Rue Notre-Dame-des-Champs

La rue Notre-Dame-des-Champs est une rue du 6e arrondissement de Paris, qui commence rue de Vaugirard (face à la rue du Regard) et se termine avenue de l'Observatoire.

Pour les articles homonymes, voir Notre-Dame-des-Champs.

6e arrt
Rue Notre-Dame-des-Champs
Situation
Arrondissement 6e
Quartier Notre-Dame-des-Champs
Début 125, rue de Rennes
Fin 18, avenue de l'Observatoire
Morphologie
Longueur 1 010 m
Largeur 11,70 m
Historique
Création XIVe siècle
Ancien nom Chemin Herbu
rue du Barc
chemin de Coupe Gorge (1670)
rue Neuve Notre-Dame des Champs
rue de la Montagne des Champs.
Géocodification
Ville de Paris 6779
DGI 6838
Géolocalisation sur la carte : 6e arrondissement de Paris
Géolocalisation sur la carte : Paris
Images sur Wikimedia Commons

Situation et accès

Longue d'un peu plus d'un kilomètre, cette voie traverse le 6e arrondissement de Paris, d'ouest en est, de la rue de Rennes à l'avenue de l'Observatoire. Son tracé conserve la sinuosité du chemin agricole qu'elle était.

La rue est desservie, au nord, par la ligne de métro à la station Notre-Dame-des-Champs et par les lignes de bus RATP 586882, au sud par la ligne B du RER, à la gare de Port-Royal, et par les lignes de bus RATP 38N14N21N122.

Origine du nom

Cette rue tire son nom de l'ancienne chapelle Notre-Dame-des-Champs, devenue en 1604 le couvent des Carmélites du faubourg Saint-Jacques.

Historique

Plaque de la rue Notre-Dame-des-Champs se trouvant en carrière.
La rue Notre-Dame-des-Champs vers le carrefour avec la rue Vavin au début du XXe siècle.

La rue qui menait à la chapelle Notre-Dame-des-Champs (Beata Maria a Campis), depuis la rue de Vaugirard, était appelée le « chemin herbu », et longeait à peu près les jardins dits « du petit Luxembourg » et du couvent des Chartreux de Paris (aujourd'hui jardin du Luxembourg). On y accédait par la rue du Faubourg Saint-Jacques. Cette chapelle se trouvait presque en face du Val-de-Grâce, à l'emplacement des nos 13-15 de l'actuelle rue Pierre-Nicole, dans le 5e arrondissement. Cet édifice religieux, appelé alors « Notre-Dame-des-Vignes » remontant probablement à l'époque mérovingienne, fut confié au Xe siècle à des moines de l'abbaye de Marmoutier pour le desservir. Robert le Pieux fit reconstruire l'église et les moines s'y établirent définitivement en 1084, où ils fondèrent un prieuré, à la suite du don qui leur fut fait par Adam Paganus et Guy Lombard[1]. Le monastère fut reconstruit au XIIe siècle et subsista jusqu'au début du XVIIe siècle[2]. Le cartulaire de ce prieuré a disparu[3].

En 1604, il fut confié à la première communauté de carmélites fondée en France, sous le nom de « Carmel de l'Incarnation ». Cette communauté y demeura jusqu'à la Révolution française, époque où les bâtiments furent démolis[4].

Quand mademoiselle de La Vallière entra en 1675 [5] chez ces religieuses pour s'y appeler « sœur Louise », la rue prit ou reprit le nom de l'ancien prieuré, après n'avoir été pendant deux siècles qu'un chemin dit « Herbu », puis « rue du Barc[6] ». Jaillot, historien et géographe du XVIIIe siècle, émet l'hypothèse que la voie porta ce nom parce qu'elle était reliée par un tronçon dès alors disparu à la rue du Bac, qui porta également un temps le nom de « rue du Barc[7] ».

Cette rue passant au milieu des champs et des vignes situés au nord du Montparnasse figure sur le plan de Nicolas de Fer (1705) ; seuls sont lotis et construits les premiers numéros de la rue, c'est-à-dire du côté de la rue de Vaugirard (actuellement entre la rue de Rennes et la rue de Fleurus).

À l'entrée de la rue en effet, les Filles de la Mort s'établirent les premières, avec une chapelle sous l'invocation de sainte Thècle. À cette congrégation succéda la Communauté de mademoiselle Cossard, dite des « Filles du Saint-Esprit ». La fondatrice de cette institution avait prévu qu'en cas de suppression l'Hôpital-Général devint propriétaire de ses bâtiments, ce qui advint en 1707. Les frères des écoles chrétiennes y installèrent leur noviciat, la « maison de l'Enfant-Jésus », qui subsista jusqu'à la Révolution. Des bâtiments, plus rien ne reste depuis le percement de la rue de Rennes[réf. nécessaire].

