur verte G est celle qui est la plus proche de la luminance Y. Le SECAM se distingue des autres normes sur ce point.

NTSC et PAL

En NTSC et PAL, les deux signaux de chrominance (U = constante × (R – Y) et V = constante × (B – Y)) sont transmis simultanément, en modulation de phase et d’amplitude. Ainsi, pour chaque ligne, et donc pour chaque point, on dispose des informations Y, U et V, ce qui permet de reconstituer les trois composantes primaires R, G et B.

SECAM

Pour le SECAM, les informations U et V sont transmises alternativement une ligne sur deux. Ainsi :

  • pour une ligne donnée, on dispose des informations Y (le signal noir-et-blanc, transmis pour chaque ligne) et U = constante × (R – Y) ;
  • pour la ligne suivante, on dispose des informations Y et V = constante × (B – Y) ;
  • et ainsi de suite.

Dans cette formule, le système ne permettrait pas de restituer les trois composantes R, G et B. Toute l’astuce consiste à prendre, pour une ligne donnée, l’information U ou V manquante sur la ligne précédente. À cet effet, une ligne à retard de 64 μs (la durée d’une ligne) mémorise l’information de couleur d’une ligne (U ou V), et la restitue au moment de la réception de la ligne suivante, où combinée à l’information de couleur de cette dernière (resp. V ou U), elle permet enfin d’accéder aux trois composantes du vecteur de couleur.

Ainsi, en SECAM, la résolution en chrominance est moitié moindre que la résolution en luminance (celle de l’image en noir-et-blanc). En pratique, cela ne pose pas de problème particulier car l’œil humain présente à peu près les mêmes caractéristiques (meilleure résolution en luminance qu’en chrominance). Il est à noter que cette pratique de la division par deux de la chroma a été reprise dans la norme JPEG et donc par héritage dans les normes MPEG-1, MPEG-2 et MPEG-4.

Les données de couleur sont transmises en modulation de fréquence, ce qui garantit (uniquement lors de la transmission) une meilleure stabilité des couleurs et diminue la perception de l’information de couleur dans l’image vidéo en noir et blanc. Dans l’explication qui précède, on a considéré pour simplifier que SECAM, tout comme PAL et NTSC, utilise l’espace de couleur YUV. Ce n’est pas tout à fait exact, car en SECAM, les composantes U et V sont mises à l’échelle ; les trois composantes sont ainsi exprimées dans l’espace de couleur YDbDr.

Le SECAM est théoriquement meilleur que le PAL pour la télédiffusion hertzienne uniquement en raison d’une consolidation de la chrominance. Cela est un avantage pour les clairs-obscurs qui rendent mieux en SECAM, les couleurs y sont à l'œil nu plus saturées qu'en PAL. Par contre cette saturation peut baver sur de grandes surfaces rouges ou bleues très saturées.

Avantages/inconvénients des trois systèmes

TypeCaractéristiques
NTSC
  • Instabilité de la teinte.
  • Instabilité de la saturation.
  • Résolution faible.
  • Fréquence plus élevée (60 Hz, 30 images par seconde au lieu de 50 Hz, 25 images par seconde), liée à la fréquence du réseau électrique.
PAL
  • Stabilité de la teinte.
  • Instabilité de la saturation.
  • Résolution élevée (jusqu'à 550 points par ligne) mais bridée par les porteuses couleurs à 416 points par ligne. Les téléviseurs équipés de filtre en peigne évolué peuvent déboucher jusqu'à 550 points par ligne, toutefois sans atteindre réellement cette qualité.
SECAM
  • Stabilité de la teinte.
  • Stabilité de la saturation.
  • Résolution élevée (jusqu'à 600 points par ligne) mais bridée par les porteuses couleurs à 374 points par ligne sur la quasi-totalité des téléviseurs. Surtout que depuis la fin des années 1980 TDF limite la luminance Y à 3,6 MHz pour la diffusion de la porteuse stéréo Nicam.

Limites techniques et lacunes

Enregistrement vidéo SECAM en vidéo analogique

Dans le cas de la vidéo grand public (exemple : VHS), il existe deux modes de traitement (enregistrement/lecture) du signal couleur SECAM.

