Rock chinois

Le rock chinois (chinois simplifié : 中国摇滚 ; pinyin : Zhōngguó yáogǔn ; chinois simplifié : 中国摇滚音乐 ; chinois traditionnel : 中國搖滾音樂 ; pinyin : Zhōngguó yáogǔn yīnyuè, lit. « musique rock and roll chinoise ») est un genre musical mêlant les instruments de musique chinois aux techniques du rock occidental. Mais la nature essentielle du rock est avant tout dans une attitude et un mode de vie, qui n’a ni frontière, ni identité ethnique. Néanmoins, le rock chinois renvoie à de la musique chinoise avec une orchestration moderne (avec ou non des instruments chinois traditionnels) combinée avec une attitude et un mode de vie opposé au divertissement approuvé par le marché et par l’État.

Cui Jian, groupe considéré comme pionnier du rock chinois.

Le rock commence à devenir populaire en Chine au milieu des années 1980 pour faire les gros titres durant les émeutes de Tian'anmen de 1989. S’ensuit pendant les années 1990 une période faite de hauts et de bas, avec de grandes difficultés pour promouvoir et distribuer la musique dues à la censure et la faible base d’auditeurs. En effet, les artistes et musiciens de rock chinois disposent d’une exposition médiatique de la part des médias contrôlés par l’État bien moindre que les artistes de pop.

Histoire

Origines

Le rock chinois tire ses origines dans le style xibeifeng (西北风, vent du nord-ouest). Ce nouveau style démarre grâce à deux chansons Xintianyou et I Have Nothing qui s’inspirent fortement des chansons populaires de la province de Shaanxi. Ils le combinent avec un tempo rapide à l’occidental, une pulsation marquée et des lignes de basses agressives. Contrastant avec la douce Cantopop, les chansons du Vent du Nord-Ouest sont chantées de manière violente. Il représente la branche musicale d’un large mouvement culturel de recherche des racines (寻根, xungen) qui s’est aussi manifesté dans la littérature et le cinéma.Il annonce aussi le renouveau de la créativité musicale en Chine. De nombreuses chansons du Vent du nord-ouest étaient idéalistes et politiques, en parodiant ou faisant allusion aux chants révolutionnaires communistes comme Nanniwan ou l’ internationale. Elles reflètent l’insatisfaction de la jeunesse chinoise et l’influence d’idées occidentales comme l’individualité ou l’émancipation[1].

Les chansons des prisons deviennent populaires en 1988 et au début de 1989, parallèlement au style du Vent du Nord-Ouest. La mode est initiée par Chi Zhiqiang qui écrit des paroles sur son expérience de prisonnier sur une musique inspirée des mélodies populaires du Nord Est. Contrairement au style du Vent du Nord Ouest, ces chansons sont lentes, sentimentales et invoquent des modèles négatifs en usant d’un langage vulgaire exprimant le désespoir et le cynisme. La popularité de ces chansons anti-conformistes reflète le fait que dans les années 1980 de nombreux Chinois sont lassés des discours des artistes chinois officiels.

Ascension

Le lieu de naissance du rock chinois est Pékin qui comme capitale était très politisée et ouverte aux influences étrangères. Au départ réduit à quelques concerts dans des petits bars et à des cercles d’étudiants, le rock chinois conquit le grand public à la fin de l’année 1989 avec un mélange entre le style du Vent du Nord-Ouest et la les chansons de prison. La première chanson chinoise rock est certainement l’hymne du Vent du Nord-Ouest Je n’ai rien datant de 1986 par Cui Jian, largement reconnu comme le père du rock chinois. La chanson introduit dans la Chine post-révolutionnaire une nouvelle philosophie combinant individualisme et expression vigoureuse. Elle symbolise rapidement la frustration qu’entretient une génération désillusionnée de jeunes intellectuels marqués par le cynisme envers le communisme, la Chine traditionnelle et la culture contemporaine.

