Rhopalocères

Rhopalocera

Ce taxon est aujourd'hui obsolète.

Rhopalocera
un rhopalocère emblématique,
le Machaon (Papilio machaon).
Classification
Règne Animalia
Embranchement Arthropoda
Sous-embr. Hexapoda
Classe Insecta
Ordre Lepidoptera

Sous-ordre

Rhopalocera — auteur incomplet —, date à préciser obsolète

Familles de rang inférieur

Les rhopalocères (Rhopalocera, ou « papillons de jour » au sens courant) sont un ancien sous-ordre, aujourd'hui obsolète, de l'ordre des lépidoptères. Il s'oppose à l'ancien sous-ordre des hétérocères (Heterocera, ou « papillons de nuit »).

Cette distinction traditionnelle entre papillons de jour et de nuit, bien que toujours très employée par commodité, ne correspond ni à la réalité scientifique actuelle, ni à l'intuition commune, puisqu'une fraction importante des hétérocères sont également actifs de jour, tandis que quelques rhopalocères ont une activité nocturne. On retrouve la même opposition dans de nombreuses langues (avec par exemple butterfly et moth en anglais ou farfalla et falena en italien).

Le taxon des rhopalocères coïncide avec l'actuelle définition de la super-famille des Papilionoidea, regroupant sept familles de lépidoptères : les Hesperiidae, Hedylidae, Lycaenidae, Nymphalidae, Papilionidae, Pieridae et Riodinidae.

Les rhopalocères ne représentent qu'environ un dixième des espèces de lépidoptères connues. Ils sont cependant le groupe de papillons le plus étudié, le plus collectionné et le mieux connu du grand public.

Étymologie

Le mot « rhopalocère » dérive du grec ancien rhopalon massue ») et keras corne », ou ici « antenne »). Suivant leur étymologie, les rhopalocères sont donc les papillons dont l'extrémité des antennes est en forme de massue, tandis que les « hétérocères » rassemblent toutes les autres espèces (hétéro-, « autre »).

Systématique et phylogénie

Aux débuts de la nomenclature binominale, Linné plaçait tous les papillons de jour dans le genre Papilio. La création de nouveaux genres et leurs regroupements en familles a peu à peu permis d'esquisser l'organisation interne de l'ordre des lépidoptères (Lepidoptera). Initialement fondé sur des critères morphologiques superficiels, ce processus a mené à la traditionnelle classification où les Rhopalocera et les Heterocera constituent deux sous-ordres, dont le regroupement, appelé Ditrysia, rassemble 99 % des Lepidoptera. Les rhopalocères y contiennent d'une part la super-famille des Papilionoidea (au sens restreint : familles des Papilionidae, Pieridae, Lycaenidae, Riodinidae et Nymphalidae), d'autre part celle des Hesperioidea (famille des Hesperiidae). Plus récemment, on a rapproché de ces six familles celle des Hedylidae (super-famille des Hedyloidea), qui comporte quelques dizaines d'espèces néotropicales aux mœurs nocturnes.

La classification actuelle s'appuie sur les progrès de la phylogénie, laquelle exploite largement des caractères moléculaires tels que ceux fournis par l'ADN. Les études les plus récentes[1] établissent d'une part que les sept familles citées plus haut forment un groupe monophylétique au sein des lépidoptères, et d'autre part que leurs relations de parenté prennent la forme suivante.

Phylogénie des familles actuelles de la super-famille des Papilionoidea, d'après Heikkilä et al., 2012[1], et Espeland et al., 2018[2] :

Papilionoidea

Papilionidae





Hedylidae



Hesperiidae





Pieridae




Nymphalidae




Riodinidae



Lycaenidae







La position basale des Papilionidae dans cet arbre phylogénétique oblige à intégrer les Hesperiidae et les Hedylidae à la super-famille des Papilionoidea, laquelle coïncide dès lors avec les anciens Rhopalocera au sens large.

On peut donc actuellement voir les rhopalocères comme une super-famille (celle des Papilionoidea) parmi la trentaine que comporte l'ordre des lépidoptères. Les rhopalocères forment ainsi un groupe monophylétique, donc scientifiquement cohérent. Les hétérocères, au contraire, ne se définissent que par opposition aux rhopalocères et forment un groupe paraphylétique, donc injustifié.

Morphologie et comportement

Pour un article plus général, voir Morphologie des lépidoptères.

Les rhopalocères se distinguent classiquement des hétérocères par les caractères morphologiques suivants (sauf rares exceptions) :

  • des antennes filiformes se terminant par un renflement (rhopalon signifie « massue » en grec ancien),
  • l'absence de système de couplage des ailes postérieures sur les antérieures.

Beaucoup de rhopalocères comptent parmi les papillons les plus colorés, mais cela ne caractérise pas le groupe : il y a de nombreuses exceptions dans un sens comme dans l'autre.

Sur le plan comportemental, on peut citer les caractères suivants.