  • Le mode SECAM dans un magnétoscope. L'information couleurs contenue en diffusion sur une porteuse de plus haute fréquence que le signal de base est enregistrée à une fréquence inférieure à la porteuse vidéo, pour des raisons de qualité et de bande passante. Du fait de la modulation en modulation de fréquence, l'idée a été simplement de faire passer la porteuse dans un diviseur de fréquence par 4 (et une multiplication par 4 à la restitution), cela permet d'effectuer le traitement avec un matériel bien moins coûteux que la méthode classique utilisée dans les magnétoscopes PAL ou NTSC.
  • Le second mode dérivé du SECAM est le MESECAM que l'on retrouve dans l’Europe de l’Est, le Levant, la Tunisie, le Maroc et la Grèce. En outre, il a été exploité en Suisse romande (entre 1978 et 2011). Cette méthode utilise tout simplement du matériel PAL standard et la méthode utilisée pour la conversion de fréquence pour les enregistrements PAL standard plus coûteuse que la méthode simplifiée du SECAM. Le système MESECAM n'existant pas en tant que tel, il s'agit ici de l'utilisation d'un magnétoscope PAL avec un signal SECAM.

Finalement, bien que le procédé VHS SECAM soit théoriquement moins cher puisque plus simple, en pratique avec l'augmentation de la diffusion des magnétoscopes, un autre problème est apparu ; le matériel pour le territoire français étant différent, il bénéficie moins de la réduction due à la production de masse. De plus, la nécessité de pouvoir lire des cassettes PAL sur des magnétoscopes français apparut vite, ce qui fit qu'un grand nombre supportèrent les deux standards et furent donc équipés des deux systèmes de décodage, pour peu que le téléviseur accepte le PAL et le SECAM. Un signal SECAM enregistré sur un magnétoscope PAL (c'est donc du MESECAM) puis relu sur un magnétoscope PAL sera en couleurs. Alors qu'un signal PAL enregistré sur un magnétoscope SECAM sera toujours en N&B. La lecture des cassettes SECAM avec un magnétoscope PAL est restituée en noir et blanc et inversement. Les récepteurs analogiques des magnétoscopes VHS PAL avec MESECAM vendus en Suisse Romande étaient modifiés d'origine CCIR B/G. Un petit circuit artisanal avec circuit intégré était ajouté, permettant la réception des normes analogiques L/L'; une étiquette était apposée sur l'appareil : « PAL+SECAM ». Le récepteur devenait multinorme, mais l'appareil enregistrait les chaînes françaises par voie hertzienne terrestre en mode MESECAM.

Le standard SECAM a été abandonné par les professionnels (chaînes, producteurs, duplication…) dans les domaines de l’exploitation (studios, régies), de l’enregistrement et de l’archivage à compter du début des années 1980 au profit du PAL, ceci principalement pour des raisons pratiques car le catalogue de matériel PAL était plus important et moins cher. La distribution de Canal+ analogique, sur le câble Suisse Romand, se faisait en SECAM B/G, avec le choix, pour les VHS les plus récents vendus dans cette région, de choisir le mode d'enregistrement (MESECAM, ou SECAM), mais avec la fin de la diffusion analogique de Canal+, les Suisses Romands distribuent cette chaîne uniquement en norme DVB-C chiffré, et les plages en clair encore en analogique mais en PAL.

Du côté des particuliers, le standard SECAM a été abandonné en pour la diffusion grand public par voie hertzienne.

Inconvénient, l'identifiant couleurs SECAM

Le procédé SECAM accuse un autre défaut. Il concerne le signal d’identification devant permettre au décodeur SECAM du téléviseur couleurs, la restitution d’une image conforme à l’émission. Entre 1965 et 1988, cette transmission a été exploitée en synchronisation avec les trames de la vidéo ("identification trame", ou "Bouteilles"). Depuis on utilise l'"identification ligne". Les téléviseurs datant d’avant 1980 ne disposaient pas systématiquement de ces circuits.

