Rhombe (instrument)

Le rhombe est un instrument à vent se servant du frottement de l'air ambiant pour produire un son. Sa sonorité rugissante a été comparée à celle du vent, du tonnerre, aux cris des dieux, des esprits ou des ancêtres intercesseurs entre le monde terrestre et le monde supra naturel.

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Histoire

En haut à droite : grande pendeloque ou rhombe de Lalinde présenté parmi des instruments de musique au musée d'Archéologie nationale.

Cet aérophone est sans doute un des plus anciens instruments connus (on a retrouvé des modèles vieux de 17 000 à 25 000 ans selon les sources en Dordogne (dans la grotte de Lalinde)[1] ou en Amazonie). On le retrouve chez tous les peuples premiers (Nouvelle-Guinée, Australie, Amérique du Nord, Afrique du Sud) où il est associé à la chasse ou à des rituels.

Théocrite, dans sa deuxième idylle, met en scène une femme, Simaitha, qui essaie de retrouver l'amour de son amant en utilisant entre autres le rhombe comme instrument de pratique magique[2].

Ethnographie

En Australie, les rhombes (appelés tjurunga ou churinga) sont des pièces de bois allongées et plates, sculptées, peintes (ou les deux) sur les deux faces de dessins sacrés. D'après Barbara Glowczewski « dans la mythologie masculine des Pitjantjatjara (tribu résidant près d'Ayers Rock), les héroïnes Aknarintja, femmes mythiques, conçoivent sans hommes grâce au son des rhombes qu'elles détiennent »[3].

Le rhombe est parfois lié à des rites de passage ou d'initiation (en Irian Jaya par exemple). Le rhombe servit aussi d'épouvantail à fauves et à éléphants (en Malaisie par exemple).

Facture

Le rhombe est constitué d’une planchette de bois, d’os ou de métal en forme de lancette de 15 à 75 cm, au contour parfois dentelé ou biseauté, attaché aux doigts ou à un manche par une cordelette de plusieurs mètres.

Jeu

On le fait tourner en l'air au moyen de la cordelette dans un mouvement circulaire, ce qui fait vibrer l’air ambiant et crée un vrombissement dont le son varie en fonction de la forme, de la taille du morceau de bois, et de la vitesse de rotation.

Les rhombes sont utilisés par de nombreuses tribus pour avertir les non-initiés du déroulement d'un rituel sacré. Les Aborigènes font tournoyer les rhombes au-dessus de leur tête maintenus par une ficelle de cheveux, produisant un son caractéristique reconnu par tous comme étant le signe du déroulement d'une cérémonie.

Appellations variées

Notes et références

  1. Brigitte et Gilles Delluc, Francis Guichard, « Les fouilles de la grotte de la Roche à Lalinde (Dordogne)  », Préhistoire du Sud-Ouest, 2008, no 16, p. 185-205 Lire en ligne.
  2. Théocrite, Idylles, II
  3. Du rêve à la loi chez les Aborigènes, PUF, 1991

Annexes

Bibliographie

  • André Schaeffner, Origine des instruments de musique, Payot, 1936.
  • Dictionnaire des civilisations africaines, Hazan, 1968, p. 359-360.
  • Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles (1982), Robert Laffont, coll. "Bouquins", 1992, p. 817.
  • Robert Jaulin, La mort sara, 1971.
  • Alain Testart, "Des rhombes et des tjurunga. La question des objets sacrés en Australie", L'Homme, vol. 33, no 125, 1993, p. 31-65.

Articles connexes

Liens externes

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