René Monory

René Monory, né le à Loudun (Vienne) et mort le dans cette même ville, est un homme d'État français.

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René Monory

René Monory en 1986.
Fonctions
Président du Sénat français

(5 ans, 11 mois et 29 jours)
Élection
Réélection
Prédécesseur Alain Poher
Successeur Christian Poncelet
Ministre de l'Éducation nationale

(2 ans, 1 mois et 20 jours)
Président François Mitterrand
Gouvernement Jacques Chirac II
Prédécesseur Jean-Pierre Chevènement
Successeur Lionel Jospin
Président du conseil régional de Poitou-Charentes

(11 mois et 19 jours)
Prédécesseur Raoul Cartraud
Successeur Louis Fruchard
Ministre de l'Économie

(3 ans, 1 mois et 8 jours)
Président Valéry Giscard d'Estaing
Gouvernement Raymond Barre III
Prédécesseur Raymond Barre
Successeur Jacques Delors
Ministre de l'Industrie,
du Commerce et de l'Artisanat

(1 an et 1 jour)
Président Valéry Giscard d'Estaing
Gouvernement Raymond Barre II
Prédécesseur Michel d'Ornano (Industrie)
Pierre Brousse (Commerce et Artisanat)
Successeur André Giraud (Industrie)
Jacques Barrot (Commerce et Artisanat)
Président du conseil général de la Vienne

(27 ans et 15 jours)
Réélection 21 mars 1982
Prédécesseur Pierre Abelin
Successeur Alain Fouché
Sénateur français

(16 ans et 26 jours)
Circonscription Vienne
Groupe politique UC puis UMP
Prédécesseur Jacques Grandon
Successeur Alain Fouché

(30 jours)
Circonscription Vienne
Groupe politique UC
Prédécesseur Guy Robert
Successeur Jacques Grandon

(4 ans et 7 mois)
Circonscription Vienne
Groupe politique UCDP puis UC
Prédécesseur Guy Robert
Successeur Jacques Grandon

(29 jours)
Circonscription Vienne
Groupe politique UCDP
Prédécesseur Guy Robert
Successeur Guy Robert

(8 ans, 6 mois et 27 jours)
Circonscription Vienne
Groupe politique UCDP
Successeur Guy Robert
Maire de Loudun

(40 ans)
Prédécesseur Marc Godrie
Successeur Jean-Pierre Fredaigue
Biographie
Nom de naissance René Claude Aristide Monory
Date de naissance
Lieu de naissance Loudun, Vienne (France)
Date de décès
Lieu de décès Loudun, Vienne (France)
Nationalité Française
Parti politique MRP (1959-1966)
CD (1966-1976)
CDS (1976-1995)
UDF (1978-2002)
FD (1995-1998)
UMP (2002-2004)
Profession Propriétaire garagiste

Présidents du Sénat français

D'origine modeste, il est mécanicien automobile de formation, il devient concessionnaire automobile et agricole.

Par la suite engagé en politique, il est notamment maire de Loudun, président du conseil général de la Vienne et président du conseil régional de Poitou-Charentes. À ce titre, il est un des fondateurs du Futuroscope de Poitiers.

Le président Valéry Giscard d'Estaing le nomme ministre de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat en 1977, puis ministre de l'Économie en 1978. Lors de la première cohabitation de 1986 à 1988, il est ministre de l'Éducation nationale dans le gouvernement Chirac, où il doit faire face à d'importantes manifestations étudiantes lors de la présentation du projet de loi Devaquet.

Membre de l'UDF, il est sénateur entre 1968 et 2004 et président du Sénat de 1992 à 1998.

Biographie

Origines et carrière professionnelle

Titulaire d'un brevet élémentaire et d'un brevet industriel, René Monory commence à travailler à l’âge de 15 ans comme apprenti garagiste dans l'atelier de son père, à Loudun, dans le nord du département de la Vienne.

En 1943, pendant l'Occupation, refusant le Service du travail obligatoire (STO), il se cache pour échapper à la déportation et, dès la Libération, reprend le garage paternel pour en faire une des concessions les plus prospères de la région poitevine. Très vite, il y ajoute d’autres activités (vente et réparation de machines agricoles, carburant…).

Tout au long de sa carrière politique, il est surnommé « le garagiste de Loudun ». Dès son engagement en politique dans les années 1950, René Monory est aussi surnommé le « shérif », sans que l'origine de ce surnom soit clairement établie[1],[2].

Implantation locale

La réussite des affaires de René Monory à Loudun favorise sa candidature aux élections municipales de 1955 ; il est élu maire de la commune en 1959, mandat qu'il conserve jusqu'à sa démission, quarante ans plus tard, en 1999[3].

En 1961, il est élu conseiller général de la Vienne dans le canton de Loudun. En 1973, il crée et devient président d'une des premières communautés de communes de France (syndicat intercommunal de solidarité pour l'expansion du Loudunais, devenu ensuite communauté de communes du Pays loudunais).