Dans le milieu des années 1960, lors de l’adoption du SECAM par tous les pays membres de l’OIRT, les chaînes de TV de ces pays diffusaient simultanément, les 2 modes d’identification. Quant à la France, elle choisit, en 1967, de diffuser la couleur, uniquement en identification TRAME. Les circuits SECAM des TV fonctionneront obligatoirement avec ce mode de transmission, jusqu’au . Le , les chaînes de TV françaises optent, désormais, pour l’identification LIGNE, qui est le mode obligatoire de transmission de la couleur SECAM (dans la perspective de supprimer l’identification TRAME, pour la remplacer par des signaux numériques tels que le télétexte, le VPS, le PDC, le sous-titrage et dans le cas de Canal+, des données destinées pour les décodeurs (droits d'accès), comme pour un signal vidéo analogique PAL).

Entre et , Antenne 2 (devenue France 2) puis TF1 (dont la colorisation s’est déroulée entre 1975 et 1982) ont diffusé simultanément les deux identifications couleur. L’organe de régulation (successivement le Ministère de l’information, la Haute Autorité de l’Audiovisuel, la CNCL puis le CSA) a contraint les trois premières chaînes françaises à diffuser simultanément ces deux signaux, en raison du considérable parc d’équipements TV couleurs produits avant .

Quant aux nouvelles chaînes apparues par la suite, ainsi que celles transcodées en SECAM sur le câble analogique, le CSA ne leur a jamais imposé les deux signaux, les opérateurs étant uniquement obligés d’utiliser l’identification LIGNE, ils restent libres de diffuser l’autre signal simultanément selon leur gré. Ainsi, en 1984, Canal+ a été la première chaîne qui transmettait uniquement l’identification ligne (elle a, malgré tout, utilisé les deux modes pendant l’année 1985, pendant les plages en clair) :

  • La Cinq a utilisé simultanément les deux signaux simultanés jusqu’à sa faillite en 1992.
  • TV 6, puis M6 qui lui a succédé a fait de même jusqu’en 2001 (excepté les décrochages locaux qui conservent les deux modes).
  • La 5e (renommée ensuite France 5) a commencé avec les deux signaux simultanés (conservant les spécifications de La Cinq dont elle a repris l’ancien réseau de diffusion), tout comme Arte France (qui partageait le temps d’antenne et les canaux de la 5e), mais, elles ont rapidement abandonné l’identification TRAME en 1998, pour développer le télétexte et le PDC.
  • Pour les mêmes raisons, TF1 et France 2 ont fait de même, dès l’automne 2005.
  • France 3 a également supprimé en l’identification TRAME, sur son signal national.

TMC, disponible en analogique SECAM sur le satellite ATLANTIC BIRD 3, ne transmet que l’identification LIGNE. Les chaines de TV locales, diffusant encore en hertzien analogique, diffusent en SECAM, uniquement avec les salves d'identification ligne.

Le problème se pose avec les (rares) téléviseurs, fabriqués avant 1980, qui restituent une image noir et blanc avec la diffusion actuelle analogique en SECAM. En PAL et en NTSC, ce problème n’existe absolument pas. C’est ce problème qui s’est posé, aussi, en 1984, entre le signal (clair et chiffré) de CANAL + analogique, et les premiers abonnés, qui voyaient une image noir et blanc sur leur téléviseur (modèle sorti d’usine entre la fin 1978, et ) qui fonctionnait en identification TRAME, mais qui avaient déjà une prise Péritel (TV vendus en grandes surfaces). Les petits fabricants de TV Français, "rodaient" leur nouvelles séries de fabrication de téléviseurs, avec Péritel, dans la perspective de l’obligation d’équiper ainsi les appareils, obligation effective en . Les postes sortis après le , n’ont plus eu le problème avec l’identification couleur. La firme CGV, avait réalisé un boitier adaptateur, à l'origine pour Canal+ analogique. Cet appareil régénère l'identification TRAME, à partir des signaux d'identification ligne, ce qui permettait de voir les émissions analogiques de Canal+ en couleur sur les téléviseurs anciens. Aujourd'hui, c'est la seule manière d'utiliser ces appareils anciens, avec l'analogique SECAM.Toutefois, le problème se pose avec les cassettes VHS SECAM protégées contre la copie. Le codage MACROVISION se trouve en lieu et place des signaux d'identification trame, et fait varier régulièrement la luminance, afin de gêner la copie (désynchronisation du tambour du magnétoscope analogique enregistreur, et refus d'enregistrement avec un DVD enregistreur), le téléviseur possède un circuit de clamp qui réaligne la luminosité, mais les circuits du boitier CGV, régénérant l'identification trame, ne peuvent pas fonctionner, avec cette variation de luminance volontaire, due au MACROVISION, alors que le boitier CGV n'est pas conçu pour la copie vidéo. Cependant, certains téléviseurs, sortis avant 1979, équipés du circuit intégré TCA 640, pouvaient, déjà fonctionner avec l'identification ligne. De nos jours, les réseaux câblés Français, distribuant, encore, de l'analogique, en SECAM L/L', utilisent uniquement l'identification ligne.