Sous la Révolution, la rue portait le nom de « rue de la Montagne des Champs », afin de faire disparaître la mention religieuse tout en conservant la référence.

Au cours du XVIIe siècle furent édifiés plusieurs hôtels particuliers, proches de la ville mais situés en bordure de campagne. Plusieurs d'entre eux ont disparu : hôtel Traversaire (nos 42-46) détruit en 1850, hôtel Fleury (nos 48 à 58), détruit en 1847. Quelques-uns ont été conservés : hôtel Pons (nos 16-20)[8], hôtel de Montmorency-Laval (no 17)[8], hôtel de Mailly (no 20 bis)[9], hôtel Dulau (no 22)[10].

Lors de la création d'une nouvelle paroisse, du fait de l'extension démographique du quartier, une chapelle située rue de Rennes prit le nom de « Notre-Dame-des-Champs ». Elle fut démolie après la construction d'une église du même nom, rue du Montparnasse, en 1867.

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire

No 27 en 1905 : maison de Victor Hugo.
Nos 70 et 70 bis.
Ernest Hemingway devant le 113, rue Notre-Dame-des-Champs en 1924.
Camille Claudel et Jessie Lipscomb dans leur atelier au 117, rue Notre-Dame-des-Champs, en 1887.

Emplacements non localisés

Plaques

Dans la littérature

Dans le deuxième épisode du roman L'Envers de l'histoire contemporaine par Honoré de Balzac, Godefroid est envoyé vers l'an 1839 par la société des Frères de la consolation dans une maison de la rue Notre-Dame-des-Champs qui donne sur le boulevard du Montparnasse, où loge la famille du Monsieur Bernard :

« Arrivé rue Notre-Dame-des-Champs, dans la partie aboutissant à la rue de l’Ouest[39], qui, ni l’une ni l’autre, n’étaient encore pavées à cette époque, il fut surpris de trouver de tels bourbiers dans un endroit si magnifique. On ne marchait alors que le long des enceintes en planches qui bordaient des jardins marécageux, ou le long des maisons, par d’étroits sentiers bientôt gagnés par des eaux stagnantes, qui les convertissaient en ruisseaux[40]. »

Dans Le Roi en jaune (1895) de Robert W. Chambers, l'une des nouvelles s'intitule La Rue Notre-Dame-des-Champs et débute ainsi :

« La rue n'est pas élégante, pas plus qu'elle n'est misérable. C'est une paria parmi les rues - une rue sans quartier. On considère généralement qu'elle s’étend en dehors du domaine de l'aristocratie avenue de l'Observatoire. Les étudiants du quartier Montparnasse la trouvent bourgeoise et refusent d'avoir affaire avec elle. Le Quartier latin, depuis le Luxembourg qui en constitue la frontière nord, méprise sa respectabilité et regarde défavorablement les étudiants bien habillés qui la fréquentent. Peu d'étrangers s'y rendent. À certains moments cependant, les étudiants du Quartier latin l'empruntent pour passer de la rue de Rennes au Bullier, mais en dehors d’eux, et des parents et tuteurs rendant leur visite hebdomadaire au couvent proche de la rue Vavin, la rue Notre-Dame-des-Champs est aussi calme que le boulevard de Passy. Sa portion la plus respectable est sans doute celle qui s'étend de la rue de la Grande-Chaumière à la rue Vavin ; c'est du moins la conclusion à laquelle était arrivé le révérend Joel Byram, tandis qu'il la parcourait en compagnie de Hastings. »[41]