En 1980, alors qu'il est ministre et président du conseil général de la Vienne, il favorise la création de la centrale nucléaire de Civaux situé dans le sud de la Vienne, à une trentaine de kilomètres au sud-est de Poitiers[4] (la centrale rentrera en service en 1997).

Il est élu à la tête du conseil régional de Poitou-Charentes le , au premier tour de scrutin, avec 27 voix contre 18 voix pour le président sortant de gauche, Raoul Cartraud[5]. Il occupe cette fonction jusqu'aux élections régionales de l'année suivante, à l'issue desquelles Louis Fruchard, qu'il soutenait, lui succède[6].

Convaincu par les politiques de décentralisation du début des années 1980, il favorise l’implantation des fonderies Renault. En 1984, il lance le projet du Futuroscope de Poitiers, parc européen de l'image, s'auto-qualifiant « vulgarisateur d'idées nouvelles ». Il s'appuie alors sur l'université et le tissu industriel local. Consacré aux technologies nouvelles, le site du Futuroscope comporte un vaste parc d'attractions et une technopole. Depuis son ouverture, le parc a accueilli plusieurs dizaines de millions de visiteurs et employé de nombreux salariés[7].

En 1996, il lance le premier plan Internet départemental permettant d’équiper toutes les écoles primaires et maternelles ainsi que les collèges de la Vienne d’un accès à Internet avec un poste informatique pour 10 élèves.

Élu national et ministre

Élu sénateur en , René Monory est remarqué par Raymond Barre, alors Premier ministre, et devient son ministre de l'Industrie en 1977. Dans le même temps, à la mort du centriste Pierre Abelin, il lui succède à la tête du conseil général de la Vienne. Puis en avril 1978, alors qu'il clame n'avoir jamais lu un livre d'économie et prône le « bon sens » comme règle de vie, il est nommé ministre de l’Économie dans le troisième gouvernement Barre, cumulant cette fonction avec celle de président du comité intérimaire du Fonds monétaire international (FMI) de à . Durant sa présence au gouvernement, jusqu'à la défaite de Valéry Giscard d'Estaing à l'élection présidentielle, il suit le dossier de l’énergie nucléaire en France et celui de la libération des prix (libération des prix industriels, loi « Monory » favorisant l’actionnariat…).

Lors de la cohabitation de 1986-1988, il est ministre de l'Éducation nationale dans le gouvernement Chirac. Attaché à la formation des jeunes, son mandat est marqué par de nombreuses contestations étudiantes à la suite du projet de réforme universitaire de son ministre délégué Alain Devaquet et où un étudiant, Malik Oussekine, trouve la mort le , à la suite de brutalités policières.

Président du Sénat

Lors de l'élection du président du Sénat de 1989, René Monory se présente face au centriste Alain Poher, qui exerce cette fonction depuis 21 ans et apparaît physiquement diminué. Mais ce dernier est activement soutenu par le président du groupe RPR, Charles Pasqua, qui souhaite conserver l’influence gaulliste sur le « plateau »[8]. Porté par un certain nombre de centristes, René Monory parvient à mettre en difficulté le président sortant, qui n’est élu qu’à la majorité relative au troisième tour.

René Monory (au centre, jambes croisées) lors de la séance de son élection à la présidence du Sénat, le .

Après le renouvellement de 1992, René Monory est désigné candidat de l'Union centriste (UC) pour la présidence du Sénat contre Pierre-Christian Taittinger. Le , le sénateur de la Vienne est élu président de la chambre haute au second tour de scrutin, après avoir devancé au premier tour Charles Pasqua, desservi par son côté clivant et son opposition au traité de Maastricht.

La présidence de René Monory est marqué par sa volonté de moderniser le Sénat, avec notamment la création d'une division des relations internationales et d'un service de l'informatique et du développement technologique. Seul candidat de la droite sénatoriale à la présidence, le « plateau », en 1995, il est aisément réélu face au socialiste Claude Estier.

Lors de la publication, en , d'un rapport d'une commission de l'Assemblée nationale préconisant de restreindre les droits des clandestins, René Monory déclare que les immigrants doivent être traités de « façon correcte », mais considère qu'il faut « éviter qu'il en vienne d'autres », se félicitant du débat provoqué par ce rapport[9].

Sa rencontre médiatisée avec Bill Gates, le , et ses fréquents voyages en Chine, Japon et Corée renforcent sa position d'homme politique soucieux des Nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC)[10]. Chaque année, il visite la Silicon Valley californienne, dont il vante constamment les mérites[11]. En 1995, il fait mettre en place le site internet du Sénat.

Le , René Monory, visiblement affaibli par l'âge, brigue un troisième mandat. À la surprise générale, le gaulliste Christian Poncelet le devance de 16 voix au premier tour de scrutin, ce qui conduit le président sortant à retirer sa candidature en vue du second tour[11],[12].

Après avoir longtemps porté les couleurs de l'UDF, dont il était vice-président, René Monory rejoint l'UMP lors de sa fondation. Il met un terme à sa carrière politique en 2004 en ne se représentant pas aux élections cantonales et sénatoriales.