  • À l'exception de la famille des Hedylidae, les imagos de rhopalocères sont actifs de jour (tout comme de nombreux hétérocères).
  • Au repos, ils tiennent en général leurs ailes redressées à la verticale derrière leur dos, recto contre recto (certains hétérocères font de même, par exemple dans la famille des Geometridae).

État des populations, pressions & menaces

Diminution régulière et rapide des populations de papillons (ici de prairies) en Europe[3]

Les rhopalocères sont en forte voie de régression, depuis les années 1970 notamment, probablement en raison d'un usage croissant de pesticides : insecticides, herbicides mais aussi à cause du recul du bocage, des prairies fleuries, des zones humides, de la suppression des plantes adventices des cultures, de la fragmentation écopaysagère croissante par les routes notamment (le phénomène de roadkill touche aussi les papillons quand ils traversent les routes). Le fauchage excessif et répété par des machines toujours plus puissantes des bords des chemins, des routes, de terrains incultes (pour ne pas citer les pelouses municipales ou privatives) contribue aussi à cette situation.

En France métropolitaine où seules une quinzaine d'espèces sont protégées (en 2012), au moins 16 papillons de jour sont menacées de disparition à court terme[4], 18 sont quasi-menacées selon la dernière "liste rouge des espèces menacées en France", et nombre d'autres sont en voie de régression (parmi 253 espèces)[4].
L'Hespérie du barbon (non revu depuis plus de 10 ans, en 2012) a été récemment classée “En danger critique” en France, probablement victime de l'urbanisation, de la périurbanisation et de la fragmentation écopaysagère du littoral méditerranéen (roadkill).
Le Mélibée inféodé aux prairies humides acides à Molinie voit ses habitats (landes humides et tourbières notamment) détruits, drainés, amendés ou boisés ; il ne survit que dans quelques tourbières des Vosges ou du Jura, et est au bord de l'extinction.
L'Azuré de la sanguisorbe régresse en raison de la destruction des prairies humides où vit la plante-hôte à laquelle il est inféodé (Sanguisorbe officinale). De plus, sa chenille est durant quelque temps protégée dans une fourmilière.
Par exemple l'Hermite, un papillon autrefois largement réparti en France, a subi une régression de ses effectifs de l’ordre de 30 % rien que sur les 10 dernières années, ce qui le classe dans la catégorie “Vulnérable”[4].
L'Azuré du mélilot est lui classé “Quasi menacé”, alors que le mélilot est une plante abondante sur de nombreuses friches.

Des plans nationaux d'action existent ou doivent être renforcés ou mis en place à la suite du Grenelle de l'Environnement

Notes et références

  1. (en) M. Heikkilä, L. Kaila, M. Mutanen, C. Peña et N. Wahlberg, « Cretaceous Origin and Repeated Tertiary Diversification of the Redefined Butterflies », Proceedings of the Royal Society B: Biological Sciences, vol. 279, no 1731, , p. 1093–1099 (DOI 10.1098/rspb.2011.1430)
  2. (en) M. Espeland, J. Breinholt, K.R. Willmott, A.D. Warren, R. Vila, E.F.A. Toussaint, S.C. Maunsell, K. Aduse-Poku, G. Talavera, R. Eastwood, M.A. Jarzyna, R. Guralnick, D.J. Lohman, N.E. Pierce et A.Y. Kawahara, « A Comprehensive and Dated Phylogenomic Analysis of Butterflies », Current Biology, vol. 28, no 5, , p. 770–778 (DOI 10.1016/j.cub.2018.01.061)
  3. AEE, Progress towards the European 2010 biodiversity target EEA Report, N°4/2009
  4. Communiqué commun UICN, MUSEUM, OPIE, Seize papillons de jour menacés de disparition en France métropolitaine, Jeudi 15 mars 2012

Voir aussi

Bibliographie

  • Pro Natura — Ligue Suisse pour la Protection de la Nature, Les papillons de jour et leurs biotopes : Espèces • Dangers qui les menacent • Protection. Volume 1, , 516 p. (ISBN 978-3-85587-403-3)
  • Tristan Lafranchis, Les papillons de jour de France, Belgique et Luxembourg et leurs chenilles, Biotope, coll. « Parthénope », , 448 p. (ISBN 978-2-9510379-2-2)
  • Tristan Lafranchis, Papillons de France : Guide de détermination des papillons diurnes, Diatheo, (ISBN 978-2-9521620-5-0)
  • Tom Tolman et Richard Lewington (trad. de l'anglais), Papillons d'Europe et d'Afrique du Nord, Paris, Delachaux et Niestlé, , 382 p. (ISBN 978-2-603-02045-6)
  • Tristan Lafranchis, Papillons d'Europe : guide et clés de détermination des papillons de jour, Paris, Diatheo, , 379 p. (ISBN 978-2-9521620-1-2)

Articles connexes

Liens externes

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