Restauration du climat


La restauration du climat se compose d'un objectif et des actions visant à inverser les tendances actuelles au réchauffement climatique et, sur une certaine échelle de temps et de trajectoire, à restaurer un état climatique stable, durable et sain du système de la Terre pour le bien-être des générations futures et de l'humanité tout entière. Ces actions comprennent l'extraction du dioxyde de carbone de l'atmosphère de la Terre, en combinaison avec la réduction des émissions, afin de réduire le niveau de CO2 dans l'atmosphère et donc de réduire le réchauffement de la planète dû à l'effet de serre.

Le CO2 d'aujourd'hui est environ 120 ppm plus élevé que les niveaux les plus élevés auxquels les humains ont survécu à long terme. La nature a retiré des quantités massives de CO2 similaires à celles qui ont précédé les périodes glaciaires, soit dix fois au cours des 800 000 dernières années. Le CO2 qui réduit les niveaux de 120 ppm est principalement converti en biocarbone par le phytoplancton et stocké dans les profondeurs de l'océan, puis libéré lorsque la période glaciaire se termine.[1]

Restauration du climat et atténuation du changement climatique

La restauration du climat est un concept qui va au-delà de l'atténuation des changements climatiques, dont les actions visent à limiter l'ampleur du réchauffement climatique. Les défenseurs de la restauration du climat acceptent que le changement climatique ait déjà eu des impacts négatifs majeurs qui menacent la survie à long terme de l'humanité. Il existe un risque que les conditions aillent au-delà des possibilités d'adaptation et qu’un changement climatique brutal nous affecte catastrophiquement[3]. Il y a un impératif moral de maximiser les chances de survie des générations futures. Les défenseurs de la restauration voient dans la promotion de la vision d'un avenir meilleur pour nos enfants et petits-enfants, en restaurant le système de la Terre à un état proche de celui dans lequel notre espèce et la civilisation ont évolué, un encouragement à l'innovation et à l’investissement afin d'assurer que cette restauration a lieu en toute sécurité et en temps opportun. Selon The Economist en , « dans un scénario réaliste, les émissions ne peuvent pas être réduites assez rapidement pour garder les gaz à effet de serre à un niveau suffisamment faible pour limiter la montée des températures. Mais il n'y a pas de débat public sur la façon de produire ces émissions négatives nécessaires pour réduire le taux de CO2. À moins d’un changement radical des politiques publiques, il est presque certain que la promesse de limiter les dommages du changement climatique ne sera pas tenue »[4].

Restauration du climat comme objectif politique

Un premier article revu par des pairs à propos de la restauration climatique a été publié en par la Rand Corporation. L'analyse examine le concept de la restauration du climat à travers le prisme de la gestion des risques dans des conditions de profonde incertitude, explorant les aspects de la technologie, de l'économie, de la politique et les conditions dans lesquelles il pourrait être possible de réaliser les objectifs de restauration climatique et les conditions dans lesquelles la société pourrait se porter mieux grâce à un objectif de restauration du climat. Un des principaux résultats de l'étude, est qu'il serait possible de restaurer les concentrations atmosphériques de CO2 à des niveaux préindustriels, à un coût acceptable en suivant deux scénarios possibles, l'un où les technologies de capture directe des gaz à effet de serre atteindrait les hypothèses les plus optimistes en matière de coûts et de performance et l'autre selon lequel tant la capture que la réduction des émissions de gaz à effet de serre seraient peu coûteuses. L'étude recommande un objectif ambitieux de restauration du climat visant les niveaux de concentration préindustrielle, pour 2075, ou d'ici la fin du siècle. L'article conclut en disant: « Le mieux que nous puissions faire est de rechercher la restauration du climat avec une passion tout en l'intégrant dans un processus d'essai, d'expérimentation, de rectification, et de découverte »[5].

Paramètres critiques

L’objectif de restauration climatique est généralement de maximiser les chances de survie de notre espèce et de la civilisation par la restauration de deux principaux paramètres climatiques : le niveau de CO2 atmosphérique et celui de la glace Arctique. La taille approximative des niveaux cibles sont ceux des moyennes de l'Holocène dans lequel notre espèce et la civilisation, ont récemment évolué. Ce niveau est déclaré techniquement comme « préindustriel », ou poétiquement « comme nos grands-parents ont connu voici une centaine d'années ». Numériquement parlant, le but précisé est de faire revenir la concentration atmosphérique de CO2 en dessous de 300 ppm et la restauration d’une couche de glace de plusieurs années de glaciation dans la Sibérie Arctique d'ici à . Pour cela, il faudra retirer environ un trillion de tonnes de CO2 de l'atmosphère et organiser la restauration permanente de la couverture de glace dans la zone critique de l’Océan Arctique au nord de la Sibérie pour éviter les émissions de méthane provenant de la fonte du pergélisol.