Dates clés

  • 1967 : Début des émissions en couleur SECAM dès octobre sur la 2e chaîne nationale française.
  • 1972 : Le , début des émissions de la troisième chaîne de télévision (ORTF 3) directement proposée en couleur.
  • 1975 : Ouverture du réseau UHF couleur en SECAM fin 1975 pour la première chaîne (devenue TF1 en janvier 1975). Toutefois il faudra attendre jusqu’en 1980 pour que soit exploité le SECAM dans l’ensemble du pays. Le réseau d’émetteurs en noir et blanc et « haute définition » 819 lignes n’a pas pu être adapté à la couleurs pour des motifs de coûts industriels et d’occupation du signal modulé. En parallèle au SECAM diffusé en UHF, TF1 a donc continué à diffuser son programme en noir et blanc 819 lignes sur le réseau VHF jusqu’en juillet 1983, soit quelques mois à peine avant l'annonce de l’arrivée de Canal+ (qui a repris au passage, ses fréquences VHF devenues inutiles pour TF1).
  • 1977 : Début de diffusion de pages Télétexte Antiope véhiculées de manière invisible dans l'espace de synchronisation des images. Pour être visualisées, ces pages Télétexte nécessitent un décodeur Télétexte externe ou intégré au téléviseur ou encore intégré au magnétoscope.
  • 1980 : TF1 couvre désormais toute la France en couleur.
  • 1994 : Son NICAM. Le SECAM a été le dernier standard de télévision à être associé à un son stéréophonique. Alors que le NTSC et surtout le PAL ont pu intégrer la stéréo dès les années 1960 (puis les effets Surround à compter du milieu des années 1980), le SECAM a dû attendre l’introduction du procédé audio numérique NICAM à partir de 1994 (son extension à l’ensemble des émetteurs français s’est déroulée jusqu’en 1999). Cela n’est pas dû au codage SECAM proprement dit mais à la norme de modulation française L/L', dernière norme au monde à utiliser la modulation d’amplitude pour transmettre le son, avec modulation positive de l’image.
  • 1999 : Tous les émetteurs français sont compatibles NICAM.
  • 2011 : Arrêt de la diffusion SECAM en réception hertzienne terrestre. Le SECAM a définitivement été abandonné le , en réception hertzienne terrestre (la région Languedoc Roussillon a été la dernière région Française, à passer au tout numérique. Sur le satellite Atlantic Bird 3, la diffusion en SECAM de France 5, Arte, et M6 est arrêtée le même jour, puis TF1 a cessé sa diffusion dans ce standard sur ce satellite le , suivi de Canal+.
  • 2012 : Arrêt le , des diffusions en SECAM sur Atlantic Bird 3 (TF1 et France 2 ont été remplacés par une boucle vidéo promotionnelle pour FRANSAT, en PAL, jusqu'en ). Il survivra encore probablement quelques années dans les foyers grâce aux magnétoscopes analogiques VHS (mauvaise qualité des couleurs car la bande passante luminance en VHS SECAM est extrêmement limitée). De fait, les systèmes numériques (SD, ED, et HD) deviendront les standards employés par le plus grand nombre de pays au monde.
  • 2015 : La norme L/L' et la couleur SECAM, disparaissent définitivement des réseaux cablés Français, du fait de l'arrêt total de l'analogique sur ces réseaux, c'était le dernier bastion des normes L/L' et du SECAM, en France.