Au printemps 1989, Je n’ai rien devient de facto l’hymne des étudiants protestataires de la place Tian'anmen. De plus, entre mai et juin de cette année, trois célèbres groupes de rock chinois se créent : Breathing (Huxi), Cobra, et Zang Tianshuo's 1989. Les groupes formés plus récemment incluent Infaillible (Budaoweng), formé par Zang Tianshuo et Tang Chao (Dynastie Tang également connu sous le nom Tang Dynasty) le chanteur et guitariste Ding Wu, et peut être le groupe de rock chinois le plus connu : Black Panther (Hei Bao), conduit d’abord par le pionnier de la musique alternative chinoise Dou Wei. Après les révoltes de la place Tienanmen, le rock fait partie intégrante de la culture des jeunes chinois des villes. Cette ascension depuis la marginalité est célébrée les 17 et quand a lieu le plus grand concert de Pékin au Capital Gymnasium. Le concert comprend six groupes de rocks dont Cui Jian, Tang Dynasty, Breathing (Huxi), Cobra et 1989[2]. Le critère pour participer était selon les organisateurs, l’originalité ; en fait, une philosophie artistique occidentale.

Le rock connaît un pic de créativité et de popularité entre 1990 et 1993. Comme les groupes sont exclus des médias contrôlés par l’État comme CCTV, tout reste malgré tout encore informel et à échelle réduite. Les participants adoptent une apparence et un comportement non-conformistes, et notamment les cheveux longs pour les hommes, les jeans, bijoux en argent, cuir noir, et attitude hippie. Le déclin du Vent du Nord-Ouest et l’ascension simultanée du rock représentent un changement dans l’attitude des intellectuels chinois. La nostalgie se transforme en une féroce négation, et en un sens en une aliénation de la culture rurale et traditionnelle chinoise.

Déclin

En 1994, le rock chinois est certainement en déclin. Cela ne peut qu’être partiellement attribué au contrôle strict du gouvernement chinois comme le bannissement du rock de la télévision. Il représente surtout le manque d’intérêt général en Chine dans les années 1990 pour les produits culturels politisés et stimulants ; les gens devenant plus intéressés par l’économie de marché : faire de l’argent et améliorer son niveau de vie. La commercialisation radicale de l’industrie musicale au milieu des années 1990 a favorisés les importations de Taïwan et de Hong Kong. Les chanteurs de canto-pop comme Andy Lau sont soutenus par les grosses entreprises qui peuvent lever des fonds grâce aux films et à la publicité. Ils bénéficient souvent du soutien du gouvernement chinois. Les musiciens rock comme Tian Zhen et Xu Wei ont adapté leur style à la canto-pop et connaissent un succès commercial.

D’autres comme le punk He Yong ont résisté avec acharnement à la culture canto-pop et à leurs imitateurs. En 1995, une coalition de jeunes punks produit un album intitulé Wuliao Contingent (无聊军队, « le contingent de l'ennui ») représentant l’ennui et la frustration collectives ressentis dans le paysage urbain. Parmi ces groupes, Brain Failure qui a le mieux réussi, est en tournée dans le monde entier avec sa musique ska et punk. L’anglais est utilisé pour exprimer ce que les paroles chinoises ne peuvent tout en imitant les musiciens étrangers.

Aujourd’hui[Quand ?], la musique rock est centrée presque exclusivement sur Pékin et a une influence très limitée sur le reste de la société chinoise. Le rock chinois diffère de son équivalent occidental en ce qu’il n’a jamais pénétré réellement dans la culture de masse. La marginalité du rock semble pointer les différences culturelles, politiques et sociales qui peuvent exister entre la Chine et l’Ouest. À noter l'existence d'un groupe de black metal chinois, fondé en 2003, et nommé Raping Corpse To Sacrifice The Moon.

Groupes représentatifs

Les artistes représentatifs du genre incluent : Chi Zhiqiang, Cui Jian, Dou Wei, He Yong, Kaiser Kuo, Tian Zhen, Xie Tian Xiao, Xu Wei, Wang Lei, Zhang Chu, Zang Tianshuo, Zheng Jun, Zhou Xiao Ou, et Zuoxiao Zuzhou.

Les groupes de rock représentatifs du genre incluent : AK-47, Anodized, Baboo, Beyond, Black Box, Black Panther, Cobra, Cold Blooded Animals, Carsick Cars, Demerit, Zero Point, 43 Baojia Street, Labor Exchange Band, Mayday, Overload, P.K. 14, Sick Larvae, Tang Dynasty, et Ordnance.

Notes et références

  1. Aux origines du punk-rock Chinois : en guerre contre la propagande Mediaphusis.Wordpress, 2 octobre 2018
  2. Pop Culture China!: Media, Arts, and Lifestyle, Kevin Latham, 2007, page 347

Liens externes

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