Retraite

René Monory vit ensuite dans son domaine de Beaurepaire, à quelques kilomètres du centre de Loudun. En , René Monory, dont l'état de santé s'est fortement dégradé à partir de 2007, est hospitalisé pour des problèmes respiratoires au CHU de Poitiers[13].

Il meurt le , des suites d'une longue maladie, à l'âge de 85 ans[14],[15]. Ses obsèques sont célébrées en l'église Saint-Pierre de Loudun le suivant, en présence du président de la République, Nicolas Sarkozy, du Premier ministre, François Fillon, du président du Sénat, Gérard Larcher, et du président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer. Valéry Giscard d'Estaing, Christian Poncelet, Jean-Pierre Raffarin, Roger Karoutchi, Simone Veil, François Bayrou et Yves Guéna assistent également à la cérémonie[16].

Vie privée

En 1945, il épouse Suzanne Cottet, décédée le à l'âge de 95 ans. De ce mariage, naît une fille, prénommée Michèle[17].

Grand sportif, il est un adepte de sport automobile, de tennis de table (il est un temps classé parmi les 15 meilleurs joueurs de France), de chasse et de pêche au gros (il est champion du monde pour avoir pêché un espadon de 47 kg avec un fil de 1,2 mm). Il crée en 1990 le circuit du Val de Vienne, un circuit automobile situé sur la commune du Vigeant (Vienne).

Détail des mandats et fonctions

Au gouvernement

Au Sénat

  •  : sénateur de la Vienne
  •  : sénateur de la Vienne
  •  : sénateur de la Vienne
  •  : sénateur de la Vienne
  •  : président du Sénat

À l'étranger

Au niveau local

Ouvrages

  • René Monory, Combat pour le bon sens, Albin Michel,
  • René Monory, Des clefs pour le futur, Éditions du Futuroscope,
  • René Monory, La Volonté d’agir, Odile Jacob,
  • Valéry Giscard d'Estaing, Loin du bruit du monde, XO éditions,
    — Le personnage principal de ce roman présente de nombreuses similarités avec René Monory, bien que la passion pour la chasse de Valéry Giscard d'Estaing soit au centre de l’ouvrage[18].

Distinction

Hommages

Ont été nommées en son honneur :

Notes et références

  1. Pour Jean-Pierre Raffarin, tel qu'il le raconte rétrospectivement dans un livre de souvenirs, c'est parce qu'« il a la force du chef de clan, l'omnipotence malicieuse, le sens des rapports de force, le goût pour les jeux d'allégeance, le sens de l'anticipation » (cf. Jean-Pierre Raffarin, Je marcherai toujours à l'affectif : souvenirs, Flammarion, 2012, chapitre 16, « Le bonheur régional »). Pour d'autres, ce surnom est associé à « sa haute taille et son tempérament bourru » (cf. 3 "René Monory, ancien président du Sénat français est décédé sur rtbf.be ).
  2. "René Monory, ancien président du Sénat est mort", La Dépêche, 12 avril 2009.
  3. Vidéo de l'"Interview de René Monory après sa démission de la mairie de Loudun" sur le site de l'INA
  4. "Il y a 20 ans, Civaux entrait dans l'ère nucléaire", La Nouvelle République, 19 décembre 2017.
  5. « Poitiers : élection du Président du Conseil Régional » [vidéo], sur Ina.fr (consulté le ).
  6. « ina.fr/video/RXC04050397 »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?).
  7. « Décès de Monory : le Futuroscope rend hommage à son « illustre fondateur » », dépêche AFP, 11 avril 2009
  8. Renaud Dély, « Alain Poher, mort de l'intérimaire », Libération, (lire en ligne, consulté le ).
  9. "La droite s'affronte sur les clandestins, d'autres élus dénoncent les excès du rapport parlementaire" Libération, 19 avril 1996.
  10. « René Monory », Le Monde, 15 avril 2009, p. 22
  11. Claude Lévy, La Bulle de la République, Calmann-Lévy, 2006 (ISBN 2-7021-3652-4)
  12. Résultats publiés au Journal officiel, sur le site du Sénat
  13. « René Monory a regagné son domicile », Le Figaro, 8 août 2008
  14. « Mort de l'ancien président du Sénat René Monory » sur le site de TF1-LCI, 11 avril 2009
  15. Yannick Vely, « Monory, la mort d’un autodidacte », Paris Match, (lire en ligne, consulté le ).
  16. « Obsèques de René Monory à Loudun, en présence de Sarkozy et Fillon », dépêche AFP, le 16 avril 2009.
  17. "Michèle:Monory: Mon père était un rebelle", Centre-Presse, 11 avril 2019.
  18. « Loin du bruit du monde », sur lajauneetlarouge.com, (consulté le ).
  19. « Décret du 31 décembre 2004 portant promotion et nomination », Légifrance,
  20. "Salle Monory" sur le site du Sénat.

Voir aussi

Bibliographie

  • Jacques Grandon, René Monory : Un homme, une œuvre, Michel Fontaine,

Articles connexes

Liens externes

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