Histoire du SECAM vis-à-vis des autres standards

Le SECAM a bien corrigé tous les gros défauts du NTSC, et le PAL a été créé à partir du SECAM comme une norme intermédiaire, reprenant l’essentiel des améliorations du SECAM, notamment :

  • la séparation séquentielle des composantes de chrominance grâce à l’invention et l’utilisation par Henri de France de la ligne à retard de 64 µs pour permettre la mémorisation des informations de chrominance d’une ligne à l’autre
  • la modulation de la sous-porteuse de couleur unique (deux porteuses en NTSC, l’une bavant sur l’autre suivant les conditions de transmissions et les distances !), en fréquence pour le SECAM (meilleure stabilité et donc qualité), en amplitude pour le PAL et le NTSC. En fait, dans la 3e version du SECAM, on utilise successivement deux sous-porteuses à 4,406 25 MHz et 4,25 MHz[2]
  • l’utilisation d’une bande élargie pour le signal de chrominance grâce à la sous-porteuse unique en SECAM (idée conservée en PAL) par rapport aux faibles bandes des deux sous-porteuses NTSC
  • le modèle colorimétrique (pour le signal démodulé) YUV corrigé en fonction de la sensibilité relative plus faible du bleu par rapport au rouge et donc converti en <Y, Dr, Db> avec une bande passante nécessaire plus faible pour le signal de chrominance quand il transporte le delta bleu (ce modèle colorimétrique a été repris aussi dans le PAL)
  • la distinction des lignes paires et impaires (pour distinguer les lignes émises en <Y, Dr> des lignes émises en <Y, Db> par des fréquences de sous-porteuse distinctes, celle du bleu étant légèrement plus faible et ayant donc une modulation en fréquence sur une largeur de bande plus faible, ce qui aurait permis de coder une bande son améliorée (la stéréo par exemple) ou des données numériques (télétexte, sous-titrage, signaux horaires, téléservices…) dans les lignes libres : idée nouvelle non conservée dans le PAL qui utilise une fréquence de sous-porteuse unique pour les lignes paires ou impaires, mais signale les trames couleur modulées en amplitude sans quadrature par une « salve initiale » comprenant une ligne déphasée de + ou - 45° (suivant la parité de la trame) par rapport à la position de déphasage alternée à 0 ou 180° (ce qui est un système spécifique PAL incompatible avec ses prédécesseurs SECAM et avant lui NTSC, mais n’apporte pas d’amélioration qualitative).
  • Toutefois, le SECAM a ensuite évolué en tenant compte des remarques des constructeurs du système PAL : l’alternance des fréquences de sous-porteuses pour les lignes paires et impaires a été rendue optionnelle, permettant l’utilisation d’une fréquence de sous-porteuse unique (en conservant toutefois sa modulation en fréquence et non en amplitude comme en PAL) : c’est l’objet de la variante L' du SECAM par rapport à la variante L initiale. [La phrase précédente est complètement fausse. Il y a toujours deux fréquences de sous-porteuses de chrominance en SECAM, et cela n’a aucun rapport avec les normes L et L' qui concernent l’écart entre la sous-porteuse son et la sous-porteuse image]. L’identification des trames devient alors obligatoire (faute de quoi les lignes <Y, Dr> et <Y, Db> seraient permutées ce qui aurait eu pour effet de permuter le rouge et le bleu). Cette identification pouvant se faire soit en début de trame sur les salves des premières lignes, ou en début de chaque ligne pour en indiquer la nature. L’identification a été l’objet d’incompatibilités, et c’est pourquoi les deux systèmes d’identification ont été employés simultanément, ce qui a « mangé » la bande passante restante et empêché son utilisation pour le son stéréo (apparu bien plus vite en PAL et en NTSC, les deux systèmes n’ayant pas à coexister simultanément).

On pourrait dire toutefois que le PAL a légèrement amélioré la qualité de couleur pour la composante bleue, en ne réduisant pas sa bande passante, comme en SECAM, et simplifié la conception en évitant la double syntonisation sur les deux fréquences de sous-porteuse. Toutefois, en faisant cette opération, si le modèle colorimétrique a été simplifié en <Y, Pr, Pb> avec un traitement égal pour le delta rouge et le delta bleu, le peu qui a été gagné a été perdu par le retour à la modulation d’amplitude comme en NTSC, avec donc une plus forte sensibilité aux perturbations et parasites lors de la transmission, et donc plus d’aberrations chromatiques.

