René Lhopital

René Lhopital, né à Paris le et mort le , fut un militaire, un Commissaire général des Scouts de France, le premier président du Comité France-Allemagne et un résistant français.

Biographie

Fils d'un administrateur général de la Marine[1], ingénieur civil des mines de la promotion de 1907, il reste dans l'armée au terme de ses trois ans de service militaire.

Première Guerre mondiale et Entre-deux-guerres

Officier d'artillerie, il gagne cinq citations durant la « Grande guerre ». En 1919, capitaine puis commandant, il est choisi comme officier d'ordonnance par le maréchal Ferdinand Foch. Il l'accompagne ou le représente à des cérémonies[2]. À la mort du maréchal en 1929, il se fait mettre en disponibilité puis obtient à sa demande sa mise à la retraite, à compter de [3]. Ce catholique se consacre aux Scouts de France[4] dont il devient commissaire général de 1932 à 1936[5]. Son épouse - il s'est marié en 1916[6] -, cheftaine scout, meurt du tétanos à la suite d'une blessure en camp de louveteaux.

Blessé pendant les émeutes du [7], il adhère à l'Association des blessés du fondée par Darquier de Pellepoix[8].

Espérant une réconciliation franco-allemande qui permettrait d'éviter une nouvelle guerre et de mettre en place « enfin les réalisations d'ordre et de travail nécessaires à la sécurité intérieure et extérieure »[9] de ces deux pays , il accepte la présidence du Comité France-Allemagne, de sa fondation en [10] à . Il démissionne à la suite d'un scandale de mœurs homosexuel : lors de la première sortie outre-Rhin du comité, en [11], il a été arrêté après s'être livré à des attouchements sur un jeune soldat allemand dans un cinéma[12]. Un article nécrologique donne une version édulcorée et plus patriotique: « Le rapprochement franco-allemand par la jeunesse le préoccupe mais une visite à Berlin au Chancelier Hitler lui fait perdre tout espoir : il donne sa démission du Comité France-Allemagne, les nazis lui en voudront à mort »[13].

Seconde Guerre mondiale : résistant et déporté

Rappelé en 1939, il sert à la 6e division d'infanterie nord-africaine puis à la Ire Armée et obtient la Croix de guerre.

Dans Paris occupé, il fonde dès 1940 un mouvement de résistance, l'Armée des Volontaires dont les militants participent à la rédaction et à la diffusion du journal de Raymond Deiss, Pantagruel.

Arrêté le , il est emprisonné deux mois au Cherche-Midi puis relâché. Le , il est de nouveau arrêté. Le , il est déporté à Wittlich (Allemagne) en vertu du décret Nacht und Nebel. Les 27 et , les militants de l'Armée des Volontaires et de l'équipe de Pantagruel sont jugés à Trèves par le 2e sénat du Volksgerichtshof. Le commandant Lhopital, contre qui n'a été relevée aucune preuve, est condamné à un an de réclusion pour "non-livraison" d'un journal anti-allemand. À Sachsenhausen, il rencontre Claude Bourdet qui l'accompagne à Buchenwald.

René Lhopital est rapatrié le .

Au lendemain de la guerre

Chevalier de la Légion d'honneur en 1919, officier en 1936, il est promu commandeur (1947), grand officier (1953) puis est élevé à la dignité de grand croix de la Légion d'honneur en 1958. Membre de l'Union nationale des officiers de réserve (UNOR), il préside l'association nationale des officiers agents de liaison et interprètes militaires et l'Alliance Atlantique des Anciens combattants. Il est membre du conseil national du Mouvement européen-France et du comité exécutif de l'Alliance France-Grande-Bretagne[14].

Publications

  • Édition française par le commandant Lhopital du Journal du maréchal Wilson publié par le major général sir C. E. Callwell ; Préface du maréchal Foch, Payot, 1929
  • Commandant René Lhopital, Foch, l'armistice et la paix, Plon, 1938, 245 p.[15]

Liens externes

Bibliographie

  • Alain Guérin, Chronique de la résistance, Place des éditeurs, 2010, p. 305-306
  • Henri Michel : Paris résistant, Albin Michel, 2013, p. 56
  • Claude Bourdet : L'aventure incertaine

Notes et références

  1. Le Gaulois, 16 mars 1929
  2. Entre autres exemples: Le Temps, 12 novembre 1924, "Le maréchal Foch à Notre-Dame", Journal des débats, 17 septembre 1927, "La Légion américaine"
  3. Journal officiel, 1er novembre 1934
  4. La Presse, 16 décembre 1927, "Les boys-scouts à l'honneur", Journal des débats, 24 juin 1928, L'Ouest-Eclair, 13 mai 1929, Revue de l'Alliance nationale pour l'accroissement de la population française, janvier 1931, conférence de Lhopital sur le scoutisme, "école de chefs"
  5. Le Journal, 6 avril 1934, "les scouts de France ont fêté Pâques à Rome", Le Journal, 30 décembre 1935, "La première journée du congrès des Scouts de France"
  6. Bulletin religieux de l'Archidiocèse de Rouen, 16 décembre 1916, p. 1156-1157
  7. Il a été atteint au cuir chevelu: L'Ouest Eclair, 12 février 1934, ( photographié aux côtés de Jean Goy ), Rapport général fait au nom de la Commission d'enquête chargée de rechercher les causes et les origines des évenements du 6 février 1934
  8. cf. supra la biographie de Lhopital sur le site des Annales des mines
  9. Journal des débats, 5 février 1936, "Allemagne: un banquet franco-allemand"
  10. Cahiers de l'Union fédérale, 10 décembre 1935, "Un comité France-Allemagne a été récemment créé" (discours de Lhopital donné le 29 novembre 1935 à Paris et photographie)
  11. Les dirigeants du C.F.A ont été invités pour l'ouverture des Jeux olympiques. Ils ont rencontré Hitler: Cahiers de l'Union fédérale, 10 février 1936, "Le comité France-Allemagne à Berlin". Lhopital s'était déjà rendu à Berlin le mois précédent pour assister à la projection du film La Kermesse héroïque, organisée par l'ambassade de France: Le Journal, 19 janvier 1936
  12. Gilbert Joseph, Fernand de Brinon, L'aristocrate de la collaboration, Albin Michel, 2002, p. 158 ( L'auteur écrit que cet homme marié est homosexuel. Daniel Guérin l'affirme aussi: Paris gay 1925 : le témoignage de Daniel Guérin ). Fut-ce une machination menée par les Allemands ? Un écho d'un journal français évoque son arrestation en Allemagne, arrestation dont les « raisons véritables sont restés inconnues du public français » et que le gouvernement allemand aurait « étouffé » avec « bienveillance » : Journal des débats, 17 mars 1936.
  13. Bulletin de l'association des anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris, 1964, René Alquier et Roger Millot, "Le colonel Lhopital": cf. supra la biographie de Lhopital sur le site des Annales des mines
  14. Biographie de Lhopital sur le site des Annales des mines.
  15. Le Figaro littéraire, 1er octobre 1938, Commandant Lhopital, "Foch, l'armistice et la paix"
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