Les paramètres critiques du Système de la Terre comprennent :

  • les niveaux des agents de forçage du climat dans l'atmosphère, en particulier le CO2 et le méthane pour le forçage positif et de SO2 en aérosol pour le forçage négatif ;
  • le niveau mondial de température moyenne à la surface (par rapport à certains niveaux de référence) et son taux de croissance ;
  • le niveau de la mer et le taux de montée du niveau des océans[6] ;
  • le pH et le taux de l'acidification des océans ;
  • les niveaux de glace de la calotte polaire[7].

L'un des principaux objectifs est de ramener le niveau de CO2 vers le bas à partir du niveau actuel de ~405 ppm () par rapport à son niveau préindustriel d'environ 280 ppm. Non seulement ceci réduirait l’effet de réchauffement global du CO2 mais cela aura aussi un effet sur l’acidification des océans. Le carbone capturé serait séquestré ou utilisé comme matériau de construction.

Technologies

Captage de CO2 en mer.

La fertilisation de l'Océan est une technique de géo-ingénierie, encore expérimentale qui a pour but d'accroître la productivité primaire marine de carbone bleu afin que, dans les zones fertilisées, les organismes marins absorbent davantage de dioxyde de carbone.

Limitations

Tous les aspects du système de la terre ne peuvent être restaurés à un état antérieur. Par exemple, le réchauffement des eaux profondes de l’océan et l’élévation du niveau des mers qui en sont la conséquence ; les hausses des niveaux marins qui se sont déjà produites sont probablement irréversibles durant ce siècle. De plus, certains aspects du système terrestre doivent être améliorés par rapport au passé récent : en particulier, la productivité alimentaire, surtout si l'on considère une population globale plus nombreuse en ou .

Acteurs

Certains acteurs se réclament directement de cette stratégie.

Alliance pour la Restauration du Climat

L'objectif principal de l'Alliance pour la Restauration du Climat est la réduction des quantités de CO2 de l'atmosphère à moins de 300 ppm (c'est-à-dire près de leur niveau préindustriel) et de recongeler les calottes polaires d'ici à 2050[8].

Fondation pour la restauration du climat

Le , la fondation publie un Livre blanc sur la restauration du climat, traitant des solutions et les technologies de restauration du climat existantes. Ces solutions et technologies comprennent des projets éprouvés et commercialement viables, comme la création de roches synthétiques à partir du carbone capté dans l'air pour la construction et le pavage, ainsi que de nouvelles méthodes pour éliminer et stocker le carbone, restaurer les océans et les pêches et recongeler l'Arctique en épaississant la glace marine. Le Livre blanc traite également de la stratégie et des coûts de la restauration du climat[9].

Notes et références

  1. (en-US) Rebecca Lindsey, « Climate Change: Atmospheric Carbon Dioxide », NOAA, (ISSN 0362-4331, lire en ligne)
  2. NASA Goddard Multimedia Accessed June 2012
  3. (en) Committee on Abrupt Climate Change, Ocean Studies Board, Polar Research Board, Board on Atmospheric Sciences and Climate, Division on Earth and Life Studies, National Research Council., Abrupt climate change : inevitable surprises, Washington, D.C., National Academy Press, , 230 p. (ISBN 0-309-07434-7), p. 108
  4. « What they don’t tell you about climate change »
  5. Robert J. Lempert, Giacomo Marangoni, Klaus Keller, Jessica Duke, « Is Climate Restoration an appropriate policy goal? », Rand Corporation
  6. « Climate Change Indicators in the United States: Sea level », United States Environmental Protection Agency,
  7. William Matt, « It might be possible to refreeze the ice caps to slow global warming », Phys.org
  8. « Healthy Climate Alliance Announces Bold Goal - 300 ppm by 2050 », sur www.prnewswire.com
  9. « Climate Restoration White Paper »

Liens externes

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