Bref, le SECAM a bien été une invention techniquement meilleure, seulement un peu trop en avance par rapport à l’époque, et pas suffisamment appuyée par les industriels ni par une volonté politique (déblocage des programmes TV encore trop contrôlés par le gouvernement). De plus, il n’a malheureusement pas dopé assez vite le marché français pour accélérer l’adoption de la couleur, qui a été relativement longue en France (de 1967 à 1983), ce qui a considérablement freiné l’achat des récepteurs couleurs en France (malgré la colorisation très précoce de la deuxième chaîne nationale de l'ORTF).

Le SECAM a en fait plus souffert du cadre réglementaire français qui a imposé aux chaînes des émissions avec deux systèmes simultanés d’identification des trames, et trop longtemps aussi du manque de liberté de programmation en France avec une ouverture très tardive à la concurrence (problème encore plus critique en Europe de l’Est, Albanie et Grèce où le SECAM avait aussi été adopté dans des pays encore politiquement non démocratisés, de même qu’en Afrique pour cause d’absence de moyens de production suffisants). De fait, c’est le PAL (et ses variantes) qui a le plus gagné comme norme de production commune en raison de sa plus grande proximité à la fois du NTSC et du SECAM en tant que norme intermédiaire combinant la compatibilité avec le NTSC et en partie la qualité colorimétrique supérieure du SECAM.

Le choix politique d’une partie des normes de télévision en France revient à François Mitterrand (secrétaire d’État) ainsi qu’à Charles de Gaulle. Pour des motifs d’une part strictement de protection des frontières françaises face à la réelle « influence » et concurrence qui existaient déjà alors en radio (anglo-saxonne et pro américaine) durant la Guerre froide, mais aussi pour le rayonnement de la maîtrise technologique française. Le pouvoir a également préconisé l’adoption par les autres pays de cette technologie innovante puisque théoriquement meilleure que ses deux concurrentes (allemande PAL et surtout américaine NTSC). Le Général de Gaulle a alors réussi à convaincre l’URSS et ses alliés ainsi que tous les pays sous influence française (à l’exception notable du Canada francophone) d’adopter le SECAM.

Le SECAM aurait pu réussir à supplanter le NTSC par exemple en Chine et au Japon, si la France n’avait pas été aussi protectionniste en taxant fortement les téléviseurs asiatiques importés (on se souvient encore en Asie de l’affaire des téléviseurs et magnétoscopes asiatiques bloqués en douane à Poitiers). Empêchés de produire en grand volume des appareils compatibles SECAM, l’Asie a sans problème produit à bas prix des appareils PAL et NTSC, et les équipements de réception PAL ont même réussi leur percée aux États-Unis et au Japon (sauf pour la diffusion hertzienne, devenue assez marginale en raison de sa piètre qualité qui a été moteur de la percée des réseaux câblés dans ces pays, dont les abonnés se sont équipés de matériels bi-standards supportant la modulation PAL des réseaux câblés, dans sa variante M à 525 lignes à 60 Hz, pour pleinement profiter de la couleur améliorée, mais aussi du son stéréophonique bien meilleur en PAL qu’en NTSC, et du télétexte codable aussi dans la bande passante restante).

La tentative de remplacement du SECAM par la norme D2MAC (modulation vidéo par « paquets » associée à un son numérique déjà exploitée par satellite et sur le câble) a été vite abandonnée avec l’émergence de la numérisation vidéo (qui deviendra le MPEG) dès 1993.

Le NTSC sera la première norme couleur à disparaître, tant son utilisation a été abandonnée et critiquée, au profit des réseaux câblés. La conversion totale de la télévision hertzienne de NTSC en PAL n’est plus aujourd’hui d’actualité, car les trois systèmes seront remplacés par la télévision numérique terrestre (DVB-T). Le SECAM doit normalement mourir en même temps que le PAL, toutefois, il est probable que le PAL survivra plus longtemps en raison de sa compatibilité mondiale avec pratiquement tous les équipements vidéos. Il restera parfois la modulation locale pour les autres appareils et il est probable que celle-ci sera partout en PAL (ou PAL-M aux États-Unis pour sa version 60 Hz), voire aussi de plus en plus en YUV en analogique sans modulation, ou en numérique direct (par une connexion vidéo DVI avec un port son numérique, ou un port HDMI combinant les deux) cette dernière possibilité permettant l’exploitation des protections DRM.