Notes et références

  1. Jean Lebeuf, Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris, vol. 1, p. 233.
  2. Félix de Rochegude, Promenades dans toutes les rues de Paris. Ve arr., 1910, p. 151.
  3. Cartulaire du prieuré Notre-Dame des Champs, dépendant de l'abbaye de Marmoutier (sine loc. (), non coté, original), in cartulR, Répertoire des cartulaires médiévaux et modernes, Paul Bertrand (dir.), Orléans, Institut de recherche et d'histoire des textes, 2006 (Ædilis, Publications scientifiques, 3).
  4. Cette communauté, réinstallée à Paris au XIXe siècle, existe toujours et vit dans un couvent portant le même nom, à Clamart Source.
  5. Saint-Simon, Mémoires, Paris, Librairie L. Hachette et Cie, 1864, tome 5, pp. 303-304.
  6. Charles Lefeuve, Histoire de Paris rue par rue, maison par maison, 1875. Notice écrite en 1862.
  7. Jean-Baptiste-Michel Renou de Chauvigné dit Jaillot, Recherches critiques, historiques et topographiques sur la ville de Paris, vol. 5, 1775, p. 72 du chapitre « Quartier du Luxembourg ». Lire en ligne.
  8. Cet hôtel est déjà sur le plan de Turgot de 1739, et appartient aujourd'hui à une communauté religieuse.
  9. Plan de Paris par Maire, 1808.
  10. Cet hôtel a probablement été édifié en partie vers 1750, et appartient aujourd'hui au collège Stanislas.
  11. Hortense Allart, Nouvelles Lettres à Sainte-Beuve, 1832-1864, Librairie Droz, 1965 (ISBN 9782600034739).
  12. Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, Paris, Les Éditions de Minuit, 1972, 1985, 1991, 1997, etc. (1re éd. 1960), 1 476 p., 2 vol.  [détail des éditions] (ISBN 2-7073-1054-9, OCLC 466966117), t. 2, p. 188.
  13. Lucien Lambeau, « La maison de Victor Hugo, rue Notre-Dame-des-Champs », Procès-verbal de la Commission municipale du Vieux Paris sur Gallica, , p. 310-318.
  14.  ; l'immeuble a été remplacé par l'ISEP.
  15. (de) Gerhard Finckh, Auguste Renoir und die Landschaft des Impressionismus, Von der Heydt-Museum, 2007, p.188.
  16. Ambroise Vollard, Auguste Renoir, Éditions G. Crès et Cie, 1920, p. 63.
  17. Les adresses de Cézanne à Paris, La Société Paul Cezanne [sic].
  18. (en) Udhe, Index of historic collectors and dealers of cubism, Metropolitan Museum of Art, New York.
  19. Une plaque lui rend hommage.
  20. Bertrand Dreyfus, Le guide du promeneur : 6e arrondissement, Paris, Parigramme, 1994, p. 243.
  21. Jean Lacoste, « Autour du Luxembourg, Romain Rolland à Paris », Cahier de Brèves, (lire en ligne)
  22. « 82, rue Notre-Dame des Champs », sur pass-archi.eu.
  23. Voir la plaque apposée sur la façade.
  24. Isabelle Enaud-Lechien, James Whistler. Le peintre et le polémiste (1834-1903), ACR Éditions, coll. « Poche Couleur », 1995, p. 162.
  25. « Fernand Léger dans son atelier, 8, 6, rue Notre-Dame-des-Champs », 1937, photographie de Brassaï, collection particulière.
  26. Fernand Léger et la vérité optique, dossier de presse de l'exposition rétrospective au Centre Georges-Pompidou du 29 mai au 29 septembre 1997.
  27. Marie-Ange Namy, « Marcel-Lenoir et la fresque » », InSitu. Revue des patrimoines, no 22, 2013.
  28. Scheede UM, Beckmann; Editions Hazan, p14
  29. Biographie de Charles Champigneulle sur le site du musée de la Marine.
  30. Catalogue de l'exposition française des Arts décoratifs ouverte le 8 février 1938 au Grand Palais du Caire (Égypte), p. 44. « Lire en ligne »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?).
  31. Janet Souter, Camille Claudel, traduction de Marion Olivier, Parkstone International (ISBN 9781859951071), p. 19. Lire en ligne.
  32. « Hemingway's Paris », nytimes.com, 2006.
  33. Page du site du musée Rodin.
  34. « Annuaire des châteaux et des départements ».
  35. Jean-Louis Robert, Plaisance près Montparnasse. Quartier parisien 1840-1985, Paris, 2012, Publications de la Sorbonne (ISBN 978-2-85944-716-8).
  36. Collectif, Un Noël en septembre, catalogue de l'Exposition pour les Journées européennes du patrimoine, 17, 18 et 19 septembre 2010 en l'église Saint-Pierre-du-Mont. Organisée par la Commission d'art sacré des Landes, diocèse d'Aire et Dax.
  37. « Le Centre Quaker à Paris », sur quakersenfrance.org (consulté le ).
  38. Michel Laffitte, « L'UGIF, collaboration ou résistance ? », in Revue d'histoire de la Shoah, 2006/2, no 185, p. 45-64 (en ligne).
  39. L'actuelle rue d'Assas.
  40. Honoré de Balzac, L'Envers de l'histoire contemporaine, t. VIII : La Comédie humaine, Éditions Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », (ISBN 2-07-010866-X), p. 319.
  41. Chambers, Robert William, (1865-1933). (trad. de l'anglais), Le roi en jaune : nouvelles, Paris, Librairie générale française, impr. 2014, cop. 2014, 381 p. (ISBN 978-2-253-18400-3 et 2253184004, OCLC 908239957, lire en ligne)
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