Les détracteurs du SECAM ont tourné en dérision ses initiales, les mettant en rapport avec les difficultés de diffusion de cette norme, à travers un ensemble de rétroacronymes tel que « Surtout Éviter la Compatibilité Avec le Monde » ou encore « Système Élégant Contre les AMéricains ». Le NTSC donne lieu à une boutade du même genre et où l'acronyme signifie Never Twice The Same Color (jamais la même couleur deux fois de suite).

De nos jours certains récepteurs DVB (Sat/Antenne/câble), ont une sortie vidéo composite CVBS, sur cinch ou broche 19 de la Péritel, qui permet au convertisseur Numérique analogique (DAC), de sortir un signal couleur PAL 4,43 Européen 625 lignes 50 Hz (composite ou séparé Y/C), éventuellement, un signal CVBS SECAM (identification ligne uniquement), un signal NTSC 3,58, un signal PAL-M (525 lignes, 60 Hz) et un PAL-N (625 lignes 50 Hz)

Définition

Le grand public étant plus habitué à parler en définition du type 720*576 qu'en termes de bande passante de 3,6 MHz pour du 625 lignes, ou qu'en termes de qualité type 500 lignes, il est possible de définir une équivalence en définition de Y, Db et Dr.

Les trois systèmes commencent par transformer le signal RVB où le R, le V et le B sont analysés en 576 lignes (488 en NTSC et PAL 60) en disons YUV ici pour simplifier la comparaison.

En SECAM, le Y reste sur 576 lignes. Le U et le V sont ramenés à 288 lignes où le U provient des lignes paires et le V des lignes impaires (en fait ça change à chaque demi image).

Le Y est modulable en amplitude sur MHz dans un canal MHz en France, pour rester compatible avec les téléviseurs à la norme L (norme noir et blanc 625 lignes).

Le U et le V sont modulés en fréquence sur ce même canal de manière alternative à respectivement 4,406 25 MHz et 4,25 MHz.

Néanmoins, très vite, la porteuse Y est bridée à l’émission par TDF à 3,6 MHz pour ne pas interférer avec les sous porteuses couleurs. Ceci rendant inutiles les filtres cloches évolués qui auraient permis de déboucher la porteuse dans son intégralité (MHz ⇒ 700 points environ) dans les récepteurs SECAM, les téléviseurs n’en seront jamais équipés.

La durée d’une ligne est de 64 µs dont 52 µs de signal utile. Dès lors le SECAM est bridé à :

  • Y = 3 600 000/25/625*(52/64)*2 ⇒ 374 valeurs discrètes Y par ligne.

U et V sont modulés en fréquence 1 ligne sur 2 respectivement à 4,40625/MHz et 4,25/MHz. On a donc :

  • U = (4 406 250/2) /25/625*(52/64)*2 ⇒ 229 valeurs discrètes U pour deux lignes.
  • V = (4 250 000/2) /25/625*(52/64)*2 ⇒ 221 valeurs discrètes V pour deux lignes.

À titre de comparaison en PAL :

  • Y = 4 000 000/25/625*(52/64)*2 ⇒ 416 valeurs Y ligne.
  • U = V = (2 570 000/2) /25/625*(52/64)*2 ⇒ 133 valeurs U par ligne, 133 valeurs V par ligne.

et en NTSC :

  • Y = (3 200 000)/30/525*(52/64)*2 ⇒ 330
  • U = V = (1 500 000)/30/525*(52/64)*2 ⇒ 206
Définitions effectives des composites
SECAM PAL NTSC
Y 374*576 416*576 330*488
U 229*288 133*576 154*488
V 221*288 133*576 154*488

Notes et références

Liens externes

Bibliographie

  • Les secrets de l’image vidéo, par Philippe Bellaïche, éditions Eyrolles, , (ISBN 2-2121-2284-5)

Voir aussi

  • Portail de la télévision
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